Bêtement, je pensais que le Land Art désignait la représentation de paysages, façon
William Turner. Bof.
J'ai quand même emprunté ce numéro de DADA à la bibli, faute de mieux, par gourmandise - je suis accro et en manque.
Et je sais que les auteurs de cette revue me font découvrir et même apprécier des domaines artistiques qui ne m'intéressent pas a priori. Alors pourquoi pas.
Première bonne surprise : le Land Art est la création d'oeuvres à partir d'éléments laissés en pleine nature.
Les artistes réalisent ainsi des 'tableaux' (2D) ou sculptures (3D) à partir de sable, neige, eau, glace, pierre, mais aussi en composant avec la végétation et les éléments naturels (pluie, orage, soleil, marée...).
Comme le Street Art, il s'offre à tous :
'Le Land Art des années 1960 est en opposition avec l'art traditionnel. Ephémère, écologique, exposé en dehors des musées, gratuit et donc éloigné du marché de l'art, il se veut révolutionnaire.'
Par contre, s'il peut être qualifié de révolutionnaire dans les 60's, il n'est pas nouveau, et pas forcément éphémère, comme en témoignent de superbes géoglyphes* à Uffington (Angleterre) et à Nazca (Pérou), vieux de plusieurs millénaires, représentant des animaux ou des humains gravés/sculptés dans le sol.
Ecologique, le Land Art ? Pas toujours, lorsque les artistes intègrent des matériaux qui polluent (directement ou par leur fabrication), comme les cylindres de béton de Nancy Holt placés aux quatre points cardinaux pour jouer avec la trajectoire du soleil ('Sun Tunnels', 1973-1976)...
Et si l'oeuvre du collectif D.A.S.T. ('Desert Breath', 1997) me captive, je m'interroge sur le déploiement de tels moyens dans le Sahara, en Egypte, où il y a tant à faire pour le social. Mais ceci est un autre sujet...
La plupart des 'land-artists' expriment un engagement, montrant que l'homme emprunte à la nature, s'inscrit en elle, qu'il doit s'adapter à son environnement et non l'inverse.
Riche & plein de poésie, ce magnifique numéro de DADA m'a fait voyager dans des lieux enchantés.
J'ai particulièrement aimé les chaises de Karin van der Molen qui retournent à l'état d'arbre ('Flux', 2015).
Les dessins de neige de Sonja Hinrichsen ('Snow Drawings', Truckee, 2016) et le 'Passage' de Cornelia Konrads (Chaumont-sur-Loire, 2015) sont d'une beauté époustouflante et laissent rêveurs.
Dépaysant & magique ! ♥
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* géoglyphes :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Cheval_blanc_d%27Uffington
https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9oglyphes_de_Nazca