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EAN : 9782848052151
296 pages
Sabine Wespieser (02/03/2017)
3.96/5   260 notes
Résumé :
En guise de prologue à cette fresque conduisant son protagoniste de Lódz, en Pologne, à Portau-Prince, l’auteur rappelle le vote par l’État haïtien, en 1939, d’un décret-loi de naturalisation in absentia, qui a autorisé ses consulats à délivrer passeports et sauf-conduits à des centaines de Juifs, leur permettant ainsi d’échapper au nazisme. Avant d’arriver à Port-au-Prince – à la faveur de ce décret – au début de l’automne 1939, le docteur Ruben Schwarzberg, né en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (98) Voir plus Ajouter une critique
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Le titre est superbe, le sujet, historique, tout autant, offrant au récit une ampleur inouïe : le vote en 1939 par l'Etat haïtien d'un décret-loi octroyant la nationalité, passeport et sauf-conduit à tous Juifs européens en faisant la demande, quelques mois avant que n'éclate la Deuxième Guerre mondiale. Comme si ce pays naît de la révolte d'esclaves avait inscrit dans la chair de son peuple le credo d'égalité et de fraternité.
Le héros, le Dr Schwarzberg, est un de ces Juifs sauvés de la barbarie nazie, devenu haïtien, patriarche de trois générations d'Haïtiens. La venue de sa petite-nièce le confronte à la mémoire de ce passé qu'il a rejeté. S'en suit alors une formidable saga piquée de romanesque : sa naissance à Lodz en Pologne, les pogroms, l'exil à Berlin, la diaspora de sa famille entre les Etats-Unis et le jeune Israël, sa déportation à Buchenwald, son embarquement à bord d'un bateau empli de migrants juifs refoulés de Cuba, Paris et le Bal nègre, et Haïti bien sûr.
Ce roman est un hommage puissant et tendre, plein d'humour et de verve à Haïti, il porte un regard nouveau sur cette île, loin des clichés de misérabiliste, une terre généreuse, d'exil et d'accueil, digne, invoquée par une belle écriture très musicale, souvent lyrique, parfois surécrite mais incontestablement riche.
Il m'a juste manqué de vibrer très fort d'émotion pour ces beaux personnages.
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VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT DE CRISTAL.

Ouvrage lu dans le cadre du Prix du Meilleur Roman Points 2018.

Il en est de certaines destinées comme de certaines périodes, souvent noires, pour ne pas dire terrifiantes, de notre histoire commune : elles revêtent tous les aspects de l'impossible, de l'improbable, de l'invraisemblable tandis qu'elles sont pourtant grandement vraies. Enfin... presque ! Louis-Philippe Dalembert s'en est d'ailleurs expliqué dans un entretien sur France Culture le 17 Juillet de l'an passé : il n'est pas question d'un livre historique, ni même d'une biographie classique dans Avant que les ombres s'effacent, affaire de liberté revendiquée par l'auteur, que l'historien ne peut avoir à l'égal du romancier. Alors, si presque tout ici prend racine dans le réel - qu'il soit question de personnages, qu'il soit question d'histoire moderne ou d'Haïti, il s'agit bel et bien ici d'un roman, et quel !

Partie avec armes et bagages de leur Pologne natale où certains vents mauvais lui semblait devoir arriver, la famille Schwarzberg connait son premier exode - volontaire même si poussé par les événements - peu après la fin de la première guerre mondiale. Bien que Mme Schwarzberg mère entretienne une étrange histoire d'amour, essentiellement littéraire et fantasmée, d'avec la France (Paris, bien entendu), c'est à Berlin que ces petits juifs ashkénazes d'Europe centrale poseront leurs bagages pour les quelques vingt années à venir. Hélas, les vents mauvais de l'histoire n'ont de cesse de les poursuivre et si, à l'instar sans doute d'une grande partie de leur communauté toute entière, ils ont voulu faire contre mauvaise fortune bon coeur, une certaine forme de cécité inconsciente les atteignant malgré l'annonce de la nuit et du brouillard, avec cette accumulation de lois anti-juives promulguées par le régime nazi, de violences quotidiennes, de déprédations et d'exactions innommables mais peu à peu normalisées par le quotidien, ainsi qu'un certain atavisme lié à ces peuples qui ont toujours souffert, quelle que soit l'époque, quel que soit le pays, d'ostracisme, de ghettoïsation, de pogroms.

