AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070333615
143 pages
Gallimard (23/09/1986)
4/5   18 notes
Résumé :
Le jeune Ernie, à qui son père vient d'offrir une carabine, décide de partir chasser avec son ami Raymond. En cours de route, non loin d'une voie ferrée, ils rencontrent Peter Watson, le premier de la classe, leur ennemi juré, qu'ils obligent à aller ramasser les oiseaux qu'ils abattent, dont un magnifique cygne... Henry Sugar, un riche oisif, découvre par hasard l'histoire d'Imhrat Kahn, , un Hindou qui pouvait voir sans l'aide de ses yeux. Il découvre aussi le sec... >Voir plus
Que lire après Le cygneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Incontournable Avril 2022


Il ne s'agit pas ici d'un nouveau roman, mais d'une réédition d'un roman paru en 1986, "Le Cygne". C'est en outre une des premières publications sous forme romanesque pour la maison d'édition québecoise D'eux, qui semble avoir décidé de remettre sur les rayons de librairies jeunesse cette nouvelle d'un auteur incontournable de la littérature jeunesse anglaise qu'est Roald Dahl.


Ernie reçoit pour ses quinze ans une carabine 22 Long Rifle avec la consigne d'aller la tester sur les lapins et oiseaux du coin par son père. Mais avec son copain Raymond, une canaille du même acabit, ce n'est pas à un simple carnage qu'il va s'adonner. Sur leur route, ils trouvent Peter Watson, un frêle adolescent de treize ans passionnée de nature et premier de sa classe. Pour ce garçon qui aime les oiseaux, c'est le début d'un calvaire qui ne fait pourtant pas plier sa force morale.


Je dois admettre qu'au delà du choc que provoque cette lecture qui met en scène une violence d'une cruauté rarement aussi limpide dans la littérature jeunesse, je me suis questionné sur son sens profond. Heureusement, un lecteur qui a de bons mots m'aura inspiré.


Il est probable que votre code moral vous fera condamner ces deux jeunes brutes assez rapidement. Moi même je dois dire que ne pouvais qu'espérer une punition exemplaire pour ces adolescents capablent d'une telle inhumanité. Et pourtant, ce serait trop simple. Après tout, dans une certaine mesure, nous ne sommes pas que tempérament et personnalité, nous sommes aussi un "produit". Que ce soit au gré de notre éducation, des codes sociaux établit par la société dans laquelle nous évoluons, les valeurs multiples qui se véhiculent dans l'une comme dans les autres, nous sommes aussi conditionnés d'un point de vue comportemental. Ainsi, ces deux personnages odieux sont donc, dans une certaine mesure, le navrant résultat de ces quelques éléments.


D'abord, on le voit au début de la nouvelle, Ernie se fait offrir une carabine par son père. En quelques phrases à peine, Dahl nous esquisse un camionneur pas très éduqué, qui semble adepte de la punition physique, qui a peu de considération pour l'avis de sa femme et qui met la violence au compte des acquis à avoir en tant qu'homme. Un charmant personnage, en somme [ Notez le sarcasme]. Que penser alors du volet éducation de ce jeune? Que pensez de l'affection et de la considération qu'il reçoit? Comment un enfant peut-il avoir de la considération pour autrui, pour les Lois et le Vivre Ensemble si à la base son propre milieu familial n'y attache pas d'importance? Peut-on s'étonner d'un jeune qui va aller tirer sur des animaux si c'est là la consigne même du parent?


Bon, évidemment, vous diriez-vous, ça n'explique pas tout. Mais les "bullies", parce que c'est exactement ce qu'ils sont, des intimidateurs, sont souvent des enfants mal aimés et mal encadrés. Et ce sera pire si la société ne condamne pas ce genre d'éducation. Mais une autre inspiration me vient en ce que nous appelons actuellement "la masculinité toxique", soit le construit social désuet qui repose sur le principe que l'Homme a besoin d'affirmer plusieurs aspect de sa personnalité, comme la virilité, le dominance et l'oblitération de ses émotions ( sauf la colère) pour mériter le qualificatif de "Vrai Homme". Un concept erroné et très dommageable à tout point de vue. Ça vous parle? Moi ce que je vois, ce sont deux infâmes produits fini impeccablement vernis de masculinité toxique. Cette propension à employer la violence physique et les insultes, cette façon de martyriser plus faible que soit, cette condescendance malsaine, ce sentiment de toute puissance qui vient avec le port d'armes... Sérieusement, on se croirait dans les états sudistes américains!


