Rembrandt intime

Toujours aussi agréable de flâner dans le musée Jacquemart-André…

Il présente en cet automne une belle et trop courte exposition sur Rembrandt et le livre associé est donc un complément qui prolonge le plaisir de la visite.

C'est par les dessins que se dévoile l'intimité du jeune peintre, par cette aisance du croquis pris sur le vif, montrant la spontanéité d'un talentueux dessinateur. L'ensemble de son oeuvre est néanmoins bien représenté, en particulier par les magnifiques portraits, intimes ou de commande, qui installèrent durablement sa notoriété à Amsterdam.

Quelques salles pour découvrir Rembrandt maître du clair-obscur, mais aussi graveur et inspiré par les sujets bibliques. Et une découverte étonnante dans une dernière scénographie pour constater combien sa peinture a évolué dans la liberté du trait et dans le traitement des couleurs.
Un beau livre d'art à feuilleter sans modération.

[Exposition – Paris – 16 septembre 2016 - 23 janvier 2017– Musée Jacquemart-André] – "Rembrandt intime" sous la direction de Peter Schatborn, Emmanuel Starcky, Pierre Curie [commissaires de l'exposition] – Editions Fonds Mercator, 2016 (ISBN 978-94-6230-146-7) – Relié, format 28x24cm, 192p.

L'exposition est bien sûr assez restreinte, puisque le musée Jacquemart-André ne dispose pas d'espaces gigantesques, mais elle comporte des tableaux remarquables qui justifieraient à eux seuls le déplacement.
de surcroît, elle est organisée autour du thème de "l'intimité" de Rembrandt : dans le catalogue, certains évoquent l'intimité au sens où sont exposées de nombreuses oeuvres représentant des membres de la famille ou du proche entourage du peintre, mais les commissaires de l'exposition évoquent l'intimité du processus créatif, car ils sont parvenus à réunir des pièces variées (gravures préparatoires, pointes sèches, croquis etc) témoignant de l'activité d'élaboration picturale chez cet artiste majeur de l'histoire de la peinture occidentale.
C'est là un aspect effectivement fort intéressant dans la conception d'une telle exposition : rien que les portraits (mère et sans doute père de l'artiste, eau-forte) ou les "Trois études d'un vieil homme assis" (plume et encre brune) ou encore les autoportraits témoignent de l'intérêt de cette démarche.

Ceci étant, rien que la présence des tableaux "Portrait de Hendrickje Stoffels", "Titus lisant", "Jeune fille à sa fenêtre" et de la si belle "Saskia en flore" justifient bien évidemment plusieurs visite.

le catalogue est très beau, c'est le moins que l'on puisse attendre d'un hommage à Rembrandt. Mieux encore, il est bien fourni sur le thème traité, n'hésitant pas à inclure des reproductions et brèves analyses d'oeuvres de Rembrandt ou de contemporains se rapprochant du thème traité, mais non comprises dans l'exposition, soit dans les deux articles d'introduction, soit dans chacun des articles ouvrant l'une des trois sections chronologiques.
Mention spéciale pour l'article de Pierre Curie (pp. 37-42) retraçant l'historique des acquisitions d'oeuvres de Rembrandt à Paris tout au long du XIXe siècle.

Chaque oeuvre présentée dans l'exposition fait l'objet d'une reproduction en pleine page, flanquée en regard d'une notice muséographique complète : thème, élaboration, technique picturale, source d'inspiration, provenance, bibliographie sélective, autres expositions. Et le catalogue se termine par un Index des artistes et oeuvres citées, ce qui est toujours bien utile.

Un ouvrage indispensable dans un fonds consacré à Rembrandt.

Superbe catalogue édité à l'occasion de la magnifique exposition Rembrandt proposée par le Musée Jacquemart-André à Paris d'Octobre 2016 à janvier 2017.
Le catalogue comme l'exposition favorise la confrontation entre les oeuvres (peintures et gravures notamment) et permet de comprendre l'évolution du style de Rembrandt vers plus de dépouillement, sa technique du clair obscur adoptée très tôt et inspirée du Caravage. Rembrandt s'affranchit très vite de l'influence de ses maîtres d'atelier. On le compare souvent à Vermeer parce qu'ils sont presque contemporains et Hollandais tous les deux. La gamme chromatique est évidemment très différente. En outre, quand l'oeuvre de Vermeer est poésie, intériorisation des sentiments, méditation, celle de Rembrandt étudie l'âme humaine, tente de comprendre l'humanité à travers portraits et autoportraits. Si ses portraits sont sans complaisance et trahissent le temps qui passe, la vieillesse, c'est que Rembrandt ne visait pas à peindre la beauté ou le statut social mais à comprendre l'humanité et à créer des êtres de portée universelle.