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J'avais adoré "Le grizzly" (le roman qui a inspiré le film "L'ours" de Jean-Jacques Annaud), du même auteur, quand j'étais enfant. J'étais donc très contente le jour où j'ai déniché cet ouvrage dans une foire aux livres. Mais je dois admettre que j'ai été vraiment déçue par cette lecture. Le style de Curwood est toujours agréable. Il dépeint avec beaucoup de talent les paysages sauvages, et l'on se plonge dans l'intrigue avec plaisir. Mais au fur et à mesure du récit, le comportement du personnage principal et son discours le rendent franchement antipathique. Suffisant, têtu, frôlant souvent la bêtise, on fini par se demander si l'auteur a réellement voulu faire de son héros un insupportable imbécile (et dans quel but, puisque rien dans l'histoire ne lui vaut de leçon de sagesse ou d'humilité) ou si le grand héros américain viril et courageux qu'il a voulu camper est juste terriblement dépassé et ridicule en ce début de XXIe siècle. Malgré toute ma bonne volonté, cette aversion pour le personnage principal m'a franchement gâché la deuxième moitié de la lecture, à partir de laquelle les stéréotypes de l'époque viennent aggraver son cas et le rendre irrécupérable. Bien sûr, il faut remettre ce roman dans son contexte et dans son temps, puisqu'il a été écrit au début des années 1920. Cependant il reste très dérangeant de voir le héros (qu'à ce stade j'avais déjà envie d'étouffer dans une congère, je le rappelle) multiplier les propos racistes et méprisants à l'égard des membres d'une tribu indigène du Grand Nord qui l'attaquent. Ces adversaires sont désignés à longueur de pages par des sobriquets tels que "noireaux", "moricauds", et décrits comme de petits êtres malfaisants dépourvus d'intelligence, comme s'il s'agissait d'une colonie de poux... Enfin, pour ne rien arranger, le héros vient en aide à une jeune femme étrangère, douce et craintive, qu'il délivre d'un ravisseur violent. Aussitôt le bellâtre décrète (sans consulter la belle) que celle-ci "lui appartient", qu'elle est "sa propriété" (ce sont les termes employés), on croirait qu'il a trouvé une nouvelle paire de bottes... et je souhaite bien du courage à la nouvelle Mme Crétin. Encore le reflet d'une époque, évidemment, mais j'avoue que sur l'addition déjà bien lourde de ces défauts, ce point supplémentaire a achevé de me rendre cette lecture plus pénible qu'autre chose. Hélas ! + Lire la suite |