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EAN : 9791097465292
254 pages
Goater (09/11/2019)
3.82/5   34 notes
Résumé :
L'étoffe dont sont tissés les vents est une analyse philosophique de La Horde du Contrevent, le roman culte d'Alain Damasio. Elle est publiée dans cette édition avec deux textes introuvables de l'auteur : Exhorde et Le conte du Ventemps, scènes coupées de La Horde ; ainsi que Steppe Back, la nouvelle de Mélanie Fievet, lauréate du prix fanfiction Folio SF 2015 ; et divers textes complémentaires permettant d'éclairer et d'interpréter cette œuvre incontournable.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai cédé au marketing... Je n'ai pas réfléchi, j'ai tout de suite acheté ce texte en voyant le titre de la Horde de Contrevent, ce roman si important pour moi, que je trouve à la fois si beau, si déchirant et si fort, l'oeil attiré aussi par la belle illustration de la couverture. Ces personnages bleutés sont en formation de contre pour avancer face à un vent couleur de sable et de roche, suggéré par les traits qui indiquent le mouvement, la vitesse. On ne distingue ou ne reconnaît aucun personnage distinctement, comme pour suggérer que ce sont leurs vifs qui se tiennent devant nous, lecteurs, « cette pelote de vent qui [les] tisse, et qui leur survit, parfois ». Ces personnages sont « l'orage marcheur, la foudre lente, de l'horizon les vingt-trois éclats de verre, les copeaux bleus et les tessons » pour reprendre la présentation de la Horde donnée par Caracole devant les Fréoles. Je vois bien cette volonté de l'éditeur, plutôt que de titrer « analyse philosophique et littéraire », ce qu'est cette oeuvre.
Il y a d'abord deux chapitres écartés par Alain Damasio lui-même lors de la publication. Je comprends parfaitement pour le premier : « l'Exhorde », une note d'intention adressé au lecteur. Si certains ont eu du mal à comprendre le début du roman – qui commence en pleine action, à cause de l'accumulation de termes techniques inventés, de personnages, avec un décor peu décrit... je trouve néanmoins que cette partie est trop explicative, descriptive, savante presque même. Pour Damasio qui accorde tant d'importance au rythme, ce premier chapitre qui se pose – et qui impose - aurait plombé le roman d'entrée. le deuxième est un conte de Caracole, « le Conte du Ventemps », et je ne pourrais jamais me lasser d'un conte de Caracole. Celui-ci pourrait être une variation autour d'une réflexion de Sov : « Avant même de naître, je crois que nous marchions […]. Nous n'avons jamais eu de parent, c'est le vent qui nous a faits ». Peut-être que ce passage a été écarté, car il annonçait, prédisait même, la fin du roman. Tout cela me donne très envie d'avoir un jour une publication des carnets de préparation d'Alain Damasio, ses notes sur les personnages, leurs caractères, leur histoire personnelle, leur description physique...
Ensuite, Antoine St.Epondyle livre une analyse à la fois littéraire et philosophique du roman. Certains concepts m'ont intéressée voire séduite, j'ai plus de réserve sur d'autres. J'ai une relation presque intime à ce roman, lu dès sa parution, relu plus d'une dizaine des fois... Donc, forcément, j'ai mes propres interprétations, mes propres grilles de lecture. J'ai particulièrement aimé l'analysie poétique du poème du début sur le surgissement du vent comme force créatrice du cosmos et de la vie. J'ai appris des choses sur l'influence de concepts de Deleuze que je n'ai jamais lu, notamment celui de ritournelle, soit le jaillissement à partir du chaos. J'ai apprécié aussi les idées assez vertigineuses sur la mise en abyme : la Horde vit et bouge dans un monde, qui est contenu dans un livre, qui est, lui fini, ce qui pourrait être en soi un indice sur l'univers du roman. le véritable Créateur, ce n'est pas le Vent, le Vif, le Cosmos..., c'est L Auteur. C'est lui qui décide si la quête aura une arrivée, une fin, ou non. Pour citer à nouveau Caracole : « il y a d'abord une ligne, celle de l'histoire, qui part d'un début pour arriver à une fin ». Les personnages peuvent-ils supposer leur destinée même de personnages ?
En revanche, j'ai trouvé que certaines réflexions n'étaient pas pertinentes, trop actuelles, dans l'air du temps, mais qui n'apportent rien : oui, seuls des relations hétérosexuelles sont présentées, mais est-ce vraiment important de le remarquer ? Je ne suis pas non plus d'accord forcément sur l'analyse genrée des rôles, A. St.Epondyle suggérant que les personnages féminins sont cantonnés à des rôles typiquement féminins. Certes, Alme est une soigneuse, Aoi s'occupe de l'intendance pourrait-on dire. Mais Callirohé est présentée comme ayant transgressé le modèle attendu, s'occupant du feu et du fer. La famille d'Oroshi est une lignée matriarcale, premières femmes à occuper la fonction d'aéromaîtresse – le terme est au féminin. Je regrette que son personnage ne soit pas plus analysé, elle est purement rationnelle et intellectuelle, et s'humanise peu à peu en laissant parler sa sensibilité. A contrario, Pietro a des comportements associés traditionnellement à un personnage féminin : l'empathie et l'attention aux autres, la volonté de médiation dans les conflits...
Je regrette enfin que, si l'auteur réfléchit sur la langue, il ne réfléchisse pas assez sur la poésie de la langue de Damasio. L'auteur le dit lui-même, il donne des pistes d'interprétation et ses propres réflexions, mais avec une oeuvre si dense et si puissante que celle-ci, chacun garde ses propres images et visions du roman, et c'est ce qui en fait la force.
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Après deux récits autour du livre, ainsi que des inédits, nous apprécierons une analyse magistrale de ce livre-monument qu'est à lui seul "La Horde du Contrevent" d'Alain Damasio.
D'ailleurs, je ne l'ai vraiment compris qu'à la lecture de ce recueil qui m'a permis de plonger dans l'univers complexe de ce grand écrivain actuel de SF, avec de nombreuses références philosophiques (à Deleuze entre autres).
J'ai ainsi revécu l'épopée de la Horde et de chacun de ses protagonistes, aux caractères si différents et complémentaires. J'ai ressenti la rudesse du chemin, la tentation de l'abandon et la renaissance finale. C'est comme si j'avais relu ce livre sous un autre angle, une lumière plus forte, une clarté évidente.
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Comment dire l'indicible, saisir l'insaisissable ? Est-il seulement possible de dire ou de saisir quoi que ce soit de cet éclat fugace et furtif qu'est la Horde du Contrevent ? N'est-ce pas là une oeuvre qui se vit plus qu'elle ne se décrit ? N'est-il pas illusoire de vouloir figer sur le papier une quelconque réflexion sur ce livre définitivement pas comme les autres, qui semble toujours se dérober aux interprétations, dont le sens profond semble s'éloigner toujours plus à chaque fois qu'on a le sentiment confus de le toucher enfin du doigt ?


