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EAN : 9782070124725
224 pages
Gallimard (05/03/2009)
3.7/5   329 notes
Résumé :
CHASSELAS (n. m.): cépage blanc surtout apprécié comme raisin de table. Le chasselas de Moissac, qui bénéficie de l’Appellation d’Origine Contrôlée, est le plus réputé. Il est produit dans le Bas Quercy, à hauteur de 7 000 tonnes par an pour un chiffre d’affaires à la revente estimé à 45 millions d’euros.

COCAÏNE (n. f.): alcaloïde dérivé de la coca. Parfois utilisée en médecine. Surtout prisée sous forme de poudre blanche aux effets excitants. Les pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 329 notes
"Ecoute les orgues, elles jouent pour toi, il est terrible cet air-là." susurrait Gainsbourg dans "Le Pacha", et les percussions nerveuses et entêtantes de la chanson s'accordent à la perfection avec ce polar.
Dans certains coins reculés du Tarn-et-Garonne, au XXIe siècle, mieux vaut être du païs pour reprendre une ferme. Et surtout pas noir, ni avoir épousé la fille Dupressoir et hérité de l'exploitation familiale. C'est pourtant le cas d'Omar Petit, et ça lui vaut d'être harcelé depuis deux ans par les culs-terreux locaux. Et comme si ça ne suffisait pas, voilà que des narcotrafiquants sont tués près de chez lui, et qu'un mystérieux motard prend sa famille en otage ; mais que fait la gendarmerie ?

Sans être la suite directe de "Citoyens clandestins", il y a un lien entre ce roman et le précédent (au lecteur de le deviner !). Surtout, on retrouve la même ambiance oppressante -en pire, en raison du huis clos et du Mal absolu qui se répand entre les pages. Cette histoire m'a franchement mise mal à l'aise, et j'avais hâte d'arriver à la fin pour m'en délivrer -mais quelle virtuosité éblouissante aussi ! DOA place ses personnages sur le fil du rasoir et joue avec nos nerfs avec son atmosphère très noire, façon polar français "viril" des années '70, où les haines se déchainent dans une campagne hivernale et hostile. J'ai pensé à Manchette, et aussi à des films comme "La horse". Toutefois, certaines scènes sont très violentes et m'ont soulevé le coeur, mais elles accentuent un réalisme qui rend l'histoire encore plus angoissante.
Sur fond de racisme, de médiocrité et de mondialisation (!), DOA nous offre donc un thriller rural auquel j'ai complètement adhéré. Dès les premières pages, il nous saisit à la gorge pour ne plus nous lâcher. La faute à cette ambiance pesante, aux personnages bien campés, à la double intrigue, aux questions sans réponses, à l'étrange sens de l'éthique qui nimbe le récit, et surtout au style sec et nerveux qui nous prend aux tripes.
Ramassé en 230 pages seulement, je l'ai préféré à l'épais "Citoyens clandestins" que j'avais pourtant adoré.

Toutes les qualités du roman noir sont donc réunies, et voilà qui confirme tout le bien que je pense de DOA, dont je suis impatiente de poursuivre la découverte ; on ne lâche pas un auteur pareil !
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C'est le premier DOA que j'ai lu, juste après L'honorable société, qu'il avait coécrit avec Dominique Manotti. Qui était donc ce co-auteur de ma romancière préférée ? Quel était sa façon d'écrire ?
Et bien le serpent aux milles coupures y répond avec style : un grand du polar noir, punchy et anguleux.

Un motard arrive sur un rendez-vous et liquide tout le monde. Il est blessé, il doit toujours être dans les parages. Où s'est-il planqué ? On est dans le Sud-Ouest, les vignes, le calme de la campagne. Un officier de gendarmerie se lance aux trousses de ce tueur.

Ce court roman va à deux cent à l'heure (et encore je ne sais pas si le moteur de la moto du héros ne permettrait pas d'aller plus vite). C'est très alerte, les enchaînements se succèdent avec rapidité. C'est très cinématographique aussi. D'ailleurs depuis ma lecture en 2011, un réalisateur, Eric Valette, a décidé en 2015 de tenter l'adaptation sur grand écran. Il va falloir que le voie un de ces jours.

Le seul hic, c'est que si l'action crépite, le fond est assez banal. Une guerre des stups bien traitée, et pas plus.
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Sud-Ouest de la France, au beau milieu de la nuit. Deux voitures se dirigent vers un curieux point de rendez-vous : une vigne. D'emblée, on sent que rien ne va pas se passer comme prévu...

