AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782415001360
272 pages
Odile Jacob (16/03/2022)
3.95/5   118 notes
Résumé :
« À 7 ans, j’ai été condamné à mort pour un crime que j’ignorais. Ce n’était pas une fantaisie d’enfant qui joue à imaginer le monde, c’était une bien réelle condamnation. » B. C.

Boris Cyrulnik a échappé à la mort que lui promettait une idéologie meurtrière. Un enfant qu’on a voulu tuer et qui toute sa vie a cherché à comprendre pourquoi, pourquoi une telle idéologie a pu prospérer.
Pourquoi certains deviennent-ils des « man... >Voir plus
Que lire après Le laboureur et les mangeurs de ventVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,95

sur 118 notes
5
7 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Puisque certains deviennent des "mangeurs de vent" qui acceptent le discours totalitaire ambiant, les menant jusqu'à l'aveuglement, au meurtre, au génocide.."


Souvenez vous du test de Milgram: sommes nous capables d'obéir, jusqu'à commettre un meurtre en toute bonne conscience?
Des savants proposent à des "cobayes" d'envoyer des chocs électriques de 45 à 450 volts à un "apprenant" en cas d'erreur...
65 % des personnes acceptaient d'appuyer sur le dernier bouton, la décharge meurtrière...
Pus de 80% acceptaient quand on leur disait que c'est filmé pour la télé...( donc c'est moins grave, une caution supplémentaire?)


Ils ne savaient pas que c'était un test et que la "personne torturée" faisait semblant de souffrir, mais ils acceptaient de continuer jusqu'au bout..
Besoin d'appartenance à un groupe, de n'être pas isolé et recherche du confort voir de l'embrigadement... ( Religion, secte, djihadisme, dictature...)


Boris Cyrulnik, de sa voix douce, nous parle de ces "laboureurs" qui préfèrent se libérer de la doxa haineuse et du conformisme car:
"Quand on hurle avec les loups, on finit par se sentir loup!"


Quand la philosophe Hannah Arendt dénonce la "banalité du mal", quand l'écrivain Primo Levi croise un collègue chimiste, parmi les gardiens SS, à Auschwitz... Et que Cyrulnik se désole pour la guerre en Ukraine, en se souvenant de sa...condamnation à mort, à l'âge de 7 ans parce qu'il est juif...
"Penser par soi-même, c'est s'isoler : l'angoisse est le prix de la liberté."