Par ailleurs, il y a plusieurs contrastes à observer dans ce roman. D'abord l'opposition de la violence la plus brute avec une nature magnifique. Ensuite, la bêtise confrontée à l'intelligence ( ou même le "bestial" contre la "Raison") qui semble éternellement rivale dans l'humanité. On le retrouve plusieurs fois dans le roman cette idée que les deux délinquants ne peuvent pas souffrir l'intellectualité du personnage. Enfin, la force de caractère contre l'oppression. Cette dernière se voit vers la fin, quand devant autant de violence gratuite et de manque total de respect pour le Vivant, le jeune garçon s'enflamme et les invective. C'est également le symbole de son "envol", où dans sa grandeur d'âme, il devient l'espace d,un moment, plus qu'un humain: un homme-oiseau. Ça m'a fait penser à tous ces gens travers les époques, qui sont restés "droits et d'une force morale invisible"(P.63) devant la dictature, la violence, la haine et l'intolérance. Quand on dit que la laideur côtoie de près la beauté, on en a un bel exemple ici.


Au final, ce qui arrive à Peter tiens peut-être de la magie, mais auquel cas ce serait sans doute sa droiture et sa capacité à refuser d'adhérer à cette violence qu'elle opère. Taxez moi de quétaine si vous voulez, mais je lui ai trouvé un air angélique à ce moment là. Et puis, il a fini par leur échapper à ces voyous.


En outre, on ne peut pas passer à côté du sujet de la violence à l'endroit des animaux. Beaucoup d'homme, une fois armés, ont perdu de vue leur place au sein de la Nature et se sont placés au dessus de toutes les espèces en gros moron Alpha suprêmement orgueilleux. On peut penser à ses petits garçon qui faisait exploser des grenouilles avec des cigarettes, à ceux qui attachait des canettes aux queues des chiens et à ceux qui fusillait pour le simple plaisir de le faire. C'est ce qui fait l'une des plus grandes laideur de l'humanité, celle de prendre plaisir à faire souffrir.


Les illustrations sont magnifiques et saisissantes. Ce sont des aquarelles dont on peut percevoir et même voir le coup de crayon au plomb. Certaines sont choquantes, pour rejoindre le texte qui l'est tout au temps. le choix de police est intéressant, il rappelle celle des dactylographes. Un bon choix considérant l'époque où se déroule l'histoire. Même le grain de la couverture rugueux rappelle un carnet plus qu'un livre. La tranche est jaune citron, qui avec la couverture noir et blanche constitue le trio de couleurs phares de la maison D'eux.


"Un outil d'éveil de conscience", voilà le genre de livre qu'on a ici. Si la violence dépeinte ici semble appartenir à une autre époque, il n'en est rien. Elle a changé de forme , certes, vous ne verrai plus de mineurs armés déambuler dans les campagnes anglaises, mais dans certains états américains, oui. Par contre, des enfants et adolescents qui traduisent leur carence affective et leur manque d'éducation par la violence, il y en aura toujours. Des intimidateurs aussi. C'est pourquoi j'estime que ce genre de roman peut-être un bon moyen de traiter de l'enjeu auprès des jeunes. Comment percevront-ils cette escalade de violence? Comment imaginer que certains jeunes arrivent à de tels comportements déviants et si peu de moralité? Pourquoi les intellectuels font-ils des cibles récurrentes? Quelle considération pour la nature? Est-ce possible de survivre aux meurtrissures sans abandonner ses valeurs les plus importantes pour soi? Il faut une grande force intérieur pour ne pas plier devant la facilité et la fatalité, mais qu'est-ce que ça implique, au fond? C'est le genre de roman qui peut donner lieu à des débats et des discutions, assurément.


Je salue l'audace de l'auteur d'articuler une oeuvre aussi incisive pour la jeunesse, sans censure, sans gants blancs. Je salue aussi l'illustrateur, monsieur Jean Claverie, pour son travail aussi beau que touchant.