Et en effet, quelques minutes après l'arrivée d'une première voiture, un homme surgit de nulle part et abat de sang-froid ses occupants, avant de s'enfuir sur sa moto, blessé à la jambe...
C'est le point de départ d'un déchaînement de violence et d'une course à la poursuite de ce mystérieux motard, qui aura à ses trousses des barons de la drogue colombiens, des policiers et un redoutable tueur-à-gage...

Grand amateur des romans de DOA, Eric Valette avait été particulièrement frappé par la dimension cinématographique de son polar-rural "Le Serpent aux mille coupures", paru en 2009 chez Gallimard, dans la collection "Série Noire".

Huit ans après sa parution, il a réussi à le transposer, et ce, avec brio, sur grand écran - un film sorti le 5 avril dernier- et en étroite collaboration avec l'auteur lui-même.
Cette adaptation laisse beaucoup de questions en suspens et nous donne envie de nous plonger dans l'univers de DOA.
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En seulement 200 pages, un thriller politico-policier explosif du grand DOA.

Moissac. Un couple et leur petite fille, en butte au racisme et au déchaînement de haine des paysans qui lorgnent sur leurs vignes, et qui ne supportent pas de voir un noir installé sur «leurs terres», un tueur solitaire blessé en fuite sur sa moto, des trafiquants de drogue colombiens, issus d'un groupe paramilitaire d'extrême droite soutenu par les Etats-Unis pour combattre les FARC, ayant un rendez-vous avec la mafia italienne pour consolider leurs réseaux en Europe : tout ce petit monde entre en collision sanglante dans les vignes du Tarn et Garonne.

«Le regard du paysan se porta vers une ligne de crête derrière laquelle, à un kilomètre à peine, se trouvait la ferme que le nègre habitait, avec sa femelle – quel autre nom pour une Blanche qui copulait avec un boucaque ? – et leur sale gamine. Parce qu'ils s'étaient reproduits, ces animaux-là !
Impossible de l'apercevoir d'ici et c'était aussi bien. Sinon, Baptiste Latapie n'était pas sûr qu'il y aurait pas fait une descente, à leur ferme. Pour en finir une bonne fois pour toutes. En plus, ils étaient isolés, ces cons-là ! Autour, il y avait plus que des résidences secondaires ou des gîtes et, en cette saison, tout était fermé.
Mais les autres avaient dit de plus s'approcher trop près, à cause des gendarmes qui tournaient dans le coin, depuis les dernières plaintes du père Dupressoir et du singe. Ils étaient même venus de Toulouse pour enquêter quand ça avait cramé. Et comme ils avaient rien trouvé, ils surveillaient.
Alors c'était la guérilla, comme ils disaient les autres, les Cathala, les Viguie, les Fabeyres et tous les exploitants qui voulaient pas de macaque au païs. À l'usure qu'ils l'auraient. Ici, ils y revenaient chacun leur tour, comme le mauvais temps.»

Vendettas locales et globales viennent s'agglomérer dans ce roman sous tension d'une violence explosive, avec pour pivots deux personnages d'une grande épaisseur, le lieutenant-colonel Valéry Massé du Réaux, conscient de l'impuissance d'une police à court de ressources qui n'a plus les moyens de protéger les petits, et le tueur isolé, dont l'humanité affleure dans sa violence et sa solitude, tandis qu'il cherche à sauver sa peau face à des adversaires sans doute trop puissants ; et tous les deux illustrent, indirectement et avec une habileté profonde, les racines du mal qui gangrène les états.

Au coeur de cette intrigue ce qui transpire est une parabole sur la mondialisation, la globalisation du trafic de drogue et les liens poreux que certains états entretiennent avec lui – avec lequel le récent «Or noir» de Dominique Manotti vient résonner -, soulignant comment le modèle néolibéral contamine des états à bout de ressources, qui sous-traitent aux mercenaires privés les missions trop coûteuses et risquées.

Paru en 2009 en Série Noire Gallimard, cette suite immédiate de «Citoyens clandestins» même si on peut les lire indépendamment, se dévore, se reçoit comme un coup de poing dans le ventre, à prolonger avec l'indispensable «Pukhtu Primo».

