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Maurice Rambaud (Traducteur)
EAN : 9782070423156
95 pages
Gallimard (30/04/2002)
3.91/5   92 notes
Résumé :
Connaissez-vous Oswald Hendryks Cornelius? Ce grand voyageur, amateur d'araignées et d'Opéra italien, collectionneur de cannes, souffrant d'une phobie des microbes, et surtout séducteur invétéré ?

Voici quelques pages du journal de cet étonnant personnage: lors d'un voyage en Égypte, à la suite de nombreuses péripéties, Oswald est invité à séjourner dans un somptueux château au beau milieu du désert du Sinaï. Et qui dit château dit princesse à séduir... >Voir plus
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The Visitor
Traduit par Maurice Rambaud sous le titre de "l'invité" dans "La Grande Entourloupe" - Folio
ISBN Folio :9782070375202

Première parution dans "Playboy" en mai 1965, repris dans le recueil anglais "Switch Bitch"

Qui ne connaît le fameux Oncle Oswald créé par l'imagination très fertile de l'écrivain et scénariste (qui fut aussi diplomate et agent des services secrets britanniques) Roald Dahl ? Oncle Oswald n'a, l'auteur l'avoue lui-même, qu'un seul défaut : il est incapable de concevoir la relation avec une femme au-delà de plus de trente heures. Ce qui est peu, me direz-vous. Avec ce genre de manie, pas question de mariage mais, avantage sérieux, aucun divorce non plus à l'horizon. Ne vous méprenez pas cependant : l'Oncle Oswald adore les femmes et l'idée d'avoir un rapport avec tout être de son propre sexe le plongerait dans une horreur sans nom.

Ce qui fait que, tout au long de sa vie, qui se termine, cette nouvelle nous l'annonce, en point d'interrogation - est-il mort ? a-t-il disparu dans quelque hermitage pour faire pénitence ? - Oncle Oswald aura couru filles et femmes pourvu qu'elles fussent à son goût. le désir de séduire était plus fort que lui. le désir sexuel entrait en jeu bien sûr mais enfin, disons que lui non plus ne survivait pas aux fatales trente heures. Comme vous le voyez, Oncle Oswald était vraiment un excentrique très distingué, très cultivé, maniant volontiers la plume au point de rédiger un journal de vingt-trois volumes (300 pages manuscrites par volume), grand amateur d'arachnides, de scorpions, amoureux de la beauté et du raffinement en général et donc, nous l'avons déjà indiqué, obsédé sensualo-sexuel qui aurait intrigué Sade lui-même.

"The Visitor", "l'invité" en français, débute par l'arrivée de l'énorme colis contenant lesdits vingt-trois volumes au domicile de notre narrateur, avec une lettre signée d'Oswald Hendryks Cornelius indiquant sa volonté de les léguer à ce neveu dont il n'a gardé que de bons souvenirs. C'est en feuilletant cette manne inattendue que notre héros tombe sur une étrange histoire - la dernière car le journal s'achève aussi abruptement que la présence apparente d'Oncle Oswald en notre monde, en 1939. Depuis cette date, plus personne n'a eu de ses nouvelles et la lettre est antidatée.

Suite à divers avatars que, compte tenu de l'étrange manie des "trente heures" qui afflige l'Oncle Oswald, on répugne à qualifier de romanesques, Oswald se retrouve fuyant l'Egypte et contraint, par un oubli stupide - surtout dans un tel pays - à faire halte au beau milieu du désert faute d'avoir vérifié sa jauge d'essence. Comme une espèce de petite station-service, tenue par un Arabe des plus négligés, se trouve non loin de là, le problème serait vite réglé si, par malheur, la courroie du ventilateur (ou du moteur ? ), enfin une courroie quelconque n'était venue à se rompre. D'où nécessité pour le malheureux Oswald d'attendre au lendemain pour que le Caire livre la nouvelle courroie et qu'il puisse repartir en trombe.

Fort courtoisement, le tenancier de la station-service, qui fait aussi auberge (halal, probablement ), lui propose un abri pour la nuit. Et Oswald voit avec horreur les plus épouvantables soupçons se lever à l'horizon de son imagination - au moins aussi vive que celle de son créateur, c'est tout dire - des soupçons que, pour nos lecteurs occidentaux, nous qualifierons de style "Auberge rouge", etc, etc ... le tenancier de la station-service, si repoussant qu'il soit, n'est pas idiot et s'en amuse fort - le lecteur est d'ailleurs très vite persuadé que l'homme n'aurait pas touché à un seul cheveu du malheureux Oswald.