Il faut "Aimer pour penser", Douter pour évoluer," "Choisir nos pensées"...
"Puisque qu'ici tout est négociable, mais vous n'aurez pas...
"Non vous n'aurez pas,
Ma liberté de penser." Florent Pagny.
Commenter  J’apprécie          10311
Si Boris Cyrulnik est un neuropsychiatre réputé, il reste un enfant qui, à l'âge de 7 ans, a été condamné à mort, à Bordeaux, la ville où il est né. J'avais lu Sauve-toi la vie t'appelle il y a quelques années et c'est grâce à l'ami Jean-Pierre S. que je retrouve une écriture toujours érudite et passionnante.
Dans le laboureur et les mangeurs de vent, Boris Cyrulnik s'attache à analyser, à mettre en lumière les contradictions présentes dans tous les êtres humains. Liberté intérieure et confortable servitude, sous-titre de l'ouvrage, confirme bien l'objectif visé par l'auteur : décortiquer un dilemme base de tant de traumatismes.
Dans notre espèce humaine, il y a les laboureurs, ceux qui cherchent, remettent en cause les vérités préétablies, assénées par les dirigeants, pour essayer de comprendre par eux-mêmes, quitte à désobéir.
A contrario, les mangeurs de vent se rassurent et apprécient de se retrouver avec le plus grand nombre, ce qui peut mener aux drames les plus horribles du XXe siècle.
Bien sûr, la Shoah - extermination programmée des Juifs mais aussi des Tziganes, des infirmes, des malades mentaux par les nazis – mérite un examen approfondi qui revient régulièrement mais il faut se garder de la banaliser car ce massacre s'appuyait sur l'obéissance aveugle de fonctionnaires satisfaits d'obéir aux ordres.
L'exemple d'Eichmann est détaillé, appuyé par les observations d'Hannah Arendt et sa fameuse formule si critiquée : « la banalité du mal ». Boris Cyrulnik démontre que n'importe quel être humain peut se révéler « mangeur de vent » et que tout se joue durant l'enfance. Si la célèbre politologue née en Allemagne puis naturalisée américaine était séduite par l'intelligence de cet homme, elle n'a pu accepter qu'il devienne un nazi convaincu sans, toutefois, pouvoir effacer les moments de bonheur vécus avec lui.
Ces nazis pouvaient massacrer froidement des milliers de Juifs dans la journée, enfants, femmes, hommes, et retrouver joyeusement leur foyer en soirée. Pour cela, il fallait nier toute humanité à ceux qu'ils exterminaient, ne pas capter leur regard.
Trente-trois petites parties, chapitres plus ou moins long, se succèdent. L'écriture de Boris Cyrulnik est simple même s'il lui est impossible d'évacuer des termes qui lui sont familiers mais pas ou peu utilisés dans la vie courante. Peu importe, chaque chapitre hérite d'un titre qui annonce la couleur comme « Croire au monde qu'on invente » ou « Parler pour cacher le réel », ou « Se soumettre pour se libérer », ou encore « Toute-puissance du conformisme »…
Cet homme qui s'est tu pendant quarante ans car son récit, il le dit lui-même, n'intéressait personne, a enfin réussi à être cru grâce aux témoins qu'il a retrouvés souvent par hasard. Un livre, une émission de télévision en 1983 lui ont permis d'être écouté. Après s'être soumis, il s'est enfin libéré.
L'auteur rappelle qu'un enfant a besoin de trois niches pour se développer harmonieusement : la sensorialité, l'affectivité et la verbialité. Dans ce chapitre, plus long que les autres, il précise que « dans une famille pauvre structurée par l'affection et la culture, les enfants ne sont pas malheureux et se développent bien. » Ensuite, ce sont les utopies qui escroquent les peuples jusqu'à ce que la déception survienne, trop tard, hélas.
Quand il se demande s'il faut se « Soumettre à l'autorité », la question se pose : obéir ou pas ? Il rappelle la fameuse expérience de Stanley Milgram avec ces décharges électriques d'intensité croissante envoyées par des « enseignants » à des « apprenants » dès que ces derniers commettaient une erreur. 65 % des « enseignants » n'ont pas hésité à torturer, se soumettant à une autorité morale, démontrant à nouveau cette « banalité du mal » mise en avant par Hannah Arendt.
Enfin, Boris Cyrulnik fait bien de rappeler qu'au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), qu'à Dieulefit (Drôme) et qu'à Moissac (Tarn) pas un seul des Juifs réfugiés n'a été dénoncé alors qu'à Paris et dans les grandes villes cela se faisait couramment. Comment expliquer qu'au Chambon-sur-Lignon, sur les cinq mille réfugiés dont trois mille cinq cents Juifs, pas un n'ait été dénoncé comme le demandaient deux pasteurs ? Estime pour ces pasteurs ou volonté de désobéir aux nazis ?
Tous ces comportements méritaient d'être analysés comme l'a fait Boris Cyrulnik dans le laboureur et les mangeurs de vent car cela permet de comprendre génocides, massacres ethniques, guerres civiles, idéologiques et religieuses. Chaque être humain peut basculer dans l'horreur pour peu qu'il devienne un mangeur de vent au lieu de désobéir aux ordres donnés. C'est un choix douloureux qui doit se préparer dès l'enfance comme y revient justement l'auteur à la fin d'un ouvrage riche d'enseignements.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          974
