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EAN : 9782376865636
Editions ActuSF (22/02/2023)
3.88/5   82 notes
Résumé :
Elles ne pardonneront jamais à l’Olympe. Les dieux vont enfin payer !

L'ère des faux-semblants est révolue. Pandore est prête à traverser le monde pour se venger de Zeus et des dieux qui l'ont condamnée à la honte et à la culpabilité. À ses côtés, elles trouvera deux alliés inattendues, piégées comme elle par la malice de l'Olympe : Méduse et Arachné, deux monstres qui veulent prouver qu’elles sont bien plus que cela. Leur épopée vengeresse les mènera... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 82 notes
Ce livre me faisait très envie ! Merci beaucoup aux éditions ActuSF pour l'envoi. J'aime beaucoup quand des auteurs se penchent sur les personnages de la mythologie, qui ne sont pas franchement gâtés par les événements. Avec Quelqu'un se souviendra de nous de Nadège Da Rocha, nous plongeons dans une histoire de vengeance avec beaucoup de diversité. Qu'ai-je pensé de ce roman ?

Les mythes sont peuplés d'humains maudits par les dieux. Les mortels ont souvent été punis, mais pour quelles raisons ? Jalousie face à des personnes dont les talents dépassaient les leurs, parce qu'elles ont osé faire preuve d'orgueil…. Nadège Da Rocha nous conte la vengeance de trois de ces femmes maudites face aux dieux qui les ont condamnées. Elles se lancent dans une quête épique pour mettre un terme au règne des divinités jalouses et égoïstes. Dans ce voyage, elles traversent divers lieux emblématiques, des Enfers en passant par l'ile d'Eéa ou même l'Olympe. Cela nous permet de retrouver d'autres personnages marquants : Circé, Hélène de Troie, Galatée, Circé… Mais aussi les dieux et les déesses humaines. Pandore, Méduse et Arachné vont faire à ce multiples épreuves.

Vous vous en doutez, le récit se penche avant tout sur les femmes de la mythologie. du coup, si vous êtes allergiques aux histoires composées principalement de personnages féminins, ce n'est pas pour vous. le roman propose des portraits tour à tour touchants et puissants de certaines d'entre elles. Hélène de Troie, dont la beauté a fait d'elle un jouet convoité. Cassandre de Troie, maudite par Apollon. L'autrice livre parfois des interprétations nouvelles de la mythologie qui permettent d'apporter du corps aux différents personnages. Elles sont animées par la colère liée à l'injustice de leur condition. Pandore, poussée à fauter par curiosité et à devenir la femme aux mille mots. Méduse, violée par Poséidon dans un Temple d'Athéna, punie par cette dernière pour avoir souillé son lieu de culte. Arachné, bien sur, la femme araignée maudite car plus douée que la déesse elle-même au tissage.

L'histoire traite de multiples éléments. le premier est la vengeance, évidemment. Ici, les personnages ont connu de violences telles que la volonté de punir leur agresseur finit par les consumer. Doit-on laisser les agresseurs impunis ? Doit-on tout sacrifier pour arriver à ses fins ? La violence est-elle la solution ? L'aspect est traité différemment selon les personnages, car elles n'ont ni la même personnalité, ni la même histoire. Pandore est la plus déterminée et échafaude le plan destiné à détruire les dieux. Méduse est la plus colérique et farouche, car son statut de monstre ne lui laisse ni repos ni perspective. Enfin, Arachné est la plus apaisée, elle s'est construite sa propre communauté de soeurs araignées et a pitié des actes d'Athéna. le récit aborde de 50 façons d'aborder la colère, le deuil et la pardon.

Le récit aborde également la question de la mémoire et des mythes. Il existe un décalage entre la façon dont les femmes sont perçues et l'histoire elle-même. le roman dénonce la double peine des victimes, qui vivent à la fois des événements traumatiques et sont punies pour cela, voire considérées comme coupables et responsables de leur situation. le cas de Méduse est toujours le plus évocateur. Belle et arrogante, n'a-t'elle pas finalement cherché ce qui lui est arrivé ? Mais toutes ont une histoire similaire. Pandore, créée et manipulée pour ouvrir la boite, se retrouve honnie par l'humanité alors que Zeus et Hermès ont clairement oeuvré pour la pousser à savoir ce que contenait la boîte. L'autrice montre que les victimes sont privées de toute capacité à riposter, et que leur seul choix semble de sortir les armes.

