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Michel Déon (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070738113
308 pages
Gallimard (05/04/1994)
3.69/5   68 notes
Résumé :
Ce livre nous dévoile un Dali quotidien.
Pour Dali, son propre génie ne fait pas de doute. Il ne le répète pas pour s’en convaincre, mais pour convaincre ses contemporains.

Dans le Journal d’un génie Dali se contemple, mais va en même temps plus loin et, au-delà de son image, retrouve les ambitions métaphysiques de la peinture.

Au-delà de cette publicité dont il s’inonde, Dali nous révèle aussi son caractère. celui d’un peintre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Ce n'est pas un scoop, Salvador Dali est un drôle d'oiseau. Sa devise « La seule différence entre un fou et moi, c'est que je ne suis pas fou » le campe tout entier.
Ce livre contient des extraits de son autobiographie combinés avec des extraits de son journal ; il est complètement à l'image du personnage, comme on peut s'en apercevoir à la seule lecture de quelques exergues de chapitres « En juillet, ni femme ni escargot », « Trois mille crânes d'éléphants »… mais ses idées étranges méritent le détour.

Pour moi, c'est sans modération.
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Salvador Dali était ce que les américains appellent « larger than life »car nul autre que lui n'a été aussi loin dans l'excentricité et l'exubérance, allant jusqu'à provoquer le chef despotique du Surréalisme, André Breton. Ce « Journal d'un génie » a été rédigé de 1952 jusqu'à la fin 1962.

On y découvre un Dali fidèle à lui-même (le plus souvent dans sa résidence à Port Lligat), que ce soit dans la sphère privée ou publique. Nous faisant part de son snobisme quand il s'agissait de fréquenter les milieux mondains qui paraissaient inaccessibles aux Surréalistes et vice-versa, à sa fascination pour le « dos tendre et dodu d'Hitler toujours si bien sanglé dans son uniforme », d'un projet de film au scénario iconoclaste, etc... Il se remémore également le souvenir de deux de ses amis défunts qu'étaient René Crevel et Federico Garcia Lorca et n'oublie jamais de mentionner de tant à autres le nom de celui qu'il considérait comme son second père : Pablo Picasso ainsi que sa femme Gala sans qui il ne serait jamais devenu ce qu'il a été.

Au vu de toutes ses divagations inscrites dans ce journal, on en vient à se demander qui était le plus fou entre Antonin Artaud et lui. Difficile de trancher tant la frontière entre génie et folie est ténue. Mais je pencherai plus pour Artaud en ce qui concerne la folie car Dali ne faisait finalement juste le clown pour épater et amuser la galerie avec de bons mots daliniens. Il lui arrive même de parler de lui à la troisième personne du singulier, c'est dire la haute estime qu'il avait de lui-même.

Étant donné le caractère légèrement scatophile du personnage, le journal est suivi en annexe par des extraits de « L'art de péter ou manuel de l'artilleur sournois » écrit par le comte de la trompette dissimulé sous un pseudonyme, « Grosse Tonnette », probablement publié au XIXe siècle. Il s'agit d'un texte décrivant toutes les variations de pets, amusant au départ mais s'enlisant très vite dans l'inintéressant et la redondance.

Que l'on aime ou pas sa peinture, la personnalité de ce grand artiste du XXe siècle ne peut laisser totalement indifférent. « Archangéliquement » génial.
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Il n'est pas question ici de percer l'intimité d'une personne de renom. Ce journal est d'emblée écrit pour être lu. Rédigé entre 1952 et 1963, l'auteur ne s'y livre pas réellement, il s'y expose dans toute son extravagance, dans toute son arrogance aussi et sans aucune marque d'humilité, sans le moindre doute quant à la vie de pacha qu'il mène. Salvador Dali a souhaité être riche, il l'est et compte bien jouir au maximum de son temps libre pour suivre toutes ses lubies.

D'imbuvable, son comportement en devient tellement caricatural que le lecteur ne peut que rire de tant d'exubérance absurde, plaignant le triste amateur qui aurait souhaité obtenir l'avis du grand Dali sur son oeuvre, plaignant le notaire qui aurait voulu lui faire entendre raison sur des questions simplement administratives, puis judiciaires faute d'attention.

