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Ce premier roman a le grand mérite de mettre en lumière une femme à la trajectoire politique singulière, finalement méconnue, son suicide - jugé contre-révolutionnaire - l'ayant éjecté du panthéon des héros cubains. Haydée Santamaria a pourtant été, avec Melba Hernandez, une des rares femmes à être aux côtés de Fidel Castro dès le départ, elle a même, exercé le pouvoir au comité central communiste cubain et fondé la très influente institution littéraire La Casa de las Americas.

Amina Damerdji a choisi de se concentrer sur la période 1951-1953 de la vie d'Haydée Santamaria, c'est-à-dire sur les prémisses de la Révolution cubaine. Dans ce roman sur l'engagement, elle retranscrit parfaitement toute la vitalité et l'élan d'une jeunesse cubaine idéaliste qui se construit dans la lutte contre la dictature instauré par Fulgencio Batista après son coup d'état de 1952 accompli avec le soutien de la CIA. Les descriptions de l'effervescences de la Havane comme de la misère des campagnes sucrières, très vivantes et sonnent justes.

On y suit la transformation profonde d'une jeune femme issue d'un milieu favorisé qui va s'engager passionnément dans la lutte armée, son éveil au militantisme, sa révolte contre les inégalités sociales qui rongent son pays et la corruption du régime Batista. L'émergence du désir révolutionnaire est très bien restitué, d'abord timide, né de préoccupations futiles ( admiration pour son frère, faire partie d'une bande avec ses histoires amicales et amoureuses ) avant de se fortifier au point de prendre les armes lors de l'attaque de la caserne de la Moncada à Santiago de Cuba. Ce 26 juillet 1953 est le déclenchement de la révolution cubaine, un échec avant la prise de pouvoir en 1959, de nombreux guérilleros sont arrêtés, torturés et assassinés ( dont le frère et le fiancé de la jeune femme )

Si toute la restitution de cette épopée est excellente, je suis moins convaincue par la narration du roman, construit comme une adresse d'Haydée Santamaria dans son appartement de la Havane au seuil de son suicide en 1980. Les chapitres alternent ainsi deux temporalités : celui du présent et celui des souvenirs qui filent de 1951 à 1953. L'idée de confronter la jeune Haydée guérillera passionnaria et celle de 56 ans pleine de dépit et de désillusion à l'heure de l'exode de Mariel qui vit près de 125.000 Cubains s'exiler en Floride après avoir reçu l'asile politique aux Etats-Unis. Terrible de passer sa vie à bâtir un Etat que les gens ne pensent qu'à fuir.

Mais l'ellipse temporelle est trop ample pour être bien maitrisée, quelques repères chronologiques à la fin du roman aurait été bienvenus. Il manque beaucoup trop d'éléments au lecteur pour parvenir à relier correctement ces deux périodes. Au final, cela donne un roman très intéressant par son sujet mais trop lisse, trop sage. le récit manque de cette folie nécessaire pour emporter dans le tourbillon de la vie de cette héroïne passionnante emplie de tourments et d'ambiguïtés qu'on ne fait qu'effleurer dans les explorer avec dans toute leur complexité et leur intensité.

Lu dans le cadre de la sélection 2022 des 68 Premières fois #16
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«La patrie ou la mort»

Dans un premier roman de bruit et de fureur, Amina Damerdji retrace les jours qui ont conduit Haydée Santamaria, une des rares femmes à mener la lutte, jusqu'à la révolution cubaine. Un récit documenté et émouvant.

