Comme Schwitters, Raoul Hausmann fait partie de ceux pour qui Dada représente plus qu'un mouvement artistique : une "situation de vie, une forme de mobilité interne", qui fait de cet artiste un explorateur de l'abstraction, évoluant de découverte en découverte, des premiers collages aux premiers photomontages, jusqu'aux gouaches de 1965 qu'il appelle "voyous de voyelles".
Plus encore qu'envers une définition esthétique née avec les premières manifestations de l'abstraction, le Mouvement Dada, en matière de provocation et d'humour, a quelques "dettes" envers de rares précurseurs. N'y en eût-il qu'un, ce serait le poète Arthur Cravan, dont le nom évoque aussitôt défi, fougue, tendresse. Impulsif et attachant, Cravan n'est pas seulement poète mais aussi, à l'en croire - et il faut souvent croire Cravan -, "chevalier d'industrie, marin sur le pacifique, muletier, cueilleur d'oranges en Californie, charmeur de serpents, rat d’hôtel, neveu d'Oscar Wilde, bûcheron dans les forêts géantes, ex-champion de France de boxe, petit fils du chancelier de la reine, cambrioleur, etc., etc.".
L’œuvre de Duchamp prend donc appui dans le langage en tant qu'élément moteur, laissant les exégètes se perdre en conjonctures sur les enchevêtrements d'allitérations, de signes, de phonèmes, de jeux de mots, telle la présence du prénom de Duchamp dans La MARiée mise à nu par ses CELibataires, même.
Historien de l'art spécialiste de Dada, Marc Dachy est l'auteur, entre autres, de plusieurs ouvrages de références sur le sujet. Il est également directeur de collection, fondateur et animateur d'une revue dédiée à la création contemporaine, Luna Park, ou encore traducteur. Son expertise du dadaïsme l'amènera à évoquer le lien que les membres du mouvement entretiennent avec les stupéfiants et les docteurs.