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EAN : 9782266016292
Pocket (09/09/1998)
3.75/5   6 notes
Résumé :
«Autobiographie imaginaire, certes, mais non fantaisiste, à laquelle Dallet ajoute le contexte social tel qu'il apparaît aujourd'hui dans les perspectives de l'Histoire, et où chaque fait, chaque revirement de situation, chaque malheur prend la couleur du destin. Sans compter que la part d'ombre, la face cachée de toute existence, est comme devinée à travers les tableaux du peintre chronologiquement revus. Et l'habileté est dans l'éclairage plus vif de certains mome... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Bien que « Je, Gauguin », soit une autobiographie imaginaire comme l'indique la 4ème de couverture, on arrive aisément à imaginer ce que fut la vie de ce peintre maudit.
le manque de reconnaissance par ses pairs et par la société en générale va le faire souffrir et va le conduire à partir sans cesse. Sa vie sera faite de voyages , mais pas des voyages d'agrément , plus des voyages pour fuir sa condition et chercher ailleurs , dans les îles, dans d'autres pays, dans d'autres régions, dans d'autres villes un espoir de succès, une vie meilleure.
Dans ce livre Gauguin à une image moins négative que ce que j'avais pu lire jusqu'à présent. Ici, il me parait moins hautain. Par ailleurs ses actes même ceux qui peuvent paraître condamnables sont ici présentés de telle façon que je n'ai pas ressenti l'agacement que j'avais pu avoir pour lui.
Oui, il est plus ici question de sa personnalité, de sa vie, de ses tourments, de sa misère et de sa famille que de ses tableaux proprement dit, qui sont très peu décrits. On n'a pas non plus beaucoup de renseignements sur son style même si on voit ses attirances et ses rejets. Cette biographie romancée reste toutefois intéressante et aiguise notre curiosité.

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Le genre de l'autobiographie imaginaire est malaisé à maîtriser .Jean-Marie Dallet, auteur de Je, Gauguin dément quelque peu ce présupposé .Dans ce récit, il est le « Je » de Gauguin, son intimité, ses secrets, ses tourments récurrents, ses obsessions. Ce qui accroche dès l'entame de l'ouvrage, c'est l'explicitation des choix de ce peintre ; il avoue ainsi, au retour de son voyage en Amérique Latine où il a passé soit dit en passant une partie de son enfance, sa dépendance vis-à vis du désir d'évasion, de fuite d'un ailleurs forcément attractif : « En fait dès qu'il s'agira de fuir , de chercher ailleurs plus loin , toujours plus loin- un existence différente , je serai toujours partant, n'admettant jamais que de lever l'ancre, même pour le bout du monde, ne sert à rien, que l'on n'échappe jamais à l'enfer intime qui vous colle au coeur, au Sud comme au Nord. » le besoin vital d'exploration et de découverte est circonscrit, d'autant plus que Gauguin tente dans un premier temps de concilier vie professionnelle et amour de la peinture .Il n'y parvient pas, même s'il tire des revenus confortables de son emploi à la banque .Le désir, composante essentielle de sa vie de peintre et d'homme, est plus fort . Il est contradictoire avec ses choix matrimoniaux : Gauguin a en effet épousé Mette, jeune bourgeoise danoise qui ne comprend guère ses aspirations artistiques .Mais quel est le déclic purement artistique ? Quelles sont les clés qui ouvrent les portes de l'univers pictural ? Jean-Marie Dallet, alias Gauguin, nous donne des pistes fructueuses .Le perfectionnement à l'art pictural, les repères esthétiques sont donnés par les Arosa, une famille, qui lui sert de tuteur financier et de mentor artistique .Il est vrai qu'aux murs des appartements de ces demeures visitées par Gauguin, pendent des toiles de Courbet, Delacroix, Corot, Jongkind, Pissaro… On ne saurait rêver plus belle entrée en matière .Marguerite, la fille cadette de la famille Arosa emmène Gauguin se parfaire à la technique dans les bois de Viroflay, elle l'initie aux multiples nuances des verts .Le filleul d'Achille Arosa applaudit les talents naissants de ce jeune peintre, il s'appelle Claude Debussy…Pour les préférences des courants, nous sommes également guidés de main de maître « Degas, Cézanne, Pissarro seront bien mes hommes et je ne le dirai jamais assez , » Pour les interrogations, elles seront présentes sa vie durant : « Je rêve seulement d'adonner l'épiderme des êtres et des choses, pour chercher-au-delà de la réalité première des réponse impossibles à des questions impossibles, des questions –pourquoi ? comment ?-concernant la vie. La vie ! »
On est frappé également par la présence continuelle du tourment dans la vie de cet homme, soucis financiers quasi-constats, échec conjugal, désir frénétique de séduire, recherche des sources de vie dans son esthétique. Jean-Marie Dallet a réussi son pari : les recoins les plus intimes et les plus secrets de l'âme de ce peintre nous sont familiers à l'issue de la lecture de ce livre passionnant.