Cependant, une certaine nuit de la peur et de la honte d'une nation à l'égard des plus faibles et des plus vilipendés de ses enfants - la fameuse "Nuit de Cristal" - va en quelque sorte réveiller les membres doucettement assoupis de cette famille, laquelle, malgré quelques résistance, va programmer consciencieusement sa fuite, malgré toutes les difficultés qu'on peut imaginer. Ainsi, la tante Ruth, femme au caractère bien trempé, l'athée de la famille, et très engagé dans le sionisme va-t-elle choisir d'aller refaire sa vie en Palestine, et y promouvoir les bases du futur état d'Israël. Toutefois, l'essentiel du clan va se retrouver aux USA - bien que la politique d'immigration d'alors se fut considérablement durcie (ce que l'on a tendance à oublier aujourd'hui), conséquences de la crise de 29 oblige - où la soeur aînée de notre narrateur, le Docteur Ruben Schwartzberg, avait pu s'établir quelques temps avant avec son mari, ceux-ci ayant un permis de travail au titre d'universitaires. Tout aurait pu se dérouler sans anicroche si... notre héros malgré lui, ainsi que son oncle - un peronnage haut en couleur et jamais à cours d'une histoire - , ne s'étaient fait arrêter sur le chemin les ramenant du paquebot où ils venaient de faire leurs adieux aux parents et grands-parents. A la suite de quoi, tout va s'enchaîner à une vitesse folle - avec la mort comme équipière possible - et sans avoir la moindre possibilité d'influer sur le cours des événements : d'abord envoyés au commissariat du quartier, ils vont être expédiés dans le camp, encore récent à ce moment de l'Histoire(1937), de Buchenwald. malgré la dureté de la lutte pour la survie en un tel lieu, la formation de médecin de Ruben va lui permettre de travailler à l'infirmerie (poste tout petit peu moins horrible dans ce pays de l'horreur), où il va rencontrer un personnage stupéfiant se prétendant américain de Chicago (tandis qu'il est en réalité haïtien), Jean-Marcel Nicolas qui va permettre à Ruben et à son oncle de se sortir de ce guêpier mortel, non seulement en lui redonnant espoir mais en permettant à quelques courriers essentiels de sortir de ce camp pourtant presque parfaitement hermétique. Ainsi, grâce à son ancien mentor en médecine, voila le neveu et l'oncle à nouveau libre mais contraints de partir le plus rapidement possible vers d'autres horizons.

Leurs pas, ou plus exactement la mer va les emporter vers les rivages cubains, où l'oncle amerrira de la plus farfelue des façons, tandis que l'infortuné paquebot devra, pour de sombres motifs administrativo-politiques, faire machine arrière avec l'infortuné Ruben. Voilà donc notre "juif errant" débarqué au Havre, dont il découvre l'existence à l'occasion, pour prendre presque aussitôt la direction de la "Ville Lumière" : Paris ! Quoi que relativement échaudé par ce qu'il y découvre - on est très loin du rêve littéraire et poétique que sa chère maman a entretenu au fil des années au sein de cette famille gentiment foutraque -, il va y vivre certains des plus belles heures de son existence, une fois qu'il aura rencontré la communauté haïtienne de la capitale, toujours sur les vifs conseils de celui qui, au bout du compte, lui aura sauvé la vie : ce faux américain mais vrai commensal de Port-au-Prince, Jean-Marcel Nicolas, un homme assurément hors du commun que le futur médecin "nègre-juif" regrettera toute sa vie durant de n'avoir pu sauver de la monstruosité. Mais l'histoire poursuit son oeuvre de destruction et il s'en faudra encore de peu que notre narrateur ne termine une fois de plus dans un camp de rétention, dans un premier temps (on imagine ce qu'eût été la suite si elle avait eu lieu). le narrateur se permettant d'ailleurs une espèce de comparatif aussi truculent que macabre entre l'efficacité carcérale industrielle des allemands opposée au capharnaüm organisationnel des français ! Fort heureusement, le jeune Docteur sera sauvé in-extremis par un diplomate haïtien haut en couleur dont Ruben s'était fait l'ami.