C'est pourtant bien ce que nous propose cet essai : « une analyse de la Horde du Contrevent ». Tout un programme. Et sans doute plus une ébauche, une étape. Comme une silhouette à peine discernable au plein coeur d'une tempête. Antoine St Epondyle a l'immense mérite d'avoir essayé, l'immense courage d'avoir dévoilé ses propres pistes de réflexion. Et l'immense humilité de reconnaitre qu'il ne s'agit pas là d'une analyse « terminée et figée » de cette oeuvre décidément pas comme les autres.


Analyse littéraire, linguistique, analyse philosophique, métaphysique : à travers ces deux grands axes, l'auteur tente de démêler un tant soit peu cette toile savamment entremêlée du roman. Au lecteur qui avait le sentiment de ne rien avoir compris du tout, il offre quelques pistes. Et au lecteur – sans doute un peu orgueilleux – qui affirmait au contraire avoir absolument « tout » saisir, il invite subtilement à aller toujours plus loin, il démontre qu'il y a toujours quelque chose de nouveau à remarquer, à comprendre, à assimiler.


Ajoutons à cela deux extraits inédits de la Horde : ce qui aurait pu être une sorte de « prologue », et ce qui aurait pu être une sorte de « fin alternative ». Si je suis heureuse que ces deux scènes aient finalement été coupé de la version finale, je suis également fort heureuse d'avoir eu l'occasion de les découvrir, car elles apportent quelque chose de plus dans la compréhension de ce livre-monde, de ce monde-en-livre. Elles aussi ouvrent de nouvelles pistes au lecteur en chemin, au lecteur en « contre-lecture ».