«Je suis la camarade Haydée Santamaria, l'héroïne de la Moncada, la dirigeante politique, la seule femme qui a sa place au Comité central, et ce soir, je vous le promets, avant votre disparition, je vous raconterai tout.» Nous sommes à Cuba au début des années cinquante. Il n'est pas encore question de révolution, mais déjà d'engagement politique. La jeunesse et surtout les étudiants s'emparent d'idées nouvelles, cherchent une voie pour un pays que beaucoup voient à la botte des États-Unis, sous le joug de grands propriétaires terriens, sans autres perspectives que la corruption ou encore la prostitution.
C'est dans cette ambiance bouillonnante que Haydée va s'impliquer toujours davantage dans la lutte, même si au début elle suivait plus son frère Abel et cherchait d'abord l'évasion aux côtés de ses amis en allant danser tout en enfilant les cuba libre. Ses préoccupations tenaient alors davantage à la façon de s'habiller, de se faire belle - elle qui se voyait moche - et de ne pas se voir exclue du groupe. Jusqu'à ce que l'amour s'en mêle. Alors, avec Boris, l'employé de Frigidaire, elle va non seulement trouver un mari mais concrétiser leur projet commun, fonder un journal. Tiré à 500 exemplaires dans des conditions artisanales, cet organe de presse aura l'heur de plaire aux frères Castro, Raul et Fidel, qui déjà cherchent le moyen de rassembler le peuple contre la dictature qui s'installe. «Fidel, exultant, a plongé deux doigts sous sa chemise et s'est caressé le torse. Il ignorait quand, il ignorait comment, mais les Cubains finiraient par craquer, par exprimer leur rage. Notre travail, notre tâche politique, historique soulignait-il, était d'être prêts. D'appuyer. D'organiser. D'éviter le bain de sang et de renvoyer Batista en Amérique.» Haydée va alors raconter ces jours qui vont mener à la révolution, à ce 26 juillet qui deviendra par la suite jour de fête nationale. Une date glorieuse pour le pays, tragique pour elle.
L'habile construction proposée par Amina Damerdji, qui situe la confession d'Haydée le 26 juillet 1980, soit bien des années après les événements, lui permet tout à la fois d'avoir le recul nécessaire pour analyser les faits et montrer combien les plaies ouvertes à ce moment sont restées vives. Et que dans l'envolée lyrique de Che Guevara devenue le slogan de cette révolution, «la patrie ou la mort», on peut choisir la seconde proposition et oublier la patrie.


