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Critique de Ledraveur


«  Des âmes et des saisons » ? “psycho-écologie” ? C'est assez intrigant … curieuse approche, et pourtant !
Ce récent ouvrage de Boris Cyrulnik, aux titres évoquant un certain “naturalisme”, chemine pourtant hors d'un champ dualiste et binaire où matière et éther ne sont non seulement pas contradictoire, mais qui plus est, évoluent de concert dans une danse “pour le meilleur”, le pire aussi, souvent ébouriffante !
« Comment expliquer qu'un mot, une représentation sans substance puisse agir sur la matière ? » (p. 15)
Son approche originale mais pleine de bon sens quant à l'éclairage de notre “humanité”, s'ancre dans un réalisme parfois rude et sans états d'âme justement …
Précisant son propos sur “la pensée”* pointant clairement la paresse dont elle est l'objet dans une vision binaire du monde, où si le mode dualiste est structurant pour l'évolution de l'enfant, cela devient un poison quand elle se fige dans le monde adulte dans des certitudes et convictions menant aux fanatismes les plus divers.
Ce “monde” de la pensée binaire est interprété en terme de domination et d'utilitarisme, il empêche toute évolution de l'Homme vers sa propre Humanité !
La question posée aujourd'hui est de savoir si nous envisageons ou non de suivre un autre chemin, de nous affranchir de cet ethos qui nous accable tant ?
Par ailleurs il précise la chose suivante ; lorsque le développement d'un enfant, un jeune, a été sécurisant et fortifiant, dans la stabilité des affects allant de pair avec un environnement paisible, l'être en est fortifié et c'est un facteur de protection devant les impacts douloureux de la vie, est en atténue les souffrances. Et l'inverse est tout aussi exact : « … un organisme qui a été agressé au cours de son développement précoce a acquis une vulnérabilité qui l'entraîne à moins se défendre. » (p. 70)
Plus loin il affirme cette réalité négligée : « Les êtres humains ne sont pas séparables de leur milieu, comme nous l'a fait croire un individualisme simplificateur. Leur corps est un carrefour de pressions écologiques et leur âme un carrefour de récits. »
L'individualité réduite à son identité corporelle est une illusion en ce sens ou nous sommes essentiellement les autres comme l'a fort bien démontré le Professeur Henri Laborit dans ses travaux sur le comportement humain.
« … ce qui revient à dire que l'éducation change l'organisation des circuits cérébraux, et que la non-éducation ne circuite pas le cerveau. » (p. 92)
Restituant le cadre familial, dans son origine le mot famulus désignait un petit groupe où chacun était le serviteur de l'autre, les habitants d'un domicile constituaient une famille, l'auteur se penche également sur l'indigence et la disparité sociétale de l'accueil de la jeunesse abordant la période des grandes modifications cognitives, émotionnelles et comportementales, dans une période existentielle délicate, devenu du fait de nos cultures d'études longues, et représentant aujourd'hui une “population” à part entière trop souvent négligée pour ne pas dire plus !
Abordant le thème de la violence, il décortique les process de “la virilité” comme valeur culturelle dépassée dans les pays en paix, la reléguant à l'histoire ... mais constituant un danger parmi les nostalgiques des “pouvoirs forts”, de tyrans et autres apprentis dictateurs !
Le Néolithique n'en fini pas de s'épuiser en vains soubresauts, ce nouveau millénaire va devoir s'inventer “un futur”, faute de quoi c'est l'effondrement qui nous guette.
« C'est pourquoi les révolutions conceptuelles sont plus souvent le fait de penseurs isolés et marginaux que de détenteurs du pouvoir. » (p. 294)
Ce livre est un plaidoyer qui s'adresse à nos consciences d'êtres partageant une humanité, que souhaitons-nous au juste ? Pour nous-même, notre jeunesse, nos enfants ?
« Notre culture a perdu la boussole ... » (p. 295)


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* dont on doit envisager la complexité ; voir à ce sujet les travaux d'António R. Damásio « L'erreur de Descartes : La raison des émotions »
https://www.babelio.com/livres/Damasio-Lerreur-de-Descartes--La-raison-des-emotions/38598/critiques/2772680
Lien : http://www.versautrechose.fr/
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