De toutes façons, dans la gloire étincelante d'une Rolls de prix, survient alors M. Aziz, un Libanais très riche d'origine syrienne, qui s'est aménagé une fort belle résidence dans le coin et qui, parlant fort bien anglais, invite alors Oswald à le suivre chez lui où, disons les choses comme elles sont, ce dilettante d'Oncle Oswald se sent tout de suite chez lui. D'autant que M. Aziz est marié à une très belle femme (non voilée, les Frères musulmans ne sont pas encore passés par là) et possède une fille tout aussi belle et qui se trouve en âge de se marier. D'origine syrienne soit mais Libanais avant tout, M. Aziz n'est pas un chaud adepte du voile. D'un autre côté, on le comprend aussi, il ne veut pas que sa fille se fasse draguer par n'importe quel abruti - et nous avons appris depuis lors ce que M. Aziz savait depuis toujours, c'est que le mâle musulman, quand il voit une femme, ne pense qu'à une seule chose. (Certains angélistes m'objecteront : "Les autres mâles aussi, Madame et vous êtes islamophobe !" Ce à quoi je répondrai gentiment : "Les autres mâles aussi, soit, mais en général, ils se retiennent et ne passent pas à l'acte. S'ils le font jusqu'à en prendre l'habitude, ils deviennent des violeurs en série et ça se termine assez mal pour eux." J'utilise toujours le présent parce que, en dépit de la parenthèse au passé que nous traversons actuellement en Europe, le présent, croyez-moi, reviendra ... )

C'est donc pour protéger plus ou moins sa fille, laquelle a fini ses études, que M. Aziz vit désormais en plein désert mais dans un confort parfait. Oncle Oswald, que ravit la beauté des deux femmes, hoche la tête et acquiesce. Evidemment, son démon familier lui souffle déjà à l'oreille les meilleures techniques pour séduire soit l'une, soit l'autre tandis que le brave M. Aziz dormira du sommeil du juste. Et, oh ! merveille, à peine a-t-il le temps de s'étendre dans la chambre qu'on lui a préparée que la porte de celle-ci s'ouvre et que débarque une femme, mais une femme ... Très belle, c'est sûr mais Oswald ne saura jamais à qui, de la mère ou de la fille, il a fait un suçon, tout d'abord parce que celle qui le rejoint n'allume pas la lumière, ensuite parce que, le lendemain, au petit-déjeuner, les deux femmes arborent un foulard autour du cou ...

Et notre Oswald de reprendre, un peu déçu tout de même, le chemin de la station-service, dans la Rolls toujours aussi rutilante de M. Aziz. Pourtant, il est heureux, notre Oswald : la nuit fut bonne et ne dépassa pas trente heures. Que demander de plus ? ...

M. Aziz va le lui expliquer, en toute innocence (?), dans l'une des "chutes" les plus noires que l'humour de Dahl ait jamais utilisée, une chute qui apporte certaines réponses (sur la disparition d'Oncle Oswald par exemple) mais laisse dans l'ombre tout un tas de questions : le rôle du propriétaire de la station-service dans tout cela et si, en quelque sorte, Oncle Oswald ne fut pas la victime d'un pacte (financier) conclu entre le pauvre Arabe du désert et le riche Libanais à la Rolls.

Ecriture riche, puissante, qui s'attarde aux détails des diverses obsessions de l'Oncle Oswald pour nous le rendre à la fois sympathique et antipathique, écriture donc parfaitement maîtrisée et d'une malice quasi satanique, qui laisse le lecteur déchiré entre la compassion et la tentation de se dire : "Bien fait pour cet Oswald, après tout !" L'une des meilleures nouvelles de Roald Dahl. Vous ne regretterez pas de l'avoir lue, croyez-moi. Attention ! Si vous n'aimez pas l'humour noir, abstenez-vous et n'oubliez pas que Dahl en reste l'un des maîtres incontestés - et parfois terrifiants. Ce n'est pas pour rien que le grand Alfred Hitchcock l'a adapté à l'écran ... ;o)
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Quand on reçoit de son oncle Oswald une pleine malle de livres, son journal, comment ne pas s'y plonger. Parmi les aventures d'Oswald, nous découvrons celle où il tombe en panne de voiture dans le désert de Sinaï.
J'ai lu ce livre (une nouvelle de la collection Folio 2€, extraite du recueil "La grande entourloupe") il y a plusieurs années et je l'ai relu hier soir dans le cadre du Challenge SOLIDAIRE 2021 et j'ai pris autant de plaisir qu'à la première lecture. Un petit bijou !
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Petit plaisir extraordinairement jouissif. En moins de cent pages. Voilà pourquoi j'aime les nouvelles : on n'enlève rien au charme, on enlève rien à l'émotion. du concentré d'écrit.
Lisez celle-ci où Roald Dahl s'adresse cette fois à un public adulte. Elle est cynique, incisive et drôle. Un grand moment de lecture.
Nouvelle extraite du recueil La grande entourloupe