J'ai été convaincue par ce récit poétique qui nous plonge dans le quête de vengeance de trois femmes. Face aux Dieux, elles semblent n'avoir aucune chance. Honnies par la société, punies à plusieurs reprises et privées de leur statut, Pandore, Méduse et Arachné se lancent dans une odyssée vengeresse. Mais la violence est-elle la solution ? Elles seront amenées à rencontrer d'autres femmes ayant joué un rôle dans des mythes, ce qui fera la part belle à la sororité dans l'adversité. Cette idée contrebalance la violence directe et symbolique des femmes doublement victimes, ce qui pose la question de la façon dont on considère les violences faites aux femmes, mais aussi de l'attention prêtée aux histoires que l'on raconte.
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Avant-propos
Je remercie Jérôme Vincent et les Éditions ActuSF pour l'envoi de ce service presse. La sororité et les « monstresses » que promettait cette réécriture moderne et féministe de la mythologie grecque m'ont fait jeter mon dévolu sur le roman de Nadège Da Rocha, que je n'avais encore jamais lue. L'autrice figure également au sommaire de "Diluées", un recueil de nouvelles d'érotisme queer.
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Mon retour
« Avec Pandore et Arachné à ses côtés, Méduse prit conscience qu'elle n'avait plus peur. Elles étaient des louves prêtes à protéger leur meute, des dragons dont le feu n'épargnerait pas les dieux. »
Introduction
Avec "Quelqu'un se souviendra de nous", Nadège Da Rocha propose une réécriture young adult, moderne et féministe de la mythologie grecque. Embarquez pour une odyssée imprégnée de sororité, de portraits de femmes, de monstresses et de déesses manipulées par les dieux comme par les hommes. Tout commence avec Pandore, la Porteuses de Maux, qui a pour dessein de se venger des dieux. Sa quête la mènera sur bien des chemins, des forges d'Héphaïstos, à l'Olympe, en passant par l'île maudite de Méduse, la Forêt d'Arachné et les Enfers.
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Des femmes et des dieux
Lorsque le souffle de vie lui est donné, Pandore reçoit à l'instar des princesses des contes de fées des dons de la part des divinités grecques. Zeus, Athéna, Aphrodite, Apollon et d'autres se succèdent auprès d'elle alors qu'elle ouvre les yeux. Née de l'argile, la voilà modelée par les dieux. Tout ça pour quoi, pour être manipulée par Zeus et ouvrir la Boîte des Maux ! Comme si cela ne suffisait pas, elle est par la suite privée de son mari, qui est son meilleur ami, et de leur fille. Car maintenant qu'elle a joué son rôle, elle est emmenée auprès d'Héphaïstos, dans ses forges. de quoi nourrir ses ruminations et son désir de vengeance. Pandore refuse de croire au Destin qui a été tissé pour elle. Les dieux l'on utilisée comme un pantin, et à présent elle tourne en rond comme un jouet enfermé. C'est bien ce que sont les dieux, non, des enfants sans cesse mécontents et colériques ?
Pandore, la Porteuse de Maux, veut se venger des dieux, enfin de certains, elle a une liste, Zeus y figure tout en haut. Un jour donc elle s'échappe des forges. Sa première étape est de trouver une arme spécifique, capable de tuer les dieux. La voilà qui met le pied sur l'Île Maudite, l'île qui a subi la fureur pétrifiante de Méduse, la Gorgone. Contre toute attente, la femme et la monstresse vont faire route ensemble, toutes deux ayant été abusées par les divinités. Sur leur route, elles trouveront Arachné, une amie de Pandore. Et à trois, démarre leur épopée. Première destination : les Enfers.
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Monstresses
Nadège Da Rocha donne un coup de poing à la représentation plutôt patriarcale, malgré les nuances qui existent comme le fait qu'Athéna soit une déesse guerrière, que Perséphone et Hadès forment un couple amoureux et uni. Bien sûr, les dieux grecs sont tous caractérisés, vous connaissez la chanson : Zeus est craint car il envoie des éclairs, Aphrodite doit être sotte parce qu'elle incarne la beauté (et donc elle ne peut être rien d'autre…), Perséphone ne peut pas être heureuse en Enfers (alors que si) etc
Et dans ce palmarès, eh bien il y a les monstres, et plus spécifiquement les monstresses. Toutes ces femmes jalousées et manipulées par les dieux. Pandore a été manipulée avant d'être mise de côté, comme oubliée. Méduse a été métamorphosée en Gorgone par Athéna parce qu'elle avait souillé son temple (alors qu'elle a été violée par un dieu…). Quant à Arachné, Athéna était jalouse de son talent de tisserande alors elle l'a métamorphosée, désormais elle peut paraître autant sous sa forme humaine que mi-femme mi-araignée, ou encore simple araignée.
Tout cela a conduit ces femmes à la solitude, à la haine, à l'aversion de soi-même. Si Pandore se berce avec son dessein de vengeance, Méduse ne comprend pas encore sa profonde solitude, et Arachné tente de panser son anxiété grâce au refuge qu'elle a créé au sein d'une forêt. Elles sont toutes trois très différentes, mais si complémentaires ! Au fil des pages, elles tissent des liens, des liens qui deviendront forts, car leur amitié les fera surmonter obstacles, peurs comme failles intérieures.
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Mythologie grecque
Dans les univers de mythologie grecque, les dieux ne vivent pas à proprement parler avec les humains, mais il n'est pas pour autant rare qu'ils prennent d'autres apparences pour les approcher. On pense par exemple aux nombreuses amourettes de Zeus, Athéna sous forme de chouette durant L'Odyssée, ou encore à la guerre de Troie, déclenchée et influencée par les dieux. Les divinités se montrent parfois dans les temples qui leur sont consacrés, ou parlent à travers les oracles.
Outre les divinités, majeures comme mineures, le merveilleux est étendu à des créatures comme les hamadryades, les sirènes… Comme aux héros et aux monstres. Les héros sont des demi-dieux, nés des liaisons des dieux avec des mortelles. Quant aux monstres, en général, ils sont la marque de certains dieux, comme dit plus haut, qui punissent par jalousie. le Minotaure est un exemple bien connu, mais ici l'autrice met surtout en lumière des personnages féminins. Voilà pourquoi elle se penche sur Pandore, Méduse et Arachné. Les dieux créent des monstres, mais quand ceux-ci deviennent trop envahissants, leurs créateurs envoient des héros pour les exterminer.
Vous cernez pourquoi Nadège Da Rocha ébranle tout cela dans une réécriture moderne ?
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Épopée féministe
Des Enfers à l'Olympe, Pandore, Méduse et Arachné rencontrent de nombreuses femmes et portraits de femmes. Artémis et ses chasseresses, Circé, Ariane, Galathée, Perséphone, Athéna, Héra, Cassandre (Oracle), Hélène (dont la beauté déclencha la guerre de Troie), la géante Scylla etc Au fil des chapitres et des interludes, l'autrice rétablie la féminité comme la complexité de toutes ces femmes, qu'elles soient déesses, humaines ou monstresses. Toutes ont été réfrénées par les hommes et les dieux.
Certaines attendent le moment opportun pour renverser la situation, Artémis vit sur terre avec ses chasseresses, loin des hommes et de l'Olympe. Une femme n'est pas qu'une épouse, qu'une mère, elle est encore moins un objet. Tout cela exsude avec force à travers les lignes de Nadège Da Rosa, jusqu'aux interludes disséminés dans le texte. Ici, Zeus incarne à la fois le dieu manipulateur comme l'homme patriarche, et Pandore veut sa tête. Quant à Poséidon, il fait une parfaite figure de pervers narcissique, il a fait aller Méduse où il le souhaitait pour ensuite la violer et l'abandonner.
La sororité qui imprègne le roman ne s'articule pas qu'autour de Pandore, Méduse et Arachné, il s'étend à l'ensemble des figures féminines, car il y a compréhension et entraide. Peu importe qu'elles soient humaines, déesses ou monstresses. Les dieux et les hommes traitent de monstresses les femmes, il est temps de remettre les pendules à l'heure.
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Grandir ensemble
Durant leur épopée, Pandore, Méduse et Arachné grandissent. Elles cernent mieux les émotions qui les assaillent, font face à leur peur, à leur faiblesse, cherchent non pas à dompter mais à ne faire qu'une avec elle-même, à apprivoiser les parts d'elles qu'elles ne reconnaissent pas à cause des métamorphoses. Pandore amputée de son marie et de leur fille. Méduse avec ses écailles, ses ailes et ses serpents. Arachné avec son anxiété et son impossibilité à vivre autrement qu'à l'abri dans son refuge.
Leur amitié se tisse progressivement, ce lien les rend plus fortes, fait ressortir le meilleur d'elles. J'ai beaucoup apprécié découvrir leurs différentes facettes respectives, les voir grandir ensemble et s'étoffer leur amitié. Les chapitres sont très courts et s'ils sont narrés à la 3ème personne du singulier, ils tendent à se centrer sur l'une de nos 3 amies.
Elles apprennent également auprès d'autres femmes : Artémis et ses chasseresses, Galatée, Perséphone, Éris (déesse de la discorde) et Ényo (déesse des batailles), Hélène… Tous ces portraits de femmes sont autant de fils qui tissent un patchwork de sororité. Elles se soutiennent, se guérissent, s'entraident, apprennent ensemble, vive ensemble, souffrent ensemble, s'aiment.
Alors qu'elles progressent dans leur épopée, Pandore, Méduse et Arachné évoluent. Tandis que les Enfers s'effondrent et que l'on murmure que Zeus a disparu, seront-elles prêtes à aller jusqu'au bout de leur vengeance ?
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Oeuvre queer
Nadège Da Rocha ne s'est pas arrêtée là dans sa réécriture moderne de la mythologie grecque : elle en a fait une oeuvre inclusive !
Quelqu'un se souviendra de nous est un cri de coeur d'une femme pour toutes les femmes. Ainsi vous croiserez des femmes comme des déesses noires, rondes, sorcière, monstresses, femme de pierre (Galatée).
La représentation queer n'est pas oubliée puisque l'autrice traite de l'amour lesbien (Éris et Ényo par exemple), elle a même fait de Dionysos une déité non-binaire.
Dans la Grèce Antique, l'homosexualité était plus présente que ce l'on peut penser. Pensez à Achille et Patrocle. Narcisse, en tombant amoureux de son propre reflet ne tombe-t-il pas amoureux d'un homme ? Ganymède n'est-il pas cité comme amant de Zeus ?
L'autrice met en lumière d'autres formes d'amour que celles des archétypes patriarcaux. Aussi des couples de femmes se forment quand d'autres demeurent célibataires, on pense aussi à l'asexualité concernant Artémis et ses chasseresses.
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En bref :
Avec "Quelqu'un se souviendra de nous", Nadège Da Rocha nous propose une réécriture moderne et inclusive de la mythologie grecque. Contrebalançant les archétypes patriarcaux, elle nous livre une épopée féministe faisant la part belle à la sororité et à la représentation queer. Femmes, déesses et monstresses sont bafouées par les dieux et les hommes. C'est pourquoi Pandore la Porteuse de Maux, Méduse la Gorgone et Arachné la Reine des Araignées vont faire équipe pour se venger des dieux, plus particulièrement de Zeus, Poséidon et Apollon.
Au cours de leur épopée, elles iront des Enfers à l'Olympe, rencontreront comme croiseront de nombreuses femmes ou portraits de femmes, elles-aussi manipulées, jalousées et abandonnées par les dieux. L'autrice tisse une vaste sororité au travers de tous ces personnages féminins. Au fil de ce parcours, Pandore, Méduse et Arachné évoluent, grandissent en faisant face à leur peur, leurs failles. Alors que les Enfers s'effondrent et que l'on murmure que Zeus a disparu, seront-elles prêtes à aller jusqu'au bout de leur vengeance ?
Ce roman aux chapitres très courts ponctués d'interludes, se lit rapidement. Aussi, il ne porte pas dans les détails, les descriptions, c'est assez minimaliste mais suffisamment pour se représenter les scènes. L'action et les rebondissements sont au centre de la narration, d'où cette forme fluide.
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Humiliée et trahie par Zeus, Pandore compte bien se venger. A la recherche de la Faucille de Chronos, elle débarque sur l'île où vit Méduse en espérant mettre la main dessus. Mais, elle est arrivée trop tard car celle-ci a déjà disparu. Elle n'a donc pas d'autre choix que de continuer le voyage. Seulement, elle ne le fera plus seule puisque Méduse, sensible à sa quête, a décidé de l'accompagner. Toutes deux seront très vite rejointes par Arachné. Ensemble réussiront-elles à donner une bonne leçon aux dieux, et même à se redessiner un destin ?

