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Céline Leroy (Traducteur)
EAN : 9782879296531
288 pages
Editions de l'Olivier (04/02/2010)
2.96/5   45 notes
Résumé :
Chez les Bradshaw, depuis peu, les rôles sont inversés. Thomas a abandonné un métier lucratif pour rester à la maison. Il joue du piano, lit, prend (enfin) son temps. Tonie, sa femme, vient d'accepter un poste à l'université. Elle est ambitieuse, passionnée et... insatisfaite. Les Variations Bradshaw raconte une année de leur vie. Une année de crise, et de révélations. Rachel Cusk dissèque les ambitions déçues, les tragédies en mode mineur, cette cruauté du quotidie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Telle une oeuvre musicale construite sur le mode concentrique, ce roman commence et finit presque de la même manière : le début d'une journée de travail et de vie à la maison chez les Bradshaw. Au début, c'est Thomas qui a choisi de quitter son travail et de rester à la maison pour se consacrer à sa fille Alexa et au piano, et Tonie qui a décidé de prendre plus de responsabilités à l'université ; à la fin c'est l'inverse. Et l'on pourrait presque dire que les choses semblent rentrées dans l'ordre, se sont apaisées. Entre-temps, la forme « Variations » aura joué à plein : car Thomas et Tonie ne sont pas les seuls à jouer cette partition de la vie conjugale, de l'amour, ses espoirs et ses désillusions. Il y a aussi les frères de Thomas, l'aîné Howard, qui sait faire des affaires, et sa femme Claudia, une artiste ratée, le benjamin Leo, qui n'a jamais su trouver sa place, et sa femme Susie, qui conjugue régime végétarien et alcool. Leurs enfants à tous trois interviennent dans la représentation ainsi que les parents de Thomas et Tonie. Il y a même une scène d'opéra entre Howard et Claudia, et des morceaux de musique symphonique, des scènes allant crescendo jusqu'à la crise ultime, « une symphonie sauvage et discordante« .

Mais tout se termine par le silence. Celui qui précède les applaudissements à la fin d'un concert ? Pour ma part, oui, car j'ai dévoré ce livre dont j'ai admiré la construction éblouissante, l'intelligence et la finesse du propos, l'étude psychologique fouillée et originale. C'est ma première rencontre avec Rachel Cusk et j'espère encore souvent croiser sa route à l'avenir !

J'ai aimé les décors, la maison étroite de Montague Street où vivent Thomas, Tonie et Alexa, la grande maison et les rapports complexes et farfelus d'Howard et Claudia, les bâtiments et bureaux gris de l'université de seconde zone où enseigne Tonie, le souci de conformisme qui noie la violence ordinaire des grands-parents. J'ai été sidérée par toutes ces fausses notes d'incompréhension, d'absences, de « mal-amour ». J'ai été frappée par l'opposition très marquée entre structure et vide, qui relève aussi du vocabulaire musical, et qui révèle surtout ces velléités des personnages à vouloir maîtriser leur vie et leurs proches, qui débouchent souvent sur du vide et de la déception.

C'est souvent cruel, féroce sous les dehors tranquilles de la vie de tous les jours. Il ne se passe pas grand chose (et cela pourrait freiner certains lecteurs) mais cette peinture de caractères, cette observation de la vie ordinaire est jubilatoire à mon goût ! Même si les personnages n'en ressortent pas du tout grandis, surtout les hommes peut-être… tout le livre traduit une grande finesse et un sens des autres aigu. le tout dans une langue (et une traduction, je pense) très belle. du travail de virtuose !
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Le clan Bradshaw se décompose ainsi : les grands-parents toujours à se chamailler. Les 3 fils : Howard, l'aîné, entrepreneur qui achète des gadgets inconnus et les revend à prix d'or et sa femme Claudie peintre ratée qui reporte la faute sur son mari et ses enfants, sans oublier le chien. Thomas et Antonia, les héros de ce livre. Lui a pris une année sabbatique pour élever leur fille Alexa et Tonie est retournée enseigner puis prendre un poste à responsabilités au sein de l'université. le « petit dernier » Léo, effacé, doux rêveur et sa femme Susie qui a une grande propension à picoler. Tout ce petit monde habite la banlieue de Londres avec leurs enfants.