Les crises créatives sont entrecoupées d'épanchements amoureux pour Gala Dali, de réflexions sur les écrits de Friedrich Nietzsche ou encore de délires scatologiques dont je me serais volontiers passée. Je ne regrette pas cette lecture, extrêmement surprenante et délirante au sens premier du terme, mais je ne sais pas ce que j'en garderai à moyen et long terme. Il semble que les obsessions de Salvador Dali, gratuites et insouciantes, ne mènent nul part, telles celles d'un enfant trop gâté qui ne sauraient plus comment occuper son temps. le récit n'en est que plus drôle, je salue au passage l'élégante moustache de l'auteur !
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C'est Salvador Dali lui-même qui se qualifie de génie, à coup sûr c'est un peintre influent du XX ème siècle, un artiste hétéroclite, un provocateur, mais ce sont les siècles à venir qui diront s'il était un génie. A la lecture de son journal des années 1952 à 1963, ce qui marque le plus c'est son amour fou pour sa compagne et épouse Gala. Si on doit donner un nom au terme " muse " c'est à Gala qu'il faudrait l'attribuer. Il écrit page 220 : " Mais Gala était là. Elle venait de trouver un pinceau et elle me le donna: - Essaie donc - peut-être avec cela! J'essayai – le miracle se produisit... ". Lorsqu'il parle de son art, il montre la minutie et l'acharnement qu'il met pour atteindre la perfection sur certains détails de ses toiles, il révèle ce qu'il doit aux maîtres qui l'ont inspiré Vélasquez, Vermeer, Raphaël, Picasso, dont il dit que " s'était l'homme auquel il a le plus pensé après son père ". Il consacre plusieurs très belles pages pour dire son admiration, pour son ami le poète Frédérico Garcia Lorca, fusillé par les franquistes, pour rappeler leur relation (Dali et Gala) avec le couple Zweig. Il aborde aussi son intérêt pour l'argent, les surréalistes avaient fait un anagramme de son nom et l'avait surnommé " Avida Dollars ". Concernant son apparence en public il parle de " son uniforme ". il écrit le 16 juillet 1952 " La tenue est essentielle pour vaincre. Très rares sont les occasions où, dans ma vie, je me suis avili en civil ", il fait du Dalinisme. Il consacre plusieurs jours de ce journal à aborder la religion, la philosophie, (Nietzsche , Voltaire n'avaient pas de secrets pour lui), il nie avoir eu des sympathies à l'égard d'Hitler. Au fil des pages on le voit vivre à Port Lligat, à New-York, à Paris, en Italie, puis, il part dans ses délires, ses passions pour les rhinocéros, les mouches, les pets, ses extravagances, sa présence dans les fêtes. C'est un livre passionnant sur un homme qui avait élevé le narcissisme à son paroxysme, dont on se demande s'il était un fou génial, où un manipulateur génial.
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C'est parce qu'il était édité dans la Collection L'Imaginaire, chez Gallimard, que l'envie m'est venue de lire le Journal d'un génie. Déjà j'aurais du me méfier de ce titre. Mais ma curiosité fut plus grande et je m'engouffrai alors dans une trop longue partie d'ennui.

Michel Déon nous introduit très brièvement dans les écrits de Dali mais tout y est résumé. Ici le peintre n'a aucun doute de son génie, mais c'est le lecteur qu'il cherche à convaincre de cette certitude. Et c'est à peu près la seule portée du récit. Un journal écrit par Dali pour servir Dali.

Malgré la difficulté à apprécier cette lecture, il ne faut pas pour autant mettre de côté d'éventuels intérêts critiques que Salvador Dali pourrait susciter chez nous. Ici une thèse est défendue par l'artiste (et elle n'est malheureusement pas rare). C'est celle de l'artiste doté d'un génie. Cette conception - peut-être bien le stéréotype le plus lourd dans la conception que l'on se fait de l'artiste - est pénible à recevoir chez Dali car elle est autant caricaturale que dépassée. Pire encore, elle atteint son paroxysme ici puisque Dali ne parle pas d'un génie pour chaque artiste mais bien de son propre génie. Il est entièrement convaincu, qu'à défaut d'autres artistes, il est le seul de son temps doté de ce génie, à l'exception peut-être de Picasso mais qui lui semble déjà inférieur.

Dire que l'on est un génie est une chose, mais vient nécessairement le moment de l'argumentation. Et parce que on ne peut défendre le génie que par l'irrationnel, que par l'inné qui dépasserait la seule volonté du peintre, Dali finit par faire rire.
Il dira que c'est parce que ses parents l'ont appelé Salvador, le sauveur, qu'il était prédestiné à préserver un art contemporain figuratif face à la décadence de l'abstraction. A cela succèdent les citations amusantes où chaque artiste (de près ou de loin lié à l'abstraction picturale qu'il méprise) y prend pour son grade: "Piet [Mondrian ici] moins qu'un pet, Piet plus qu'une puce de génie", "le plus mauvais peintre du monde, à tous les points de vue, sans hésitation brumeuse, ni doute possible, s'appelle Turner"...

Les exemples sont nombreux donc pour asseoir son génie et toujours aller plus loin dans la distinction entre Dali et le reste des artistes. Mais on comprend trop vite les limites de cet ouvrage. Non seulement Dali ne nous convainc pas de son génie (du moins en ce qui me concerne) mais il est avant tout un provocateur et un grand mégalomane.