La troisième partie du roman nous conte l'installation du docteur en Haïti : le retour de Cuba du tonton qui va pouvoir y assumer son goût immodéré pour les affaires et trouver enfin une certaine sérénité liée à son homosexualité qu'il ne sera plus obligé de cacher autant que lorsqu'il habitait la vieille Europe ; la rencontre avec sa future épouse dont le tempérament de feu ne le cède en rien à cette tante partie s'installer en Terre Sainte ; et, bon an mal an, "l'haïtisation" du narrateur, reconnu pour être l'un des ces "nègres polychromes" qui constitue cette population caribéenne, devenant par ailleurs une sorte de célébrité locale, un genre de Dr Schweitzer haïtien, vivant de peu et donnant tout à ses malades, à commencer par les plus déshérités, tant sa reconnaissance pour ce pays qui l'a accueilli sans aucun faux semblant, ni contrepartie, ni hypocrisie, tant cette reconnaissance, donc, est immense et lui est impossible à rassasier tout à fait.

Même si nombre des faits relatés ici sont en prise avec L Histoire, la vraie, il s'agit bel et bien d'une oeuvre d'imagination, parfaitement assumée et même revendiquée, que nous donne là Louis-Philippe Dalembert, dans un style d'une grande maîtrise, d'une vigueur vivifiante et d'une justesse jamais mise en défaut, y compris lorsqu'il s'essaye, avec truculence, au parler pointu de l'argot parigot de ces années-là. Les intentions quasi-homériques de l'ensemble, la force de conviction avec laquelle tous ces événements - parfois bouffons, souvent cruels, plus loin drolatiques, ici et là tendre, poétiques et enamourés - nous sont contés constitue l'essence même de cet ouvrage. Superbe déclaration d'amour à un pays, le sien, que l'auteur porte assurément en son coeur où que ce véritable globe-trotteur puisse-t-il se trouver, Dalembert nous donne à découvrir une autre Haïti, très éloignée de cette vision systématiquement tragique, misérabiliste, miséreuse, chaotique, irrémissible que l'on rencontre tant dans les médias que dans nombre d'oeuvres la décrivant. À travers cet espèce de récit confession - c'est un vieux docteur Schwarzberg que nous découvrons vers le mitan du livre, au détour d'un bref chapitre intitulé "répit", et qui conte l'histoire de sa vie et de ses proches à la petite-fille de sa défunte tante Ruth, elle aussi médecin et venue avec l'aide d'urgence envoyée par Israël suite au tremblement de terre qui défigura l'île en 2010 - c'est ainsi un autre portrait de cette terre Caraïbe que l'auteur nous donne à découvrir, à savourer, à aimer. L'ensemble est savoureux, profond dans la légèreté et léger dans la profondeur, il illumine d'un zeste de grâce l'une des pires périodes de l'histoire de notre monde en mettant sous les feux de la rampe ce petit pays trop souvent considéré comme presque rien mais qui eut ce courage un rien bravasse mais tellement noble de déclarer la guerre au Japon dès après Pearl-Harbour, au IIIème Reich dans la foulée, non sans avoir offert, dès 1939, à tous les juifs qui le demandaient, la nationalité haïtienne ipso facto et sans même y avoir jamais mis les pieds afin de les soustraire à l'inhumain des lois génocidaires ! Un livre qui, malgré les thèmes et la période abordée, apporte une véritable bouffée d'air frais dans ce flots quasi ininterrompu de textes consacrés à cette période fantastiquement monstrueuse, avec ces personnages et ces destins qui débutent comme certains romans d'un Joseph Roth ou d'un Leo Perutz, qui se poursuit comme si l'on se trouvait chez Mac Orlan avec son Paris de l'entre-deux guerre, peut-être aussi un hommage au Paris est une fête d'Ernest Hemingway (Paris, ce sont peut-être ses visiteurs étrangers qui en parlent le mieux...), pour terminer du côté de certains auteurs sud-américains (plus que spécifiquement antillais, nous semble-t-il), baroque, enthousiaste, amoureux, fantasque et délicatement décalé.

