Jacques Baulande a tenu la gageure d'écrire ce conte à partir d'une collection de dessins de Laurence F.Daigneau. Il calligraphie ses phrases d'un trait si fin et si juste qu'elles figurent les images qui les inspirent avec autant d'art que la dessinatrice. Et ces images forment la trame de cette errance dans un au-delà savant et loufoque où les mythes de l'antiquité grecque rejoignent les légendes russes ... et la bédé belge pour notre ravissement amusé. Un espace en noir et blanc ondule, tourbillonne comme un maelstrom puis se déploie comme un jardin "à la mesure de nos aspirations et de nos terreurs secrètes". Entre deux pirouettes, le conteur philosophe sait nous faire réfléchir sur la vanité de la vie d'ici bas à la sauce moderne et sur la richesse singulière des rêves que chacun porte en soi. Un" saute-marée", un régent à l'allure de magicien, une jeunette à tenue de chaperon rouge sont quelques uns des personnages fantasques qui croisent ou accompagnent jean-Tiburce. Dans cet au-delà aux décors clair obscur , la moindre merveille n' est pas celle d'un jardin anglais aux "camaïeux de gris" où "un gris tourterelle semblait avoir tenté une incursion vers la couleur"....