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Jeanne Gauffin (Traducteur)
EAN : 9782910846442
300 pages
Agone (07/11/2000)
3.52/5   22 notes
Résumé :
Écrit par un homme de vingt-trois ans angoissé face à ce monde enlisé dans l’horreur de la Seconde Guerre mondiale (dont l’Europe vient de sortir pour inaugurer la guerre froide) et rêvant d’une humanité solidaire, LÎle des condamnés exprime avec force le drame d’un monde où la fraternité n’est plus capable de renaître dans le cœur des hommes.
La réédition de ce roman en même temps que son recueil La Dictature du chagrin donne à voir la manière dont Dagerman,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'île des condamnés n'existe pas , elle n'est qu'un cadre imaginé par l'auteur pour situer le roman hors de repères connus .

Il est vain de tenter un résumé du livre , qui n'apporterait rien à sa compréhension , non que le thème soit difficile à appréhender , mais parce que l'essentiel de la volonté de Dagerman en écrivant ce livre relève d'une sorte de désespoir face à la montée du fascisme dans un univers en manque de fraternité .

Paru en 1946 soit 12 ans avant le suicide de son auteur , ce roman est souvent qualifié de noir , de pessimiste , ce qui n'est pas faux . Militant anarcho-syndicaliste déçu par les perspectives d'évolution de la socièté , Dagerman voit de jours en jours son espoir diminuer et cela se ressent au fil de son oeuvre .

