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Simone de Beauvoir raconte qu'un des sujets d'agrégation qu'ils avaient imaginé avec Sartre était : L'âme et le corps. Ressemblances. Différences. Et ça les faisait mourir de rire. Moi aussi. Dans « Des âmes et des saisons », Boris Cyrulnik s'attaque à ce problème philosophique, sous l'angle du changement que l'humanité a vécu depuis 300 000 ans d'abord à cause des glaciations, de la sécheresse (1 ) , puis dans les affects différents dus à l'idée de famille naissante (2), enfin, troisième aspect de l'écologie, les croyances , les mythes et les normes culturelles (3). 1 Les rapports de domination de l'homme sur la femme, et l'existence de dominants dans les meutes humaines s'expliquait par les conditions de vie difficile : Il faut tuer le mammouth et le rapporter aux femelles qui allaitent les petits. Tuer pour ne pas être tué. Il faut être violent, l'homme, le vrai, doit tuer. La femme dans l'ombre, pas le temps ni l'esprit pour « l'amour » 2 Pourtant, à l'âge paléolithique, les rapports de domination n'existaient pas, les chasseurs cueilleurs ne possédant rien, et ne mangeant que des feuilles et des fruits ils ne se faisaient pas la guerre. Au néolithique, il y a 10 000 ans, avec l'invention de l'élevage et de l'agriculture, la notion de famille elle aussi s'élabore : il faut entreposer les céréales, faire des enclos, pour les hommes reconnaître ( enfin, disons) les enfants, alors qu'avant les enfants naissaient dans un clan et n'appartenaient qu'au clan. 3 Il n'est désormais plus nécessaire qu'un homme soit un héros de la guerre, d'ailleurs il n'y a plus de mammouths. le pater familias n'existe en fait plus non plus, il a persisté au XIX siècle quand les femmes ne travaillaient pas, son image a vacillé avec les congés payés, qui ont permis aux femmes de se prélasser sur les plages. C'est l'image même de la virilité qui en prend un bon coup, on rit lorsqu'on lit certains textes vantant l'héroïsme violent masculin. Les rapports dans les couples n'ont plus rien à voir avec la femme enfantant au fond de sa caverne, ou se mariant pour faire un beau mariage. Ainsi, le climat, les affects qui changent avec les changements climatiques, et les croyances liées au sexe, ont influencé le cerveau humain. Quelques exemples de ces nouveaux points de vue : - Les chasseurs cueilleurs, dit Cyrulnik, devaient être en meilleure santé. Ils étaient aussi beaucoup plus grands, 1m 95 pour les hommes, 1m 90 pour les femmes. Au néolithique, la race humaine mesure en moyenne 1 m 60. La sédentarisation a pour conséquences les pandémies. - La route de la soie transporte avec elle des outils, des langues, des idées et des croyances( bouddhisme, mazdéisme et islam), elle apporte de beaux tissus en Occident, mais aussi la peste et les épidémies mortelles. - Tchernobyl , en donnant la parole à des experts non politiques permet la critique du régime et annonce la perestroïka. - Les guerres aussi ont apporté paradoxalement la liberté aux femmes, qui ont tenu à la place des hommes les commerces, les entreprises et les enfants. En revenant de guerre, les hommes ne savaient plus rien faire. Ce livre m'a semblé rassembler des conférences données au fil du temps, il y a des redites nombreuses, des illogismes, pas vraiment de fil conducteur sauf les 3 points que j'ai essayé de faire ressortir : l'influence du climat, de l'image de la famille et des croyances qui y sont liées , et presque comme s'il n'avait pas pu s'en empêcher, le rappel des enfants maltraités ou abandonnés restant à vie susceptibles d'être malheureux, la brutalité des relations ( comme à l'ère industrielle naissante )provoque des substances de stress, les informations reçues sont circuitées vers l'amygdale, au lieu que pour les gens heureux, c'est l'ocytocine, l'hormone de l'attachement. qui se sécrète. Pourtant, ajoute Cyrulnik, la résilience est là. Cependant, pour terminer avec une note gaie, je cite Cyrulnik qui parle de la solitude et des nouveautés, PMA, divorce, travail des femmes à plein temps : « Les godemichés électriques donnent aux femmes un plaisir physique supérieur à celui que peut donner un homme, mais, comme elles ne vont pas au restaurant avec un godemiché, elles prennent un amant pour cet usage. » + Lire la suite |