Nous suivons pendant un an, le couple Tomas-Tonie. Ils ont échangé leurs rôles. Thomas ne travaille plus « le matin il écoute du Bach ou du Schumann. Il se tient dans la cuisine en robe de chambre. Il attend que sa femme et sa fille descendent le rejoindre, il a 41 ans... » Et se pose beaucoup de questions sur l'Art : « Qu'est-ce que l'art ? le contraire du gâchis, du redondant... » « L'art lui a donc échappé pendant qu'il s'escrimait à réussir sa vie. Il présume qu'un artiste meurt à la vie. Il meurt en combattant puis il renaît ». Tout en prenant des leçons de piano. Quant à Tonie, elle paraît froide et lointaine, absente de sa vie : « Voilà le sermon, la leçon à retenir : le faits survivent aux émotions, et le savoir est plus puissant que l'amour. le nombre de choses à apprendre est infini, mais l'amour n'est qu'un espace à capacité limitée » Alexa survit, écoute et regarde ses parents vivre : « Ses parents ne se parlent plus de la même façon. Autrefois leurs conversations cheminaient vers un accord commun…. Mais à présent, Alexa relève surtout des différences. Les conversations semblent s'arrêter avant terme…. Ses parents se séparent en laissant les choses en suspens comme s'ils n'étaient plus assortis. »
Les seuls « vivants » sont Howard et Claudie qui sont plus charnels et n'évitent pas les scènes de ménage avec réconciliations à la fin du spectacle, tel le chapitre 28.
Par contre, j'ai remarqué que chaque maison est vraiment le « coeur » de ces familles et y tient une place importante. La peur de quitter le nid pour Tonie, le symbole d'une réussite sociale pour Howard. Je n'avais qu'une envie, ouvrir ces maisons pour en faire sortir l'ennui
L'ennui suinte de partout. L'on sent des rancoeurs, des rêves inaboutis et revus à la baisse, des démissions…. L'écriture s'incruste dans les plaies de ces couples, dissèque chaque acte et chaque comportement.
Pour dire vrai, je me suis un peu ennuyée à partager un an de la vie quotidienne de cette famille…. Ces variations ne m'ont pas faite vibrer à l'inverse des variations Goldberg.
Je suis quelque peu déçue. Néanmoins, je remercie et les Editions de l'Olivier de m'avoir fait découvrir cet auteur. C'est une belle écriture et je pense que je lirai un autre livre de Rachel Cusk

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Je retrouve la plume de Rachel Cusk que j'aime tant. Après Arlington Park que j'avais adoré, Egypt Farm que j'avais plutôt aimé et Contrecoup qui, par contre, ne m'avait pas convaincue, je referme Les variations Bradshaw. Si je ne ressens pas le coup de coeur que j'avais éprouvé pour Arlington Park, ça s'en approche !
Après avoir lu un livre de cette auteure, que j'ai aimé ou pas, mon avis sur son écriture, lui, est immuable. Rachel Cusk fait partie de ces romanciers qui, quoi qu'ils me racontent, m'emportent. Je ne parviens pas toujours à comprendre où ils veulent m'emmener ( je pense notamment à Contrecoup ) et pourtant, les pages défilent sous mes doigts et le temps défile agréablement. Rachel Cusk me raconte une histoire, alors je l'écoute. Docilement. Ce qu'elle me narre n'est jamais très joyeux, cette dame qui décortique le couple avec une minutie chirurgicale. Les non-dits, la rancoeur, l'ennui, la lassitude, la tromperie…Nombreuses sont les facettes de la domesticité qu'elle étudie au microscope. Et si on en croit ses dires, il semblerait qu'il n'y ait pas de couples heureux…Vous l'aurez aisément compris, ce qui intéresse l'auteure, ce n'est pas la félicité conjugale ni maternelle mais bien plus, les (nombreux!) problèmes rencontrés au sein d'une famille. La complexité du  » vivre ensemble » en harmonie.
