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EAN : 9782277212584
345 pages
J'ai lu (26/02/2001)
3.4/5   36 notes
Résumé :

Depuis vingt ans, le Marcom, issu du Marché Commun, s'est replié sur lui-même et entouré d'une infranchissable barrière de défense. Le reste du monde s'interroge quand parvient à l'extérieur un message, un appel au secours de Léo Deryme, le montreur de rêves. Attia Belgacen a reçu pour mission de franchir le rideau électronique. S'il y parvient, sera-t-il reçu en espion ou en sauveur ? Et qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Défense de rêver le long des murs. »

Une dystopie politique, surréaliste autour des frontières et de l'isolement, un roman visionnaire dont l'actualité récente autour des migrants nous laisse pessimiste sur notre chère humanité.

L'Europe décrite pas Philippe Curval il y a quarante ans n'est pas loin de se réaliser : édification des murs anti-migrants à l'Est, surveillance des mers, des individus, nouvel hygiénisme, normes sécuritaires, individualisme, etc...
L'intrigue n'est ici que prétexte pour nous montrer cette Europe future, repliée sur elle même. Pour se protéger des immigrés et du progrès, cette vieille Europe décide donc de se murer et de rêver à son glorieux passé. La science a réussi à ralentir le temps dans des cabines où la plupart s'isolent. L'immobilisme est roi. La ville se désertifie. Dans cet univers "concentrationnaire", l'"apathie" est la norme, les déviants sont envoyés dans des camps de rééducation psychologique.

Le roman peut se diviser en trois parties, la première a été un uppercut : tout est ici au service des idées, pas un personnage, un fil narrateur n'est présent pour appuyer le propos. L'atmosphère m'a fait penser à l'excellent film The Lobster.
L'auteur n'oublie pas qu'un mur protège de l'extérieur, mais empêche aussi de sortir, les deux étant étroitement liés. le rêve alors comme seul échappatoire ? Ne rêvez pas !

La suite s'est un peu gâtée pour moi. N'étant pas un adepte de la théorie surréaliste ni de la psychanalyse, j'ai perdu souvent pied.
L'écriture est moderne, actuelle, l'imagination est dans chaque page. Seuls les quelques éléments techniques donnent une piste sur son année d'édition.

Un livre qui se mérite, désespéré, un roman politique, dur et violent, un texte inventif et onirique. Bref une petite pépite.
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Depuis une vingtaine d'années, le Marcom, qui fut autrefois l'Europe du marché commun, s'est coupé du reste du monde et s'est replié derrière de hauts murs hérissés de défenses infranchissables. Toutefois, réussissant à leurrer tous les obstacles, un appel au secours a réussi à franchir le mur pour informer le reste de la planète qu'un redoutable danger la menace.
Répondant à cet appel, les Payvodes, anciens pays « sous-développés », envoient Belgacen Attia, espion de la Ligue qui a vécu en Marcom, avec pour mission de franchir le rideau électronique qui le sépare du reste du monde. Il y a urgence à agir car le Marcom vient d'inventer le temps ralenti et, peu à peu, le monde se détraque par extension et compression de l'espace-temps.
Le grand intérêt de ce livre de pure anticipation poétique et onirique réside dans la description d'un monde devenu fou à force de courir après le bonheur matérialiste. Dans le Marcom, il faut des permis pour tout (même pour marcher ou pour faire un enfant). L'individu est sous surveillance permanente, des inspecteurs de lutte contre la pollution ont tous les pouvoirs et veillent à ce que chacun ait l'impact le plus léger possible sur l'environnement. Tout acte est contrôlé par carte magnétique et chacun est identifié par l'empreinte biologique du cerveau. Des oniromanciens et des oniropracteurs veillent à ce que tout le monde se sente bien dans sa peau en dosant les rêves de mille manières. le meilleur des mondes possibles où les déviants et les opposants sont rejetés dans des camps de rééducation dans lesquels ils jouissent d'une liberté totale qui tourne souvent à la barbarie. Un livre intéressant qui donne à réfléchir et qui, bien que publié pour la première fois en 1976, n'a pas pris une ride et semble même de plus en plus d'actualité avec les principes dits de précaution et les contraintes de plus en plus lourdes imposées par une société frileuse et repliée sur elle-même. Style agréable et développements dans la lignée de l'immense Boris Vian par le côté étrange et fantastico-loufoque du livre. Seule petite faiblesse : l'intrigue est un peu légère voire simplette, mais elle ne représente pas l'essentiel. Livre récompensé en son temps par le prestigieux Prix Apollo
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Depuis 20 ans le Marcom, le Marché commun européen, s'est coupé du reste du monde : les étrangers ont d'abord été expulsés puis le territoire s'est doté d'une frontière infranchissable. Ceux qui ont essayé d'entrer -ou de sortir- sont morts ou devenus fous. le procurateur Belgacem Attia, de la ligue des Payvoides, anciens pays colonisés, est envoyé en mission au Marcom. Il doit y rencontrer un dénommé Léo Deryme et trouver comment empêcher le Marcom de détruire le reste du monde.

