Montessori partout et pour tous

Au siècle dernier, Maria Montessori, fondatrice de la célèbre méthode qui porte son nom, avait posé les bases d'une éducation mettant l'enfant au coeur de ses préoccupations. A travers son livre 'Donner confiance à son enfant grâce à la méthode Montessori', Sylvie d'Esclaibes nous propose de redécouvrir comment cette pensée avant-gardiste, s'adapte à la vie quotidienne des enfants, pour les aider à se construire dans la confiance.

Maria Montessori première femme medecin en Italie, consacra sa vie à la création d'une véritable philosophie de l'Education, qu'elle appela "la pédagogie scientifique" qui porte aujourd'hui son nom et qui s'est répandu dans le monde entier. Pour Maria Montessori seule l'éducation est un véhicule de paix. L'un des principaux objectifs de cette pédagogie est le développement de la confiance en soi qui est une qualité indispensable à tout être humain pour une vie épanouie et heureuse. La confiance en soi permettant de réaliser ses objectifs, d'aller de l'avant sans avoir peur de ne pas réussir, tandis que même les échecs peuvent être un moyen d'avancer s'ils sont gérés et dépassés par une personne ayant confiance en elle.

L'environnement
Comme Maria Montessori le préconisait, la mise en place d'un environnement préparé en fonction des besoins de l'enfant est primordiale pour la construction de cette confiance en soi. Cet environnement n'existe pas naturellement, il doit être créé par les parents à la maison, par les professionnels qui s'occupent de l'enfant, par les enseignants à l'école, il doit être évolutif et très adapté selon les différents stades de développement de l'enfant. Plus encore, les adultes qui entourent l'enfant font partie intégrante de cet environnement et doivent être très attentifs à leur façon de se comporter, de parler, d'agir avec l'enfant. L'adulte peut considérablement favoriser (ou entraver) les acquisitions.

Le fait d'être capable de réussir par lui-même développe chez l'enfant un sentiment de fierté et une belle image de soi, qui va l'aider à entreprendre de nouvelles choses. Dans la pédagogie Montessori, il est nécessaire que l'adulte observe bien l'enfant dont il s'occupe pour savoir apprécier ce qu'il est capable de faire et il est important d'introduire une seule difficulté à la fois. de plus la présentation de l'activité doit développer le goût de l'esthétique chez l'enfant afin qu'il ait envie d'entreprendre l'activité. La présentation par l'adulte doit être simple et faite de manière claire avec des gestes précis et sans trop parler car l'enfant ne peut pas se concentrer à la fois sur les paroles de l'adulte et sur les gestes que font ses main, il est en effet exclu de mettre l'enfant en échec... Une activité soit toujours être présentée par l'adulte avant de la mettre à disposition de l'enfant en sachant que toutes les actions se font de la gauche vers la droite afin de préparer ainsi l'enfant au sens de la lecture et de l'écriture.

L'autonomie
A partir de 15 mois, lorsque l'enfant sait marcher et a une bonne maitrise de ses mains, il souhaite ardemment être le compagnon de vie de l'adulte et a plaisir à être capable de faire la même chose que lui, comme dans l'organisation des repas : laver les fruits ou les légumes, couper, mettre la table, tartiner... Plus tard, avant la lecture, l'enfant voit des lettres partout. Il est donc essentiel de lui permettre le plus tôt possible de déchiffrer et comprendre tout ce qui se trouve autour de lui, dans sa vie: sur les boites de céréales, les affiches de la rue, le journal que ses parents lisent. En commençant les jeux de lecture vers 2 ans, l'enfant a tout son temps pour apprendre dans le plaisir au moment où son pouvoir de concentration sur cet enseignement est optimal. Après 6 ans il est trop tard, la période sensible qui faisait de ces apprentissages un jeu excitant est passée et ne reviendra plus jamais; l'année du CP, il a déjà tellement d'autre chose à apprendre en cette période sensible qui peut mener à des difficultés d'apprentissage, à des anomalies, à une grande perte de confiance en soi. L'essentiel est que l'enfant comprenne qu'un mot est composé de sons et qu'un son correspond à une lettre. Il est aussi important de noter que cet apprentissage de la lecture est au début très sensoriel puisqu'il s'agit d'entendre des sons et que c'est entre 0 et 6 ans que le développement sensoriel de l'enfant est à son maximum. Par exemple: "Qu'est-ce que tu entends au début de Alexis, Maman, Voiture : Aaaa, Mmmm, Vvvv?", "Mon oeil voit un objet qui commence par Vvv, Mmm, Aaaa"... Même chose avec un livre d'animaux. Ou Montre-moi tous les objets de la pièce qui commence par Ooo, etc. Une fois que l'enfant a compris le son qui commence un mot, on peut l'interroger sur le son que l'on entend à la fin de ce mot. Lorsqu'il a été bien vérifié que l'enfant entend bien les sons dans le mot, on peut passer à l'apprentissage des combinaisons de lettres.

