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Critique de michelekastner


Azaka, étranger, a fui le nord de l'Italie, trop dangereux pour un extracomunitario, et s'est installé dans un petit village des Abruzzes qui lui rappelle, par le paysage, son pays natal et montagneux. Il a fini par gagner la confiance des habitants, malgré une nouvelle émergence du néofascisme, et réussi à se faire accepter par un patron d'extrême droite et par la famille réactionnaire et très traditionaliste de sa femme, Mariagrazia. Rebelle, celle-ci n'a eu de cesse de tenter de s'émanciper pour échapper aux siens et à leur éducation rigide et étouffante. Elle a fini par céder et épouser son bel étranger avec lequel elle rêvait de prendre la fuite. le bonheur les comble, un enfant est attendu.
Les chapitres alternent entre cris et respirations, calme et frayeur, joie et douleur. Les secousses sont habituelles dans ces contrées, mais les craintes resurgissent à chaque fois.
Azaka se souvient du terrible tremblement de terre qu'il a vécu, enfant, en Haïti, sa terreur, enseveli sous les décombres, ses appels au secours à son père, le secouriste italien qui le sauve, puis la découverte d'une ville ravagée, le chaos et les vies arrêtées, la recherche du père, la découverte de sa trahison et lui, mûrissant subitement, d'un bond, à l'âge adulte. Un cauchemar qu'il avait enfoui et jamais révélé à Mariagrazia, un cauchemar qui le rattrape vingt-cinq ans plus tard sur cette terre lointaine de la même force brutale et aveugle, dont les conséquences réveillent les vieilles rancoeurs face à la mollesse et le laxisme du gouvernement et attise la colère et le besoin de désigner un bouc émissaire tout trouvé en l'étranger, pointé du doigt par les extrémistes, étranger roumain ou albanais particulièrement. La vindicte populaire se transforme en traque à l'immigré "pilleur".
Je voue une grande admiration aux écrivains haïtiens, à leur écriture riche, imagée et élégante. Je découvre cet auteur grâce à masse critique, Louis-Philippe Dalembert n'a pas son pareil pour décrire l'arrivée du serpent grondant, le déferlement violent et soudain du tangage monstrueux et de ses sonorités, tel qu'il l'a sans doute vécu en 2010 dans son île natale, l'angoisse et le sentiment d'impuissance sous les gravats. Il a vécu de nombreuses années en Italie, il peut ainsi rendre compte des comportements, des mentalités, des coutumes, de la vague d'extrémisme, mais également de la générosité, des contradictions d'un pays, d'une région où même un Napolitain peut se sentir étranger et plus proche des immigrés.
Le développement de l'environnement familial de Mariagrazia m'a semblé un peu long et moins captivant, mais le regard de celui "d'ailleurs", qui s'est complètement approprié les habitudes et le langage, y compris le dialecte, est sacrément intéressant, car l'auteur était présent les jours suivant le séisme dans les Abruzzes en 2009 et a assisté aux réflexions des autochtones, au rejet des extracom' et leur stigmatisation.
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