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Critique de OverTheMoonWithBooks


C'est l'histoire d'un sale type, que ses camarades personnages connaissent sous le nom de Clément Duprest. Il n'a rien du type avec qui on aimerait passer la soirée, aller ou boulot ou même saluer sur le palier. C'est un personnage qui sur-rationalise tout ce qui l'entoure et il se rassure en appliquant avec un zèle à gerber tout ce que notre bon gouvernement de Vichy lui ordonne de faire. La chasse aux juifs et au communistes d'abord, puis aux indigènes, et à notre regretté Coluche. Et pour se dédouaner le fameux leitmotiv : "Je n'ai fait qu'obéir aux ordres", avec la variante "Je n'ai fait que mon travail"

Un petit Daeninckx pure sucre Mesdames et Messieurs pour conclure cette première moitié de décembre. Par rapport aux autres romans de l'écrivain, celui-ci me semble, d'un point de vue global, bien plus abouti. On sent bien le travail de recherches qui lui a été nécessaire pour l'écriture d'un ouvrage qui couvre une bonne partie de la seconde moitié du vingtième siècle. Pour une fois, Daeninckx a soigné la fin de son roman (il était temps !), mais alors le premier tiers… quel horreur ! quel ennui ! Trop de personnages et d'intrigues secondaires viennent noyer le lecteur et le découragerait presque d'aller au bout de sa lecture.

L'écrivain soulève dans cet ouvrage des questions qui fâchent. Son roman est un élément de réponse au "pourquoi au lendemain de la guerre tout le monde s'est découvert résistant, y compris ceux qui ont dénoncé leurs voisins?" Question intéressante à laquelle l'Etat français n'a toujours pas jugé bon de répondre. Ceci dit, il a fallu attendre le discours du 16 juillet 1995 pour que J.Chirac reconnaisse la responsabilité de la France dans la déportation de ses concitoyens français qui avaient eu le mauvais goût de naître juifs.
De même qu'on attend encore que l'Etat français reconnaisse toutes les horreurs qu'il a commis au nom de la France et de ses valeurs dans ses colonies, notamment en Algérie, et contre ceux qui avaient fait le choix d'immigrer en France - les harkis, et les autres aussi.

Ce portrait au vitriol a donc le mérite d'interpeller le lecteur - du moins celui qui ne se laisse pas impressionner par le fouillis de la narration et la distance qui est mise dans ce récit, à l'écriture aussi froide et factuelle que son personnage principal.

Malgré les "défauts" dans la narration mentionnés ci-dessus, j'ai tout de même apprécié lire ce roman subversif de Didier Daeninckx qui montre comment la France a brillamment recyclé ses salauds et les a laissé évoluer en son sein - en leur donnant régulièrement des promotions en plus !
Autre mérite de l'écrivain : il prouve que non, tous les Français ne sont pas arrogants, donneurs de leçons voir trop moralisateur vis-à-vis des pays étrangers et sont capables de regarder leur Histoire en face.
Merci Monsieur Daeninckx.
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