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Si Avant et après ne se lit pas comme un roman ou une banale autobiographie, en revanche, Je, Gauguin, de Jean-Marie Dallet se lit comme une fiction et permet de saisir le contexte social avec le recul historique. Pour bien comprendre l'artiste, sans doute faut-il commencer par lire le roman qui dévoile, entre autres, la face cachée du peintre. Vous apprendrez que sa grand-mère n'était autre que Flora Tristan (il en parle dans Avant et Après), que son père a dû fuir au Pérou les persécutions de Napoléon III, le Pérou où Paul vécut toute sa petite enfance jusqu'à l'âge de sept ans, avant de rejoindre Paris, une ville qui ne lui conviendra jamais mais qu'il ne cessera de fuir pour y revenir maintes fois. Mariée à Mette, une Danoise, il pense trouver une vie plus facile et le succès à Copenhague. Une désillusion parmi tant d'autres, toutes celles qui ont jalonné la vie du peintre, dont les voyages - le Panama, Tahiti, les Iles Marquises pour ultime demeure, mais aussi bien avant, Rouen, Pont Aven, Arles - sont inscrits dans son oeuvre.
vant-gardiste au même titre que Huysmans, qui l'admire, et Pissarro dont il se sent proche, il sera un perpétuel fauché après avoir quitté son emploi de courtier à la Bourse pour se consacrer entièrement à sa peinture, question de vie ou de mort : "J'en ai marre tout simplement. J'en ai assez de la vie boursière, du quotidien besogneux, je me veut peintre à part entière, et j'en étouffe." Il veut aller plus loin que les impressionnistes, ses frères ennemis : "(...) libérer l'oeil de ses contraintes séculaires, bravo ! mais libérer l'oeil et l'esprit ne serait-il pas encore mieux ?"
"Je me remonte le moral avec mes nouveaux compagnons de route, ni académiciens, ni impressionnistes ! Puvis de Chavannes avec ses fresques immobiles, Odile Redon avec ses rêves de mondes imaginaires, Gustave Moreau avec son travail de ciseleur, tous trois me font naviguer au-delà des apparences, dans les eaux profondes de l'inconscient, tout comme m'emportent loin du réel les Japonais que l'Europe vient de découvrir, Utamaro, Hokusai, Hiroshige, ces maîtres lointains qui, eux, comblent mon goût - jamais tari - d'exotisme."

J'ai été emportée par cette autobiographie fictionnelle qui plonge à la fois dans la violence historique du Paris de l'époque et la vie artistique. On prend l'air également, avec tous les voyages de l'artiste. On ressent toute la pugnacité, le désespoir, le caractère entier et ombrageux de Paul Gauguin, toute sa vie vouée à sa conception de l'art. Une âme sauvage qui ne se laisse pas enfermer.
