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EAN : 9782253177302
106 pages
Le Livre de Poche (03/09/2014)
4.18/5   215 notes
Résumé :
« Si tu passes la rivière, si tu passes la rivière, a dit le père, tu ne remettras plus les pieds dans cette maison. Si tu vas de l'autre côté, gare à toi, si tu vas de l'autre côté. » J'étais petit alors quand il m'a dit ça pour la première fois. J'arrivais à la moitié de son bras, tout juste que j'y arrivais et encore je trichais un peu avec les orteils pour grandir, histoire de les rejoindre un peu, mes frères qui le dépassaient d'une bonne tête, mon père, quand ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
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CHEF D'OeUVRE ! 6 ETOILES !

Voilà, il faut que je m'attelle à décrire ce roman au-delà des mots, et comment vais-je y arriver ?
Comment vais-je pouvoir vous faire ressentir la vie qui remplit ces pages, la vie qui déborde, qui fait honte, qui tend la main, qui donne un coup de pied, qui enterre et qui explose ? Et particulièrement la vie intérieure, celle qui ne ment pas, qui affleure à chaque regard, qui transparaît au bord d'un sourire, celle de François, qui est considéré par tout le monde comme « fada », ou plus justement dit, « qui a du vent dans la tête ». Mais justement, Roger, le curé, « préfère la compagnie des gens comme (lui) qui ont du vent dans la tête, parce qu'au moins ils sont vrais ».

Et la sincérité, François en est plein ! Pourtant, c'est difficile pour lui de montrer son bon coeur, sa gentillesse car il appartient à une famille de rustres : « Chez nous, on ne pleure pas. Ca mouille à l'intérieur, mais au-dehors, c'est sec. » Il ne sait pas lire puisqu'on ne lui a jamais appris, il n'a pas d'amis puisqu'il trime toute la journée, ...mais là je me trompe : si, il a un ami, un cochon ! La compagnie de cet animal ne le rebute pas car il se plonge dans son regard et lui confie sa pauvre vie. Oui, cet animal au regard si doux est le seul à l'écouter.
Car sa soeur Maryse, si maternelle, a traversé la rivière et n'est plus jamais revenue. Et depuis lors, il est seul, noyé dans la violence du père et des 2 frères. « C'est comme ça la vie quand elle vous enlève ce qu'elle vous a donné de plus beau, il n'y a rien à dire qu'à laisser les rivières couler »...
Et la mère, me direz-vous ? Elle a disparu, la mère, depuis la naissance de François. Morte, probablement. Mais François voudrait tellement savoir, voudrait tellement aller à la rencontre de « cette mère qu'il aurait pu avoir »...Il a tellement soif d'amour, lui qui en est plein !

Mais... « il ne faut pas aller trop vite, parce que si tu te précipites comme un perdu, ton coeur tressaute dans ta poitrine ; chaque chose importante, elle doit arriver petit à petit comme la graine de blé qui peu à peu s'arrache du sol, sinon tu la vomis et ce qui t'arrive ne te sert alors à rien. »
Et tout doucement, aidé de quelques personnes au coeur bon, guidé par son intelligence qui s'éveille, par son sourire qui s'épanouit («je me tenais prêt à lui sourire, pour qu'il le voie, mon sourire, quand il ouvrirait les yeux. Parce qu'un sourire, ça fait toute la différence, avec un sourire tu n'es plus seul »), François marche sur le chemin de la vie, qui lui dévoile peu à peu ses secrets.

« Tout à coup j'ai pensé que la vie était belle. Pas belle comme quelque chose que tu observes dans une vitrine et qui ne t'appartient pas et qui te nargue et te dit : « Ce n'est pas pour toi, petit » ; belle comme quelque chose de sanglant qui te tombe dessus par hasard, qui t'écorche, mais c'est ça la vie quand tu en es le centre, qu'il se passe quelque chose et que cela t'arrive à toi, tu peux dire alors qu'elle est belle, la vie. »

Si j'ai mis tant de citations dans ce résumé, c'est parce que je n'arrive pas à me défaire de ce roman...Je ne connaissais pas Geneviève Damas...Mais maintenant, son roman m'enveloppe et me fait du bien et je ne peux qu'humblement vous inciter à le lire, car je suis certaine qu'il touchera, ne fût-ce qu'une fibre intime en vous !
« Si tu passes la rivière », c'est une traversée dans le secret et dans le mal, pour aborder l'espoir.

