La vie avant la vie

Si vous êtes sur le point de devenir parents, il vaut peut-être mieux ne pas lire ce livre dont le sujet est le foetus mais surtout ses pathologies, puisqu'il s'agit avant tout de rendre compte des recherches (des quinze dernières années avant sa publication) de l'auteur en matière de médecine foetale. Dès l'exergue, le leitmotiv éthique qui sous-tend les questionnements essentiellement de nature morale au sujet des décisions prises sur le sort du foetus est annoncé avec clarté : "la recherche appartient à deux mondes opposés mais indissociables : celui de l'aventure et celui de la responsabilité". L'auteur consigne son expérience de manière plutôt structurée en une dizaine de chapitres ayant comme point de départ l'interrogation sur le choix de ce métier (et aboutit à des interrogations au sujet de l'avortement et sa légitimation). La valeur pédagogique de cet ouvrage et surtout historique me semble rehaussée par le style fort agréable de ce médecin qui sait trouver le bon dosage entre anecdotes, témoignages, explications scientifiques et empathie envers les personnes qui nous apparaissent à nous lecteurs, comme des personnages d'histoires parfois insoutenables. Son humilité lui fait évoquer l'histoire de cette "maman d'une petite fille pour laquelle [il] avai[t] fait un diagnostic prénatal de toxoplasmose huit ans auparavant". Il conclut : "le titre d'un débat sur cette observation pourrait s'intituler : "conséquences d'un avortement psychologique réussi après le refus d'avortement médical!" Je ne sais pas si, bien traitée par des pédopsychiatres, les lésions graves de cette fillette pourront régresser mais elle restera toujours pour moi l'un des plus cinglants échecs d'un diagnostic prénatal que j'avais cru réussi." le paradoxe de la médecine foetale reste toujours le même : elle n'est pas infaillible mais elle a accompli de miraculeux progrès. Et certainement, qu'à bien d'égards le livre semble même aujourd'hui bien dépassé.