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Critique de daniel_dz


La jeune Vanessa part de Centrafrique avec sa famille pour rejoindre son père Jean Iritimbi à Paris, où il tente de gagner un peu d'argent pour sauver sa famille de la misère. Patricia, une Française avec laquelle Jean Iritimbi a entamé une relation, tente de sortir Vanessa d'un mutisme dans lequel elle s'est enfermée après une traversée dramatique. Une fiction émouvante qui raconte avec pudeur l'éloignement, l'amour et le dévouement.

J'avais découvert ma compatriote Geneviève Damas avec un texte léger mais touchant, « S.T.I.B. », qui mettait en scène deux femmes ordinaires, à Bruxelles. Elle propose ici d'autres portraits, plus profonds, dans un cadre plus dramatique mais qu'elle traite avec une retenue qui renforce l'émotion.

Dans le premier chapitre, Jean Iritimbi raconte à la première personne comment il décide de chercher fortune clandestinement au Canada, avec l'espoir de pouvoir améliorer le sort de sa femme et ses deux filles en Centrafrique. Il garde contact avec sa famille, qui reste au centre de ses pensées. Mais une solitude s'installe avec les années qui passent et il tombe amoureux d'une française, Patricia, narratrice à la première personne du deuxième chapitre. Elle aime Jean Iritimbi d'un amour sincère et prend des risques pour le faire passer à Paris, en passant par les États Unis.

Geneviève Damas parvient à rendre avec beaucoup de finesse l'état d'esprit torturé dans lequel se trouve Jean Iritimbi: torturé de se sentir comme une bête traquée à cause de sa clandestinité, torturé d'être partagé entre son amour pour Patricia et son attachement à ses filles et à sa femme.

Son trouble s'accroît soudainement lorsque sa femme annonce qu'elle part pour le rejoindre, avec ses deux filles. On le sent commencer à agir à l'instinct. Il abandonne Patricia pour aller retrouver sa famille au port. Mais les choses se passent mal et Vanessa, adolescente, se trouve séparée de sa mère et de sa soeur. Jean Iritimbi la confie à Patricia pendant qu'il part à leur recherche.

J'ai été fort touché par le dévouement dont Patricia fait preuve envers Vanessa. Un dévouement sans atermoiement parce qu'on le sent tout naturellement mû par son amour pour Jean Iritimbi. Vanessa est extrêmement marquée par sa traversée. À la suite de Patricia, dans le troisième chapitre, elle raconte à la première personne comment, moment après moment, pas-à-pas, elle sort de la crise qu'elle a vécue, avec un attachement à Patricia qu'elle exprime avec beaucoup de difficulté.

C'est à mon sens Vanessa qui est le personnage central de ce roman. Car dans le titre du roman, le mot « Patricia » ne désigne pas la personne mais son nom. Vous comprendrez cette remarque mystérieuse à la toute fin du texte.

Le livre est assez court. Il aurait pu être plus long car Geneviève Damas laisse ouverte la suite de l'histoire de Jean Iritimbi. Mais cela ne m'empêchera pas de vous recommander chaleureusement de vous plonger dans l'émotion de ce récit, dont la force réside dans la retenue et la pudeur avec laquelle il a été rédigé.

« Si tu passes la rivière » reste sur ma pile. Ce sera probablement ma prochaine lecture de Geneviève Damas.
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