Je le répète : CHEF D'OeUVRE D'HUMANITE!

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A dix-sept ans, François n'a jamais quitté la ferme où il a grandi, trimant misérablement aux côtés d'un père sans tendresse et de ses quatre aînés. Malgré sa tête folle, il a pris conscience de l'anormal isolement de sa famille, et mille questions le taraudent. Pour quelles raisons son père lui interdit-il si farouchement de traverser la rivière ? Pourquoi ne parle-t-on jamais de la mère qu'il n'a pas connue ? Et qu'est-ce qui a poussé sa soeur à partir sans retour ? Pour tenter de trouver des réponses, l'adolescent se rapproche de quelques villageois avec lesquels il se lie. Il découvrira bientôt le secret de ses origines…


Rédigé à la première personne, dans le langage fruste et naïf d'un jeune homme maintenu dans un tel état de sauvagerie et de rustauderie qu'il en paraît d'abord un peu simple, le récit sans lieu ni date est celui d'un éveil progressif, d'un passage d'une quasi animalité à une conscience de soi pleine et entière. Alors que depuis le départ de sa soeur, seul être humain à l'avoir aimé, François s'en est trouvé réduit aux seuls liens affectifs qu'il entretient avec ses cochons, ses initiatives, d'abord maladroites puis de plus en plus assurées, vont peu à peu l'extirper de ses conditions misérables et lui permettre les apprentissages essentiels à son émancipation. Il apprend à lire, connaît sa première expérience sexuelle, découvre autour de lui les joies et les souffrances de l'amour, et, en explorant le passé et le secret de ses origines, comprend enfin son identité.


L'histoire, habilement contée, possède beaucoup de charme. Touché par la candeur et la sincérité de François, mais aussi par la fragile et lumineuse humanité de quelques autres personnages, le lecteur évolue à fleur d'émotion et de poésie, alors que le narrateur, jusqu'alors asservi par la misère et l'obscurantisme, s'apprête enfin, et très symboliquement, à sauter la rivière qui le séparait de l'espoir et de la liberté.


Profondément lumineux et optimiste, ce conte symbolique apparaît en frappant contraste d'un autre roman plus récent, pour sa part noir et désespéré, sur une thématique très semblable : le démon de la colline aux loups de Dimitri Rouchon-Borie. Si le premier croit allégoriquement et positivement à tous les possibles, le second les referme sans recours sur l'identique innocence de son narrateur, ne lui laissant pour seul rivière à franchir que celle qui sépare la vie et la mort.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Il a promis, François. Promis à son père qu'il ne passera jamais la rivière. Pourtant, c'est pas l'envie qui lui manque. Surtout depuis qu'il a vu sa soeur, Maryse, l'aînée de la fratrie, passer la rivière, devenir toute petite jusqu'à disparaître. Il a eu beau l'appeler par son prénom, parce qu'il ne trouvait pas les mots pour la retenir, elle est quand même partie. À la ferme, où le travail ne manque pas et où chacun vaque à ses occupations, face à un père autoritaire et dur, à deux frères indifférents et peu affectueux, François trouve du réconfort auprès de ses cochons, Hyménée étant sa préférée. Grâce à l'attention de Roger, le prêtre du village, le jeune garçon tentera de trouver un sens aux mots, retrouver la mère qu'il aurait eue et comprendre tous ces silences, pourtant lourds de sens...