Avec ça, il y a aussi le jeux des lettres ruggeuses (qui a reçu l'aval de neuroscientifiques comme Stanislas Dehaene), lorsque l'enfant touche pour apprendre, son cerveau retient la forme de la lettre touchée. Tout le long, cet apprentissage doit rester un jeu et un plaisir, la pire des choses à faire étant de mettre la pression sur son enfant. Inversement dans la réussite de ses apprentissage, l'adulte ne fera pas de compliments excessifs, ne donnera pas de récompenses car de cette manière l'enfant fera les choses pour lui-même, pour le plaisir de se construire en tant qu'être unique.

Le contrôle de l'erreur
Le principe du contrôle de l'erreur dans le matériel éducatif réside dans le fait qu'il est un moyen pour l'enfant de se rendre compte s'il a réussi l'exercice ou s'il a commis une erreur. Les bienfaits du contrôle de l'erreur est un élément essentiel de la pédagogie Montessori pour que l'enfant développe sa confiance en lui-même et ce pour des raisons précises:
-Ce n'est pas l'adulte qui juge son travail ou ses activités, c'est lui seul. Il ne reçoit donc pas le regard ni les parole parfois maladroites.
-Il développe son esprit de créativité car c'est en réfléchissant et en essayant de trouver une autre solution que l'enfant découvre la bonne réponses ou le bon moyen de réussir, pouvant trouver seul les solutions.
-Très actif par rapport à ses apprentissages l'enfant se rend compte qu'il peut tout apprendre seuls, sans attendre le jugement de l'adulte, ce qui développe considérablement l'autonomie. Il peut progresser dans des matériels plus difficiles par lui-même, à son rythme sans d'attendre l'adulte. Il n'a pas besoin d'aller au même rythme que les autres. de plus il ne perdra donc pas confiance en lui, s'il a besoin de plus de temps, car maître de ses apprentissages, il ne se compare pas aux autres.
-Il comprend que c'est en commettant des erreurs que l'on peut progresser. Il accepte de se tromper. Une fois que l'on accepte de se tromper, on ose entreprendre puisque la peur d'échouer n'existe plus.

Sur l'apprentissage des lettres ou de la suite numérique, si le professeur doit intervenir, c'est en faisant preuve de beaucoup de bienveillance en ne disant jamais à l'enfant: "tu t'es trompé" ou "c'est faux". Il est important qu'il redise le nom de la lettre ou du chiffre en le montrant à l'enfant et c'est tout. Si l'enfant se trompe encore c'est qu'il n'est pas prêt et il faudra attendre un peu pour lui représenter en proposant un autre matériel en attendant.

Certain adultes pensent que l'enfant va être tenté de tricher en regardant la réponse. Ce n'est en général pas l'attitude d'un enfant Montessorien ni d'un jeune enfant qui a appris de cette façon-là. Il ne le fait que s'il a peur de l'échec ou s'il a perdu sa confiance en lui-même, et dans ce cas, c'est aussi un mode d'apprentissage puisqu'il regardera la solution mais en essayant de la retrouver en utilisant le matériel.


