-Soyons clairs, insista Joe. Nous n'avons aucune idée de ce qui se passe, ni dans quoi nous nous engageons. Mais nous faisons tout cela parce que ta théorie n'a pas plu à un connard de bureaucrate.
-Ouais.
-Tu as des problèmes, amigo. A commencer par le besoin pathologique de prouver que tu as raison.
-C'est le plus petit de mes travers, precisa Kurt alors qu'ils approchaient du talus. Ce n'est pas parce qu'ils ne m'ont pas cru, mais parce qu'ils ne m'ont même pas pris au sérieux.
Kurt conduisit la grosse camionnette jusqu'au sommet de la dune: en contrebas,se trouvait une vaste dépression emplie d'une eau aux reflets cramoisis. C'était là qu'était jadis la mine de Tasman, à quelques trois cents mètres environ de profondeur. La paroi retenant la nappe d'eau souterraine s'était écroulée et, comme Berkeley Pit au Montana, la mine de Tasman s'était lentement remplie d'une eau toxique qui arrivait à moins de trente mètres du bord de la cuvette.
Kurt engagea leur camionnette sur un chez qui descendait vers l'eau en serpentant et fut surpris de repérer un groupe de véhicules qui stationnaient sur les lieux: quatre gros engins de tout-terrain couverts de poussière et deux jeeps, tous de modèles récents. Avec leurs vitres teintées et leur couleur uniforme, ca sentait à plein nez le parc automobile gouvernemental.
-On dirait qu'ils t'ont pris plus au sérieux que tu le pensais, constata Joe.
Kurt freina en douceur. Cette scène avait quelque chose de bizarre et il mit un moment à comprendre pourquoi.
-Où sont-ils? demanda Kurt.
Joe haussa les épaules.
Parmi les six véhicules garés n'importe comment, deux avaient les portières ouvertes et un troisième le hayon relevé. Du matériel épars jonché la plage polluée comme si les protagonistes avaient été interrompus brutalement.
Tous avaient mystérieusement disparu.
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