Alors, si un certain souffle épique ou lyrique manque peut-être à l'ensemble pour que ce très bon livre - n'en doutons point - puisse être un réel chef-d'oeuvre, si l'on y sent un professionnalisme parfois presque trop roué pour être humble, un rien trop calculé dans l'art - absolument indéniable au demeurant - de conter de Louis-Philippe Dalembert, il n'en demeure pas moins un très beau titre, grave et gai, sombre et optimiste qui portera le lecteur tant à la réflexion sur notre temps, nos civilisations, qu'au seul et sincère plaisir de se laisser embarquer quelques paires d'heures pour des ailleurs captivants, chatoyants et extraordinaires !
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L'auteur nous le dit,il a pris certaines libertés avec L Histoire.Et bien j'annonce la couleur,"il a très bien fait",d'après moi qui ne suis pas expert en la matière .
Et pourtant,on va tout de même en apprendre des choses dans ce roman.
Le personnage principal,il est juif,passe son enfance en Pologne,son adolescence en Allemagne et....vous y êtes, bien sûr ,la Diaspora,les camps d'extermination....Je vous sens réticents .Ca,on connait,c'est terrible,on va lire des atrocités, encore...Non,attendez,c'est l'idée mais c'est autre chose vraiment.
Bon,je reprends.Les atrocités arrivent mais,une partie de la famille a le temps de fuir avant le déferlement de haine et de violence.Alors,me direz vous ,c'est tout?Non car Ruben,le héros et son oncle Joe restent et,sur le chemin du retour ,ils....oula! Mais vous êtes trop curieux. Ce que je peux vous dire,c'est que vous allez suivre la route de Ruben et elle est parsemée d'embûches.
Des ennemis,il y en a,les états et leurs dirigeants,la police française de l'époque ,si caricaturale qu'on comprend mieux son rôle à venir, stupide,ridicule,bornée, antisémite,illettrée,peu cultivée .(attention,c'est celle qui est décrite pour les besoins de l'intrigue et sans doute loin de la réalité ,de nombreux flics ont eu des attitudes remarquables en ces temps troublés ),les Etats Unis et leur protectionnisme,bref....pas simple.
Heureusement,il y aura des aides,Johnny,madame Faubert,Roussan et bien d'autres dont une certaine femme de diplomate qui jouera un rôle déterminant dans l'éducation du timide Ruben,mais,bon,vous verrez tout cela par vous même .Et puis,il y a Haïti et les haïtiens et là ,que du bonheur,De la solidarité, de la générosité ,de la fierté ,de la joie de vivre,des traditions.
C'est du reste là- bas que l'on retrouvera Ruben au crépuscule de sa vie.Ruben qui y reçoit la petite fille de sa soeur et qui lui raconte cette histoire,son histoire qui,je n'en doute pas saura vous transporter.On tremble,on s'interroge,on est touché mais on rit aussi dans ce roman qui m'a beaucoup plu.
Et si je n'étais pas retraité, je dirais que mes lectures de vacances démarrent très fort,mais moi,les vacances,je ne sais plus ce que c'est,alors.....
Je vous souhaite un bon moment en compagnie de Ruben....et de bonnes vacances.
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Pour celles et ceux qui suivent mes petits mots sur ce site, ils/elles savent que j'avais beaucoup aimé "Mur Méditerranée" du même auteur, dont j'avais aimé la plume. tellement aimé en fait que j'ai pris un autre de ses livres au hasard sur les rayons de ma bibliothèque. C'est ainsi que j'ai emprunté "Avant que les ombres s'effacent". Un joli titre, un livre magnifique toujours servi par une plume exceptionnelle. Je me suis régalée des phrases, des mots utilisés.
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Quant à l'histoire, une découverte pour moi : saviez-vous que pendant la seconde guerre mondiale Haïti avait distribué des visas pour les Juifs qui voulaient fuir ? Plus que des visas même, carrément la nationalité haïtienne ! Dans ce livre on va suivre un personnage qui sort de l'ordinaire : Ruben est né en Pologne, dans une famille juive, a grandi à Berlin, y a fait ses études de médecine, avant d'être arrêté, de découvrir Buchenwald et de fuir.... et d'arriver à Haïti.
Un très bel hommage à cette île pleine d'empathie, de saveurs, de couleurs.
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Un livre pris au hasard dont je n'ai pas lu le 4e de couverture (je ne voulais pas être influencée). Un livre que j'ai beaucoup aimé même si ce n'était pas vraiment le livre pour changer de l'atmosphère actuelle.......
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Louis-Philippe Dalembert, auteur d'origine haïtienne, à l'écriture marquée par la rondeur de sa culture nous raconte ici l'incroyable histoire de Ruben Schwarzberg, né à Lödz en Pologne en 1913 et mort à Haïti dans les années 2010.