On peut dire qu'elle n'est pas tendre avec ses personnages, que ce soit Thomas qui apparaît totalement en marge de la réalité, ou pourrait-on dire de la normalité, cet homme au foyer qui a décidé de quitter son travail pour se consacrer à l'apprentissage du piano ; avec Tonie, son épouse, bien plus intéressée par son métier que par sa famille ; ou avec Claudia et Howard, qui sont présentés comme des personnages  parfois dépourvus d'émotions. D'ailleurs, de l'émotion, il y en a peu dans ce roman où les gens agissent mécaniquement.
J'aime la façon dont l'auteure entre dans l'intimité de chacun des personnages à divers moments de leur quotidien. Rien d'extraordinaire. Que des vies ordinaires analysées avec finesse et tranchant à la fois, des situations banales, des constats et des réflexions qui nous font nous dire  » Eh bien oui, c'est vrai.  » Une vérité très bien énoncée. C'est peut-être juste ça. C'est déjà beaucoup.
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Un roman vibrant qui rend hommage aux variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach, jouant pour nous la mélodie de la grande littérature anglo-saxonne contemporaine.

Les variations Goldberg de Bach sont trente-deux mouvements composant une oeuvre connue pour deux choses : son contenu riche en formes et en rythmes, ainsi que par le fait qu'elle finisse comme elle a commencé. Rachel Cusk a appliqué ces principes à la famille Bradshaw, elle scinde une année majeure dans leur vie en trente-deux chapitres, consacrés à ses différents membres, et la fait se terminer tout comme elle a commencé. Celui va vivre ce cycle se nomme Thomas Bradshaw, quadragénaire britannique qui a pris avec sa femme une décision qui va donner à leurs vies un tournant qu'ils n'auraient jamais pu imaginer. Il s'agit pourtant d'une décision simple : échanger les rôles. L'homme, Thomas, reste à la maison pour s'occuper de leur fille, tandis que sa femme Tonie accepte une promotion qui la tiendra plus souvent éloignée de chez elle. Thomas va en profiter pour faire un point sur sa vie, apprendre le piano, tandis que Tonie va se dégager du train-train de femme au foyer. Ceux qui composent le reste des chapitres sont tous ceux qui gravitent autour de cette cellule centrale : les autres membres de la famille Bradshaw, la mère de Tonie et leur locataire Olga. Jeune immigrée polonaise qui dira d'eux « les gens avec qui je vis ont l'air parfaitement normaux, mais c'est faux(…) Ce n'est pas une famille normale. Peut-être que ce n'est pas si facile d'être normal. » Cette phrase résume le roman, ce combat pour être normal mené par les membres de cette famille. Se développe alors tout le talent de Rachel Cusk qui avec sa capacité à entrer dans le quotidien de tout un chacun en faisant acte de littérature. On pense souvent à Virginia Woolf, l'auteur y fait aussi écho en nous faisant croiser une poupée nommée Clarissa. Son talent à décrire le quotidien avec un cynisme mordant, que l'on avait déjà aperçu dans: Arlington Park (grand succès de la rentrée littéraire française 2007), nous fait vivre au coeur de cette famille si proche de nous de par ses préoccupations intrinsèquement humaines.
Lien : http://chezclairebis.blogspo..
