L'autre face de la mer

Dans ce roman Louis-Philippe Dalembert nous conte le destin tragique de son pays bien-aimé, Haïti, qu'il a quitté en 1985 à l'issue de ses études supérieures à Port-au-Prince. Depuis, il s'est fait connaître comme un des plus grands poètes et romanciers de langue française. À travers les longues discussions qu'il a eues avec sa grand-mère et ses souvenirs d'enfance, c'est toute l'histoire récente d'Haïti qui revit sous sa plume enchantée. Dans une langue, que l'on peine à reconnaître parfois tant elle est belle, il nous conte à sa manière les rires et les pleurs d'un peuple qui a tant souffert, de l'esclavage puis des convoitises des grandes puissances et de l'ambition de dictateurs tous plus affamés de pouvoir et de sang. Aucun pays ni personne n'est nommé, mais le lecteur remplira lui-même aisément les cases laissées vides pour déjouer la censure et laisser toute sa place à l'imagination...

L'adage populaire dit que "l'herbe est plus verte dans le champ d'à côté" mais est ce vraiment le cas ?

Dans ce superbe ouvrage l'herbe est elle beaucoup plus verte de l'autre face de la mer ? Je ne pense pas que ce soit le cas.

En effet, notre héroïne "Grannie" enfant à chaque occasion dévale pa pente qui l'amène au port pour admirer les bateaux. Un jour, les "Blancs" s'installent sur son île et son père décide d'emmener sa famille de "l'autre face de la mer" en espérant avoir une vie meilleure.

Là notre Grannie va découvrir de nouveaux paysages une culture différente de la sienne. Jusqu'au jour où une nouvelle course dans les champs débute non pas pour aller admirer les bateaux arrivant au port mais pour survivre aux morsures des chiens, aux coups de machettes, en laissant derrière elle entre autre son enfance et bien plus de choses.

Comment Grannie va s'en sortir ?

A vous de le découvrir en lisant ce livre à l'écriture si fluide et même poétique

Louis-Philippe Dalembert met en scène une jeune haïtienne rêveuse, toutes les fibres de son corps étant tournées vers l'Océan. de sa jeunesse marquée par une tentative de fuite vers le République dominicaine voisine à ses derniers jours en compagnie de son petit-fils, on savoure ces instants de vie et de mort sur cette île des Caraïbes autrefois française, et qui n'a jamais cessé de souffrir, de la colonisation à l'occupation américaine, puis de ses élites corrompues et pour finir des forces imprévisibles de la nature.

A l'heure des ultimes protestations de la population haïtienne, qui ont peu d'échos de par chez nous, ce roman à la plume très belle ne laisse pas de marbre. C'est avec plaisir et crainte que l'on glisse au fil des mots, entre violence, amour et soif de liberté.