Quelqu'un se souviendra de nous prend la forme d'une épopée féminine qui nous emporte aux quatre coins de la Grèce Antique, du royaume des Enfers au mont Olympe. Nadège Da Rocha nous brosse le portrait d'un monde divin livré au chaos. En effet, depuis la disparition de Zeus et d'Hadès, le désordre règne autant sous terre que dans les cieux. Les divinités se livrent une guerre sans merci, laissant s'exprimer ouvertement leurs rivalités. Quant aux âmes défuntes, elles menacent juste d'envahir l'Olympe pour y déverser leur désespoir et y étouffer ainsi toute vie. Quelqu'un se souviendra de nous est un récit de voyage, à l'image de celui qu'Ulysse effectua sous la plume d'Homère pour rentrer chez lui car comme lui, les héroïnes de Nadège Da Rocha vont multiplier les rencontres avec des figures éminentes ou non de la mythologie grecque et fouler les mêmes terres comme la mystérieuse île d'Eéa où réside la célèbre Circé. C'est donc un défilé de héros, de divinités majeures ou mineures et de créatures fantasmagoriques qui se pressent autour des trois héroïnes de Nadège Da Rocha. L'autrice s'est d'ailleurs réappropriée chacun de leur mythe pour leur tisser parfois un nouveau destin qui s'intègrent harmonieusement à cette intrigue pleine de bruit et de fureur.

