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EAN : 9782221101674
234 pages
Robert Laffont (05/02/2004)
4.18/5   17 notes
Résumé :

" Et à l'ombre d'un de ces arbres, je commençai, sous la surveillance de mes deux tuteurs comme deux anges. à emplir de petits cailloux les premières lettres tracées au sol par le maître. Lettres qui, dans le même mouvement, par cette même tracée, me liaient à la terre, à l'arbre, à son ombre et au vacarme, aux engins, à la source du vacarme qui les avait précédées. Lettres qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Dans des montagnes perdues du Kurdistan, avant l'arrivée de l'électricité, un enfant, la nuit, les anciens, les terreurs. Irracontable, parce que c'est avant tout un poème (en prose). Fragile et fort, magnifique, troublant. le plus beau récit d'enfance que je connaisse.
A découvrir.
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J'ai follement aimé ce roman où rien d'autre ne se passe que la vie ordinaire d'un minuscule village de la campagne kurde, et où tout prend soudain une dimension cosmique, appelée par la naïveté de l'enfance et les légendes des vieux. A la source, la nuit m'a ouvert les portes d'un lieu magique, en retrait du monde et aux origines de ce monde-là, sans actes de bravoure, sans haine, sans psychologie, sans intrigue, sans honte – rien que la beauté du texte, moment de grâce, instant de répit
Lien : https://horizondesmots.wordp..
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L'unique roman de l'auteur. Si toutefois on peut appeler ce texte roman. Que ce ceux qui recherchent un récit, des péripéties, une trame, un début et une fin passent leur chemin. L'auteur évoque dans ce livre ses souvenirs d'enfance dans un village kurde perdu, sans électricité, donc sans radio, télé, téléphone…Tout se passe comme il y a des siècles, il faut vivre, tirer sa substance d'une terre pas toujours généreuse, supporter l'hiver et ses rigueurs, la nature et ses dangers, loups, serpents et les sortilèges inexpliqués. Et pour aider à apprivoiser le monde, il y a le savoir que les grands transmettent aux petits, qui donne sens, qui met en garde, et qui en même temps enchante le monde, familier et pourtant mystérieux et magique. Donc l'auteur évoque la terre, le soleil, les sources, les bois, les tortues…..Quotidiens et pourtant impossibles à saisir et à épuiser. le monde se pare des beautés de l'imaginaire, de la richesse de l'invention. Et de leurs peurs aussi par moments.

Quelques habitants du village sont aussi présent, mais peu ont un nom, encore moins un visage. Ils sont juste là pour illustrer, pour servir d'exemple, pour expliquer comment les forces en jeu interviennent dans le cours de la vie des hommes.

Un monde merveilleux et par moments effrayant se dessine, que l'auteur décrit à la façon d'un poète, dans une langue somptueuse. La magie de l'enfance, cet émerveillement et imaginaire qui disparaît avec elle et que tout le reste de la vie on voudrait retrouver, et que parfois, par la grâce d'un grand talent, on arrive à exprimer avec les mots. Sans idéaliser, parce que le monde décrit est un monde difficile, mais rempli de beautés qu'il faut savoir voir.

Une oeuvre dont il est difficile de parler, tant elle est originale et personnelle.
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C'est comme les contes devant le feu, bien à l'abri (l'auteur nous parle de traditions orales) mais c'est aussi de la poésie.


Vous êtes bien installés ? C'est dans un petit village kurde, près des montagnes, au milieu des vignes et d'arbres fruitiers. Dehors, c'est la nuit...

Des bêtes rôdent dans l'obscurité. Un enfant nous parle... de ses peurs, de ses découvertes, de ses Rêves.
Et c'est beau! Écoutez le...
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Ce livre est évocation poétique profondément amoureuse d'une enfance dans un village kurde. C'est aussi une célébration passionée des langues, du français et du kurde surtout.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
C’est parce qu’il y avait la continuité des gouttes que les premières gouttes ne se perdaient pas, devenaient sources, ruisseaux, fleuves et poursuivaient leur traversée pour rejoindre le lieu de rendez vous de toute eau. Il en allait de même pour la goutte qu’était un homme. Seul, il serait désorienté, perdu et sècherait sur place, succombant aux faiblesses de sa nature. Ce n’est qu’au prix de ses retrouvailles avec ses semblables que sa vie pouvait continuer dans des maisons, des villages, des villes, et qu’il pouvait accomplir sa traversée.