Petit essai qui s'intéresse à la facilité qu'on peut avoir à éprouver une satisfaction paresseuse à mêler sa voix au concert de la fanfare dominante. Jusqu'à l'extrême, ce qui pour l'auteur est essentiellement centré dans cet ouvrage sur les camps nazis et la machinerie les ayant alimentés. Dans ce texte bref, il rappelle ce que d'autres avaient déjà analysé :
"Hannah Arendt se méfiait du sentiment d'appartenance : « Je n'ai jamais aimé aucun peuple, ni aucune collectivité, ni le peuple allemand, ni le peuple français, ni le peuple américain, ni la classe ouvrière, ni rien de tout cela. J'aime “uniquement” mes amis et la seule espèce d'amour que je connaisse et en lequel je crois est l'amour des personnes.'
Ce sont donc les individus capables de s'extraire de la pensée dominante, de réflechir par eux-même, de ne pas céder à la tentation rassurante d'appartenir à un groupe. Cette sécurisante adhésion à une machinerie de pensée fabriquée par les faiseurs de vent se payant en commettant des actes qui n'apparaissent pas pour ce qu'ils sont au moment où on les exécute.
Il faut donc veiller à ce que la parole, les mots ne créent pas dans notre représentation mentale des catégories englobantes.
"Les laboureurs qui ont les pieds sur terre construisent une réalité différente. Leur savoir laborieux est arraché au réel"
"La pensée du laboureur qui parle de ce qu'il sait (labeur = travail, orare = parler)"
C'est un petit précis d'introspection assez vivifiant, avec quelques saillies plus médico-psychologiques issues de son expérience de clinicien.
On pourrait reprocher à ce texte d'être ancré dans un passé trop lointain (seconde guerre mondiale, il est arrivé pas mal de choses depuis qui ont sensiblement fait évoluer les attitudes des uns et des autres) mais alors l'auteur s'éloignerait sans doute de son domaine de sensibilité, de ce qu'il défend dans ce texte, la pensée du laboureur.
Commenter  J’apprécie          672
Ce dernier livre de Boris Cyrulnik décrypte les processus psychologiques et cérébraux d'une part, mais aussi familiaux et sociétaux d'autre part, qui depuis le plus jeune âge peuvent créer des situations d'insécurités et de souffrances conduisant certaines personnes à s'emparer et adhérer à des récits déviants jusqu'à donner le pouvoir de leur pensée à des manipulateurs ou des dictateurs.
Ce livre écrit peu avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, dépeint incidemment très clairement comment celle-ci a pu survenir et comment tout un peuple semble suivre une pensée unique et totalitaire, pourtant irrationnelle vue de l'extérieur.
Boris Cyrulnik a consacré sa vie à comprendre ce qui lui était arrivé enfant, lui qui ne comprenait pourquoi tant d'hommes voulaient le tuer à 7 ans, sous l'occupation nazie, pourquoi d'autres ont cherché à le protéger, et pourquoi il ne fût pas cru lorsqu'il se mit à parler des années après la guerre.
Ce livre apporte des clés pour comprendre un peu plus, mais en aucun cas pardonner ou justifier, les mécanismes qui conduisent aux folies meurtrières et barbares. Il rappelle notamment qu'un tyran, un tortionnaire ou un administratif zélé des camps de la mort, peut tout aussi bien passer ses journées à tuer et être un adorable parent le soir avec ses propres enfants.
La violence extrémiste n'est pas l'apanage de fous ou des psychopathes, ceux-là sont minoritaires, mais d'hommes ordinaires : « Dans la population des persécuteurs, on trouve de grands intellectuels, des psychopathes, des délinquants et un grand nombre d'hommes ordinaires ». (p233).
On (re)découvre, car les sociétés modernes l'oublient, que le conformisme, le prêt à penser, « la pensée paresseuse ne procure que des amis qui disent tous la même chose, ce qui empêche la vérité, forcément nuancée ». (p221).
Enfin il n'y pas de mal ou de bien, il n'y a pas de fatalité, donc pas de méchants et de gentils, il y a surtout des enfants dont les premières semaines et premiers mois leur imprègnent des manques fondamentaux, d'affections, de sécurité et d'ouverture au monde, qui font que lorsque ces derniers rencontrent un contexte socio-politique déviant et extrémiste, cela les conduit parfois à adhérer à ces récits victimaires, d'êtres persécutés, justifiant alors ces bascules vers la violence.
Il s'agit d'un livre d'une lecture aisée et agréable, très pédagogique et surtout salutaire, par les temps qui courent.
Commenter  J’apprécie          2511
Ce livre nous emmène, au gré de la pensée de l'auteur, dans une réflexion philosophique sur la liberté de penser ou la soumission, selon le groupe auquel on appartient, selon qu'on accepte la parole sécurisante du groupe ou qu'on porte une appréciation personnelle.
Pas la peine de chercher des arguments, ni une démarche un peu scientifique : l'auteur n'approfondit pas, il ouvre plusieurs possibles, alimentés par sa propre expérience, sa propre culture et la biographie de quelques personnages marquants, dans l'approche qu'ils ont eue de la hiérarchie des humains. Il avance, bifurque, recule, saute d'une idée à l'autre... et personnellement je n'ai pas réussi à suivre.