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Le narrateur reçoit un étrange héritage de son lointain oncle Oswald. Il s'agit d'une malle remplie de ses carnets intimes, qui, toujours d'après le narrateur, feraient passer Casanova pour un enfant de choeur. La lecture en est tellement plaisante, qu'il souhaite en faire publier un extrait. Mais comment faire pour ne choquer personne, et surtout, qu'aucun cocu ne s'y reconnaisse ? Ce seront donc les dernières pages du journal qui seront proposées.
Le récit devient alors celui d'Oswald Cornelius, séducteur en diable, qui, pour échapper à la poursuite d'un mari offensé, prend la fuite en plein désert entre l'Egypte et Jérusalem. le brave oncle, tout séducteur soit-il, n'en est pas moins hypocondriaque. Evidemment, il doit faire le plein d'essence. Evidemment, sa voiture tombe en panne. Ou bien serait-il lui, tombé dans un piège ?
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Une petite lecture d'un soir, courte mais qui tient en haleine, pour qui veut découvrir Roald Dahl version littérature pour adultes.
L'ecriture, énergique et mordante, de l'auteur est bien là, son humour caustique aussi. le petit détail grivois en plus. Une belle promesse donc, qui mets le lecteur dans l'ambiance... Et là, c'est le drame ! car la chute est tellement, tellement déçevante. On ne s'y attend pas, c'est sûr. On ne s'attend surtout pas à autant de facilité et de mauvais goût !
Dommage.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Trois chambres séparées. Toutes trois proches les unes des autres. Virtuellement imprenable. Je fourrai le renseignement dans un coin de ma mémoire et descendis à la piscine. Mon hôte et mon hôtesse m'avaient précédé.

- "Voici ma fille, Diana," dit mon hôte.

La jeune fille au maillot blanc se leva et je lui baisai la main.

- "Bonjour, Monsieur Cornelius," fit-elle.

Elle utilisait le même lourd parfum animal que sa mère - ambre gris, musc et castor ! Ah, cette odeur - lubrique, effrontée et merveilleuse ! Je la reniflai comme un chien. La fille, me dis-je, est encore plus belle que la mère, à supposer que ce soit possible. Elle avait les mêmes grands yeux veloutés, les mêmes cheveux noirs, et la même coupe de visage ; mais ses jambes étaient indiscutablement plus longues et son corps avait quelque chose qui lui donnait un léger avantage sur celui de son aînée : il était plus sinueux, plus serpentin, et devait, je l'aurais parié, pouvoir être infiniment plus souple. Mais l'aînée, qui devait avoir trente-sept ans et n'en paraissait pas plus de vingt-cinq, avait dans le regard un feu auquel sa fille ne pouvait prétendre.