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Amina Damerdji nous livre ici la biographie romancée de la révolutionnaire cubaine, Haydée Santamaria (1922-1980).
L'auteur lui donne la parole en ce 28 juillet 1980, à 58 ans, juste avant qu'elle se suicide ; elle remonte le fil de ses souvenirs jusqu'à l'année 1951, à presque 30 ans, où elle décida de quitter ses parents chez lesquels elle vivait pour rejoindre son frère chéri, Abel. Elle mêle souvenirs intimes et de la lutte révolutionnaire. C'est par admiration pour son frère qu'elle commence à militer à ses côtés au sein des jeunesses du Parti Orthodoxe. Elle n'a pas vraiment de conscience politique à cette époque, est mal dans sa peau, peu sûre d'elle. Elle prend petit à petit de l'assurance au sein du groupe qui entoure son frère et où elle rencontre son grand amour, Boris.
En 1952, le coup d'état de Batista réveille la colère des jeunes et le groupe devient le fer de lance de la lutte organisée par Fidel Castro et son frère Raul. le frère d'Haydée et ses amis créent alors et diffusent le journal politique « Son los mismos » dont le titre pas assez percutant, sera remplacé par « El Acusador ». le 26 juillet 1953, Fidel Castro lance l'attaque de la caserne de la Moncada à Santiago qui est un échec. Haydée et une amie du groupe sont emprisonnées pendant sept mois mais Abel et Boris sont fusillés après avoir été torturés. Elle ne s'en remettra jamais.
Amina Damerdji a choisi de limiter son propos à la courte mais intense période 1951-1953 qui correspond à l'éveil politique et personnel d'Haydée mais aussi à la blessure qui ne guérira jamais de la perte des deux hommes qu'elle aimait le plus.
Ce roman nous permet de vivre de l'intérieur la genèse du mouvement révolutionnaire cubain et les premiers pas de ces jeunes qui voulaient changer la société et se battre pour la liberté. Dans la bouche d'Haydée, se dessinent les doutes, les interrogations, les jalousies, les lâchetés, les courages des militants individuels. A aucun moment, elle ne tente d'idéaliser, d'enjoliver, d'omettre ce qui peut entacher l'image de la révolution et de ses combattants. Elle nous fait découvrir les prémisses de la révolution cubaine que je ne connaissais pas et des militants importants que la personnalité écrasante de Fidel Castro a rejetés dans l'ombre. C'est un hommage vibrant à tous ceux qui ont permis à Cuba de se libérer du joug d'un dictateur.
Mais ce roman est aussi la biographie d'une femme engagée, qui a aimé et souffert et dont le combat est sorti renforcé des terribles épreuves qu'elle a subies. L'auteure nous la rend proche en mêlant habilement faits historiques et dialogues romancés. Elle nous fait ressentir la souffrance d'une soeur aimante et d'une femme amoureuse, la grande lassitude devant une vie qui ne présente plus d'intérêt et un combat dont l'aboutissement amer se résume à la fuite des Cubains vers des cieux plus cléments.
Amina Damerdji a éveillé ma curiosité sur cette femme et je me suis documentée plus avant sur Haydée Santamaria ; après sa sortie de prison, elle rejoint la direction du Mouvement du 26 juillet connu sous le nom M-26, elle crée en 1958, un peloton composé uniquement de femmes. Contrainte de s'exiler, elle a organisé les soutiens extérieurs du mouvement. Elle est rentrée à Cuba après la fuite de Batista en 1959 ; elle a, entre autres, fondé le centre culturel « La Casa de las Americas » et participé à la fondation du Parti communiste. Après son suicide, le 28 juillet 1980, aucun hommage officiel ne lui a été rendu car le suicide était « incompatible avec les valeurs révolutionnaires ».
J'ai un peu regretté que l'auteure ait semé quelques informations sur ce qu'était devenue politiquement Haydée après le 26 juillet 1953 mais pratiquement aucune sur sa vie de femme ; son mari, Amando, est mentionné très rapidement et rien sur ses deux enfants.
Une belle découverte de cette grande dame, féministe convaincue, à qui l'auteure redonne, par son roman, une place méritée au panthéon des femmes qui ont marqué l'histoire de leur pays.
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Haydée Santamaría est une femme dont l'histoire parle peu, et pourtant, elle a eu une place importante dans la Révolution organisée par Fidel Castro contre Batista.
Née en 1923 à Cuba, elle quitte le domicile familial pour rejoindre son frère Abel à La Havane lorsque Chibas, chef du Parti du Peuple qui clamait haut et fort que la gouvernement était gangrené par la corruption, se suicide. Abel est déjà actif politiquement et a des idées bien arrêtées. Membre du Parti orthodoxe avec à sa tête Roberto Agramonte, il retrouve d'autres camarades et intègre sa soeur dans leur réunion et discussion enflammée. Elle n'est pas particulièrement politisée et écoute les échanges avec intérêt, mais tout change le jour du coup d'État de Batista, à la solde des Américains.

Le petit groupe, rejoint par Fidel et Raul Castro, décide de créer un journal clandestin, puis rallié par de nombreux camarades et Cubains qui partagent leurs idées, ils organisent l'attaque armée de la Caserne Moncada, tentant le tout pour le tout pour se faire entendre : Mais hélas, l'événement échoue par manque de préparation et d'organisation...

Haydée est une grande figure féminine de la révolution cubaine, une femme forte et engagée qui subira la prison, le deuil, ressentira énormément de culpabilité et n'aura de cesse de défendre son pays, Cuba. J'ai découvert à travers l'histoire romancée de cette femme, une partie de l'histoire de Cuba, celle dont on ne parle pas, celle qui met en avant des femmes révolutionnaires et engagées, des femmes amoureuses, des femmes qui ont beaucoup perdu : des frères, des amis, des amants.

Je suis ravie d'avoir pu découvrir ce roman grâce aux 68 premières fois, et heureuse que l'autrice mette en lumière cette femme incroyable, Haydée Santamaria, sans qui la révolution cubaine n'aurait certainement pas eu le même impact, et qui a été ben vite oubliée par l'histoire...