Un ouvrage donc amusant par sa dimension caricaturale mais terriblement ennuyeux quand on comprend qu'il n'ira jamais plus loin que les propres certitudes de Dali. Même les potentiels témoignages d'une époque, propres au genre du journal, se noient dans la mégalomanie. En bref, si vous voulez comprendre le contenu de cet ouvrage et l'apprécier, ne perdez pas votre temps à le lire, il existe suffisamment d'interviews du peintre, et suffisamment courtes, sur Youtube qui exposent l'essentiel des pages.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai pas tout dit, et j'ai pris soin de garder en réserve des pommes pourries grenades explosives .... Si on me dit que les couleurs de Matisse sont complémentaires, je répondrai qu'en effet elles ne cessent pas de se faire autre chose que des compliments.
Et puis je répéterai encore qu'il serait peut-être bien de faire un peu attention à la peinture abstraite. A force de devenir abstraite, sa valeur monétaire aussi deviendra très prochainement abstraite. Il y a une gradation dans le malheur de la peinture non figurative :l il y a l'art abstrait qui a l'air si triste ; puis ce qui est plus triste encore c'est un peintre abstrait ; la tristesse s'aggrave de malheur quand on se trouve en face d'un amateur de peinture abstraite ; mais il y a pire encore et plus sinistre : être critique et expert de peinture abstraite.
Parfois, il arrive une chose ahurissante : toute la critique est unanime pour affirmer que quelque chose est très bon ou que quelque chose est très mauvais. Alors, on peut être sûr que tout cela est faux ! Il faut être le dernier des plus secs crétins pour affirmer que si les cheveux blanchissent, il est bien normal que les papiers collés jaunissent, eux.
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On me supplie de lancer une dernière idée dalinienne sur ce que devraient porter les femmes.
Tout en parlant je réponds :
-- Des seins dans le dos !
-- Pourquoi ?
-- Parce que les seins contiennent du lait blanc capable de créer un effet angélique.
-- Vous faites allusion au teint immaculé des anges ? me demande-t-on.
-- Je fais allusion aux omoplates des femmes. Si on fait surgir deux jets de lait, prolongeant ainsi leurs omoplates et si on obtient une photographie stroboscopique du résultat, on aura exactement des "ailes d'ange à gouttelettes" pareilles à ce que peignait Memling.
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Absorbé profondément dans mes rêveries érotiques, je n'écoute que très vaguement la conversation de trois Barcelonais qui, comme de bien entendu, en sont encore à tenter d'écouter la musique des sphères. Ils se répètent l'histoire de l'étoile filante éteinte depuis des millions d'années et dont nous voyons cependant encore la lumière qui continue de voyager, etc.
Comme je ne parviens à partager aucune de leurs "feintes" stupéfactions, je leur dis que rien de ce qui se produit dans l'univers ne m'étonne et c'est la pure vérité. Alors un des Barcelonais, horloger très connu, me dit, n'en pouvant plus :
-- Rien de tout cela ne vous étonne ! Bien. Mais imaginons une chose. Il est minuit maintenant et à l'horizon se dessine une lueur qui annonce l'aurore. Vous regardez intensément et tout d'un coup vous voyez sortir le soleil. A minuit ! ça, ça ne vous étonnerait pas ?
-- Non, répondis-je, ça ne m'étonnerait pas le moins du monde.
L'horloger barcelonais s'est écrié :
-- Eh bien, moi oui, ça m'étonnerait ! Et même tellement que je me croirais devenu fou.
Alors Salvador Dali a laissé tomber une de ces réponses lapidaires dont il a le secret :
-- Moi, c'est le contraire ! Je croirais que c'est le soleil qui est devenu fou.
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Le 13

Un journaliste vient tout exprès de New York pour me demander ce que je pense de la Joconde de Léonard. Je lui dis :

– Je suis un très grand admirateur de Marcel Duchamp qui est justement l’homme qui avait fait ces fameuses transformations sur le visage de la Joconde. Il lui avait dessiné de très petites moustaches, des moustaches déjà daliniennes. En dessous de la photographie, il avait ajouté en très petites lettres qu’on pouvait tout juste lire : « L.H.O.O.Q » Elle a chaud au cul ! Moi, j’ai toujours admiré cette attitude de Duchamp qui à l’époque correspondait à une question encore plus importante : celle de savoir s’il faut ou non brûler le Louvre.
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Gala, comme une mère avec son enfant qui n'a pas d'appétit, insistait :
-- Voyons, petit Dali, essaye ce produit rarissime. C'est de l'ambre liquide, de l'ambre qui n'a pas été brûlé. On dit que Vermeer s'en servait pour peindre.
Avec un air dégoûté et nostalgique, j'essayais :
-- Oui ! On dirait que cet ambre a des qualités. Mais tu sais bien que je n'ai pas le temps de m'appliquer à ces détails. J'ai bien mieux. J'ai une idée ! Une idée qui scandalisera tout le monde et en particulier les surréalistes. On ne pourra rien dire car j'ai rêvé deux fois de ce nouveau Guillaume Tell ! Il s'agit de Lénine. Je veux le peindre avec une fesse de trois mètres de long soutenue par une béquille. Il me faudrait pour cela une toile de cinq mètres et demi... Je peindrai mon Lénine avec son appendice lyrique même si on m'expulse du groupe surréaliste. Il tiendra dans ses bras un petit garçon qui sera moi. Mais il me regardera d'un œil cannibale et je crierai : "Il veut me manger !..."
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