Quel rapport entre un ghetto juif de Pologne et la Caraïbe, la belle île d'Haïti ? C'est dans le prologue que l'auteur nous apprend qu'en 1939 l'état d'Haïti vote une loi autorisant ses consulats à délivrer des passeports et des sauf-conduits aux juifs qui le désirent. Et pour faire bonne mesure l'état d'Haïti déclare la guerre au troisième reich !

La vie de Ruben Schwarzberg, juif et docteur de son état suit une sorte de trajectoire faite de lignes brisées et mises bout à bout. Dès 1918 sa famille préfère quitter Lödz et une Pologne qui devient peu sûre pour les juifs pour aller s'installer à Berlin, où le père fourreur se fait une réputation et où le jeune Ruben devenu grand fait ses études de médecine. Mais arrive 1933 et encore une fois une ambiance où les juifs ne sont plus en sécurité.

Il faut partir à nouveau, une partie de la famille embarque pour les Etats-Unis, tandis que sa tante décide d'émigrer vers Israël qui n'est pas encore un état. Ruben, lui sera pris et envoyé à Buchenwald d'où il réussira à sortir pour, se retrouver à Paris, puis presque Cuba d'où son bateau est refoulé, puis Paris à nouveau où il se lie d'amitié avec des Haïtiens et enfin Haïti.

Soixante ans plus tard, c'est le récit de cette odyssée très romanesque que fera le Docteur Schwarzberg à sa petite cousine Deborah, elle aussi médecin, venue d'Israël au secours des victimes du séisme qui a secoué Haïti en 2010. Un récit d'un périple à travers le siècle et la planète que la plume élégante de Louis-Philippe Dalembert nous livre sans pathos, dans une simplicité teintée de joie et parfois de dérision. C'est un détour de l'histoire d'Haïti plutôt méconnu où de nombreux juifs ont pu trouver refuge à une période où nombre d'autres pays les ont refoulés. Un bon roman tout au long duquel l'intérêt ne faiblit pas, j'y ai découvert un auteur dont j'ai bien l'intention de lire d'autres oeuvres.