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/10/08/note-de-lecture-le-serpent-aux-mille-coupures-doa/
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C'est lors d'une "petite opération anti-nègre" que Benjamin se retrouvera mêlé à tout ça. En effet, pour le moment, dans la campagne de Moissac, dans le Quercy, les intérêts des paysans tournent plutôt autour du fait de savoir comment se débarrasser d'Omar Petit, noir de son état, qui a osé devenir un des leurs.
Mais ça c'était avant... Avant l'arrivée de la pègre italienne, de représentants d'un groupe paramilitaire de narcotrafiquants colombiens, et d'un motard solitaire qui n'a rien à perdre et n'a peur de rien.
Ajouté à tout cela, une petite dose de "raison d'état", vous obtenez un portrait sans concession de la France d'aujourd'hui dans un monde où tout est globalisé, y compris la drogue et la violence.
Vu d'une campagne du Sud-Ouest, écrit sur un rythme échevelé, vous ne résisterez pas longtemps à la lecture de ce livre intelligent, bien construit, entre le thriller et le roman noir. Un vrai plaisir de lecture !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
- (...) S'ils sont juste violents, pour nous c'est plus simple, "no" ? Mais ils ont le pouvoir, partout. Ils sont comme les multinationales. Ils emploient des milliers de gens qui sont prêts à tout pour les dollars, parce que c'est le seul choix pour vivre. Ou parce que c'est facile. Les "narcos" ils ont compris, ils profitent. Ils paient mal, ils n'a donnent pas la "seguridad social" et personne ne peut se plaindre, il n'y a pas les syndicats. "Plomo o plata", ils disent là-bas, du plomb ou de l'argent, c'est tout.
- La loi du plus fort.
- "Sí", le capitalisme "puro". Ils ont une chose là-bas. Nous, nous la voulons ici. À tout prix. Ils nous montrent juste ce que nous valons.

Pages 137-138, Folio policier, 2015.
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Néris s’approcha bientôt avec le poignard de Tod et le lui tendit, maladroit. Il était livide.
Une lame anodisée noire se matérialisa devant le visage de Saskia Jones qui essayait de réprimer de violents haut-le-cœur.
« Ça, ça s’appelle un Ka-Bar », commença Tod en anglais, « c’est un instructeur américain qui m’en a fait cadeau, il y a quelques années. J’en avais déjà un autre à l’époque, mais il était abîmé et il tranchait moins bien. Le jour où il me l’a donné, moi et d’autres paramilitares on a fait une descente dans un village tenu par les comunistas, alors j’ai pu l’essayer tout de suite. » Habile, Tod joua avec l’arme un instant, la faisant tournoyer dans l’air entre ses doigts. « Je l’ai bien en main, no ? »
De grosses larmes coulaient sur les joues de l’Anglaise.
« On a découpé une cinquantaine de mecs là-bas. Peut-être soixante, je me souviens plus très bien. C’est vieux.
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Sous ses pieds, le sol dur, irrégulier. Gelé. Baptiste Latapie trébucha, se rattrapa de justesse au câble métallique d’un palissage, maugréa et leva les yeux vers le ciel. À peine un liseré blanc-roux incurvé et une ombre grise pour signaler que la nouvelle lune était là. La lumière cendrée, l’Ancien lui avait dit que ça s’appelait comme ça, un jour. Lumière cendrée, tu parles, un pauvre croissant de lune, oui, qu’éclairait que pouic. Il connaissait bien le coin, Baptiste, pourtant, mais là, on n’y voyait presque moins que dans le cul d’un nègre (…)
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Les drogués, ils ne tuent pas, ils ne pillent pas, ils ne polluent pas tout, ils font pire, ils consomment. Pour le plaisir ou pas, ce n'est pas le problème, personne ne les pousse, ils consomment et ils ne veulent pas voir. Les narcos ils grandissent grâce à ça, à cause de nous. Nous laissons faire. La cocaine c'est cool.
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Paul Cathala était un homme courtaud, au crâne dégarni et rasé de près, pour les cheveux qui lui restaient, avec un visage rond, traversé de haut en bas par un nez aplati échoué sur un menton à la galoche généreuse. Lorsqu’il passa devant la vitrine embuée du Café des Sports, il détourna la tête. Trop de crouilles à l’intérieur, il le savait, même pas besoin de regarder. Trop de crouilles partout. Ils étaient pas chers et bien pratiques au moment des récoltes, vu que plus un jeune du coin avait le courage de se casser le cul, mais le reste de l’année, il fallait les renvoyer chez eux, les crouilles, et puis c’est tout. Sinon, ils prenaient racine.
Et c’était pareil pour tous ceux qu’étaient pas d’ici.
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00:10 Franck Thilliez 01:06 DOA 05:17 Caryl Férey 05:54 Valentine Goby 09:11 Vincent Hauuy 09:36 Susie Morgenstern 11:44 Jacky Schwartzmann 12:42 Pierre Lemaitre 16:04 David Diop 17:23 Pierre Lemaitre
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