Une fanfiction et quelques interviews d'artistes embarqués dans des projets inspirés de la Horde complètent le tableau : la première était jolie, mais n'a pas su me convaincre totalement ; les secondes étaient fort intéressantes, et ma seule frustration est finalement de ne pas avoir l'occasion de découvrir ces oeuvres « connexes », qui me semblent si atypiquement extraordinaires. J'aime les artistes audacieux, ceux qui n'hésitent pas à sortir des cadres si étroits, ceux qui osent l'impossible, l'impensable …


En bref, un ouvrage très intéressant, qui m'a définitivement donné envie de re-re-re-relire cet OLNI (Objet Littéraire Non Identifié), et qui m'a également donné très envie de découvrir Les Furtifs … et tous les autres ouvrages de Damasio, en somme !
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"L'étoffe dont sont tissés les vents" est une analyse du roman de SF "La horde du contrevent" d'Alain Damasio, publiée en novembre 2019 aux éditions Goater (15€). le livre d'environ 240 pages est divisé en cinq parties :

- dans la première, appelée "Exhorde", se trouve un prologue à La Horde du Contrevent, rédigé par Alain Damasio, mais qui n'est pas paru dans l'édition originale (si bien que le livre débute "in media res"), cet extrait est donc inédit et aurait fait office de note à l'intention du lecteur. Il s'agit de Sov Strochnis y prend la parole pour 5 pages de mise en contexte.

- dans la deuxième, appelée "Le conte du Ventemps", de 10 pages, se trouve une scène coupée de la Horde du Contrevent, qui donne une fin alternative au roman

- dans la troisième, appelée "Steppe back", se trouve une nouvelle de Mélanie Fievet, lauréate du prix fanfiction Folio SF 2015, qui pendant 16 pages imagine la suite pour quelques personnages du roman

- dans la quatrième se trouve l'essai philosophique d'analyse de la Horde du Contrevent, intitulée "L'étoffe dont son tissés les vents" par Antoine St Epondyle, divisé en deux parties :
La première partie est intitulée "Le Monde", l'auteur y analyse l'univers et le langage, art brillamment maîtrisé par Alain Damasio, l'origine du Monde, les trois dimensions de la vitesse, et donne également, entre autres, une explication des premières pages de la Horde (quatre paragraphes plus ou moins effacés par du sable).
La seconde partie est intitulée "La Vie" et l'auteur y analyse le vif, les personnages et particulièrement Sov, le personnage-Horde à part entière, le sens de la quête (sens physique d'aval en amont et sens métaphysique), les efforts et volontés personnelles des personnages, ainsi qu'une explication de la fin et de la signification pour chacun des personnages. L'analyse fait des parallèles avec des notions philosophiques développées par Spinoza, Nietzsche et Deleuze en particulier. En fin d'ouvrage se trouve également une bibliographie très complète sur laquelle l'auteur s'est appuyé pour étayer sa réflexion.

- dans la cinquième, appelée "Interviews" se trouvent des interviews d'artistes ayant travaillé à une adaptation personnelle du chef d'oeuvre d'Alain Damasio, que ce soit en musique, en BD, ou dans des expériences immersives collectives.

