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Citations sur Psychothérapie de Dieu (122)

Les jeunes seraient-ils en train d'inventer une nouvelle manière d'aimer “Dieu” ? Ils ne vont plus vers les textes sacrés pour leur obéir, mais pour méditer et trouver un chemin de vie plus personnel. L'épanouissement de leur personnalité n'accepte plus le carcan religieux, mais s'ouvre aux textes fondateurs qui augmentent la conscience. La joie de se sentir vivant parmi ceux qu'on aime ne tient plus compte des limites qui clôturent une religion et induit la haine de la différence. Une telle spiritualité élargit la fraternité à tous les croyants du monde, invite à la découverte des différences, et se dégage de l'immanence de la consommation insensée.
“Que Dieu les entende.”
p. 307
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La croyance sacrée n'est pas contestable puisqu'on vous dit qu'elle est sacrée. Quand elle n'est pas argumentée, sa dérive spontanée l'oriente vers le totalitarisme. Par bonheur, il y a toujours des esprits qui aiment s'opposer ; quel que soit le prix à payer, ils ne peuvent pas s'en empêcher : « Saint Paul. Nous ne lui reprocherons jamais assez d'avoir fait du christianisme une religion inélégante [...] Ses considérations sur la virginité, l'abstinence et le mariage sont tout bonnement écœurantes [...] il a fixé les normes de la stupidité. »
p. 305
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Le sentiment de morale nécessaire pour vivre ensemble est caricaturé par la dérive des sentiments : le plaisir de manger devient « péché de gourmandise », la nécessité de réguler l'émotion sexuelle se transforme en horreur du sexe, et le plaisir de rire ou d'écouter de la musique devient blasphématoire, insulte à Dieu7.
Toute communauté religieuse close risque de connaître cette dérive puisque, considérant toute autre croyance comme une hérésie, elle évolue vers une pensée totalitaire qui réduit l'identité à une seule croyance. On ne peut pas être à la fois musulman et juif, alors qu'on peut sans difficulté être musulman et footballeur. On peut dire : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » ou : « Chrétiens de tous les pays, unissez-vous », mais on ne peut pas dire : « Croyants de tous les pays, unissez-vous », quand la croyance qui unit les uns exclut les autres qui ne croient pas comme il faut. Par bonheur, la religiosité moderne privilégie la “spiritualité”, qui témoigne du cheminement vers Dieu de toutes les religions et relativise les rituels qui changent selon les cultures.
p. 303
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Les rituels religieux organisent des sortes de séances d'entraînement à la croyance, dans des lieux décorés que l'on appelle « mosquée, chapelle, temple, cathédrale » ou autres théâtres de la transcendance. Il résulte de cet artisanat de gestes, de mots et de chants un sentiment d'élévation au-dessus de la vie quotidienne. Les bénéfices sont appréciables : apaisement émotionnel, disparition des angoisses, augmentation de l'estime de soi, tissage de liens, solidarisation du groupe, moralisation, émerveillement d'être.
Il faut pourtant souligner que chez d'autres croyants, les émotions positives, l'euphorie épanouissante, le plaisir d'exister donnent un élan vers l'autre, source de religiosité. Ces personnes-là ne se réfugient pas en Dieu pour lutter contre l'angoisse et le malheur mais, au contraire, elles éprouvent une « oblativité religieuse », un désir d'offrir à Dieu et aux autres humains leur temps, leurs biens, leur travail et parfois leur corps pour éprouver le bonheur de donner du bonheur. Un plaisir partagé est fortement augmenté quand on en fait une « transcendance de soi », alors qu'un plaisir solitaire n'est qu'une émotion fugace.
p. 300
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Lors des décennies dominées par la religion profane communiste, chaque camarade devait remettre tous les six mois son « autobiographie » où il racontait par le détail ce qu'il avait fait et pensé de façon que les commissaires du peuple jugent s'il était une personne conforme à l'idéal prolétaire.