L'on a tout simplement envie de lui crier à François de traverser la rivière et de partir sans se retourner. Car, que peut-il lui arriver de bon dans cette famille ? Un père violent, taiseux, et inculte, deux frères qui ne ratent jamais une occasion de se moquer de lui ou, parfois, de le faire souffrir. D'autant que Maryse avait certainement une bonne raison de partir, c'est sûr. de même que son autre frère, Jean-Paul, qui, lui, est tombé du toit. Si, jusque-là, François n'avait que du vent dans la tête, il va bientôt avoir, grâce à Roger, des voyelles et des consonnes. Et des mots qui vont donner un autre sens à son passé et à sa vie. Les mots de François, on les cueille, on les attrape au vol, on les reçoit en pleine figure, et ils nous laissent pantois, abasourdis, bouleversés. Ils nous frappent en plein coeur de par leur naïveté, leur sincérité, leur besoin de tendresse, leur reconnaissance, leur joie de vivre, leur amour. Alors, oui, François, traverse cette rivière, ne te retourne pas, même si tu laisses derrière toi ces quelques êtres lumineux qui t'auront aidé, épaulé, embrassé. Passe la rivière, François, même si c'est froid...
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Aujourd'hui 28 décembre, fête des Saints-Innocents, me semble le jour idéal pour vous raconter l'histoire de François, 17 ans, « du vent dans la tête et des cochons comme amis ». François vit à la ferme avec son père et ses deux frères aînés, on ne sait pas où, on ne sait pas quand. Mais on sait comment : la vie est rude, l'ouvrage ne manque pas, le paternel est autoritaire, les frangins bourrus, tous sont taciturnes. Faut dire que le mauvais sort ne les a pas épargnés : la mère a disparu peu après la naissance de François, Maryse, la grande soeur adorée, s'est enfuie de l'autre côté de la rivière pour ne jamais revenir, le frère Jean-Paul est mort en tombant du toit. Mais chez ces gens-là, on ne parle pas de ces choses, pas plus qu'on ne montre ce qu'on ressent au-dedans. Les larmes, c'est tout juste bon pour couler à l'intérieur. Alors François se confie, dans son langage enfantin, à ses seuls amis, Oscar le cochon, puis Hyménée la truie. Considéré comme le simplet du village, il s'interroge pourtant sur ces disparitions dont le sens lui échappe. Il se demande aussi pourquoi son père lui interdit de passer la rivière. François voudrait comprendre. Il pressent que les clés pourraient se trouver au cimetière, mais voilà, il ne sait pas lire les inscriptions sur les tombes. Comment retrouver celle de sa mère, dans ces conditions ? Alors François a l'idée de sa vie, il demande à Roger, le curé, de lui apprendre à lire. Et la vie de François change… Sous les auspices de la Comtesse de Ségur, la cure devient un peu son « auberge de l'ange gardien », son refuge où il trouve réconfort et amitié. François s'humanise, comprend qu'il est autre chose qu'un cochon, grâce à la lecture, mais aussi aux rencontres, puisque désormais c'est lui qui vend les produits de la ferme au marché du village. Peu à peu le voile se lève sur les secrets de famille. Et la rivière n'est peut-être pas aussi infranchissable qu'on le dit…
Quête d'identité, lourds secrets, amour, violence, amitié sont au coeur de ce court roman, qui démontre que la lecture, la connaissance sont autant de portes vers la liberté, et ouvrent des horizons jusque-là bouchés par des rivières, symboliques ou non. Ces 155 pages sont bourrées d'humanité, d'émotions, de tendresse, de drôlerie, de naïveté mais aussi de profondeur. Faussement simple, ce récit est terriblement sensible, touchant, et finalement optimiste. On dit que la foi soulève les montagnes. Voici une nouvelle expression pour 2015 : la lecture fait franchir les rivières.