Am, stram, gram - il n'y a pas si longtemps, le Prince Oswald avait fait le serment de ne séduire que la seule Reine, au diable la Princesse. Mais depuis qu'il avait vu la Princesse en chair et en os, il n'aurait su dire laquelle des deux il préférait. Chacune à sa façon, toutes deux semblaient une promesse vivante d'innombrables délices, l'une innocente et empressée, l'autre experte et vorace. La vérité est qu'il aurait aimé les avoir toutes les deux - la Princesse en guise de hors-d'œuvre, et la Reine comme plat de résistance. ... [...]
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Je lui pris la main et la portai à mes lèvres. « C’est très aimable à vous, vous me voyez confus, madame », murmurai-je. Je humais, sur cette main, qu’elle m’offrait, un parfum diabolique. Presque exclusivement animal. Les sécrétions subtiles, excitantes, du cachalot, du chevrotain, du castor, je les reconnus toutes, indiciblement acres et érotiques ; elles dominaient le mélange que seuls quelques faibles effluves de fraîches essences végétales — citron, myrte, romarin — parvenaient à percer. C’était somptueux ! Une chose encore, qui me frappa dans l’éclair de ce premier instant : lorsque je lui pris la main, elle ne se contenta pas, comme le font d’ordinaire les femmes, de l’abandonner mollement sur ma paume comme une tranche de poisson cru. Bien au contraire, elle glissa son pouce sous ma main, tandis que ses doigts restaient sur le dessus ; et elle en profita — je le jure — pour exercer une pression discrète mais éloquente sur ma main au moment où je gratifiai la sienne du baiser rituel.
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[...] ... - "Tu veux de l'essence ?" fit-il, railleur.

Je faillis le gratifier d'une injure mais me retins à temps et, poliment, répondis : - "Oui, s'il te plaît, je te serais très reconnaissant."

Il me dévisagea sournoisement un instant pour s'assurer que je ne me moquais pas de lui, puis il hocha la tête, comme satisfait maintenant de mon attitude. Il pivota et se mit lentement en mouvement vers l'arrière de la voiture. Je plongeai la main dans mon vide-poche de portière pour prendre ma bouteille de Glenmorangie. Je m'en versai un gobelet bien tassé et attendis en le sirotant. L'homme avait poussé son visage à moins d'un mètre de moi ; son haleine fétide avait envahi la voiture ... qui sait combien de milliards de virus s'y étaient engouffrés en même temps ? Dans ce genre de situation c'est une bénédiction de pouvoir se désinfecter la bouche et la gorge avec une goutte de whisky de Highlands. Le whisky est en outre un réconfort. Je vidai mon gobelet, et m'en versai un autre. Je ne tardai pas à me sentir moins inquiet. Mon regard tomba sur la pastèque posée sur le siège voisin. Je me dis que c'était le moment de me rafraîchir en m'en octroyant une tranche. Je sortis mon couteau de son étui et en coupai un gros morceau. Puis, de la pointe du couteau, j'enlevai avec soin tous les pépins noirs, me servant du reste du fruit comme récipient.

J'attendis en buvant mon whisky et en mangeant ma pastèque. Tous deux étaient délicieux.

- "L'essence, ça y est," annonça l'horrible Arabe, en s'encadrant dans la portière. "Maintenant, je vérifie l'eau et l'huile."

J'aurais préféré qu'il s'abstînt totalement de tripoter la Lagonda, mais soucieux d'éviter une discussion, je ne dis rien. Il gagna en claudiquant l'avant de la voiture, et sa démarche me fit penser à celle d'un S. S. hitlérien, un S. S. ivre qui eût exécuté le pas de l'oie au ralenti.

Tabes dorsalis, j'en aurais mis ma tête à couper.

La seule autre maladie capable de provoquer cette bizarre démarche saccadée est le béri-béri chronique. Ma foi - probable qu'il l'avait, ça aussi. ... [...]
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Par comparaison, les "mémoires de Casanova" font figure de Bulletin paroissial, et à cité d'Oswald le célèbre séducteur lui même paraît positivement asexué.
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En premier lieu, c'était un homme qui n'acceptait pour rien au monde de se laisser posséder, ce qui le rendait automatiquement désirable.
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Vidéo de Roald Dahl
Le revoici, toujours aussi fantasque et pittoresque : Willy Wonka, le magicien des confiseurs, l'excentrique maestro du cacao, inventé par l'écrivain anglais Roald Dahl dans son livre le plus célèbre, “Charlie et la chocolaterie.”
Après la délirante adaptation au cinéma de Tim Burton en 2005 (avec Johnny Depp), on n'attendait pas forcément grand-chose de cette nouvelle version, dans laquelle Timothée Chalamet reprend le rôle, gracieusement dégingandé dans sa redingote de velours couleur prune…
Savoureuse surprise : comédie musicale euphorisante (par la grâce, entre autres de l'excellent Neil Hannon, de Divine Comedy), conte chatoyant, drôle et fastueux dans les spectaculaires décors d'une Angleterre rêvée, ce récit des débuts de notre chocolatier préféré se révèle être la parfaite gourmandise de Noël.
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