Étrange confession que nous livre ici
Fatima Daas par fragments sur son histoire singulière de musulmane pratiquante, de mazoziya, « petite dernière », française d'origine algérienne, clichoise, qui passe plus de trois heures par jour dans les transports en commun où elle observe les comportements des voyageurs bien malgré elle. Fatima grandit dans une famille où la tendresse même est tabou alors l'amour n'en parlons pas!
« Je m'appelle
Fatima Daas.
Je suis française d'origine algérienne.
Mes parents et mes soeurs sont nés en Algérie.
Je suis née en France.
Mon père disait souvent que les mots c'est «du cinéma», il n'y a que les actes qui comptent.
Il disait smata, qui signifie insister jusqu'à provoquer le dégoût, quand il voyait à la télé deux personnes se dire «Je t'aime». (…)
Quand mes soeurs arrivaient à convaincre notre père de nous laisser regarder Charmed à la télé (parce qu'il n'y en avait qu'une de télévision, qui se trouvait dans la chambre de mes parents), il suffisait que la main d'un homme frôle celle d'une femme pour que mon père dise khmaj et change de chaîne illico presto.
Khmaj, ça veut dire pourriture. »
p. 101
Ce livre fait partie de la rentrée littéraire, sorti en août dernier (2020).
Virginie Despentes en a fait la réclame. Et pourtant, un blurb de Despentes, c'est plutôt rare d'après l'exigence et la sincérité de l'autrice. Premier roman de l'auteur, qui ne passe pas inaperçu, defrayant la chronique. Une autofiction, qui pulse comme un rap ou une incantation.
Fatima Daas s'impose comme la révélation de l'année. On me l'a vivement recommandé à la médiathèque.
Dans ce livre, elle avance par petites touches. Elle commence chaque chapitre par « Je m'appelle Fatima » et ajoute des éléments et en répète d'autres. On en apprend un peu plus sur sa famille, son enfance et comment elle se voit au fur et à mesure.
« Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. adulte, je suis hyper-inadaptée. J'écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J'ai fait quatre ans de thérapie. C'est ma plus longue relation. »
Fatima a ressenti beaucoup de culpabilité liée à l'éducation qu'elle a reçue, à la religion. Elle n'arrivait pas à s'accepter telle qu'elle était. Elle oscille entre l'intérieur et l'extérieur, sa famille d'origine algérienne et la France, sa sexualité et l'islam, jusqu'à trouver sa juste place. C'est-à-dire s'autoriser à ne pas choisir. Elle raconte son cheminement avec ce poids. Elle évoque aussi les accès de violence. Les siens, ceux de son père. Elle parle aussi de la maladie, de son asthme, des séjours à l'hôpital. Des blessures sentimentales, familiales.
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