AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de moertzombreur


Voilà un auteur qui me fascine, comme elle je ne peux m'empêcher de m'armer d'un livre pour sortir, et celui-ci est si particulier, dans la lignée de Proust ou de Joyce, une pépite à l'écriture mélancolique.
"La force d'un texte tenait à sa capacité d'absorption instantanée, tel un prisme merveilleux fragmentant ce qui semblait jusqu'alors lisse". Comme avec son premier roman Voix sans issue, Céline Curiol décortique merveilleusement les sentiments de ses personnages ; et de la même manière, l'écriture du décor urbain y tient un rôle important, dans le premier c'était la ville de Paris, ici ce sera New York. L'auteur parvient à transmettre la vie intérieure de deux femmes qui s'interrogent sur leur existence. Elles sont toutes les deux en exil, dans un moment de déséquilibre fragile, d'incertitude, de rupture. D'ailleurs l'alternance des paragraphes brouille volontairement leur identité, le lecteur éprouve alors de manière intime ce mal-être intérieur, cette solitude, ne parvenant pas toujours à déterminer qui est qui, sans que cela ait vraiment d'importance, se demandant même à un moment s'il ne s'agit pas d'un dédoublement de personnalité.
Eprouvant lui-même ce déséquilibre, le lecteur est forcé de ressentir avec d'autant plus de force "cette aire intermédiaire, ce lieu de repos pour l'individu engagé dans cette tâche humaine interminable qui consiste à maintenir à la fois séparées et reliées l'une à l'autre, réalité intérieure et réalité extérieure". Eléna... Miléna, la sonorité même des deux prénoms offre une résonance troublante. Troublantes, et d'une intensité remarquable, les pensées des personnages envahissent totalement le corps du texte, ce flux intérieur est en mouvement permanent, il est même difficile parfois de ne pas perdre le fil, l'effort exigé alors par le lecteur le force à sortir de son indifférence.
"Glisser sur le monde ; le déranger, le perturber le moins possible. Parvenir à se mouvoir dans l'air avec la même souplesse que dans l'eau. A la piscine, il m'est arrivé de me demander ce qui nous permet d'identifier le milieu dans lequel nous nous trouvons".
L'écriture de Céline Curiol est magnétique, son texte est sans chapitres, les dialogues s'insèrent dans les paragraphes, les souvenirs affleurent sur la surface du présent.
Commenter  J’apprécie          30







{* *}