Ici l'intrigue n'est qu'un prétexte pour nous décrire la société bâtie au Marcom en 20 de fermeture et c'est en effet ce qui m'a le plus intéressée. le gouvernement a promis à ses citoyens qu'ils vivraient le plus longtemps possible. Pour cela il a supprimé, à coup d'interdictions et d'obligations, tous les risques de mort violente. On est obligé, lorsque l'on sort, de porter genouillères, coudière, protège nuque et casque. Il faut des permis pour pratiquer les activités jugées dangereuses mais aussi pour avoir un enfant. Les Marcoms vivent en ville, reliées entre elles par des aérotrains. La nature est tenue à l'écart, transformée en dépotoir nucléaire, habitée par des dissidents qui pratiquent une agriculture de moins en moins productrice. Enfin, la Compagnie du temps ralenti a mis au point une technologie qui permet de ralentir sept fois le temps et donc de vivre sept fois plus longtemps -c'est ce temps ralenti qui menace aujourd'hui la planète. Que font les gens du temps gagné ? Ils regardent la télé ou jouent aux jeux vidéo. Dans cette société totalitaire, face à une vie qui a perdu tout sens, certains se réfugient dans la religion des montreurs de rêves.

Quelle imagination ! Philippe Curval excelle à inventer des situations toutes plus fantastiques les unes que les autres. La description des technologies de pointe du 21° siècle, par contre, date bien du milieu des années 1970. Elle est amusante vue d'aujourd'hui. C'est une lecture que j'ai trouvée plaisante même si j'ai trouvé que c'était un univers bien masculin qui nous était décrit là : parmi les personnages identifiés on trouve en effet deux à trois fois plus d'hommes que de femmes.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Cette chère humanité est un roman de science-fiction de Philippe Curval. L'auteur y décrit le Marcom, une Europe refermée sur elle-même par des murs et une surveillance armée des frontières. Ses citoyens s'enferment dans leurs appartements pour vire dans des installations de temps ralenti, qui leur permettent de prolonger leur vie et d'accumuler toujours plus de biens issus d'un passé qu'ils idolâtrent. le Marcom est donc un univers dystopique, conservateur et totalement aseptisé, dans lequel les citoyens sont soumis à un ensemble de normes et de mesures coercitives qui les empêchent de prendre le moindre risque.
Sahel Cessieu, un jeune homme qui se rebelle contre son père et sa démesure et Belgacen Attia, un agent d'anciens pays en voie de développement, tentent de faire tomber le Marcom et ses tenants afin de le sortir de son inertie. Ils rencontrent alors les forces dissidentes de ce régime, qui les transforment, à la fois physiquement et psychiquement.
Si vous vous intéressez à la science-fiction française, à la dystopie, à l'Europe, ou à l'oeuvre de Philippe Curval, je vous recommande ce roman !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Ça me rappelle pourquoi j'ai du mal avec la science-fiction française. Oui, même les héros ont des états d'âme. Non, ça ne veut pas dire que tu dois me souler avec ! Je ne sais pas si je vais continuer - je devrais pourtant.
Pourquoi est-ce que j'ai besoin de 250 caractères pour décrire le plaisir que j'ai à lire ce livre ? On peut être concis et précis.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Pour que la révolution s’instaure, il faut que le peuple en ait le désir ; ce n’est pas lorsqu’une poignée de privilégiés la provoque qu’elle peut aboutir artificiellement.
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Il percevait toujours le monde au moyen de ses sens, mais les sensations qu’il recevait de ses organes olfactifs et visuels, auditifs et gustatifs, tactiles, étaient comme passées à travers un filtre. L’univers s’éloignait, son esprit ne réagissait plus aux stimuli extérieurs, son corps s’ankylosait.
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Le Marcom est une belle taupinière ! L’individu est emmuré dans le confort imbécile dont tu parles. Nous sommes devenus des tubes, aspirant la nourriture par un bout, la restituant par l’autre. Mais que résulte-t-il de ce passage ? Rien. Aucune transformation ne se produit à partir de cette captation d’énergie. Tu ne crois pas qu’il serait préférable de laisser les citoyens de la Communauté s’exprimer librement, pour inventer l’art d’aujourd’hui ?
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Deryme fixa quelques compensateurs de gravité sous les aisselles et sur les hanches du dormeur ; tout le monde possédait de ces gadgets en réserve, car en Marcom, il n’y avait plus de main-d’œuvre pour effectuer les sales besognes depuis que les travailleurs immigrés avaient été expulsés. « Plus d’étrangers, plus de racisme », avait été le slogan de la campagne en faveur de cette mesure.
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En proscrivant toute relation féminine, il espérait trouver des satisfactions supérieures dans le renoncement et jouir en constatant que les provocations pornographiques les plus naturelles avaient moins d’effet sur lui que les stimuli factices qu’il pouvait s’offrir. Jadis, il avait rêvé parvenir à un déphasage total de ses réactions sexuelles, en combinant systématiquement les films, les images érotiques à des musiques, à des repas, à des odeurs, afin de parvenir à éjaculer en écoutant un quatuor de Brahms ou en dégustant une recette d’Alexandre Dumas. Mais, depuis son échec avec Elsa, il rejetait sa virilité et ces subterfuges ne l’émoustillaient plus qu’intellectuellement.
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Videos de Philippe Curval (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Curval
Invité de l'émission Apostrophes, le romancier Philippe Curval répondait à cette terrible question, posée le 30 juin 1978 : quel est l'état de la SF en France ? Une archive de l'INA à redécouvrir de toute urgence. https://actualitte.com/article/111746/auteurs/philippe-curval-la-tronche-de-la-sf-a-la-francaise
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