Les masses critiques de Babelio sont toujours des moments de découverte comme celle-ci avec
le petit Rêve de Tản Đà roman vietnamien. Petite ouverture vers une culture nouvelle, une littérature vietnamienne complétement inexistante de mes lectures, le quatrième de couverture stigmatisant ma faiblesse de curiosité chronique alimente ce désir de glisser lentement dans l'esprit de ce roman des songes de Tản Đà.
Cet auteur Vietnamien est un poète, écrivain, journaliste naissant sous le protectorat de la France et sous l'emprise du colonialisme français, en 1889 mourant en 1939. IL fera un trait d'union entre tradition et modernisme dans sa littérature.
Cette édition est celle qui regroupe les deux petits rêves écrit par Tản Đà l'une en 1916 et la suivante en 1932 publiée en 1941.Ces deux parties se font écho, comme une résonance l'une de l'autre, aux idées différentes.
Ce premier Roman de 1916 est une rêverie géographique, où le temps en distorsion file le long des pérégrinations de notre héros homonyme de l'auteur. Les paysages ont une présence importante, ils ne sont pas des décors de circonstance pour embellir les personnages, la nature fait naitre des émotions, transpirant l'idée d'une âme, dépourvue de sentiments, se prolongeant dans une éternité fuyante à l'homme, comme un miroir la nature fait naitre la tristesse à l'être humain de sa vie éphémère.
Les rencontres du rêveur permettent de philosopher de la cohabitation entre l'homme et la planète. La nature vit au fil des saisons pour renaitre à chaque printemps, l'homme au contraire subit les années pour blanchir ses cheveux sans possible retour, ce rite reste immuable, cet adage était pour les anciens, source d'émotions.
Puis s'ensuit des discutions sur le rapport entre la longévité de la nature est celui de l'être humain. La renommée peut survivre à l'homme au fil des siècles.
Ces voyages le transporteront vers des destinées profondes comme celle de la France, incontournable pour l'auteur, puis l'Amérique pour son esprit d'ouverture et ses possibilités, découvrant le Brésil, l'antarctique, puis une halte dans la capitale de l'Angleterre, poursuivant par la Norvège, la Suède pour atteindre la Russie. de la capitale russe, puis le train de Vladivostok pour le Japon. Après avoir visité les villes Dai-ban et Hoanh-Tan, ils arrivent à Shanghai, en Chine. La chine est décrite par son passé et son paysage crépusculaire….
Le voyageur dessine la cartographie de son monde au fil de ses étapes, ses rencontres façonnent cette vision nouvelle du monde occidentale face à celui traditionnel de son pays.
L'utopie savoureuse d'un monde sans modernisme, sans argent nous apporte déjà le duel entre l'occident vecteur d'un monde nouveau tourné vers l'évolution industrielle, politique, scientifique, littéraire et celui de son pays à la recherche d'un juste milieu sous le Protectorat Français, modernisant son pays petit à petit le tournant vers une société occidentale.
Tản Đà est sous cette emprise du « darwinisme social », acceptant la disparition des populations les moins puissantes, comme les aborigènes d'Australie, accepte la hiérarchie des peuples.
Mais déjà Tản Đà fait tinter ce larsen d'une société corrompue, d'un monde aux multiples vices gangrénant l'être humain qui sera la mélopée douce de son petit Rêve 2.
Le petit rêve 2 écrit bien plus tard en 1932 est un voyage dans le monde céleste, où les personnages sont la plupart des êtres immortelles, certains rencontrés dans
le petit rêve de 1916.
Ce récit est plus mélancolique que le précédent, comme une ombre aux rêves initiaux, une sorte de désolation de l'occident. IL rencontre des noms connus répondant à ses questions sans le satisfaire. de culture de
Confucius, le vagabond à la recherche du savoir pose ses interrogations avec désespoir. Sa quête semble sans espoir, il rencontre Nguyễn Trãi, grand lettré vietnamien du XVe siècle, ne pouvant l'aider puis
Jean Jacques Rousseau, faisant référence à Mencius qui fût le premier à dire « le peuple est précieux », puis par ses récits en prose, Tản Đà essaie de s'ouvrir au monde occidental pour le faire découvrir ce petite Rêve.
Ce texte aux mots simples, comme cette littérature asiatique, touche la poésie avec tendresse et délicatesse pour se terminer sur deux lettres , la première adressée au rêveur par son amie puis l'autre est une réponse publiée à la fin du deuxième rêve, c'est troublant.
La littérature reste la vie intense de Tản Đà.
C'est agréable de se perdre dans cette rêverie asiatique à l'accent occidentale, se perdre dans ce songe, se noyer dans ces pensées, ces réflexions…