La connaissance du monde
Pour Maria Montessori il est indispensable de donner à l'enfant la meilleure connaissance possible du monde dans lequel il vit. En effet, on a souvent peur de ce que l'on ne connaît pas, ce qui déclenche des réactions de rejet, d'intolérance et de perte de confiance ne soi. A l'inverse, plus l'enfant aura de connaissance sur le monde, sur l'histoire, plus il aura confiance en lui et mieux il y trouvera sa place.

Lorsque l'enfant commence à marcher, il faut l'emmener faire de grande promenades à l'extérieur dans les forêts, les jardins, les parcs et lui laisser tout observer et marcher à son rythme, s'arrêter lorsqu'il le désire, le temps qu'il le désire. C'est une période pendant laquelle il est vraiment en perpétuelle observation et appropriation de tout ce qu'il voit. On peut dire que son activité est incessante, c'est alors qu'il faut lui montrer en nommant les choses avec le bon vocabulaire pour l'appropriation de ce monde...

Il est aussi important de penser de lui présenter de nombreux livres de paysage, de voyage, d'art, d'animaux, de collections de papillons, de fleurs, d'arbres, etc. Ce sont ces livres qui vont lui permettre de prendre conscience de la richesse de la nature et du talent créatif des artistes, et nul besoin de donner des milliers d'explications.
Sortir l'enfant au dehors est essentiel et lui apprendra beaucoup. le souffle du vent sur sa peau, le chant des oiseaux, les feuilles qui bougent au gré du vent, tous les bruits extérieurs, l'eau d'une fontaine ou d'une rivière, toutes ces choses qu'il va s'approprier peu à peu et qui lui deviendront si familières qu'il sera en pleine confiance lorsqu'il sortira.

La connaissance du monde, c'est importants, d'abord pour que l'enfant s'imprègne très jeune de la diversité dans lequel il vit et de sa richesse, ensuite pour qu'il soit tolérant envers les autres.
Tout cela va lui devenir familier et lui donnera envie d'en savoir davantage. Et plus on a de connaissance sur le monde plus on s'y sent bien car mieux on le comprend. Selon les pays, les habitats, les animaux, la végétations, les paysages, les monuments, la couleur de la peau des habitants sont bien différents, nous sommes en fait tous les mêmes en termes d'émotions et de sentiments. Tous les enfants du monde aiment jouer, rire, pleurent quand ils sont tristes, les hommes et les femmes aiment danser, chanter, câliner leurs enfants, etc.

En science, on s'attachera aussi à lui présenter la beauté de la nature. On proposera une table nature, où on y mettra des fruits de saisons, des fleurs, des légumes, des livres représentant la nature, etc. Il apprendra que la nature évolue au fur et à mesure des saisons et que les choses reviennent. On insistera sur les cycles de vie et les métamorphoses qui sont elles aussi un peu "magiques" : comment d'un minuscule oeuf, puis d'une chenille, peut naitre un magnifique papillon. Si possible on lui fera voir les choses en réalité pour qu'il les apprécie encore mieux. On fera des expériences pratiques, des objets qui "flotte et coule" dans l'eau, qui sont aimantés ou pas, qui sont lourds ou légers, les différents matériaux bois, plastique, métal etc

L'histoire personnelle, de photos disposées en frise permet à l'enfant de se situer dans le temps : bébé, à 4 pattes, debout, mangeant... Comprendre le temps, avec une idée précise de la succession des événements et de la chronologie sont éléments importants pour trouver sa place dans le temps. Un enfant qui sait bien où se trouve sa place, qui comprend bien le monde, va développer une grande confiance en lui. A l'opposé, l'enfant qui ne sait pas ce qui se passe dans la semaine, dans sa journée, dans l'année, dans le monde, avance sans repères et cela crée toujours une angoisse et un stress qui nuisent au développement de la confiance en soi.