Pour un lectorat du premier cycle secondaire, 13 ans+
Commenter  J’apprécie          43
Deux nouvelles extraites d'un recueil paru en 1977 en Grande-Bretagne et davantage destinées à un public un peu plus âgé que le lectorat habituel de Roald Dahl. On retrouve la verve, l'ironie de l'auteur de « Sacrées Sorcières » ou de « La Potion de George Bouillon » dans les deux histoires ici traduites et rassemblées, mais le ton est malgré tout plus âpre et plus moqueur. Roald mêle avec facilité réalisme et fantastique dans ces deux histoires qui se lisent d'une traite. « le Cygne » relate de façon cinglante les conséquences dramatiques d'un cas de harcèlement. L'auteur pointe du doigt les conséquences d'une éducation sans conscience, dans un milieu violent. Deux collégiens armés d'une carabine vont prendre pour victime l'un de leur camarade de classe, plutôt doux et bon élève. le ton est mordant, dur, sans concession. « Henry Sugar », sous des airs de conte moral, nous montre la difficulté puis le danger de devenir désintéressé et généreux dans la société humaine actuelle.
Roald Dahl croque ses personnages à grands traits, avec efficacité ; il est au sommet de son art de conteur et la lecture de ces deux nouvelles nous tient en haleine car il sait alterner humour, mystère et suspens. Les chutes sont surprenantes !
Une lecture agréable à réserver aux grands collégiens et leurs aînés, y compris les adultes !
Commenter  J’apprécie          20
Plus de questions que de réponses. Voici ce qui m'est venu en tête à la fin de ma lecture de cette très courte plaquette, premier titre pour les adolescents édité par la maison d'éditions D'eux, reconnue pour ses albums de qualité, qui permet aux lecteur.trice.s d'aujourd'hui de rencontrer une grande voix, celle de Roald Dahl, mais qui vise aussi, il faut le savoir, un public plus âgé que celui qui s'intéresse à Mathilda ou à Sacrés Sorcières.
Lien : http://sophielit.ca/critique..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Certains êtres, lorsqu'on leur fait subir trop d'épreuves, qu'on les oblige à dépasser les limites de leur résistance s’effondrent et abandonnent. Il est d'autres au contraire, quoique peu nombreux, qui, pour on ne sait quelles raisons, ne se laissent jamais vaincre. On en rencontre en temps de guerre, mais aussi en temps de paix. Ils ont une force morale invincible, et rien, ni la douleur, ni la torture, ni la menace de mourir, ne peut les briser.
Commenter  J’apprécie          20
- Ce que vous avez fait est répugnant! s'écria-t-il. C'est un acte de vandalisme stupide et absurde! Vous êtes deux idiots ignorants! C,est vous qui auriez dû mourir à la place du cygne! Vous ne méritez pas d'être vivants!
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Roald Dahl (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roald Dahl
Le revoici, toujours aussi fantasque et pittoresque : Willy Wonka, le magicien des confiseurs, l'excentrique maestro du cacao, inventé par l'écrivain anglais Roald Dahl dans son livre le plus célèbre, “Charlie et la chocolaterie.”
Après la délirante adaptation au cinéma de Tim Burton en 2005 (avec Johnny Depp), on n'attendait pas forcément grand-chose de cette nouvelle version, dans laquelle Timothée Chalamet reprend le rôle, gracieusement dégingandé dans sa redingote de velours couleur prune…
Savoureuse surprise : comédie musicale euphorisante (par la grâce, entre autres de l'excellent Neil Hannon, de Divine Comedy), conte chatoyant, drôle et fastueux dans les spectaculaires décors d'une Angleterre rêvée, ce récit des débuts de notre chocolatier préféré se révèle être la parfaite gourmandise de Noël.
Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤23Roald Dahl16¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ! Instagram : https://www.instagram.com/telerama TikTok : https://www.tiktok.com/@teleramafr Twitter : https://twitter.com/Telerama Facebook : https://www.facebook.com/Telerama
+ Lire la suite
autres livres classés : masculinité toxiqueVoir plus
Les plus populaires : Jeunesse Voir plus


Lecteurs (32) Voir plus



Quiz Voir plus

Roald Dahl n'a pas écrit que des livres jeunesse

Quel métier exerce Roald Dahl avant de se lancer dans l'écriture ?

Pilote de chasse
Pharmacien
Chocolatier

8 questions
228 lecteurs ont répondu
Thème : Roald DahlCréer un quiz sur ce livre

{* *}