AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de helhiv


helhiv
10 septembre 2017
La mort d'Agrippine est une tragédie en alexandrins racontant la tentative de vengeance d'Agrippine l'Aînée à l'encontre des responsables de la mort de son mari Germanicus (c'est la version de Tacite de l'empoisonnement du général romain qui est exploitée par Cyrano de Bergerac) parmi lesquels l'Empereur Tibère et Séjan (Séjanus dans la pièce), le préfet du prétoire, à qui elle promet sa main et le trône en échange de son aide.
L'intérêt de la pièce est multiple. Tout d'abord, la versification est de grande qualité, sauf étonnamment quelques vers ici ou là qui m'ont paru vraiment très pauvres et très plats. Dans la mise en scène en revanche, j'ai trouvé que l'auteur abusait des conciliabules entre ses personnages centraux et leurs confidents, ce qui nuit au rythme et au développement du drame.
Un autre intérêt néanmoins est la complexité des relations entre les personnages : Séjanus est à la fois l'objet et une des cibles de la vengeance d'Agrippine ; Livilla, a promis les mêmes choses d'Agrippine à Séjanus mais supporte mal sa rivale ; enfin Agrippine, prête à tout, pour honorer sa parole de venger Germanicus, tente de manipuler les une et les autres. Là, il y une petite faiblesse car, à aucun moment, Tibère (qui n'est pas un tendre) ne songe à s'en prendre à Caligula, le fils d'Agrippine, qui deviendra empereur (et réhabilitera sa mère).
Troisième point intéressant : la liberté des sujets abordés par Cyrano de Bergerac. Séjanus est ouvertement athée (c'est un peu lui le vrai anti-héros de la pièce) et nie toute vie après la mort. Tibère, malgré sa grandeur, est un puissant vraiment détestable et l'auteur n'est donc pas en train de flagorner auprès du monarque en place sur le thème "dur mais juste". le libertinage, parfois évoqué pour cette pièce, passe au second plan. Livilla est peut-être concernée mais Agrippine est fidèle à son défunt époux et ne propose une union à Séjanus que pour arriver à ses fins.
Dans sa détermination, dans sa noblesse qui s'abaisse pour vaincre, dans son sacrifice, j'ai trouvé qu'Agrippine avait beaucoup de points communs avec l'Andromaque de Racine. Cette pièce étant une de mes préférées, la ressemblance entre les deux veuves est donc mon quatrième motif d'intérêt pour la pièce.
Pour les amateurs de théâtre classique sur les sujets antiques, cette pièce est à lire absolument.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}