PS : merci à Latina pour sa critique enthousiaste qui m'a donné envie de lire ce roman ;-)
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Quelle belle découverte ! c'est un énorme coup de coeur. L'écriture de Geneviève Damas a été pour moi un enchantement. Ses mots nous enveloppent et nous touchent au plus profond de nous. C'est très imagé et on ne peut s'empêcher par moment de sourire même si ce livre n'est pas léger, loin s'en faut.
L'histoire de François, jeune homme de 17 ans, est tout simplement émouvante, on l'aime ce François et on a envie de le protéger, de l'aider à comprendre sa naissance qui reste un mystère pour lui.
Les conditions dans lesquelles il évolue ne sont pas chaleureuses, il vit avec son père qu'il craint et ne parle guère, et deux frères avec lesquels il ne partage rien. Sa soeur Maryse est en revanche , douce et aimante mais elle ne restera pas, elle passera de l'autre côté de la rivière, rivière qui lui est interdite par son père de franchir. François cherchera alors les raisons de cet interdit et tentera de comprendre qui est sa mère, pourquoi tout ce silence autour d'elle, pourquoi il ne trouve pas de photo de lui avec elle.
Que de sensibilité, que de tendresse dans ce merveilleux roman qui est aussi un écrit sur les liens, la parenté, la lecture, les secrets de famille.
Je ferme ce livre avec regret, mais j'emporte avec moi François dans mon coeur et il y restera longtemps.
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critiques presse (1)
LaPresse
22 février 2013
un premier roman remarquable qui raconte l'histoire de François, garçon de 17 ans qui tente de s'extirper de sa vie misérable en apprenant à lire et en cherchant à élucider le mystère de sa naissance.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (86) Voir plus Ajouter une citation
Je l'ai laissée longtemps, ma main, presque tout le jour et encore après, jusqu'à ce que je ne distingue plus les colchiques des chardons. Les autres cochons, je les ai à peine regardés. En me jetant sur mon lit après, je me sentais fatigué et léger. On ne s'était pas dit grand-chose, Hyménée et moi, mais on savait qu'on était liés, elle et moi. Parce que, qu'est-ce qui peut apporter plus de joie que d'être lié à quelqu'un, c'est ça que je me dis. Peu importe qui. Moi, c'est Hyménée, mais ça aurait pu être le rouge-gorge que je vois chaque matin sur la barrière ou notre vieux teckel Sammy, ou mon père ou qui tu veux. L'important, c'est d'être lié avec quelqu'un qui se lie à toi.
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Il y en avait plein, des grimoires, lourds et sales et contenant les noms de centaines de Martin, de Sorrente, depuis des années et des années, même d’avant le déluge. Je n’ai pas tout de suite trouvé le bon, et mon impatience me faisait prendre ceux d’à côté alors qu’après je me suis rendu compte que celui que je voulais se trouvait depuis le début face à mes mirettes. J’ai pensé, c’est comme la vie, le secret des secrets se trouve depuis toujours devant toi, et toi, c’est comme si tu avais du brouillard dans les yeux, de la fumée ou de la suie, et tu passes ton temps à tâtonner comme un simple qui n’a rien compris.
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Je me disais alors que ma vie c'est comme une forêt où il n'y a pas de lumière, où j'avance seul et parfois avec un mot ou une phrase oubliée parce que personne ne le sait, même si je reste de ce côté-ci, toute la journée dans ma caboche, je les cherche, la mère que j'aurais eue et ma Maryse, et je n'oublie pas Jean-Paul aussi, c'est comme une clairière qui apparaît tout à coup et qui me donne la force de continuer à chercher et encore et encore, parce qu'un jour tous les arbres auront disparu et je n'aurai plus peur, j'arriverai dans une prairie de fleurs et je le saurai alors que je suis sauvé.
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J'avais recommencé à marcher dans le village. Je m'en allais sur les chemins vers les cinq heures quand tu ne fais plus la différence entre le chien et le loup. À ces moments, tous étaient chez eux et je pouvais, sans me gêner, regarder à l'intérieur des maisons, voir comment les familles vivent quand ce sont de vraies familles, pas comme chez nous où on est sans cesse dans le silence car trop de nous ont disparu.
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Elle avait pleuré, pleuré encore et puis elle avait dit « Sauve-moi, François, sauve-moi » et s'il y avait une chose impossible, c'était bien celle-là. Ça, je le savais, que tu ne sauves personne rapport à Oscar et Jean-Paul et à tous les autres qu'on aime, qu'on ne peut pas empêcher de crever comme des mouches qu'on aplatit avec la main. Je ne savais même pas si on peut se sauver soi-même, mais j'étais prêt à parier que oui.
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Vidéo de Geneviève Damas
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Au programme de la rentrée d'automne 2023 : 0:00 Introduction 1:01 *_perspective(s)_ de Laurent Binet* 1:15 *_À ma soeur et unique_ de Guy Boley* 1:29 *_l'enragé_ de Sorj Chalandon* 1:55 *_Rose nuit_ d'Oscar Coop-Phane* 2:30 *_strange_ de Geneviève Damas* 2:50 *_Le Jour des caméléons_ d'Ananda Devi* 3:06 *_Adieu Tanger_ de Salma El Moumni* 3:17 *_Le Grand Feu_ de Léonor de Récondo* 3:47 *_Comédie d'automne_ de Jean Rouaud* 3:58 *_Croix de cendre_ d'Antoine Sénanque* 4:11 *_Impossibles adieux_ de Han Kang* 4:39 Conclusion
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