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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ô surprise. De la littérature nordique qui permet d'échapper à l'univers des habituels polars poisseux...
C'est le hasard d'une découverte qui m'a jeté dans les pages de ce jeune écrivain suédois anarchiste, suicidé à 31 ans au milieu des années 50. Ce texte très furtif fait penser à un testament dans lequel Dagerman livre sa philosophie de vie et de littérature. Ou plutôt un constat assez déprimant (vraiment ?) : l'universalité de la solitude de chaque être.
Un texte tellement court que n'importe quel commentaire un peu développé le concernant pourrait le dépasser en nombre de lignes... Mais pas le surpasser, car le propos est dense. D'ailleurs, le texte mérite d'être relu. Qui peut être sûr(e) d'en avoir saisi tout le sens à la première lecture ?
Ce texte peut servir de déclencheur : la prose de Dagerman, sa personnalité torturée, ses doutes sur son rôle d'écrivain...
Mon besoin de le découvrir est impossible à rassasier.

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Si vous n'avez pas encore lu le livre (déjà, ça part mal : c'est à peine un livre ; pensez 11 pages), un petit conseil : je pense qu'il faut se renseigner sur la vie de l'auteur avant de commencer (mais si vous ne partagez pas cet avis, ne lisez pas la suite de la critique because SPOILER (mais faut quand même relativiser, c'est pas un roman policier) !!! (juste une petite info : ça finit mal (pas vraiment de mariage heureux et de bambins à la clef))).

Donc puisque vous insistez, je me demande ce que peut donner cette lecture quand on ne sait pas que Stig Dagerman s'est finalement suicidé relativement peu de temps après ce texte. En effet, peut-on imaginer que tous les questionnements, les débats intérieurs auxquels on assiste, ne sont seulement qu'un exercice de réflexion d'un intellectuel sur la réalité de son époque et de son environnement ? Pas sûr, parce que ça bouillonne trop pour être honnête. On sent l'esprit aux abois, acculé, qui cherche et se débat, qui passe en un clin d’œil d'un sentiment à son contraire, en recherche permanente et qui bute jusqu'à l'obsession sur son sentiment d'absence de liberté, d'aliénation. L'ouragan sous l'occiput a dépassé la force 23 sur toutes les échelles et escabeaux. Tombera ? Tombera pas ? …tombé !
Et, finalement cela n'étonne qu'à moitié, car, la vie n'était pas l'enjeu de toutes ses considérations. Le bien-être, oui, le soulagement de la vie, oui, la consolation, of course, mais pas la vie. Il l'avait déjà perdue de vue. Il l'a perdue tout court !

Au-delà de ce contexte, cette lecture vous gifle, car on est vite gagné par le concentré d'émotions et de vérités qui sautent à la gorge parce que livrées par une belle plume taillée dans de l'authenticité brute. Ces sentiments sont évidemment accentués par le caractère dramatique dû à la connaissance de l'issue fatale. Et on se prend alors à s'interroger sur ce que l'auteur n'a pas vu, n'a pas trouvé pour le sortir de sa spirale vicieuse, ou bien alors sur l'illusion, le relativisme qui nous accoutument à l'absence de réelle liberté.
Au vu du nombre de citations faites de ce texte (une quarantaine, soit plus de 3 par pages (encore quelques lecteurs et tout le bouquin se retrouvera dans Babelio)), on se rend bien compte de cet impact sur tous ses lecteurs, de cette authenticité, de ces vérités qui bousculent parce qu'encore une fois, elles impriment le doute et le malaise sur nous, les toujours-vivants.

Mais pour casser cette ambiance de mort, pour ma part, je tiens à affirmer haut et fort qu'il existe quand même une autre voie, la mienne : je joue au Loto tous les samedis, je fais du foot, je suis fan de Mylène Farmer et j'ai un chat et 13 amis sur Babelio. La vie est belle ! Non ?
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L'auteur nous livre ses pensées sur la vie et la mort, sur la valeur d'une vie humaine, de la sienne en particulier, de son talent (l'écriture) par rapport à sa vie.