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Une fois encore, Rachel Cusk explore les relations hommes/femmes, le couple, les ambiguïtés de la maternité et la paternité, la médiocre vie des gens de la banlieue londonienne - et aussi, chose nouvelle, la condition des immigrés polonais, à travers une fille au père vivant chez le couple et son petit ami rencontré à l'hôpital où elle travaille. le ton est malgré tout plus grave que dans les deux autres romans, il y a moins d'humour mais le style reste de très haute tenue. Dommage que l'éditeur ne suive pas de plus près sa production : ce livre est son septième mais seulement le troisième traduit en français. Une excellente romancière anglaise à suivre de près dans les années à venir...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
« Certaines choses sont artificielles, d’autres sont authentiques. Les premières sont faciles à repérer. Les secondes, beaucoup moins. Le matin, il écoute du Bach ou du Schumann. Il se tient dans la cuisine en robe de chambre. Il attend que sa femme et sa fille viennent le rejoindre. Il a quarante et un an, l’âge où une vie s’extrait de son passé comme une sculpture d’un moule ; soit elle est solide, en un seul morceau, soit elle échoue à garder sa forme et se désintègre. La désintégration n’est pas difficile à imaginer. En revanche, la solidité, la forme concrète laissent perplexe. Et si la désintégration rend caduque la question de l’authenticité, elle se doit d’être posée face à une forme solidement établie. » (p.9)

« Dans le train, Tonie pense au sexe. Il est comme un vieil ami qu’elle n’a pas vu depuis des années et qu’elle rencontre par hasard sur le quai. Elle effectue le trajet avec lui, son vieil ami le sexe avec qui elle a perdu tout contact plus ou moins depuis la naissance d’Alexa, durant cette période où l’amour ressemblait à une problème mathématique auquel elle avait soudain trouvé la solution. » (p. 18)
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Il y a bien des années, Tonie est tombée amoureuse de la maison : elle en est tombée amoureuse puis, alors qu'elle apprenait à la connaître, l'amour s'est fractionné jusqu'au jour où le moindre fragment de savoir est devenu plus grand que la part d'affection qui lui était réservée. Voilà le sermon, la leçon à retenir : les faits survivent aux émotions, et le savoir est plus puissant que l'amour. Le nombre de choses à apprendre est infini, mais l'amour n'est qu'un espace à capacité limitée.
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Elle a remarqué que Thomas est de plus en plus préoccupé par le mystère que représente le talent des autres. Il ne peut presque plus écouter les enregistrements de Glenn Gould, ni les coffrets de Clifford Curzon, ni le jeu indistinct et primordial que propose Feinstein dans son interprétation de Bach, tant il étouffe de constater que ces hommes sont bien plus doués que lui. Et il n'y a pas qu'en musique : le même sentiment l'étreint dès qu'il pense à la littérature ou la peinture, qu'il parcourt les reproductions d'oeuvres dans son encyclopédie mondiale de l'art, un sentiment qui dépasse la jalousie et le rend maussade. Tous ces gens sont nés dans le même monde que lui, et pourtant, ils sont meilleurs, plus habiles, plus brillants que lui. Récemment, il a emmené Alexa au cirque et même là, l'acrobate dans son affreux costume étoile [...]montrait plus de talent que lui. La fille au hula-hoop faisait tourner vingt cerceaux autour de son pied tendu comme si de rien n'était, ses lèvres maquillées étirées en un sourire. Dans son domaine, cette femme est une artiste. Elle possède quelque chose en plus par rapport à Thomas, elle exerce un talent. Pourquoi l'art lui échappe-t'-il quand les autres s'en empare? Où a -t'-il échoué?
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Elle est frappée à présent de constater que la vie n'est pas linéaire, qu'il ne s'agit ni d'un voyage ni d'un passage, mais d'un processus statique d'accumulation irréversible. La perspective change, se meut tel le soleil qui nous fait bénéficier de ses rayons avant de céder la place aux ténèbres. Le point de vue, la relation qu'une chose entretient avec une autre, les proportions d'ombre et de lumière, tout cela est modifié ; mais l'expérience elle-même est d'un bloc, cumulative et figée.
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tandis que, dans sa chambre , régnait le silence, la lumière du jour, une absence de structure. En s'écartant du récit, elle avais découvert le vide qui s'étendait tout autour d'elle. Ce lieu étais su transparent et calme, il semblait annoncer la création de quelque chose qui ne s'était cependant pas réalisé car il n'existait dans cet espace que la solitude, belle mais stérile non fécondée. Tonie n'y avais jamais rien trouvé. Si bien qu'elle finissait toujours pas redescendre.
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Videos de Rachel Cusk (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rachel Cusk
D'un côté le récit d'une anglaise qui s'éveille à la sexualité dans les années 60, de l'autre celui d'une romancière entre deux âges, bouleversée par l'arrivée chez elle d'un artiste qu'elle admire. Remise en cause des sentiments et des idéaux dans les romans des deux écrivaines britanniques.
Rachel Cusk, La dépendance (Gallimard), Tessa Hadley, Free love (Bouquins)
Une rencontre entre les deux écrivaines, interprétée par Dominique Hascoët, le 11 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
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