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critiques presse (2)
LePoint
02 juillet 2017
Un roman à la fois grave et drôle qui raconte la participation haïtienne à la Seconde Guerre mondiale.
Lire la critique sur le site : LePoint
LePoint
11 avril 2017
Un roman captivant.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
A force, les deux hommes avaient perdu un peu de leur tendre complicité. Enfant et même adolescent, oncle Joe représentait un personnage de légende pour son neveu, à l'égal des pirates sortis de l'imagination de Salomé, et dont il attendait les retours avec impatience ; à l'arrivée, il buvait ses paroles à l'écouter évoquer ses voyages lointains, ses aventures aussi nombreuses qu'improbables, avec force humour et un talent de comédien consommé, capable de tenir son public, les femmes du clan et lui, toute une soirée en haleine. Aujourd'hui, le Dr Schwartzberg n'aurait su dire si c'était l'imagination débridée d'oncle Joe, sa fascination d'enfant ou l'éloignement dans le temps qui en avait fait un héros et peuplé tous ces ailleurs de tant de merveilles.
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Le Dr Schwarzberg ne mit pas longtemps à s'en apercevoir: à l'hôpital, dans les ministères comme dans le reste de la fonction publique, les postes de décision semblaient revenir de droit à une minorité, les Mulâtres, reconnaissables à leur peau moins sombre et aux cheveux moins crépus, quitte à forcer sur la vaseline, encore que, pour certains, il fallait chercher à la loupe les différences avec la masse.
Mais ici, les multiples nuances épidermiques, dans lesquelles le docteur se perdait, revêtaient une importance considérable, pouvant décider de l'appartenance sociale, et donc du destin d'un individu.
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Longtemps, le Dr Schwarzberg choisirait de taire cet endroit sur lequel tant de choses seraient racontées, filmées, écrites, peintes, chantées, sculptées, sans épuiser pour autant l'étendue des abominations qui y furent perpétrées, à l'instar d'un cadavre qui n'en finirait pas de livrer ses vérités sur les mille et une manières dont la chair vivante avait été souillée. Son naturel de taiseux ne ressentit pas le besoin d'ajouter sa parole au trop-plein de mots qui tomberaient, par la suite, de partout et de nulle part pour tenter de dire l'ignoble. Au-delà de l'horreur, ce qui le marquerait le plus, ce fut d'avoir trouvé, au moment où il s'y attendait le moins, une parcelle d'humanité dans ce lieu, comme un bourgeon en fleur au mitan du champ de bataille. Un clin d'oeil de la vie, là où des hommes donnaient avec jubilation la mort à d'autres hommes.
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Il n'avait rien contre Le Havre, dont il entendait parler pour la première fois de sa vie. La faute d'ailleurs aux français, qui, à l'étranger, n'ont que Paris à la bouche, comme s'il n'existait pas d'autre ville dans leur pays, ou qu'ils avaient honte de ce qu'ils appellent la province ; exception faite des Bretons, mais eux, c'est spécial, ils ne parlent jamais que de la Bretagne.
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.. s'il avait accepté de revenir sur cette histoire, c'était pour les centaines, les millions de réfugiés qui, aujourd'hui encore, arpentent déserts, forêts et océans à la recherche d'une terre d'asile. Sa petite histoire personnelle n'était pas, par moments, sans rappeler la leur. Et puis, pour les Haïtiens aussi. Pour qu'ils sachent, en dépit du manque matériel dont ils avaient de tout temps subi les préjudices, du mépris trop souvent rencontré dans leur errance, qu'ils restent un grand peuple.
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Vidéo de Louis-Philippe Dalembert
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, Louis-Philippe Dalembert vous présente son ouvrage "Une histoire romaine" aux éditions Sabine Wespieser. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2886319/louis-philippe-dalembert-une-histoire-romaine
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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