On sent à la lecture de ce court texte tellement intense, une dizaine de pages seulement, que l'auteur est une personne assez tourmentée, il essaie de voir de l'espoir mais il ressort beaucoup de noirceur de cet écrit. J'ai eu du mal à comprendre certains passages mais l'ensemble est très puissant. A relire, ça ne prend pas beaucoup de temps… Ce texte a été découvert en 1981, Dagerman l'a écrit juste avant son suicide en 1954 à l'âge de 31 ans.
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Ce petit texte est un message violent et sincère sur la volonté de liberté. Dans ma première lecture mon coeur s'est soudain adapté au flux des mots absorbé par mon esprit, comme une mélodie rythmée au gré de l'auteur de ce cri sourd et froid.
Ce gouffre omniprésent sur la fonction de la vie, sur le plaisir, sur le besoin de chacun à déterminer sa place dans le chaos de la vie, cette courte vie associée hélas à la mort, ce qui est inévitable. le suicide semble pour Stig Dagerman la seule preuve de liberté humaine. Ce texte écrit en 1952, aura lors du suicide de l'auteur en 1954, une valeur encore plus importante, comme un texte testament.
Stig Dagerman est un écrivain suédois à la trajectoire étincelante et éclaire, prolifique dans les années 40, devient le porte-drapeau de la nouvelle vague suédoise, soudain arrête d'écrire pour se suicider en 1954. Son oeuvre marquera de son empreinte la littérature Suédoise, un prix à son nom sera octroyé en son honneur chaque année à une personne, ou une organisation ayant l'esprit de compréhension et de liberté comme notre auteur suédois.
Son oeuvre semble marqué par des thèmes récurrents, la liberté de pensée, le suicide, la peur, la compassion, la moralité, la conscience, la réalité humaine…. Ce court texte est la conscience même de notre auteur, un arrêt du temps, un regard stoïque, sobre, sur sa propre vie à la lisière d'un succès littéraire l'emportant dans une réflexion absurde Camusienne, le suicide.
Je reste sous cette première lecture, sans aller au-delà des mots, ceux de certains qui approfondissent la structure, la forme, ceux qui vont dans l'âme même de l'auteur et autopsier la vie de cet homme torturé, atrophié par la réalité de ce monde, cette terre à l'agonie de cette servilité sociétale, une liberté humaine prisonnière de la masse. Ces mots porteront la conscience de notre monde moderne pour être gravé à jamais dans notre mémoire, comme avec les Têtes Raides dans l'un de leur album, Miossec aussi en utilisant cet adage Notre besoin de consolation est impossible à rassasier.
Un texte fort et universel, à lire et relire encore été encore pour en puiser la quintessence la plus profonde d'un homme sur le chemin de sa vie.
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Daté de 1952, ce court texte est le dernier connu de Sting Dagerman, jeune et immense auteur suédois qui s'est donné la mort aux alentours de 30 ans. 20 petites pages d'une grande puissance, oscillant toujours de manière très fine entre désespoir et soif de vivre. Sting Dagerman y livre entre autres sa peur de la mort et l'angoisse que son succès littéraire lui a apporté, le paralysant d'écriture par peur de décevoir son public. le dernier paragraphe parle des risques de “rechutes dans le désespoir” et devient d'autant plus poignant que l'on sait la fin tragique de l'auteur. Puissant.
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Cette méditation nous concerne : l'auteur l'a publiée deux ans avant son suicide et n'en fait pas un adieu. Elle est trop courte pour qu'on puisse décemment en résumer les méandres, les reprises et les renoncements. Mais pour notre consolation, chacun peut la reprendre souvent, y trouver ses repères, arrêter la lecture selon son inquiétude et ses besoins d'espérer. Dagerman développe, dans un jeu personnel d'émotions et d'expériences, l'antique thème stoïcien de la finitude — « l'errance absurde vers une mort certaine » — cette finitude qui pour Bergson est la source de la religion. Il réfute d'emblée la foi, sa consolation n'est pas apportée par un dieu ni par le sens de l'histoire, elle dérive du combat, un combat écartelé. Je me contente de citer :

