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Critique de LoupAlunettes


- J'aime pas les clowns! disait la petite fille à sa maman.

-J'aime pas les clowns! disait le petit garçon à sa grand-mère.

Le petit garçon tirait sur la manche de sa mamie finalement pour qu'elle ne manque rien du spectacle et des étoiles qui jouaient et dansaient sur scène.

La mamie se rappelait à une autre époque avoir préféré regarder les étoiles dans le ciel au travers de la tente toute trouée plutôt que le funambule sans bras et le lanceur de couteaux sans couteaux étant petite.  

Mais cependant elle n'oublia pas ce clown qui l'invita sur scène.

Elle ne pouvait l'oublier bien qu'elle ne le reconnut pas.

Quelle drôle de farce, quelle drôle de surprise!
: "J'aime pas les clowns".

 Au titre et au premier regard de la couverture de l'album, on peut être amené à interpréter de travers ce seau d'eau renversé sur la tête de ce clown "mystère" dont le seau dissimule l'identité.

Le saut d'eau est un numéro d'humour classique.

Il n'est pas très important du départ de connaître qui se cache sous le déguisement du personnage qui existe pour lui-même. Et pourtant.

Dans le petit moment récréatif s'ajoute plusieurs histoires, une plus ancienne qui place un décor et une autre plus intime qui est en train d'être contée, et finalement transmise mais le petit garçon de l'histoire ne le devine pas encore. Et vous, jeunes lecteurs? Avez-vous deviné qui est le clown blanc de l'histoire de la grand-mère?

Ce clown triste à face de lune, au rôle opposé à l'auguste coloré et exubérant, à une bonne nouvelle à apporter et il le fait de la façon la plus originale qui soit pour cette petite fille qu'était la grand-mère et qui avait perdu le sourire avec les guerres passées, avec le départ du papa noté au début de l'histoire qu'elle ne connaît qu'en photo.

Vincent Cuvellier décide de raconter de drôles de retrouvailles dans un Berlin ravagé, qui se relève peu à peu depuis deux ans, la couverture de l'album en témoignant en fond de décor.
Les mots sont délicats, la tendresse posée en ellipse et l'auteur choisit de ne pas être trop démonstratif pour placer les lecteurs dans la position des deux enfants, à eux de comprendre ce qui se passe réellement et à eux de reconstituer l'ensemble de la grande histoire. Avec le sourire que souhaite ramener le clown blanc sur le visage de la petite fille se mêle une métaphore compréhensible d'un besoin de rire de nouveau à une époque fragilisé par de durs événements. Il serait intéressant de connaître le point de départ de ce projet pour en saisir pleinement les intentions au delà de l'histoire.

Rémi Courgeon prête son talent et ses couleurs, nous reconnaissons ses choix éditoriaux d'aborder des sujets souvent sérieux avec beaucoup de poésie, de couleurs et de tact auprès des plus jeunes.

La grand-mère finit néanmoins par faire apprécier le spectacle du cirque à ce petit-fils qui rechignait à y aller, on le devine aussi par quelques mots, ce vestige fabuleux artistique et symbolique de l'enfance qui pourrait sembler désuet, opposé aux petits et grands écrans de divertissement.

Singulier, poétique et intéressant.

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