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EAN : 9782354085766
Mnémos (01/06/2017)
3.89/5   14 notes
Résumé :
Autour du thème des Imaginales 2017, Destinations, l’anthologie officielle du festival, offre ses multiples feux, entre lieux étranges et voyages initiatiques, espaces lointains et abysses glacés, îles englouties et messages de la Voie lactée. Bienvenue au pays de tous les imaginaires !

Les auteurs : G. D. Arthur, Pierre Bordage, Charlotte Bousquet, Fabien Cerutti, Grégory Da Rosa, Lionel Davoust, Victor Dixen, Estelle Faye, Loïc Henry, Stefan Platte... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pour la neuvième année consécutive, les éditions Mnémos publient à l'occasion du festival des Imaginales d'Epinal une anthologie dont l'objectif est de rendre compte de la qualité et de la diversité de la fantasy francophone. Après s'être effacée en 2012 au profit de Lionel Davoust et Sylvie Miller (remplacés à leur tour par Jean-Claude Dunyach, puis Jean-Claude Vantroyen), Stéphanie Nicot reprend ici les rênes de l'anthologie qui subit ses premières transformations depuis sa création. C'est d'abord la fin de l'opposition traditionnelle entre deux figures phares de la fantasy. « Rois et capitaines », « Magiciennes et sorciers », « Reines et dragons »... : il est vrai qu'en huit ans les auteurs ont eu l'occasion de faire le tour d'à peu près tous les personnages et créatures emblématiques du genre. L'occasion pour Stéphanie Nicot d'initier un autre changement : l'ouverture à la science-fiction (et, probablement l'année suivante au fantastique...). L'intention est louable même si je ne peux m'empêcher d'être un peu déçue de voir la SF prendre si vite une part aussi importante dans cette anthologie créée avant tout pour faire la part belle à la fantasy (cette année se sont six textes sur quatorze qui relèvent de la SF...). Il faut tout de même avouer que l'intitulé de l'ouvrage s'y prêtait plutôt bien. Déclinée en trois thématiques faisant directement écho au festival et à l'affiche réalisée pour l'occasion par Julien Delval (destination / destin / nation), l'anthologie se découpe en trois parties bien distinctes privilégiant tour à tour l'une ou l'autre de ces approches. Seul élément immuable, le choix du sommaire qui se compose comme chaque fois d'auteurs à la carrière plus ou moins longue mais en tout cas expérimentés.

Ils sont six à avoir choisi de se pencher sur la question du destin, un thème très (trop ?) vague qui fait de cette première partie sans doute la plus faible de l'anthologie, quant bien même la plupart des textes reste de qualité. Aurélie Wellenstein (coup de coeur des Imaginales 2017) reprend dans « Bucéphale au coeur des ombres » l'un de ses animaux de prédilection (le cheval). La réutilisation d'une créature méconnue du folklore médiéval est intéressante, mais la dénonciation du fanatisme religieux pas suffisamment approfondie. G. D. Arthur met ensuite en scène la rencontre entre une jeune plongeuse et une créature des abysses dans « Ivresses et profondeurs », un texte auquel je ne suis malheureusement parvenue à adhérer ni au fond ni à la forme. Grégory Da Rosa profite quant à lui de l'occasion pour nous en apprendre un peu plus sur la création de l'univers dans lequel se déroule son premier roman (« Sénéchal »). On reste aussi dans la fantasy avec Charlotte Bousquet qui nous conte dans « La voix des renards pâles » le destin tragique d'un chamane trop orgueilleux. Un texte qui, pour une raison que je ne saurais expliquer, ne m'a guère passionné et dont la chute se révèle un peu décevante. Fort heureusement, Victor Dixen nous offre avec « La Source » un très beau texte mettant en scène la passion d'un homme pour les territoires inexplorés et dont il faut surtout saluer l'habile narration faite d'une succession de témoignages émanant de proches de l'aventurier. On termine cette partie consacrée au destin avec « L'Aiguillon de l'amour », première nouvelle de SF signée François Rouiller : une nouvelle réussie et au fort potentiel comique (même si j'ai du mal à la rattacher à la thématique...) dans laquelle un homme parvient, grâce aux nouvelles technologies, à piloter des animaux/caméra pour espionner sa voisine bronzant en tenue d'Ève dans son jardin...