Jean-Marie Dallet a eu l'idée originale de faire parler Gauguin depuis sa dernière demeure : "Cinquante-cinq ans, ma vie et moi qui du fond de la mort ressasse tout en long et en couleur, une vie trop vite close en cette tombe du bout du monde où, bien allongé à plat sur ce qu'il me reste de dos, avec du sable noir des Marquises débordant de mes orbites fixées sur un ciel de terre, je peux revivre - privilège extrême, épreuve extrême qui me vaudront peut-être enfin l'éternel salut ? (...)".
Immortel, c'est aujourd'hui quelque chose de certain ! Un bel hommage à l'artiste.

Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Une autobiographie imaginaire où Jean-Marie Dallet ne se pose ni en critique d'art, ni en historien, un mélange des correspondances de l'artiste et des ressentis de l'auteur.
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Écrite à la première personne et chronologiquement, elle se lit vite car l'auteur parvient à nous accrocher dès le début. La vie de Gauguin est jalonnée d'aventures, de découvertes et de grands espaces. Il a parcouru le monde et exercé de nombreux métiers ne parvenant pas à vivre de sa peinture.
J'ai été bien sûr très sensible aux descriptions de la Polynésie : Tahiti, Moorea et Les Marquises. Les polynésiens l'ont adopté même si la vie était difficile aussi là-bas pour le peintre : il avait faim aussi sous les Tropiques.
Le style est vivant et imagé.
En synthèse : une lecture fluide et passionnante.
Lien : http://www.despagesetdesiles..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
(...) je déborde d'amertume et de désespoir : j'ai créé un monde et la société - ma société - est demeurée aveugle devant ma vision, j'ai peint, j'ai sculpté, en vain, j'ai vécu pour la peinture et je n'ai pas existé et, à présent, il faut apprendre à se taire, à mourir.
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En fait, dès qu'il s'agira de fuir, de chercher ailleurs - plus loin, toujours plus loin - une existence différente, je serai toujours partant, n'admettant jamais que de lever l'ancre, même pour le bout du monde, ne sert à rien, que l'on échappe jamais à l'enfer intime qui vous colle au cœur, au Sud comme au Nord.
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Le 9 novembre 1893, la foule se presse devant chez Durand-Ruel, rue Laffitte, et je vais bientôt savoir si mon séjour à Tahiti fut une folie. À quatorze heures, les portes s'ouvrent, Paris débarque à Tahiti, et Paris, en quelques minutes, fait sombrer dix années d'efforts extrêmes. Il n'y a qu'à regarder ces visages blêmes, bouffis de contentement et d'incompréhension, il n'y a qu'à entendre les ricanements et les exclamations horrifiées — une Anglaise manque même s'étrangler d'indignation : What ? a red dog ... — pour en être persuadé. S'ils le pouvaient, ils me feraient, dans l'instant, interner à Charenton ! J'ai perdu. Bien sûr il y a Vuillard et Bonnard qui débordent d'admiration, bien sûr il y a Mallarmé et Degas — Degas qui m'achète encore une toile, toisant les détracteurs stupides, me serrant la main avec encore plus de chaleur que d'habitude. Et, lorsqu'il s'apprêtera à quitter la galerie, je le retiendrai un instant — Monsieur Degas, vous oubliez votre canne ! — décrochant du mur, pour la lui offrir, l'une de mes plus belles cannes sculptées : petit geste fraternel à l'égard d'un homme que j'admire et à qui je dois tant, même si à présent tout est perdu. J'exagère ? Non ! Vraiment tous mes projets sont ruinés : mon départ pour Tahiti était une défaite, mon retour l'est aussi, totale. Cependant je ne dirai rien, souriant à tous et à chacun, ne montrant ni amertume ni désespoir à tous ces médiocres incapables de comprendre — une fois de plus je suis l'Indien qui sourit dans le supplice !
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Je rêve seulement d'adonner l’épiderme des êtres et des choses, pour chercher-au-delà de la réalité première des réponse impossibles à des questions impossibles, des questions –pourquoi ? comment ?-concernant la vie. La vie !
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