La postface de Karl Östergren titrée " le politicien de l'impossible " explique clairement le cheminement du livre et mène à comprendre que le suicide de l'auteur était presque inéluctable .
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On soulevait parfois la question des plus misérables dans leur propagande, et ce qui me révoltait le plus alors, c’était que la misère du monde pût servir à la propagande d’un parti politique, que le nombre d’enfants décimés par la tuberculose, par exemple ; devint le grand numéro publicitaire d’un parti dont l’attitude ne provoquait que méfiance et mépris. Non, pour nous qui sommes obsédés par notre culpabilité il n’y avait pas d’organisation, la misère du monde était prise à forfait par ceux qui avaient cessé de se sentir coupables – en admettant qu’ils se soient jamais sentis coupables – parce qu’ils s’imaginaient faire leur possible pour la soulager. À mon avis, ils avaient tort de trop parler d’idées, cela leur enlevait la force indispensable ; les idées devaient, à mon avis, être réservées au salles de jeux car si les idées sont nécessaires c’est à titre de jouets, de beaux jouets pour les adultes ; il me semblait que les idées s’opposaient sur un plan absolument faux : au lieu d’arriver la tête pleine de ces idées impitoyables affirmées avec une détermination sadique et de se réunir autour des tables où l’on prétendait décider du destin du monde, il eût été préférable de se réunir sur un court de tennis et de jouer avec les idées, ou sur une grande scène et de faire du théâtre avec elles, ou encore sur quelque grand pré vert où on les chasserait au soleil comme des papillons. Il n’y a rien de plus dangereux que de prendre les idées au sérieux, ni rien de plus subtil - je dirais même que c’est la seule chose subtile dans la vie – que de jouer avec les idées comme il se doit. (p. 294)
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Ainsi coincé entre le fragile mur de sa culpabilité et l’épaisse muraille de l’existence, il choisit curieusement d’écarter le premier pour donner plus d’espace à son corps. (…) Son univers était encadré de hauts murs protecteurs : parfois le dimanche ou certains jours de fête, il sortait avec un camarade de la banque et allait pêcher à la ligne aux environs de la ville. (…) Lucas pour la première fois débarrassé de sa culpabilité découvrait le sens de la vie. Né à l’abri de ces hauts murs protecteurs, il avait le devoir absolu de jouir de cette position privilégiée aussi longtemps que cela lui était possible. Des événements comme ceux qui se produisaient en Vélamésie étaient terribles, certes, mais il ne fallait pas risquer d’aggraver la situation avec des jérémiades intempestives ; quant aux injustices qui touchaient des régions plus proches de lui, elles ne pouvaient guère le concerner, car c’eût été une erreur de se laisser influencer par des facteurs géographiques. Il ne connaissait pas de meilleure recette pour rester parfaitement équitable envers ceux qui faisaient appel à sa sympathie que de tout laisser tomber, même les victimes ; la culpabilité après tout n’était-elle pas simplement l’expression d’un manque de concentration ? Si l’on agissait sous la pression de la culpabilité, combien d’êtres n’écrasait-on as dès qu’on bougeait le pied, et combien ne se sentaient-ils pas négligés une fois que la culpabilité avait choisi son objet. N’était-il pas préférable, par simple égard envers les autres, de renoncer à toute prise de position devant les infirmités de l’époque (p. 37-38)
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Ils [les hommes] adoraient donner une impression de « force contenue », selon leur expression, et de la même façon que derrière les longs capots trépidants on devait s’imaginer des vitesses de 180 k/h, ils voulaient qu’on les caresse sur leur veste de cuir et qu’on les sente vibrer de cette puissante force qu’ils avaient tant de peine à contenir. (…) Mais sans gant, sans veste de cuir, sans culotte à jambières, ils devenaient presque timides et se sentaient perdus. Comme il était touchant de les entendre régulièrement chuchoter quand ils arrêtaient la voiture dans un parc touffu où poussaient des saules rabougris, et qu’ils vous embrassaient brutalement : « Je suis bien le premier pour toi, n’est-ce pas ? » ou après avoir appris que l’on était mariée : « Je suis bien le premier avec lequel tu trompes ton mari ? » et tout le temps leurs mains distraites, malgré leur ardeur apparente, étaient impatientes de reprendre le volant et le levier de vitesse lâchés à contrecœur tandis que leur corps, même dans les instants les plus tendres où il semblait déborder de cette « force contenue », languissait après les vibrations de la voiture. (p. 108)
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Il est superbement sadique de penser que nous devrions être jugés d’après nos bonnes ou mauvaises actions, puisque nous ne pouvons décider que d’un très petit nombre de nos actions. (…) ce que nous pouvons faire (…) est de nous laisser entraîner dans une certaine direction et de nous maintenir autant que possible dans cette direction tout en gardant les yeux grands ouverts et en étant conscients que le but est en général une illusion, et que l’essentiel est la direction puisqu’elle seule est sous notre contrôle, sous le contrôle de notre misérable moi. Et la lucidité, oui, la lucidité, les yeux ouverts qui regardent sans peur notre terrible situation doivent être l’étoile du moi, notre seule boussole (…). (p. 303)
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Pour ces gens-là, la poésie a cessé d’être un message qu’un être humain fait parvenir à un autre. Pour ces gens-là, elle est ravalée au rang de jeu de société. Ils n’ont jamais compris qu’elle naît de la contrainte, qu’il ne s’agit pas d’une sorte d’ébénisterie du rythme et de la rime qui peut être pratique à leurs moments perdus par des révolutionnaires sur le retour n’ayant jamais pris la littérature au sérieux. (p. 16)
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Videos de Stig Dagerman (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stig Dagerman
Lecture de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman et concert autour des oeuvres de Théodore de Banville, Gérard de Nerval, Paul Eluard et Rabindranath Tagore.
« C'est l'angoisse de la séparation qui s'épand par tout le monde et donne naissance à des formes sans nombre dans le ciel infini. C'est ce chagrin de la séparation qui contemple en silence toute la nuit d'étoile en étoile et qui éveille une lyre parmi les chuchotantes feuilles dans la pluvieuse obscurité de juillet. C'est cette envahissante peine qui s'épaissit en amours et désirs, en souffrances et en joies dans les demeures humaines, et c'est toujours elle qui fond et ruisselle en chansons. »
L'Offrande lyrique, Rabindranath Tagore, traduit par André Gide.
Ces émotions douces et amères qui nous secouent ne sont-elles pas universelles ? Ne sont-elles pas l'essence même de notre existence ? Deleyaman, groupe franco-américain dans la veine céleste de Dead Can Dance, aborde ces questions vibrantes, parle d'art, d'amour, de beauté et de contemplation comme des réponses à nos contraintes existentielles.C'est une amicale collaboration artistique entre le groupe et Fanny Ardant qui a donné naissance à cette création. Au travers d'un texte lu, elle dialogue avec le groupe sur une musique créée par Deleyaman. Avec le son du doudouk, le groupe d'Aret Madilian interprétera les titres français de sa discographie
Fanny Ardant : voix Béatrice Valantin : voix, clavier Aret Madilian : piano, clavier, guitare, percussion Guillaume Leprevost : basse, guitare Artyom Minasyan : doudouk, plul, pku Madalina Obreja : violon Gérard Madilian : doudouk
Création en partenariat avec le Trianon Transatlantique de Sotteville lès Rouen – Scène conventionnée d'intérêt national art et création chanson francophone.
À écouter – Deleyaman, « Sentinel », 2020. Plus d'informations sur www.deleyaman.com À écouter : https://deleyaman.bandcamp.com/album/sentinel
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