Néanmoins, c'est surtout à travers Pandore, Méduse et Arachné qu'elle expérimente le plus sa réécriture. En effet, l'autrice s'appuie donc sur ces trois femmes, victimes des dieux, pour porter son histoire. C'est Pandore qui inaugure ce livre en entraînant les autres dans sa quête périlleuse. Pour mémoire, elle est la première femme humaine créée sur l'ordre de Zeus car il voulait se venger des hommes pour le vol du feu par Prométhée. Façonnée dans l'argile par Héphaïstos, elle épouse Epiméthée, le frère de Prométhée et vient à lui avec une boîte mystérieuse qu'elle a interdiction d'ouvrir mais qu'elle ouvre quand même. Or, en faisant cela, elle laisse échapper la vieillesse, la maladie, la guerre, la famine, la misère, la folie, le vice, la tromperie, la passion, l'orgueil et l'espérance condamnant ainsi l'humanité à tous ces maux. Affectée par sa triste réputation, Pandore entre à nouveau en scène ici pour rendre la monnaie de leur pièce aux dieux et leur donner une bonne leçon. C'est un personnage complexe, tiraillé entre ses regrets et son désir de vengeance chevillé au coeur, mais se salira-t-elle les mains pour autant ? En dépit des doutes qui l'assaillent par moment, sera-t-elle à la hauteur de la mission qu'elle s'est fixée, elle, qui a pris la tête de ce trio vengeur.