Merci aux 68 premières fois pour cette belle découverte!
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J'ai littéralement dévoré ce roman ! Merci aux fées des 68 premières fois d'avoir mis ce premier roman sur ma route que j'avais loupé lors de la rentrée littéraire 2021.
Amina Damerdji brosse le portrait d'une femme, Haydée Santamaria, « grande figure de la Révolution, proche de Fidel Castro ». Au seuil de sa vie, en 1980, elle se replonge dans ses souvenirs. D'abord en 1951, elle a 30 ans et elle habite encore chez ses parents. Sa mère essaye de la marier à un bon parti d'Encrucijada. Mais comme le projet de sa mère n'a pas abouti, elle part à la capitale rejoindre Abel, son frère adoré. Loin de sa mère elle va enfin pouvoir s'émanciper, s'épanouir. Elle fait la connaissance des amis d'Abel qui sont également des camarades de son parti politique. Petit à petit, au fil des discussions, elle va aussi s'engager et oser donner son avis. A la capitale, elle trouvera un emploi et aussi l'amour. La scène de demande en mariage au restaurant avec la mère d'Haydée est très drôle.
J'ai ressenti la chaleur de Cuba, la passion de ces jeunes révolutionnaires et je me suis prise d'affection pour Haydée, Abel, Melba, Boris, etc. le titre fait référence aux dernières lignes du roman, très touchantes.
L'autrice se concentre sur les premières années de l'engagement d'Haydée. le lecteur ne connaîtra pas toute la vie de cette femme. A la fin du roman, j'ai eu envie d'en savoir plus et de me renseigner sur elle. Bref une héroïne que j'ai eu du mal à quitter. le récit est intime, écrit à la première personne. Haydée livre ses sentiments, se confesse en quelque sorte.
Je lis très peu de romans historiques et cette biographie romancée m'a permis d'en apprendre beaucoup sur cette période de l'histoire de Cuba, d'assister aux prémices d'une révolution avec les doutes et les choix d'Haydée
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L'histoire de Cuba m'est totalement inconnue. A part la crise des missiles et Fidel Castro, l'île reste pour moi une vaste idée. Je n'ai aucune notion de politique et de sociologie. Ce récit romancé ne fait ni l'apologie et ni la critique d'un régime quelconque. Il met en exergue la vie d'une femme hors du commun qui a été au coeur de la révolution.


Haydée Santamaria est la fille aînée d'une famille qui n'a pas été dans le besoin. Sa mère l'a élevée dans l'idée même qu'elle serait l'épouse et la mère parfaite. Mais Haydée voit sa vie autrement. Lorsqu'elle rejoint son petit frère à La Havane, son quotidien va changer. de nature timide et introvertie, Haydée écoute volontiers ses camarades s'exprimer. Plusieurs événements lui forgent le caractère et la poussent enfin à livrer ses idées et ses convictions qui la porteront, avec ses ami.e.s et son frère, à cette date fatidique, le 26 juillet 1953.


LAISSEZ-MOI VOUS REJOINDRE est un roman bouleversant. le parcours de cette femme est hors norme. Elle fait figure de résistante, de rebelle et de féministe. Sa vision est assez moderne pour l'époque où la femme est considérée, encore, comme un être inférieur. Sa prise de position est audacieuse et ses camarades lui vouent un respect notable. Ce roman est un legs de souvenirs douloureux comme heureux. Un héritage lourd et pourtant essentiel dont le seul but est l'évolution de la société et des moeurs. Amina Damerdji m'a plongée avec une aisance particulière dans une vie tumultueuse et dure. Tout est d'une honnêteté déconcertante. Je n'ai pas eu l'impression que le récit est fardé ou filtré en tout cas il est apolitique et c'est le point que j'ai apprécié. le lecteur assiste à la naissance du mouvement révolutionnaire qui porte ses idéaux avec fougue et passion. Les erreurs sont nombreuses et les conséquences détestables mais l'optimisme d'un monde meilleur les porte.


Un récit riche en émotions et il aura fallu juste la dernière phrase pour en mesurer toute l'ampleur et le sacrifice incommensurable.

En bref :
– Un récit romancé sur une figure emblématique et féministe de la révolution cubaine
– Un testament puissant
– Un héroïne hors du commun
– Un roman bouleversant

Un très joli coup de coeur pour cette lecture portée par une plume chargée d'émotions et d'humilité.


Avez-vous envie de le découvrir ?