La seconde partie consacrée à la thématique « nation » a manifestement moins séduit puisqu'elle ne comporte que trois textes. On poursuit dans la science-fiction avec « Chakrouar III » de Jean-François Tomas qui met en scène l'arrivée sur une planète (apparemment revenue à un niveau de développement proche de celui du Moyen-Age) d'une mission diplomatique cherchant de nouveaux alliés. Un texte efficace qui séduit surtout par l'alternance de points de vue et le ton employé, même si la chute (bien qu'inattendue) est un peu difficile à avaler. Adrien Tomas nous livre pour sa part un véritable plaidoyer pour l'écologie et imagine un futur pas si lointain dans lequel le Japon aurait complètement disparu, englouti par l'océan (« La voix des profondeurs »). Une nouvelle touchante dans laquelle la Terre reprend ses droits et qui nous interroge sur notre rapport à la nature. On doit à Stephan Platteau l'une des deux nouvelles les plus longues de l'anthologie (une trentaine de pages) mais aussi l'une des meilleures. Se déroulant mille ans avant « Manesh », « Le roi cornu » nous narre le sort du peuple des Firwanes, obligés d'entreprendre un voyage périlleux sur la mer pour échapper à la guerre. On fait évidemment très vite le rapprochement avec le contexte mondial actuel et ses millions de migrants disparus en Méditerranée après avoir été forcés de quitter leur pays. On retrouve également l'un des thèmes chers à l'auteur et déjà exploité dans « Dévoreur », à savoir l'influence faste ou néfaste des astres sur le comportement humain. Ajoutez à cela un combat spectaculaire opposant deux prétendants au trône, des créatures marines extraordinaires et un voyage sur une île peuplée de dangereuses créatures, et vous obtenez un récit captivant porté par une plume toujours aussi habile.

Dernier volet de cette trilogie, « Destinations » regroupe les nouvelles des cinq auteurs restant qui mettent l'accent sur le voyage et l'exploration. Les deux héros de Pierre Bordage n'hésitent pas, par exemple, à embarquer sur un vaisseau spatial faisant route vers l'inconnu (« Sans destination »). Un texte sympathique mais un peu court qui illustre bien que l'important n'est pas tant la destination que le voyage lui-même. Loïc Henry imagine quant à lui une Terre progressivement vidée de ses habitants, envoyés par grappe vers une planète supposément moins abîmée que la notre (« Essaimage »). L'auteur opte pour une nouvelle à chute et l'ensemble est plutôt réussi. Les personnages d'Estelle Faye ont eux aussi l'espoir d'un futur plus radieux sur une autre planète (« Hoorn »), et tant pis si le voyage se révèle plus long que prévu... L'auteur parvient comme d'habitude à donner vie à des personnages touchants (mention spéciale à Alex, sexagénaire fan de métal et de chansons de pirates) et multiplie les référence au milieu maritime, chose qui personnellement me plaît beaucoup. Avec sa nouvelle consacrée à « Jehan de Mandeville », Fabien Cerutti revient quant à lui à son univers du « Bâtard de Kosigan » et nous entraîne dans un Moyen Age fantasmé peuplé de créatures surnaturelles. L'action prend place en 1351 alors que Jehan de Maneville entreprend un périlleux voyage à la demande de la comtesse de Champagne afin d'aller délivrer un message aux Elfes de jade résidant dans les forêts d'Orient. Au programme : une traversée mouvementée de l'Europe et de l'Asie, des combats, des trahisons et surtout des rencontres avec des créatures étonnantes. Une vraie merveille ! Pari également réussi pour Lionel Davoust qui signe avec « Une forme de démence » une très jolie nouvelle s'interrogeant sur le rapport entre un auteur de fantasy et son univers sur fond de paysage islandais. Touchant et surprenant jusqu'à la fin.