Je ne pense pas que ce livre apporte grand chose au sujet, on en ressort avec l'impression d'une vérité facile, flattant le lecteur, mais un peu frustré de n'avoir rien appris ! Un tel sujet justifie-t-il un livre... sans doute oui pour l'éditeur, puisque Cyrulnik se vend bien !
Commenter  J’apprécie          282


critiques presse (2)
LaPresse
10 mai 2022
Et l’ouvrage de quelque 200 pages, qui regorge d’exemples scientifiques, littéraires et historiques, citant tantôt la philosophe Hannah Arendt, tantôt le psychologue John Bowlby, a cet immense mérite de donner de solides pistes de réflexion.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Cet enfant qu’on a voulu tuer a survécu. Il est devenu neuropsychiatre et on le considère maintenant comme le « père » du concept de la résilience. Toute sa vie, il a cherché à comprendre pourquoi une telle idéologie a pu prospérer. Il fait le point sur le sujet dans un nouveau livre, Le laboureur et les mangeurs de vent.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (126) Voir plus Ajouter une citation
Dans la Rome antique, on ne disait pas « cancel culture » mais « damnatio memoriae », damnation de la mémoire qui consiste à effacer de tout récit le personnage ou l’événement dont on ne veut plus entendre parler.
(p. 192)
Commenter  J’apprécie          20
Dans mon histoire de vie, chaque fois que j’ai avoué mes rêves, j’ai perdu des amis. Ce que je racontais étais trop délirant, trop coupé de l’idée qu’ils se faisaient des événements. Et pourtant mes rêves me sauvaient de la réalité folle où il était normal de tuer un enfant. Si j’avais été équilibré, j’aurais cherché à me mouler sur le malheur de mes proches, survivants comme moi. J’aurais partagé leur tristesse, participé à leur silence, lourd de souvenirs impossibles à raconter. J’aurais vite appris n’importe quel métier pour rester près d’eux dans un chagrin silencieux entrecoupé d’orages.
(p. 23)
Commenter  J’apprécie          00
L’histoire est un produit dangereux puisque nous pouvons tous aller chercher dans notre passé des raisons de faire la guerre. Les Arabes devront se venger des croisés et des colonialistes, les protestants iront tuer les catholiques, les Juifs se révolteront contre les pays d’accueil, les femmes chasseront les hommes de la planète. Alors, la justice triomphera, n’est-ce pas ?
(p. 213)
Commenter  J’apprécie          00
Je me méfie des idées claires, je les trouve abusives. Je n’aime pas les idées sombres, on est confus dans le noir. D’où me vient cette manière de chercher à savoir ?
(p. 20)
Commenter  J’apprécie          00
C’est le triomphe de la doxa quand un groupe social accepte un ensemble d’opinions évidentes, allant de soi, sans avoir besoin de les mettre en question.
(p. 63)
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Boris Cyrulnik (99) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Boris Cyrulnik
Vidéo de Boris Cyrulnik
autres livres classés : psychologieVoir plus
Notre sélection Non-fiction Voir plus


Lecteurs (540) Voir plus



Quiz Voir plus

Les titres de Cyrulnik

Un merveilleux...

jour
malheur
problème
sentiment

10 questions
44 lecteurs ont répondu
Thème : Boris CyrulnikCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..