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Sur fond de révolution cubaine , dans les années cinquante , l'autrice nous narre une biographie romancée de la révolutionnaire Haydée Santamaria , qui s'est suicidée en 1980 , à l'âge de 58 ans .
C'est par admiration pour son frère Abel qu'elle s'engage auprès des militants regroupés autour de Fidel et Raul Castro , elle n'a pas de conscience politique au départ du mouvement .
C'est à la suite du coup d'état du général Batista qu'un petit comité va se lever contre ce pouvoir corrompu à la solde de l'oncle Sam , d'abord en fondant un journal d'opposition , distribué sous le manteau .
Avec un groupe de 150 hommes et femmes (dont Haydée ) , Fidel Castro va tenter de prendre d'assaut la caserne Moncada (de Santiago de Cuba ) . Mal préparés et mal équipés , leur attaque va échouer , et les militaires prennent le dessus , fusillant une partie des rebelles et envoyant les autres en prison .
Cette révolte n'est hélas pas sans dommages , Haydée va perdre les deux hommes qu'elle aimait le plus dans cette aventure , son frère Abel et son amant Boris . Une blessure qui jamais ne se referme et qui n'est pas étrangère à son suicide .
Ce roman est l'histoire d'une femme engagée , une féministe avant l'heure , une femme qui a aimé , qui a souffert , qui a été emprisonnée pendant plusieurs mois . Son nom a malheureusement été complètement oublié , son suicide est considéré comme "incompatible avec les valeurs de la révolution" . Pourtant , sans elle , la révolution cubaine n'aurait pas été la même (je veux y croire) .
Je suis reconnaissant à l'autrice , Amina Damerdji de nous replonger dans cette histoire cubaine et de rendre hommage à cette femme qui a tant fait pour son pays .
Je remercie également les 68 premières fois de m'avoir fait découvrir ce roman , vers lequel je ne serais probablement pas allé de ma propre initiative .
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Laissez-moi vous rejoindre de Amina Damendji
Dans ce premier roman ambitieux, l'auteure raconte un pan de l'histoire. Ambitieux parce qu'un livre historique même romancée est un pari redoutable.
Il s'agit de l'incroyable destin d'Haydée Santamaria, figure féminine de la révolution cubaine de 1959.
Rien ne prédestinait la jeune fille de bonne famille à devenir guérilléra et à épouser la cause socialiste sauf peut-être son caractère bien trempé.
Un caractère qui aura raison de l'autorité parentale et c'est son frère qui va lui ouvrir les portes de la révolution et de la Havane.
Des souvenirs mâtinés de mélancolie pour celle qui va devenir membre essentiel d'un groupuscule rebelle initié par Abel, le comité central, la casa de las Americas, l'émergence du
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Haydée Santamaría ( 1923-1980), figure oubliée de la révolution cubaine, observe depuis sa fenêtre les rues de la Havane. Nous sommes le 26 juillet 1980, date anniversaire de l'attaque de la Moncada en 1953, point de départ de la révolution. En regardant l'océan, Haydée s'adresse aux migrants qui, sur de petites embarcations, tentent de fuir Cuba pour rejoindre les Etats-Unis. Beaucoup périront en mer. Elle n'a jamais fui son pays, elle s'est battue pour la liberté. Mais elle a perdu tous ceux qu'elle aimait. Femme politique puis fondatrice de la casa de las Americas, organisme culturel de la Havane, à 56 ans, elle s'apprête à lâcher prise et revient sur sa jeunesse.
A trente ans, Haydée vit chez ses parents à Encrucijado. Sa mère rêve de la marier. Elle lui présente de bons partis. Mais Haydée, férue de littérature, s'intéresse à la politique de son pays. Au suicide d'Eduardo Chibas, chef du parti du Peuple, elle rejoint son frère Abel à La Havane. Là, elle côtoie son groupe d'amis du parti orthodoxe. Inexpérimentée et timide, elle ne tarde pas à s'affirmer, notamment après sa rencontre avec Boris qui devient son amant. Avec elle, l'auteure nous fait découvrir cette jeunesse effervescente et engagée de la Havane.
A l'approche des élections, le parti orthodoxe de Roberto Agramonte cherche des alliances pour contrer le parti de Batista. Mais lorsque ce dernier prend le pouvoir avec un coup d'état, un journal révolutionnaire et quelques manifestations ne suffisent plus. Il faut prendre les armes. Abel et Fidel mettent au point l'attaque d'une caserne de Santiago, la Moncada. Malgré l'interdiction de son frère, Haydée et son amie Melba rejoignent les combattants.
Grâce à Amina Damerdji , j'ai découvert une figure peu connue de la révolution cubaine. Avec cette biographie romancée, l'auteure allie la petite et la grande histoire. C'est à la fois le récit intime d'une fille, soeur et amante mais aussi le parcours d'une femme qui s'engage dans l'action, sans prêter attention aux mises en garde de l'époque sur le statut féminin.
Amina Damerdji rend un bel hommage à cette femme. Déterminée, frondeuse dans sa jeunesse, elle compose avec sa féminité et son engagement révolutionnaire. A la fin de sa vie, elle s'exprime avec beaucoup de nostalgie. Elle n'oublie pas que ces hommes morts en 1952, notamment Abel, son jeune frère adoré et son fiancé. Et l'auteur, dans ce récit rythmé de la révolution, n'oublie pas d'aborder les sentiments profonds d'Haydée pour ceux auprès desquels elle a combattu.
Et pour compléter ce bel ensemble, l'auteure n'oublie pas le décor de la somptueuse île de Cuba : les campagnes de la canne à sucre, du tabac et du café, l'effervescence de la Havane, les balcons aux panneaux d'ébène et les plages au coeur des montagnes de Santiago.

