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Critique de michfred


Livre courageux, largement précurseur (en 80 on ne parle pas (encore) du 17 octobre 1961), nourri de recherches historiques, dénonçant les dérives policières couvertes et mandatées par un état colonialiste et raciste, plutôt pamphlet politique que roman policier classique, Meurtres pour mémoire est habilement construit sur un double meurtre, à 20 ans d'intervalle, d'un père et de son fils, tous deux historiens, tous deux sur la trace des mêmes pages honteuses de notre histoire.

L'enquête de Cadin, flic modèle- ça existe, surtout dans les romans-va remonter cette piste et nous ouvrir cruellement les yeux.

J'ai été très sensible au prologue de cette histoire qui met en lumière (noire) la grande manifestation, en plein Paris, du FLN contre le couvre-feu et la guerre en Algerie, réprimée avec sauvagerie comme on le sait à présent. Une ratonnade policière d'envergure, un massacre de centaines d'Algériens tués et jetés à la Seine. Une horreur dont parle aussi dès 1973 Claire Etcherelli dans Élise ou la vraie vie.

Le préfet de police qui a orchestré et couvert cette répression porte un nom connu: Maurice Papon. On comprend dès lors le choix de cette ouverture sur laquelle, hélas, on ne s'attardera pas: la piste remonte par lui, au camp de Drancy, l'antichambre français d'Auschwitz, et à la collaboration active des forces de police commandées par l'état français du Maréchal Petain dans la déportation des juifs de France.

J'ai apprécié le sérieux des enquêtes historiques, le choix de ces deux pages honteuses de notre histoire qui rappellent que même les démocraties (à supposer que l'Etat français de Pétain et la 5eme République barbouzarde de 1958 en fussent chacune une...) doivent exercer une particulière vigilance à l'endroit de leurs forces de l'ordre si elles veulent vraiment être démocratiques...

J'ai regretté que la première de ces deux pages ne soit qu'une ouverture, un décor, un prétexte à une remontée dans les archives atroces mais plus connues de la collaboration.

Cette lecture m'a surtout donné l'envie de relire Élise ou la vraie vie, roman presque autobiographique, plus intimiste, féministe, encore plus courageux puisqu'il raconte dès 1973, l'amour interdit, en pleine guerre d'Algérie, entre une Française et un Algérien, tous deux ouvriers sur la chaîne des usines Renault à Boulogne-Billancourt, que la répression du 17 octobre séparera à jamais, et violemment.
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