Catéchisme, confession, Marie, la narratrice, comme dans
Un brillant avenir, raconte, s'attachant cette fois à l'enfance et à l'adolescence, à cette éducation catholique imposée par son père alors que sa mère est athée.
Dès la première page, le ton est donné. Elle a beaucoup de mal à dire « mon père » à l'aumônier qu'elle croise : « Ces mots, associés à la longue robe noire qu'il portait, avaient quelque chose d'intime et d'obscène comme un sexe aperçu à travers une braguette entrouverte par inadvertance. »
Catherine Cusset campe une Marie très croyante mais, influencée par son amie, Nathalie, elle vole dans le supermarché. Arrive la confession et elle lâche un petit larcin : « Un crayon, quand il s'agit de trousses entières. le ciel ne s'est pas effondré… de sa voix douce, il me demande de réciter dix fois le Notre Père, et m'absout. Je sors du confessionnal, infiniment soulagée et fière. »
Marie s'oppose à sa soeur qui a trois ans et demi de plus : « Elle est courageuse, dégourdie, hardie. Je suis une trouillarde. » Quand sa mère la soutient alors qu'elle préfère lire un roman plutôt que d'aller à la messe, « le mal est fait… le Dieu de papa, le Dieu de mon enfance, ce jour-là a perdu sa grandeur… J'ai compris, ce jour-là, que le croyant avait besoin de la protection d'un dieu parce qu'il était fragile.»
Ximena dont la mère est grecque et le père chilien, arrive dans sa vie et « n'a aucune religion, aucune éducation religieuse. » Avec cette nouvelle amie, elle découvre l'amour, le plaisir : « Je l'aime d'un amour passionné, brûlant, comme je n'ai jamais aimé personne. » de 13 à 17 ans, elles sont indissociables : « la brune et la blonde, le démon et l'ange… son amour est lucide, tendu et sévère. »
Les études, les amours s'enchaînent. Ximena est toujours là malgré les jalousies. D'un sentiment à l'autre, d'une passion à une autre, l'âge adulte s'installe et Marie se demande toujours : « Qu'est-ce que l'amour ? »
Avec Samuel, enfin, elle constate : « On ne pouvait vivre et aimer qu'en étant débarrassé de la peur – la peur d'être seul, la peur de vivre, la peur de faire du mal à l'autre, la culpabilité. Cette peur que j'appelle Dieu. » C'est sûrement cela qui reste d'
une éducation catholique.
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