Quand un groupe se clôture, le conformisme s'installe. Chacun imite l'autre ou se prépare à le copier du simple fait de l'existence des neurones miroirs qui impulsent le « désir mimétique ».
p. 298
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Quand une personne se développe bien, dans une famille sécurisante, dans une société en paix et dans une culture qui facilite les rencontres, le besoin de religion s'impose moins. Ceux qui vivent “sans dieu” dans les pays d'Europe du Nord sont en bonne santé mentale, mais leur théorie de l'esprit n'est pas « ambitieuse » : elle n'a pas besoin de récits métaphysiques, elle accepte de ne pas tout expliquer, sans pour autant leur faire éprouver l'angoisse du mystère d'être en vie. Quelques explications accessibles suffisent à ces théoriciens pour les rendre heureux dans l'instant qui passe.
p. 296
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Les explications métaphysiques donnent une sensation d'élévation au-dessus des hommes, au « plus près de toi, mon Dieu ». La grandeur métaphysique survole le riquiqui du réel.
p. 293
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Les bénéfices de la religion sont incontestables. Un enfant ne peut se développer qu'au contact du corps de celle qui le sécurise et lui apprend à vivre en prenant soin de lui. Quand une telle proximité sensorielle imprègne dans sa mémoire biologique une trace non consciente, l'enfant acquiert une confiance en lui qui lui donne le plaisir d'explorer et d'apprendre le monde des choses et des gens. Au cours de sa troisième année, quand l'enfant a appris à parler, il continue à développer ce processus de sécurisation-exploration. Mais, à ce niveau de son développement, ce n'est pas seulement le corps de sa figure d'attachement qui lui sert de base de sécurité, c'est aussi ce qu'elle dit. C'est à partir de ce que racontent ses parents que l'enfant apprend à voir le monde. Sa représentation du réel dépend désormais de l'éclairage verbal énoncé par ses figures d'attachement. Le fait de partager les mêmes récits et de croire au même monde invisible crée un sentiment de familiarité, une appartenance sécurisante et fortifiante. Les rituels domestiques et religieux constituent des exercices de mémoire où l'on apprend à vivre avec ceux qu'on aime. Ils organisent des sortes d'entraînements à la transcendance où les chants, les prières, les objets de culte, les comportements synchronisés, beaux et étranges, impulsent “l'élévation de l'âme”.
p. 291-92
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Aujourd'hui les travaux en neuro-imagerie, en psychologie et en psychosociologie éclairent ce débat dont les résultats sont présentés dans ce livre.
Trois idées ont orienté nos réflexions :
1. La religion est un phénomène mental qui caractérise la condition humaine, universellement, quelle que soit la culture. Mais chaque culture donne à cette tendance une forme différente.
2. La religion a un effet organisateur du groupe. Elle agit sur les individus qui composent la communauté et tutorise leurs développements neurologique, affectif et psychologique. La théorie de l'esprit permet d'observer et d'expérimenter comment s'établissent les transactions entre le développement du cerveau qui donne l'aptitude à se représenter l'invisible et les récits d'alentour élaborés au cours de l'histoire du groupe.
3. L'effet socialisateur des âmes et des scénarios rituels, la hiérarchie des valeurs qui crée un sentiment de soi moral et estimable, la merveille des œuvres d'art religieuses et de l'élan transcendantal sont mis en lumière par les religions. Mais il existe aussi des mondes mentaux sans dieu. Les agnostiques et les athées en parlent peu puisqu'ils ne s'en préoccupent pas, alors que les croyants organisent leur vie quotidienne autour de l'élation qui les amène à Dieu.
La principale différence entre les sans-dieu et les théistes se trouve dans le sentiment de sacré que certains ressentent comme une évidence, alors que d'autres n'en éprouvent pas le besoin. Cette différence sentimentale organise leur représentation du temps.
p. 290
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Depuis quelques années, de nombreux chercheurs sont en chantier pour comprendre l'effet psychologique de la croyance en un dieu. Ils ne sont ni historiens ni prêtres, certains sont croyants, d'autres ne le sont pas, mais ils veulent découvrir l'influence d'une croyance sur un psychisme. Comment a-t-on accès à une représentation impossible à percevoir qui pourtant gouverne notre existence ? Comment ce monde invisible se met-il en place au cours du développement neurologique, affectif et narratif dans un contexte culturel donné ? Quels sont les bénéfices mentaux et sociaux d'un tel processus, et pourquoi dérivent-ils souvent vers des maléfices ?
p. 289
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