AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de oran


oran
24 septembre 2016
Incipit :
Clément Duprest se remémore sa prise de fonction, tout jeune homme alors qu'il s'apprête à partir en retraite.
Pendant quarante ans il a suivi un itinéraire quotidien, un trajet le conduisant régulièrement dans l'Ile de la Cité, Quai des Orfèvres. Un parcours accompli par un « salaud ordinaire », c'est-à-dire, un homme bassement, banalement, médiocrement méprisable.
Quand on intègre en 1942 les Brigades spéciales après avoir passé brillamment le concours d'officier de police, on se doute du travail à accomplir : arrestation de terroristes (résistants, communistes…), de juifs, d'opposants au régime de Vichy…

C'est le cas de Clément Duprest qui accomplira toute sa carrière au sein de cette administration, adoubé par sa hiérarchie, gravissant régulièrement les échelons.
Dans la fonction publique, on doit observer le droit de réserve, de discrétion et le secret professionnel, c'est ce que s'est attaché de faire scrupuleusement Duprest, sans état d'âme.
Quand on est confronté à devoir accomplir quelque chose qui met en péril son intégrité physique, on peut (depuis 1982) exercer un droit de retrait, on peut aussi user d'un droit de désobéissance – et cela peut s'avérer quelque fois, un devoir impérieux - on peut aussi démissionner si la tâche à accomplir est contraire à son éthique personnelle, aux valeurs humaines.
C'est ce que se garde de faire Duprest, obéissant aux ordres, fonctionnaire zélé, respectueux de ses chefs, obtus, et sans grande valeur morale tant dans sa vie professionnelle que familiale.
La fin de la guerre se pressent. Son beau-père, Augustin Genin, lui conseille formellement de jouer double jeu et de communiquer des renseignements à un fonctionnaire préfectoral.
A la Libération, il est arrêté, emprisonné, confronté à un témoin qu'il arrêta, mais lui, ne s'est jamais livré à des actes de torture, et les services rendus au cours des derniers mois lui valent d'être libéré et de réintégrer son corps d'origine, alors que certains de ses collègues vont payer le prix fort.
Et la carrière se poursuit, le temps passe ponctué par la naissance d'un fils, Guy, la prise d'échelons, les promotions qui se succèdent, il finira sa carrière comme commissaire principal à un indice élevé. Et, parallèlement, une vie privée de petit bourgeois étriqué
Les affaires à traiter se définissent en fonction du paysage politique : traque des communistes, ( il rédige des fiches sur Ivo Livi – Yves Montand - , Brassens, Sartre…) chasse des partisans indépendantistes , enquêtes sur les milieux politico-maffieux…
Duprest quitte enfin son poste à l'avènement de la présidence de Mitterrand, finalement satisfait de n'avoir pas à servir la gauche.
Par ce récit, il nous est donné de réviser quarante ans de l'actualité politique française, de son Histoire.
Didier Daeninckx déterre, sans complaisance des affaires peu glorieuses, sentant puissamment le souffre et la fange (euphémisme pour ne pas user de grossièreté !) (Affaire Marcovic, une parmi les plus sales de la Ve République, Affaire Coluche…) .




Commenter  J’apprécie          171



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}