Cette neuvième anthologie des Imaginales fait incontestablement partie des bons crus et permet de faire plus ample connaissance avec la plume et les univers de quatorze auteurs plus ou moins inspirés par la thématique certes très vaste de cette année. Si j'ai personnellement été plus sensible aux nouvelles de Victor Dixen, Stephan Platteau, Fabien Cerutti et Lionel Davoust, tous les textes valent le coup d'oeil, qu'ils mettent à l'honneur la fantasy ou la science-fiction. Rendez-vous l'année prochaine !
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L'anthologie des Imaginales c'est un rendez vous annuel qui permet de prolonger un peu le festival et de se replonger dans le thème de l'année. Celui de cette année est Destinations qui a été décliné en : Destins, Nations et Destinations. C'est un thème assez vaste qui permet l'incursion de la science fiction dans un anthologie traditionnellement consacrée à la fantasy. Plusieurs nouvelles relèvent du space opera ou de l'anticipation. Ce choix a le mérite de changer de direction par rapport aux anthologies précédentes et de montrer la diversité des Imaginales qui est consacré aux mondes imaginaires en général. Les 6 premières nouvelles apparaissent sous le thème Destins, les 3 suivantes au thème Nations et les 5 dernières au thème Destinations.

Le thème appelle au voyage et il se retrouve dans quasiment toutes les nouvelles: on découvre l'orient avec les croisades dans Bucéphale au coeur des ombres où un chevalier au coeur pur croise un cheval maudit, on part à la rencontre les légendes du désert dans la La Voix des renards pâles dans un texte bien écrit et émouvant. Fabien Cerutti nous fait vivre les voyages de Jehan de Mandeville, qui a réellement existé mais qui dans Jehan de Mandeville, le livre des merveilles du monde se retrouve dans l'univers du bâtard de Kosigan pour une très belle nouvelle tout à fait dans le thème et qui s'inscrit également dans les romans de l'auteur en apportant un élément important à son univers. Victor Dixen dans La Source nous fait aussi vagabonder en racontant l'histoire d'un homme cherchant durant toute sa vie la source d'un fleuve où il y aurait la source de toute vie. Son histoire est racontée par des gens qui l'ont connu lors de différents moments clés de sa vie. C'est un très beau texte avec un procédé narratif qui donne sa beauté au texte. J'ai beaucoup aimé cette nouvelle qui m'a fait rêver de ballades lointaines.

D'autres formes d'expédition sont aussi au coeur de cette anthologie: des déplacements dans l'espace avec la découverte de Chakrouar III qui est une nouvelle à chute (très bien amenée) où un ambassadeur très pompeux se rend sur une planète colonisée pour voir son état. Pierre Bordage parle aussi des voyages spatiaux dans Sans destination, où un homme n'ayant plus beaucoup de ressources part pour un voyage « aléa » c'est à dire sans savoir ni la destination ni la durée du voyage. Estelle Faye nous offre sa première nouvelle de space opera avec Hoorn où une expédition part pour trouver une planète loin de la terre pour pouvoir y vivre car la terre est devenue invivable et se meurt. le texte est raconté sous forme de récits parcellaires du voyage. Cette nouvelle est une des plus réussie du recueil et aborde différents aspects de ce qui peut se trouver dans une expédition spatiale.

La nouvelle d'Estelle Faye parle aussi des problèmes de vie sur la terre et cet aspect écologique se retrouve dans d'autres nouvelles comme Essaimage de Loïc Henry où on assiste à la colonisation d'une planète suite au déclin de la terre. La Voix des profondeurs d'Adrien Tomas aborde aussi se thème avec un texte se situant dans le futur où des catastrophes naturelles ont lieu dans divers endroits du monde. Cette nouvelle est prenante et bien écrite.

Les nouvelles de Fabien Cerutti est Stefan Platteau sont plus longues que les autres car pour la petite histoire Stéphanie Nicot s'est trompée en leur envoyant le mail (erreur sur le nombre de signe). Elles font aussi partie des plus réussies de cette anthologie. Dans le roi Cornu, Stefan Platteau situe son action dans le même univers que Manesh, et nous parle d'un peuple que son roi veut faire migrer vers de meilleurs contrées et obtient pour cela l'aide des nervals. On retrouve la beauté de l'écriture de l'auteur et les légendes de son univers.

