Un roman autour de rencontres improbables, cela peut fonctionner, parfois, à l'instar de ces films de duos entre deux personnes que tout oppose. Rencontres improbables, donc. D'abord, entre un commandant de gendarmerie et un employé d'une compagnie d'assurance qui ouvre une petite officine d'écoute pour toute personne ayant envie de s'épancher. Crevette d'un côté, Baccardi de l'autre. Noms impossibles qui font sans doute rire l'auteur du roman, mais qui m'ont laissé tout à fait de marbre. Ensuite, entre le commandant Crevette et la légiste russe très entreprenante. Enfin entre le thérapeute Baccardi et une jeunette sous le charme de son « écouteur ».
Trois rencontres improbables dans un polar qui se veut léger, décalé, comique. Les rencontres improbables, cela peut faire un bon roman, cela dit.
On double cela d'un tueur en série, façon « vengeance religieuse », avec des sévices maousses, des indices gros çacom, et une ambiance qui se voudrait légère et glauque à la fois.
Tous les morts sont des mortes, si je puis dire. Les premières victimes sont des clientes de Baccardi. Donc le gars Baccardi, qui n'est pas un Rom, se retrouve suspect « nummerwane » du mastard de service. Fastoche.
Le reste est à l'avenant.
Entre parodie, pastiche, plagiat et hommage, la ligne est très fine. A force d'emprunter, on court le risque de ne plus savoir d'où vient quoi et de ne plus rendre à César la sauce qui lui revient. On démarre par une bonne trentaine de pages qui asticote le gars Dard dans tous les sens des poils (plus très nombreux sur son caillou). Je dis trentaine, mais on frise la quarantaine pour l'auteur, tant les emprunts sont visibles comme un furoncle que le pif de Cirano. C'est même vulgaire à plusieurs reprises, ce que le père de Béru n'est pas. Quel est l'intérêt de copier une oeuvre littéraire unique avec des dizaines d'années de distance ? Ajoutons que l'auteur croit bon et utile d'expliquer le sens de certaines de ses vannes via des notes en bas de « gepa ». Comme le 102 qui est un double 51... Malvenu, maladroit au mieux...
Au-delà de ce début, on bascule dans un récit qui évoque largement les romans de
Fred Vargas. Sans accéder toutefois à la grâce et à la poésie de l'original.
Ajoutons une technique de placement de la virgule que je n'ai pas vraiment pu avaler et plusieurs coquilles et fautes d'orthographe... dont un impressionnant « tentative d'infraction » au lieu d'effraction... qui m'a largement fait lâcher prise (pour le peu que je tenais encore).
L'auteur est Daccord, mais moi, je ne suis pas d'accord. OK, elle est facile.
Comme toujours, je professe mon plus profond respect pour les anonymes, les gens ordinaires (sans connotation péjorative) qui passent le pas et réalisent leur rêve en écrivant un livre. Mais ici, c'est le 8è de l'auteur... Alors je suis sans doute moins emballé et respectueux. Je ne comprends pas ce qu'une maison d'édition comme L'Harmattan fait dans cette galère (sans compter l'habituel travail de lecture, relecture et édition qui aurait dû être fait).
On remerciera, comme l'usage le veut, Masse Critique Mars 2021 et les éditions L'Harmattan.