A ses côtés prend place Méduse transformée en gorgone par Athéna après qu'elle ait été violée par Poséidon. Entre une chevelure de serpents et un regard pétrifiant, elle est crainte par tous, ne voyant plus à travers elle que l'image d'un monstre. Pourtant dans ce livre, on la retrouve bien esseulée, perdue sur son île, épuisée par sa colère perpétuelle qui l'a vidée de son pouvoir le rendant ainsi dysfonctionnant. Mais sa rencontre avec Pandore va lui redonner un coup de fouet, lui faire retrouver le goût à la vie et peut-être lui permettre de laver son honneur. Par les drames et l'opprobre qui ont jalonné sa vie, on s'attache facilement à ce personnage que l'on voit se reconstruire sous la plume habile de Nadège Da Rocha.

Enfin, Arachné serait finalement bien restée cachée dans sa forêt au milieu de ses petites protégées. En défiant Athéna de se mesurer à elle dans l'art du tissage et en brodant une magnifique tapisserie mettant en scène les libertinages de Zeus, Arachné est punie et transformée en araignée. Devenue un monstre à son tour, elle vit depuis lors, recluse jusqu'à l'arrivée de Pandore et Méduse. Malgré sa condition bestiale à laquelle elle est soumise, elle a conservé son altruisme et sa bienveillance. Fidèle à ses amies, elle est prête à tous les sacrifices pour les aider à triompher des dieux, quitte à négliger son propre sort.

A travers ces destins tourmentés et bafoués, Nadège Da Rocha fait résonner une vraie sororité dans son texte entre ces trois femmes qui se sont alliées pour réparer l'injustice qu'elles ont subie. Deux d'entre elles sont le fruit d'une métamorphose imposée qui renvoie à l'image négative du monstre. Mais pour l'autrice, celle-ci est erronée et trompeuse car la plus grande monstruosité réside surtout dans ce comportement abject du plus puissant qui abuse de son pouvoir sur le plus faible et se joue même de lui alors qu'il est sans défense. Finalement, la laideur ne revêtit pas toujours l'apparence que l'on croit.