Combat intérieur : « Le fil du rasoir et bien étroit. Je vois ma vie menacée par deux périls : d'un côté par les bouches avides de la gourmandise, de l'autre par l'amertume de l'avarice qui se nourrit d'elle-même. Mais je tiens à refuser de choisir entre l'orgie et l'ascèse, même si je dois pour cela subir le supplice du gril de mes désirs. Pour moi, il ne suffit pas de savoir que, puisque nous ne sommes pas libres de nos actes, tout est excusable. Ce que je cherche, ce n'est pas une excuse à ma vie mais exactement le contraire d'une excuse : le pardon » (p 12-13). Pourquoi le pardon et de qui ?

Combat avec le temps : « Je peux par exemple marcher sur le rivage et ressentir tout à coup le défi effroyable que l'éternité lance à mon existence dans le mouvement perpétuel de la mer et dans la fuite perpétuelle du vent. Que devient alors le temps, si ce n'est une consolation pour le fait que rien de ce qui est humain ne dure — et quelle misérable consolation ! » (p 13-14).

Combat qui défie la justice : « Je peux m'apercevoir que cette terre est une fosse commune dans laquelle le roi Salomon, Ophélie et Himmler reposent côte à côte. Je peux en conclure que le bourreau et la malheureuse jouissent de la même mort que le sage, et que la mort peut nous faire l'effet d'une consolation pour une vie manquée. Mais quelle atroce consolation pour celui qui voudrait voir dans la vie une consolation pour la mort ! » (p 15).

Combat avec le monde pour la liberté, l'autonomie, l'inviolabilité : « Selon moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. C'est la liberté qui vient de la capacité de posséder son propre élément. le poisson possède le sien, de même que l'oiseau et que l'animal terrestre. Thoreau avait encore la forêt de Walden — mais où est maintenant la forêt où l'être humain puisse prouver qu'il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ? Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l'instant que je le fasse à l'intérieur de ces formes : le monde est donc plus fort que moi. À son pouvoir je n'ai rien à opposer pour moi-même — mais d'un autre côté, c'est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s'exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n'aurai plus que mon silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant » (p 20-21).

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Très belle réflexion et témoignage des tourbillons dans lesquels nos pensées nous plongent parfois. Que sommes nous face à l'immensité ? À l'éternité ? La finitude ? le début est un peu plombant (surtout si on souffre nous même d'angoisse quant à ces questions), mais la deuxième partie apporte une lumière douce, une pause dans le tourbillon.
Un texte très court mais très riche, à relire plusieurs fois pour en tirer le message fort.
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A ne pas lire si vous souffrez de dépression...
Voilà un livre que l'on qualifiera "d'espoir", car malgré son pessimisme, malgré l'angoisse profonde exprimée par l'auteur, la possibilité d'une raison de vivre est encore considérée comme une hypothèse crédible, une "consolation" suffisamment solide pour continuer à vivre. Pour lui, l'illusion aura duré deux ans - il s'est suicidé en 1954.
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Très court essai – ou très courte réflexion – de 4 pages, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier est un bon mix entre apport philosophique et conversation à haute voix sans fioriture, assez dur à ingérer malgré tout car dérangeant.

A vrai dire, je n'en avais jamais entendu parler jusqu'à ce que mon mari me dise que je lui faisais penser à cet essai. de prime abord, vu le titre, ça ne m'a pas tout de suite enchantée, mais il m'a expliqué que c'était plus le type de réflexion qui était derrière que le titre. Bon, comparaison assez particulière malgré tout car l'auteur s'est suicidé peu de temps après, à 31 ans, preuve ultime de sa liberté (mais j'y reviendrai). Donc j'espère quand même que ma réflexion ne m'entrainera pas sur la même destinée.