L'ordre et routines
L'ordre est un élément essentiel de la pédagogie Montessori. L'ordre va rassurer l'enfant et lui permettre de se construire avec confiance et en toute sérénité. L'ordre signifie également routine qui apporte à l'enfant des explications que les mots ne peuvent pas donner et à ce titre il est important de mettre en place une routine qui sera le moins modifiée possible. L'enfant a besoin de s'imprégner de la succession des évènements. Il sera ainsi rassuré de savoir que, après la sieste, il y a un moment calme d'écoute de musique, et que après le diner, il y a le temps de l'histoire racontée par l'un des parents. Ainsi, il peut se construire librement par rapport à toutes ces activités, et toujours savoir ce qu'il va se passer après. de même que l'enfant construit ses repères, il sait où le matériel se trouve, et cela lui permet d'évoluer librement dans un espace connu. Un rangement ordonné va de gauche à droite de haut en bas, du plus facile au plus difficile. Ainsi, inconsciemment, l'enfant prend conscience que lorsqu'il maitrise une activité, il peut en toute confiance essayer de faire celle qu'il trouve directement à sa droite et qui est alors a son niveau. Maria Montessori avait aussi remarqué qu'il était essentiel de développer une seule difficulté à la fois et de bien isoler la difficulté. Par exemple, le tri, qui développe le sens de l'observation, la concentration et le sens visuel: tri de bouton, de fruits et légumes, d'images...

L'enfant apprend en observant ce qui se passe autour de lui : l'éducateur est donc un modèle pour lui, chaque être à besoin d'un modèle pour se construire. L'adulte faisant partie intégrante de l'environnement de l'enfant, il devra donc apporter un soin très particulier à sa façon d'être, à son caractère, aux émotions qu'il transmettra, à la manière dont il communiquera avec l'enfant et à son attitude en général dans la vie. Lorsque l'adulte est ordonné dans sa vie de tous les jours, il permet à l'enfant d'expérimenter la discipline. Maria Montessori disait que le rôle de l'adulte est d'introduire graduellement l'enfant dans l'univers basé sur l'ordre et les limites en appliquant les principes suivants :
-un adulte préparé
-un environnement préparé
-la liberté avec les responsabilités.

L'ordre, la routine, la constance, tout ce qui est mis en place par l'adulte est essentielle pour que l'enfant comprenne ce qu'on attend de lui. Il n'a pas les capacités pour comprendre les changements dans la routine et les raisons de ces changements, qui le mettent dans un état de stress.
Plus l'enfant aura de routines et de rituels dans les trois premières années, plus l'enfant sera à l'aise, relaxé et en harmonie avec son rythme journalier en sachant qu'il est important de faire savoir à l'enfant ce qui va se passer après.

La préparation
Pour Maria Montessori, l'action principale que nous pouvons exercer sur l'enfant se fait au travers de l'environnement préparé que nous organiserons pour lui. Toute activités de jeux, plateau, motricité fine, expérimentation, construction, devra être bien pensée et structurée (toujours présentée de la même façon) afin d'aider l'enfant à penser avec logique et organisation, et à devenir conscient du résultat de ses actions. le matériel mis en place sera adapté, petit et léger, sans danger. Lorsque l'enfant est encore jeune, il est bien d'introduire une activité et de rester dessus plusieurs semaines jusqu'à ce qu'elle soit bien intégrée. Si l'adulte se rend compte que l'enfant ne fait pas l'activité correctement, il f

Beaucoup de plaisir à lire ce livre : j'y retrouve ma façon de penser et suis de plus en plus convaincue par la méthode Montessori. L'auteure Sylvie d'Esclaibes n'est pas moralisatrice, elle est simplement informative. Elle témoigne de 25 ans d'expérience, de ses rencontres avec élèves mais aussi avec leurs parents. Ce livre est construit sur 3 principaux chapitres : son parcours avec ses enfants, son approche de la pédagogie Montessori dans son école et les différents témoignages d'enfants et de parents ayant fréquentés son école.
Ce livre donne envie de la rencontrer...