En redorant le blason de ces trois figures, Nadège Da Rocha dépoussière la mythologie grecque sous un angle féministe et inclusif.

Avec Quelqu'un se souviendra de nous, Nadège Da Rocha signe un texte puissant nourri par une intrigue rythmée et porté par des protagonistes inoubliables. Pour ma part, j'ai découvert une plume d'une grande sensibilité qui m'a offert un nouveau voyage au coeur de ces mythes si inspirants... suite sur Fantasy à la Carte.


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Abandon page 250/356.

J'ai vraiment essayé de m'accrocher pour ce roman, mais rien n'y a fait. La fin de la deuxième partie a eu raison de mon peu d'intérêt pour cette lecture.

Reprenons dans l'ordre, pour comprendre à minima le pourquoi de cet abandon.

Le récit commence avec Pandore, la Première femme, qui se rend sur l'île de Méduse, pour trouver l'objet qui lui permettra de se venger des dieux de l'Olympe. Elle finit pas entrainer Méduse dans sa quête, et elles seront rejointes plus tard par une troisième femme cherchant vengeance.

Les premiers chapitres ont été durs pour moi. L'écriture n'est pas trop compliquée, et si les dieux, déesses et monstres célèbres de la Mythologie ne sont pas tous décrits, il n'est pas trop complexe de comprendre rapidement le rôle de chacun. Par contre, ce début de roman est très décousu. Les chapitres sont courts, avec un point de vue différent entre chaque héroïne, et ils s'enchainent sans mise en situation. Il peut se passer un changement de lieu entre deux chapitres, ou un laps de temps s'est écoulé sans qu'il en soit fait mention de manière explicite.

L'enchainement très rapide des situations, avec parfois des protagonistes différents m'a donné une impression de juxtaposition de simples scènes, avec peu de liens entre elles. Les femmes rencontrent un problème sur leur route, le résolvent, et passent au suivant. Sur la construction, ca ressemblait presque à un conte... qui est un type de récit qui fonctionne mal pour moi.

J'ai vu un changement net lors du passage aux Enfers. Plus de fluidité, des personnages secondaires intéressant qui viennent dynamiser le récit... La fin de la première partie m'a vraiment relancée dans la lecture.

Puis arrive la deuxième partie, bien plus longuette. Des détails sont donnés sur les personnages principaux et sur leur histoire, mais rien de renversant, et surtout, je n'y avais pas grand intérêt. J'ai décroché peu à peu, sans parvenir à me remettre dans l'histoire, à cause de plusieurs points.

J'ai trouvé les personnages très creux. Elles ont un passé, douloureux pour chacun, avec des traumatismes... Mais ca n'a éveillé aucune émotion chez moi. Ce que les personnages ressentaient n'a jamais réussi à traverser le papier, sans que je sache expliquer pourquoi précisément.

A partir de là, leur vengeance ne m'a jamais intéressée. Pas d'implication dans le récit du tout.

Deuxième problème pour moi, et le plus gros ; le manichéisme. Ce sont les gentilles femmes, pauvres victimes des hommes de ce monde, contre les méchants dieux et les hommes qui leur ont tout pris.

Le féminisme, pourquoi pas, je suis une femme et je suis évidemment pour l'amélioration de la condition des femmes dans le monde. Mais ici, on est dans de l'extrême. Pas d'homme présent. Aucun plus de quelques lignes. Et ceux qui ont une quelconque importance sont les méchants dont il faut se venger. *gros soupir*

Je vois le pourquoi du message, mais ce n'est pas ce que je recherche dans un roman fantasy (jeunesse ou pas d'ailleurs).

Fantasy ne veut pas dire incohérent. Comme jeunesse ne veut pas dire simplet. Or, nous n'avons ici que la quête de vengeance qui est évoquée, comme une fin en soit, mais jamais les éventuelles conséquences sur le monde, et accessoirement sur les femmes qui l'habitent.

J'ai donc trouvé le propos du roman très maladroit, et pas très bien réalisé. le côté mythologie est approximatif, avec beaucoup d'adaptations par rapport au matériau d'origine. En bref, pas pour moi, malgré un réel effort fait pour essayer de m'y plonger.