Cette réflexion commence ainsi : « Je suis dépourvu de foi et ne puis donc être heureux, car un homme qui risque de craindre que sa vie soit une errance absurde vers une mort certaine ne peut être heureux ». le décor est planté d'emblée, car comment ne pas « errer » de façon absurde sur un temps limité, régi par l'échéance suprême – dont nous faisons tous comme si elle n'existait pas – la mort. C'est d'ailleurs la question que je me pose tous les jours, et encore plus aujourd'hui précisément, jour où j'accompagne mon grand-père doucement dans la mort ; corps endormi et âme… je ne sais où. Que se passe-t-il dans sa tête quand je lui parle et l'embrasse, qu'il est encore vivant mais sur l'autoroute de la mort ? Quand on en est à ce stade ultime, qu'est-ce qui se joue de cette expérience de la vie ?

Stig Dagerman pose cette réflexion qui selon moi est affreusement pertinente. La création du temps (en âge, en heure) est une absurdité qui nous fait voir la vie comme une somme d'années passant, s'accumulant, jusqu'aux grands âges où l'on commence à craindre la fin. Or, le temps ne dit rien, au sujet de rien. Qu'est-ce que cela peut faire que les choses soient arrivées un lundi ou jeudi, en 1964 ou en 1976, qu'elles aient duré une seconde ou dix heures ? En quoi cela donne des informations importantes sur la « vie » ? Vivre, pour l'auteur, c'est justement éprouver ces moments où le temps n'a aucune importance : dix minutes d'amour fou peuvent vous tenir en haleine parfois toute une vie ; et justement, la vie n'est que cette succession de temps de « consolations » qui vous marquent au fer rouge : « Il est absurde de dire que l'homme soit fait pour autre chose que pour vivre ». Pas fait pour écrire, pour couper du bois, pour chanter… Non juste fait, là, pour éprouver. Éprouver quoi ? Qu'importe. Ce sont ces sentiments et ressentis qui feront son expérience de la vie. Si on arrivait à ne plus penser en temps qui passe, en somme, en date, en jours, on pourrait s'affranchir de cette obsession de devenir quelqu'un et de « faire quelque chose ». Mais c'est un affranchissement impossible qui nous plonge dans un désespoir sur lequel nous ne pouvons rien, à part chercher des… consolations.

Ces consolations, que nous trouvons ponctuellement et auxquelles nous nous accrochons comme à des bouées, ne sont que des contraires éphémères à ce que nous ressentons. Nous recherchons une consolation de solitude quand on se sent englouti par autrui, une consolation d'amour quand on ne s'aime plus soi-même, une consolation de liberté pour rejeter la servitude, mais tout ça demeure une quête sans fin car… nos consolations sont impossibles à rassasier !

Le monde est plus fort que nous car il a créé ses propres formes qui nous échappent : la course contre le temps et la course à la gloire (sous toutes ses aspects). Nous ne pouvons plus nous affranchir de ce monde pour juste « vivre », nous ne pouvons donc plus être « libre » même si, par bribe furtive, comme le vent dans les cheveux face à la mer, on peut ressentir, un très court instant, le goût de la liberté parce que juste… nous vivons (un moment sans temps et sans gloire).

Finalement, la seule vraie consolation serait, si j'ai bien compris, le suicide : l'acte de liberté sur lequel le monde ne peut pas avoir de prise.

Bref, quatre pages denses et intenses, histoire de bien nous ouvrir les yeux sur notre recherche permanente de consolations diverses et variées.

Jo la Frite
Lien : http://coincescheznous.unblo..
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A lire et relire, pour en saisir la puissance, ou du moins , en partie, tant ce texte révèle richesse, tristesse et désespoir.
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