Et à l'ombre d'un de ces arbres, je commençai, sous la surveillance de mes deux tuteurs comme deux anges à emplir de petits cailloux les premières lettres tracées au sol par le maître. Lettres qui, dans le même mouvement, par cette même tracée, me liaient à la terre, à l'arbre, à son ombre et au vacarme, aux engins, à la source du vacarme qui les avait précédées. Lettres que je ne finis pas de visiter, de l'ombre de ces arbres aux artères qui peuplent mon présent, bouche pleine de cailloux, doigts mêlés à la poussière. Traces que je remplis de lettres avec le loup, la lune, la chèvre, sous des cieux changeants, en passant d'une langue à l'autre, d'un alphabet à l'autre, comme on changerait de monture en cours de route, pour remonter la nuit, à la source.
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J’étais petit. Mon village était petit, je le sus après. Mais quand j’étais petit, il était grand pour moi, grand à me faire peur quand je devais me déplacer d’un bout à l’autre.
C’était comme si je devais traverser sept pays et trois continents, autant de mers et autant de montagnes. Comme si je faisais le tour des cieux en hauteur et le tour des terres en profondeur. À chaque cent mètres, je changeais de territoire, je changeais de peau.
Tour à tour, j’étais le voisin, le cousin, l’étranger. J’étais l’enfant de l’ennemi, l’enfant des proscrits, un enfant égaré, perdu ou presque, qu’on essayait de mettre sur le chemin du retour ou de l’accompagner jusqu’à ses parents quand la bonté poussait un peu plus loin. La démarche, la parole, les cris ou les pleurs changeaient selon que je sois l’un ou l’autre, que j’aille dans une direction ou l’autre. Les débordements, les cris de joie et de jeux cédaient progressivement la place aux coups d’œil apeurés, aux renfermements, aux angoisses et inquiétudes quand le trajet de notre maison était de notre maison vers le village et le sens des émotions se renversait quand le trajet était dans le sens inverse, du dehors vers chez nous.
Bien sûr, il y avait la maison d’un tel oncle par-ci, la maison d’une telle tante par-là, sortes d’oasis sur le passage qui, d’un sourire, nous éclaircissaient le visage, nous donnaient une assurance pendant quelques pas. Mais cela passait vite et le trajet se prolongeait vers d’autres territoires jusqu’à nous emmener au paradis promis qu’était la maison de la grand-mère, la mère de ma mère, à l’autre bout du village.
L’ami, l’ennemi, l’étranger, le domestiqué et le sauvage, le champ et la forêt, la vallée et la montagne s’étalaient ainsi sur une longueur de quatre et une largeur de deux kilomètres que je parcourais dans tous les sens avec de plus en plus d’aisance au fur et à mesure que grandissait la distance que je pouvais couvrir en une seule enjambée.
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Après quelques jours, on retrouvait parfois la carapace vide et les regrets d’avoir ainsi massacré une pauvre bête, d’avoir interrompu le cours d’une vie qui coulait paisiblement à côté de nous et qui portait une partie de la nôtre dans le courant de la sienne.
Mais on oubliait combien chaque vie était précieuse quand on se mettait à lapider une tortue, ses pas ayant croisé les nôtres, même si après coup, cela nous chagrinait, parce qu’une carapace vide c’était un peu comme une tombe qui s’ouvrait devant nos regards. Une vie qu’on avait renversée, une tombe qu’on avait provoquée et ne savait comment remplir. Elle se tenait devant nous et nous dévisageait avec son vide.
Ne sachant quoi en faire, on réduisait la carapace en miettes avec quelques cailloux de plus et achevait ainsi en deux temps l’exécution de la tortue. D’autres fois, quand la blessure n’était pas très grave, elles arrivaient à se retirer dans un abri pour s’y laisser réparer. Quelque temps ou quelques années après, quand on croisait une tortue avec une carapace cicatrisée, on ne savait jamais si c’était celle qu’on avait martyrisée ou une autre qui se serait fait marquer ainsi par nos grands frères ou nos pères.
Les tortues vivent longtemps nous disait-on, et elles avaient la mémoire longue, une mémoire qu’elles gardaient hors de notre portée, hors de la portée de nos cailloux et des blessures qu’on pouvait provoquer. Elles savaient laisser passer les blessures pour continuer, de leurs pas mesurés, vers le sol qui allait accueillir tout retour.
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Nos maisons étaient à l’image des sources que nous avions aux alentours du village et qui avaient chacune sa réputation, chacune sa particularité. L’une était réputée bonne pour le thé parce que sans trop de calcaire, une autre pour être plus agréable à boire, une autre passait pour avoir une eau épaisse.
De celle-là même qui avait une eau épaisse et n’était séparée du cimetière que par une pente et un champ anciennement vignoble, l’on disait être plus particulièrement fréquentée par les djinns, ces bons génies et démons qui peuplaient la contrée avec nous.
Chaque source d’eau a ses heures, ses passages avec les djinns, nous disait-on, peut être pour diluer nos peurs avec un savoir ancestral et qu’on ait pas à les transporter comme des cailloux dans le ventre, pour les éparpiller sur la multitude des sources et alléger ainsi notre charge. Ou peut être pour nous faire retrouver nos peurs où qu’on aille, avec une malignité tout aussi ancestrale ; qu’on ne se déplace jamais sans elles, qu’on en ait, un peu dans la besace, un peu dans le ventre, un peu dans les jambes, un peu dans la tête. Afin de n’avoir aucune échappatoire à nos peurs.
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Tour à tour, j’étais le voisin, le cousin, l’étranger. J’étais l’enfant de l’ennemi, l’enfant des proscrits, un enfant égaré, perdu ou presque qu’on essayait de mettre sur le chemin du retour ou d’accompagner jusqu’à ses parents quand la bonté poussait un peu plus loin. La démarche, la parole, les cris ou les pleurs changeaient selon que je sois l’un ou l’autre. Les débordements, les cris de joie et de jeux cédaient progressivement la place aux coups d’œil apeurés, aux renfermements, aux angoisses et inquiétudes quand le trajet était de notre maison vers le village et le sens des émotions se renversait quand le trajet était dans le sens inverse, de l’extérieur vers notre demeure.
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