J'ai trouvé ce livre particulièrement intéressant dans la mesure où il apporte des éclairages sensés à tout l'univers du livre et à la compréhension que l'on peut en avoir (au niveau de l'écriture elle-même, du monde, des personnage, de la quête, du sens que l'on peut lui donner et de la fin). L'analyse permet de prendre du recul sur les personnages et de réfléchir à l'oeuvre dans son ensemble, et en particulier également, à différents niveaux de lecture. Les textes inédites et les interviews qui accompagnent l'essai philosophique ajoutent du contenu d'intérêt qui ne manquera pas d'intéresser les fans, et permettent de réfléchir à d'autres subjectivités associées à la résonance qu'a eu l'oeuvre en chacun de nous. Je recommande vivement cette lecture à toutes les personnes que la Horde a marqué!
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J'ai reçu ce livre lors de la Masse critique Non-fiction de février 2023. Etant une inconditionnelle d'Alain Damasio, et une grande admiratrice de la Horde du Contrevent, c'était un magnifique cadeau pour moi, et je m'y suis précipitée. Je n'ai pas été déçue. Pour les amoureux de la Horde du Contrevent, L'Etoffe dont sont tissés les vents est passionnant, un trésor.
Il propose d'abord deux textes inédits de Damasio, ce qui est une agréable mise en bouche. Exhorde, est une introduction à La Horde, non publiée dans le roman final, mais qui explicite l'intention de l'auteur. Il me semble judicieux de ne pas l'avoir publié avec le roman, mais il est très intéressant de la lire a posteriori. le conte du Ventemps est un conte de Caracole, le troubadour de la horde, toujours excellent à déguster.
Antoine de St Epondyle retranscrit également des interviews d'artistes ayant adapté La Horde du Contrevent en BD ou en spectacles vivants, de quoi se donner envie.
Enfin, le coeur du livre propose une analyse littéraire et philosophique de cet ouvrage inclassable, cette "cathédrale littéraire", selon les mots de St Epondyle. Il nous éclaire, à la lumière de Deleuze et de Nietzsche, sur les personnages du roman de Damasio, sur cette horde et sa quête, sur le vif, le temps et le mouvement du texte et dans le texte. Comme le roman, cette analyse est pointue, ardue quand, comme moi, on ne maîtrise pas ces philosophes, mais elle est pertinente, passionnante et éclairante. Elle propose, non une "vérité du texte", mais une lecture où la fiction donne forme aux concepts philosophiques développés, et montre comment La Horde du Contrevent peut être une proposition de réponse, par l'exemple, à la problématique récurrente de l'oeuvre de Damasio : "qu'est-ce qu'être en vie ?".
J'ai particulièrement aimé l'analyse littéraire, philosophique, poétique, lexicale, rythmique, graphique, esthétique,... de la première page du roman. Un enchantement. A la hauteur de l'oeuvre analysée.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
09 janvier 2020
Cette analyse du roman culte d'Alain Damasio cherche à en explorer les confins pour en révéler les thématiques et les influences au-delà du récit. L’Etoffe dont sont tissés les vents est une proposition de lecture, basée sur les inspirations premières du roman : Spinoza, Nietzsche, [ou encore] Deleuze.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il y a des lectures qui nous bouleversent. Pour moi, La Horde du Contrevent fut de celles-ci. Ouvrage inclassable quoique rangé au rayon « science-fiction » de nos bibliothèques, le roman d’Alain Damasio déroute souvent, désarçonne parfois, rebute certains au premier contact. Et pourtant son large succès, tant public que critique, ne se dément pas depuis sa parution initiale en 2004.
Suite à ma lecture de La Horde, je crois ne pas être le seul à avoir gardé aux narines un certain parfum d’énigme. Serais-je passé à côté de quelque chose ? Au-delà de l’aventureuse équipée de la 34e, de son traceur Ω Golgoth et de ses acolytes, que donne à lire La Horde du Contrevent ?
C’est pour répondre à cette question que j’y suis revenu. Pour chercher à comprendre. Le livre que vous avez entre les mains est une proposition d’analyse.
En science-fiction plus qu’en toute autre littérature, il en va des grands textes comme des mythologies. Les mondes que donnent à explorer les œuvres du genre ouvrent sur mille chemins de compréhension, voies multiples aux visions parfois contradictoires mais rarement sans issue. Combien d’analystes de Lovecraft, Huxley, Dick et Orwell pour combien de vérités ? À l’instar d’un territoire connu dans sa globalité, certaines œuvres se prêtent à des explorations successives, où chaque voyageur arpente ses propres chemins, ouvrant des pistes neuves ou suivant les autoroutes du sens commun. En commençant mon analyse de La Horde du Contrevent, cette idée m’a d’abord tétanisé, tenté que j’étais par une approche « objective ». Mais comment dénicher la vérité du texte, si personne n’en retire tout à fait la même chose ?