Pour ceux qui recherchent un roman imprégné de mythologie grecque, je conseillerai plutôt circé de Madeline Miller.

Et en plus, c'est un roman féministe qui ne tombe pas dans l'excès.
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Ce livre n'est pas mauvais, mais n'est pas le banger attendu.
Comparé aux autres navets de réécriture mythologique, Quelqu'un se souviendra de nous est même plutôt bon.

L'idée de départ de l'autrice est vraiment excellent. C'est la réécriture que nous attendions tous : la revanche de Pandore, Méduse, Arachné, Galatée, Cassandre, Hélène et tant d'autres. Pourtant nombre de personnages sont mal amenés.

Les protagonistes sont Pandore, Méduse et Arachné, mais leurs histoires, péripéties et souvenirs sont toujours mêlés à d'autres personnages. Leurs propres douleurs, traumatismes et introspection sont forcément partagés avec d'autres qui souffrent également. Au final, il n'y a pas d'affinité particulière envers les héroïnes proposées par l'autrice. Elles existent au même titre que les autres. J'ai parfois trouvé que certains personnages apparaissaient uniquement pour être mentionnés, donnant un manque de fluidité au récit. Par exemple, nos 3 personnages principaux cherchent une faucille, on leur dit que l'objet est à tel endroit et elles y vont. Elles rencontrent 2-3 personnages qui n'apparaitront qu'à la toute fin, apprennent qu'en fait la faucille n'est pas là et s'en vont. Ces chapitres ne servaient tout bonnement à rien ou auraient pu être condensés.

Le féminisme n'est pas non plus toujours bien amené. L'idée de départ est la revanche des personnages féminins qui ont été sabotés, maudits, manipulés, humiliés, etc. On retrouve donc le cliché des personnages féminins faibles qui sont devenues badass et guerrières. Absolument toutes sauf si elles ne sont que figurantes comme Déméter, Gaïa ou Thémis qui passent sur une ligne d'une page histoire de dire. Ou encore Ariane qui a deux chapitres mais qui ne sert à rien dans l'intrigue ou aux personnages à part à crier qu'elle n'est pas ce que son mythe raconte d'elle.
Au moindre soucis, le pouvoir de l'amour/amitié féminine va nous aider.
La sororité est un sentiment inné même chez les antagonistes.
Le moindre pouvoir tire son origine dans les femmes.
Les femmes sont les solutions pour tout.
Les révélations finales sont abusées:

Bref, c'est gros et amené avec de gros sabots


Ensuite, les romances... Il existe plusieurs degrés de romance dans ce livre, ce qui est intéressant. Des relations non-dites, platoniques, fusionnelles, spirituelles, etc.
Spoiler:


J'ai quand même mis la moitié des étoiles car Nadège Da Rocha permet de découvrir des mythes peu connus pas trop dénaturés. Je pense également qu'il est super pour des néophytes en mythologie. C'est l'après qui m'a dérangée mais il faut admettre que cette réécriture est bien meilleure que nombre d'autres populaires sur Instagram ou TikTok.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
— Des siècles de chants, de poèmes et de héros. Et nous, quand est-ce que nous avons été les héroïnes ? Quand est-ce que notre tour viendra ?
— Alors c’est ce que tu essayes d’être, une héroïne ?
Pandore avait ri.
— Non, c’est trop tard pour moi. Je serai à jamais Pandore, Porteuse de maux. Mais peut-être que d’autres, plus tard, pourront prendre la place qui nous a été si longtemps refusée.
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La peur est essentielle, c'est elle qui t'empêche de prendre des risques inconsidérés, et c'est aussi elle qui te pousse à te dépasser. Le plus important, c'est de ne pas laisser cette peur te paralyser. Chacun rencontre la peur plusieurs fois dans sa vie, le tout est de savoir quand elle protège et quand elle empêche d'avancer.
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Ils chantent les louanges des hommes comme Orphée, Thésée ou Héraclès, qui avaient pénétré dans les Enfers et en étaient ressortis vivants. Mais qu'en était-il de Perséphone ? Celle qui non seulement entra dans le monde souterrain, mais en devint aussi la reine ?
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C’est l’avantage d’être au cœur d’un mythe : mon histoire me précède toujours où que j’aille. Qu’ils essayent de nous attaquer s’ils le veulent, nous verrons bien qui seront les perdants.
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Peut-être que l’Olympe avait besoin d’elles, que l’Olympe avait besoin de monstres, et non plus de héros.
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