Daeninckx Didier - "
Les figurants - Citées perdues" – Gallimard Folio, 2010 (ISBN 978-2070358885)
Recueil de textes de Didier Daeninckx, publié par Gallimard dans la collection Folio, et contenant des nouvelles publiées aux éditions Verdier en 1995 pour "
Les figurants" puis 2005 pour "Citées perdues".
Daeninckx est un auteur prolifique, surtout connu pour ses romans policiers, mais ici il quitte ce genre pour produire des nouvelles ayant pour thèmes des faits historiques du 20ème siècle.
Dans "
Les figurants", un passionné de cinéma cherche à retrouver l'auteur de quelques vieilles bobines filmées dans les années 1930-1940, dont le style de prise de vue pourrait rappeler
Fritz Lang, et dont les plans montrent des visages d'acteurs et d'actrices qui semblent mimer de grandes souffrances. Cette quête se déroule dans le Nord, dans une petite ville imaginaire "Wazemmes". Ambiance, descriptions d'une localité du Nord et de ses habitants. Bien vu, dans une écriture dense, resserrée. Avec des piques contre certains contemporains, comme
Bernard-Henri Lévy (pp. 32-33), le sempiternel avocat
Jacques Vergès (p.36) ou le jargon des "cultureux" (pp 25-26).
Sous le titre "citées perdues" sont réunies six nouvelles.
- Dans la première, une nouvelle policière, sont évoqués les ravages et meurtres causés par les mafias des anciens pays communistes européens, et tous ces extrémistes dissimulant sous de féroces idéologies leurs trafics pour s'enrichir.
- La deuxième nouvelle, "les chiens et les lions" se déroule en 1940, au moment où les armées allemandes envahissent la France, et imagine un serment que
Jean Moulin fit à l'un de ces combattants Africains qui sacrifia sa vie pour enrayer l'avance des armées ennemies.
- Dans la troisième, "dead day in Deauville" l'auteur met en scène un des vétérans américains du débarquement de juin 1944 sur les côtes normandes, revenant sur les lieux en 2004, soixante ans plus tard, et que l'on retrouve assassiné.
- Dans la quatrième, "tu ne doubleras pas", l'auteur prend l'Afrique pour cadre, au moment où les autorités françaises mobilisent les "indigènes" pour les envoyer au front, pendant la première guerre mondiale ; un grand propriétaire retient "ses nègres" pour construire une route, mais il veut mobiliser les femmes et les enfants car il trouve que le chantier n'avance pas assez vite : une révolte éclate.
- Dans la cinquième, "Rubrique sports", il imagine la destinée de l'un des membres du groupe de résistants de "l'affiche rouge", joueur de football à ses heures de loisir...
- Enfin, dans "initiales B.B.", l'auteur décrit ce qu'il voit aujourd'hui et ce qui fut sur les lieux s'étendant, à la lisière de Paris, aux environs des ponts de St-Cloud, de Boulogne, de Billancourt, d'Issy ainsi que sur l'ile Séguin, tous ces lieux devenus aujourd'hui une concentration d'immeubles d'affaire "profusion de verre aveuglant, d'alu brossé, de caméra de surveillance".
De bons moments de lecture.