Comme souvent dans des anthologies, certains textes sont moins marquants que d'autres et je n'ai pas été convaincue par Ivresses et profondeurs, une nouvelle assez étrange et poétique mais plutôt confuse, ni part FIN qui malgré une belle écriture est trop courte pour complétement entrer dedans. L'Aiguillon de l'amour de François Rouiller est une très bonne nouvelle mais j'avoue ne pas voir le rapport avec le thème. Son histoire se déroule dans notre monde et pale d'un voyeur ayant recours à des technologies cachées pour espionner une femme. Elle donne envie de lire d'autres écrits de son auteur.

Lionel Davoust dans Une Forme de démence nous fait aussi voyager d'une double manière: en Islande et dans l'esprit d'un écrivain vieillissant voulant faire le point sur son univers et ses écrits. Une jeune femme va l'aider à mettre en mémoire ses écrits. le texte parle de l'interrogation sur l'écriture et la réalité de ce que l'on créé. le thème est assez original avec des questionnements sur le procédé créatif et les univers créés par l'art.

Cette anthologie des Imaginales 2017 est d'un très bon niveau et mélange de belle façon les genres de l'imaginaire avec de la fantasy historique, de l'anticipation, du space opera, du planet opera et de la fantasy. La très belle couverture de Julien Delval met aussi le livre en valeur et invite au rêve.

Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Là où j'avais été souvent déçue des précédentes anthologies, celle là m'a tout de suite parlé ! Et effectivement, le contenu est à la hauteur. Toutes les nouvelles ne se valent pas, selon moi, mais l'essentiel des écrits m'a plu.
J'ai beaucoup aimé retrouver la plume de certains auteurs, en découvrir d'autres, et j'ai globalement passé un bon, voire très bon, moment. J'ai hâte de voir si l'anthologie 2018 sera aussi bonne :)
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ceux que tu nommes les elfes étaient réputés pour leurs sciences, merveilles et innovations ; leurs arbalètes tiraient dix traits, coup sur coup, ils possédaient des nefs capables de glisser sur les alizés, des maisons-arbres avec lesquelles leur cœur vivait en symbiose, ils tissaient des masques qui autorisaient les êtres de surface à respirer sous les flots, inventaient des jeux élaborés et subtils, et maîtrisaient l'art du Qi, grâce auquel ils avaient offert aux navigateurs les premières boussoles. (Fabien Cerutti, Jeahan de Mandeville, Le livre des merveilles du monde)
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Noongon, lorsqu'il était plus jeune, pensait qu'il ne pourrait jamais comprendre les Blancs. Ils passaient d'un extrême à l'autre, de la destruction aveugle à la protection fanatique, de l'exploitation irraisonnée à l'interdiction du contact entre les hommes et la nature. Puis, au cours du voyage du Rêve, il avait compris. Les Blancs avaient peur. Ils s'étaient éloignés de la Terre depuis si longtemps qu'ils ne savaient plus comment vivre avec elle. Ils ne savaient plus que vivre contre elle, ou à côté d'elle. Ils avaient glorifié l'homme plutôt que la nature, leur propre intelligence plutôt que les bienfaits de la terre, la lutte contre la nature et sa domestication plutôt que l'acceptation. (Adrien Tomas, La voix des profondeurs)
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Par ailleurs, je préfère toujours me préparer au pore ; cela demeure, à ma connaissance, le meilleur moyen d'éviter d'être déçu.
(Fabien Cerutti : Jehan de Mandeville - Le livre des Merveilles du monde)
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Vidéo de Stéphanie Nicot
Nous accueillons aujourd'hui l'écrivain Pierre Bordage et l'éditrice Stéphanie Nicot, deux figures de la science-fiction contemporaine.
À l'heure où les voyages dans l'espace font l'objet de financements plus sérieux que jamais, résultant de volontés impérieuses, à l'heure où notre civilisation cherche un avenir, et que les normes de moeurs, de genre se modèlent différemment, la quête des origines se dédouble pour envisager une transmutation éventuelle, que nous reste-t-il du réalisme et du mysticisme ?
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