AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de pragmatisme


il s'agit du texte des conférences sur Marcel Proust, données par le peintre Josepk Czapski en 1940-1941 pour ses codétenus du camp soviétique de Crazovietz. Il sont entassés là, dans un ancien couvent , 79 prisonniers déportés comme lui de Starobielzk. Ils tentent de reprendre un certain travail intellectuel pour "surmonter leur abattement" et ils évoquent ensemble, à l'occasion de conférences autorisées mais contrôlées par les autorités, l'histoire du livre, de l'Angleterre, des migrations des peuples, de l'architecture, l'alpinisme, la peinture française et polonaise, la littérature française.



En l'absence de livres et de documents, l'auteur évoque des souvenirs sur l'oeuvre de Proust qu'il a découvert en 1924 et 1925 et dont il a lu l'oeuvre entière, créee entre 1904 et 1923. Josepk Czapski est alors malade du typhus et passe sa convalescence à Londres. Il restitue dans ce livre les mouvements artistiques et littéraires en France, le mouvement anti-naturaliste, l'impressionisme, le goût pour les primitifs italiens, le wagnérisme, la révélation de Debussy, l'apogée de Sarah Bernardt, les ballets russes de Diaghilev, le naturalisme de Degas et bientôt en 1907, le cubisme.



Il resitue l'oeuvre de Proust qui, dans ce mouvement, parait déroutant et il fait apparaître la transposition de la vie de Proust dans son oeuvre. Josepk Czapski choisit des scènes fixées dans sa mémoire. Proust cultivait la bonne forme dans le moindre détail, l'auteur parle même de "naturalisme par microscope", et avait une connaissance interne du monde aristocratique et du snobisme dans toutes ses formes. Il montre combien la sensibilité décalée de Proust, son admirable lucidité et sa minutiosité a apporté au développement d'un monde d'idées. Il lie Proust avec les idées de Pascal, bafouant tous les sens. L'oeuvre de Proust contient des milliers de pages vouées au contraire à leur étude, lui qui ne désire que jouir dans la vie des joies de l'amour et dont l'oeuvre est dépourvue de toute recherche d'absolu. Il dépeint les derniers jours de la vie de Proust à travers le personnage de Bergotte dans Albertine et Albertine disparue.



Je n'ai pas encore lu Proust et j'ai trouvé que ce livre était une bonne entrée en matière. le texte est court, des pages du manuscrit des conférences y figurent. Les souvenirs de l'auteur sont précis, le texte de ces conférences est riche et founi malgré les conditions dans lesquelles elles ont été données. Ce contexte participe à l'émotion que l'on ressent à la lecture du texte et de son introduction par l'auteur qui remercie ses amis en ces termes : "C'est à eux que j'ai dicté cet essai dans notre froide et puante salle à manger du camp de Griazowietz. La joie de participer à un effort intellectuel qui nous donnait une preuve que nous sommes encore capables de penser et de réagir à des choses de l'esprit n'ayant rien de commun avec notre réalité d'alors, nous colorait en rose ces heures passées dans la grande salle à manger de l'ex-couvent, cette étrange école buissonnière où nous revivions un monde qui nous semblait alors perdu pour nous pour toujours."
Lien : http://pragmatisme.over-blog..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}