Un jour
j'ai poussé les portes de l'aube
et je me suis assis
sous une véranda
face à la mer caraïbes
avec pour unique compagne
une petite chaise de paille
que je trompe par moments
que je trompe parfois
les soirs d'averses violentes
quand les lampes
ont cessé leur dialogue
avec une dodine de paille
et les âcres étoiles d'un rhum de canne.
j’ai vu d’arbre en arbre
branche après branche
une cathédrale consumer
des forêts séculaires
jusqu’aux souches de la piété (page 89)
je dis « un père », comme si je savais pour tous les pères du monde, or je n’en sais rien, n’ayant rien reçu de ce côté. l’un de mes doutes reste d’ailleurs celui-là : que transmettre quand on n’a pas reçu ? (page 95)
puis l’enfance poursuivit son chemin
libre et heureuse
défiant le bégaiement et la faim
l’absence cette grande muette
défiant le monde entier des choses (page 34)
seul le temps existe
qui t’accoucha
seul le temps existe
et le tien n’a pas d’âge (page 59)
le temps passe si vite
tellement vite que le soleil même
s’est perdu en chemin (page 74)
et quand ma main croit le trouver
c’est pour se refermer
sur la poussière
de mes bégaiements
échos vides de mes pas d’homme (pages 70-71)
la mer seule
savait les confins de la terre (page 18)
dans ma ville
à bout portant
on tue des enfants
par toute la terre
et tous les flots
les enfants meurent
sous des mains assassines
et le soleil chaque matin
continue de briller (page 88)
ô enfance
que jamais n’éparpillèrent
les voyages longs de cyclones (page 16)