Je me suis alors souvenu de Roland Barthes et de « la mort de l’auteur » ; que l’intention de celui qui écrit ne prévaut pas sur la compréhension de celui qui le lit. Que ce sont aussi la tête et les tripes du lecteur qui font la littérature. Je devais me rendre à cette évidence terrifiante : pour comprendre ce que La Horde du Contrevent avait à me dire, il me fallait quitter toutes ses analyses et commentaires, laisser de côté ma propre admiration de l’œuvre, et revenir au texte. Je n’avais que lui.
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) Sov est la figure d’identification principale de l’auteur, qui trace son carnet de contre pour baliser le terrain aux générations futures, et ce malgré les chances extrêmement faibles que le texte lui survive. La vanité de la quête du Contrevent fait écho à celle de l’écriture. ) Sov porte la mémoire de ces vies passées à contrer ; pas la connaissance intime de la nature du vent (domaine de X Oroshi) mais la stricte transcription de l’expérience vécue, des formes de vent rencontrées et des chemins pris.
C’est pour cette raison que le scribe est le personnage dont le mûrissement au fil des années est le plus évident. Son rôle est de transcrire le vent, autant dire la vie, et de l’apprendre ce faisant. Il doute en permanence de sa légitimité, de l’utilité d’écrire, et de la Quête en elle-même. Deux fois il tombe amoureux et deux fois il rêve au renoncement. Malgré la lourdeur de sa tâche, ) Sov est le plus proche de nous.
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Sous la forme d’injonctions, les termes « fuit, pur fou » sont à comprendre sous la définition de la fuite deleuzienne. En disant « fuit » cette première version intelligible de l’origine du monde décrit une déterritorialisation et engage à ne pas s’abriter. Fuir, pour Deleuze, c’est « tracer une ligne, des lignes, toute une cartographie » car c’est le mouvement d’arpenter le terrain qui crée le terrain lui-même.
Le « lemme » et la « stance » achèvent le premier stade de la création en lui donnant sa force évocatrice. Nous avons vu précédemment comme le livre confère leur pouvoir aux mots. On ne s’étonnera donc pas de trouver dès le premier stade de la création mention de ce pouvoir linguistique, le « lemme » est l’unité autonome permettant de porter un sens, il peut être écrit, parlé, signifié par gestes ou par tout autre moyen. La genèse de l’univers de La Horde nous indique toutefois que ce lemme est d’ores et déjà « lié » pour former la « stance ». Une notion de lien qui s’avèrera essentielle dans le rapport à la vie du roman. Cette dernière parcelle de la création brute porte la puissance poétique du monde de La Horde. Dès ses premiers méandres, il est une poésie du mouvement.
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La polyphrénie permet également de varier les types d'identification du lecteur aux personnages. Aristote en définit quatre types dans La Poétique. 1/ L'admiration telle qu'on peut l'avoir pour Golgoth (pour sa volonté), Oroshi (pour sa sagesse) ou Pietro (pour sa probité), et qui induit une forme de passivité du lecteur due à une relation de supériorité avec le personnage admiré (relation verticale, transcendante). 2/ La familiarité telle qu'on peut en avoir pour Coriolis ou Sov, plus proches de nous avec leurs doutes, failles et questionnements, et qui permet de faire écho aux problèmes du lecteur qui se place sur un pied d'égalité avec eux (relation horizontale, immanente). 3/ L'identification cathartique qui permet de purger les passions du lecteur à travers des personnages comme Golgoth et ses luttes psychologiques internes, en les déplaçant dans la réalité alternative du roman. 4/ Et enfin l'identification ironique, qui consiste à rire aux dépens des personnages, et qui n'est jamais utilisée dans La Horde.
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Si La Horde du Contrevent est un roman résolument philosophique, elle ne sombre pourtant pas dans le professoral ou l’encyclopédique (erreur classique des histoires « à concept » dans lesquelles un personnage finit par nous expliquer l’intention de l’auteur par le menu). Toute La Horde du Contrevent nous est racontée par les regards croisés de ses personnages – chacun enrichissant le récit de sa vision singulière du monde. Finalement, on ne connaîtra rien de l’univers que ce qu’ils voudront bien nous en dire, et qu’ils découvriront eux-mêmes au fur et à mesure. (…)
L’évocation du monde à plusieurs locuteurs fait circuler le lecteur dans le groupe, presque comme un hordier à part entière. La lecture de La Horde du Contrevent est nécessairement active, exigeante, elle demande une grande motricité pour appréhender, en même temps, vingt-trois façons différentes de voir le monde – et d’en parler. Par la suite la difficulté initiale d’identifier les personnages laisse place à une lecture plus instinctive.
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