J'aime beaucoup Edgar Morin et Boris Cyrulnik !
Je connais " livresquement" le premier depuis 30 ans, l'autre depuis 10 ans. Ce sont deux philosophes, bien que l'un soit plus orienté sociologie et cognitivisme, et l'autre neurosciences.
D'ailleurs, dans ce "Dialogue sur la nature humaine", ils se complètent bien.
Les thèmes abordés sont nombreux. Par exemple :
"Le cerveau et l'esprit", c'est quelque chose de passionnant !
Les nombreuses "naissances" ou évolutions de nos sociétés aussi !
Nos deux vénérables compères s'interrogent sur les dernières sociétés, "les civilisations historiques", qui s'orientent vers l'abstrait et le virtuel, échappent à la nature, conduisent à tuer pour des idées, et amènent les génocides.
.
Cette idée de génocides m'obsède car je ne la comprends pas. Je l'ai déjà exprimé, avec plus ou moins de violence, dans ma récente critique du superbe livre de Jim Fergus : "Mille femmes blanches".
Ou plutôt, je la comprends trop bien :
comme s'efforce de démontrer Nietzsche, l'homme est "Humain, trop humain", et il faut, comme Zarathoustra, franchir la rivière, et aller "Par delà le bien et le mal", le bien et le mal qui sont les critères hypocritement posés par l'homme, qui les utilise sans les respecter !
Friedrich Nietzsche en a souffert jusqu'à la folie ;
Stefan Zweig en a souffert jusqu'au suicide !
.
Liberté, égalité, fraternité, belle devise en vérité, mais qui ne sert pas à grand chose.
Dans ce livre, Edgar Morin montre que la liberté peut être un permis de tuer, et qu'il faut aller vers la fraternité, et même s'il ne prononce pas le mot, il le démontre très bien dans un de ses ouvrages fondamentaux :
"Terre-Patrie" :
.
"Au moment où les sociétés éparses sur le globe sont devenues interdépendantes, la prise de conscience de la communauté de destin terrestre doit s'imposer. Nous sommes solidaires dans et de cette planète. C'est notre Terre-Patrie." ( Edgar Morin ).
.
Une dernière image me vient en rédigeant cette critique, c'est celle du miroir de l'exposition de 1963 :
"The most dangerous animal in the world".
C'est un dialogue très riche sur l'interdépendance entre l'affectif et le logique, le culturel et le psychologique, le cérébral et le biologique dans la construction de l'être humain.
Difficile de résumer cet échange foisonnant, on peut donner quelques clés:
l'intelligence et l'affectivité croissent l'une avec l'autre; il n'y a pas de hiérarchie établie une fois pour toutes mais des hiérarchies en permanente permutation, ordre et désordre se relaient dans la construction de l'être humain.
Ce livre court mais dense permet d'appréhender les clés nous aidant à nous forger, devenir soi-même pour mieux rencontrer l'Autre qui est aussi un autre soi-même.
Boris Cyrulnik est neurologue, psychiatre, psychanalyste et éthologue.
Edgar Morin est sociologue, philosophe et anthropologue.
La diversité de leur parcours, leurs approches très différenciées nourrissent l'échange tout au long de ce livre.
Ce livre se présente sous la forme d'un échange entre Boris Cyrulnik et Edgar Morin. Un contenu très accessible qui propose une réflexion sur ce qu'est l'homme en empruntant le kaleïdoscope de l'interdisciplinarité chère à Edgar Morin. Je l'ai acheté malgré mes faibles moyens pour 7 euros, parce que je sais que je le relirais avec plaisir. L'air de rien on y apprends plein de choses et l'on en sort rassuré. Une petite bouffée d'air pour ceux qui cherchent du sens en ces temps ombrageux.. Nul besoin d'être érudit pour le lire, ce qui se conçoit clairement s'énonce clairement et c'est bien le cas ici.
J'ai simplement adoré cet échange, cette pensée arborescente et les idées échangées par ces deux hommes que je ne connais que trop peu, il sont si passionnants.
Toutefois, non, ce livre n'est pas accessible. Il l'est peut être pour les lecteurs et lectrices de Boris Cyrulnik mais ne l'est absolument pas pour le lecteur lambda, il s'adresse principalement à des intellectuels. du moins... pour la première moitié de l'ouvrage. le reste est bien plus simple et accessible.
Pour exemple, vous pouvez trouver une conversation sur la nature poïkilotherme des animaux. Il n'est pas incompréhensible, il vous faudra parfois vous armer d'un dictionnaire selon le lecteur ou la lectrice que vous êtes.
En outre, la sagesse de ces deux hommes et la richesse de leurs pensées ne peuvent qu'être bénéfiques et vous permettront d'enrichir vos pensées, d'avoir vos propres questionnements philosophiques qui en découlent.
Je suis heureux d'avoir pu lire ces deux hommes de leur vivant, de me renseigner sur eux, faisant de cet ouvrage une introduction à mes prochaines lectures.
Pour finir, je vous recommanderait grandement ce livre si le sujet vous intéresse mais également que vous êtes parés, si vous avez des habitudes de pratique littéraire classiques, à sortir votre dictionnaire à tout instant et à éventuellement relire quelques passages.
En outre, il reste limpide et compréhensible mis à part quelques possibles difficultés qui restent claires dans leurs contextes.
D'une centaine de page, c'est une bonne porte vers des ouvrages intellectuels.
Je tenais à faire cette précision car cet ouvrage est présenté comme accessible, or, je ne proposerai pas celui-ci à tout le monde dans mon métier.
Merci à babelio et aux éditions Marabout de m'avoir fait parvenir ce petit livre d'entretien entre deux monstres sacrés de la philosophie/psychologie. L'un est sociologue, philosophie et l'autre psychologue mais leur vision de la nature humaine se ressemble sur de nombreux points.
Cette nouvelle version avec une couverture plus claire et colorée donne au livre un aspect plus vivant moins universitaire.
C'est un dialogue entre Edgar Morin et Boris Cyrulnik sur plusieurs thèmes lié à l'Homme.
Je me rends compte à la fin de la lecture que je vais le relire mais en annotant le livre car je trouve qu'une seule lecture ne suffit pas. il faut retourner sur certains passages pour mieux les comprendre et c'est très passionnant je trouve.
Une richesse dans les dialogues avec un style d'écriture très agréable.
Un livre à lire absolument
Un merveilleux...