Un très bon premier roman.

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L'histoire d'une femme ... cubaine qui s'est illustrée pendant la révolution de 1959 … sa vie est très riche et permet de construire une belle histoire.
D'un côté il y a le résumé de mejesaistout (1) ... mais ce livre doit nous permettre de pénétrer plus avant dans son parcours.
Il faut commencer par faire la connaissance de Eduardo René Chibás Ribas, homme politique cubain qui utilisait la radio pour diffuser ses opinions politiques au public (2).
L'auteure, Amina Damerdji, née aux États Unis, élevée en Algérie, puis en France, a choisi comme thème pour son premier livre cette femme, une révolutionnaire qui a choisi de quitter son milieu d'origine, la petite bourgeoisie pour rejoindre des partisans se battant contre toutes les injustices dans un pays qui ont cru un moment pouvoir par les urnes accéder à la démocratie. Ils vont en être privés par une occupation américaine à peine voilée sous les traits d'un dictateur fantoche Batista.
La période choisie montre la jeunesse de l'héroïne quand elle a voulu avec ses amis changer le monde. Elle a côtoyé Fidel et ceux qui des années plus tard prendront le pouvoir et aussi connu les années de désillusions à la veille de son suicide devant le spectacle de certains de ses amis qu choisissent de partir.
Un autre aspect du livre montre le sexisme de ces révolutionnaires, les combattantes n'étant que des femmes et pas des combattants comme les autres.
À lire en écoutant au choix
🎶Dos gardenias...de buena Buena Vista Social Club
Dos gardenias para ti
Con ellas quiero decir
Te quiero, te adoro, mi vida
Ponles toda tu atención…🎶
Ou
Le son traînant des boléros ... Antonio Machin ... 🎶te quiero, te adoro, mi vida 🎶
A vous de choisir !



(1)
Haydée Santamaría Cuadrado, née le 30 décembre 1923 à Cuba.
Après le coup d'état de Baptiste, le 10 mars 1952, elle participe avec son frère Abel et d'autres révolutionnaires, à l'édition des journaux clandestins Son los mismos et El Acusador. Ensemble, ils mènent de nombreuses actions de propagande. Après sa rencontre avec Fidel Castro, son petit appartement de la Havane se transforme en un centre du mouvement révolutionnaire naissant, connu comme la « Génération du Centenaire de Martí ».
Elle est surtout connue pour sa participation, le 26 juillet 1953, à l'attaque contre la caserne de Moncada, à Santiago de Cuba, le 26 juillet 1953, action pour laquelle elle a été incarcérée avec Melba Hernández. (action dirigée par Fidel Castro et d'autres membres des « Jeunesses orthodoxes ». Haydée avait la responsabilité de transporter les armes jusqu'à Santiago de Cuba en prévision de l'attaque, et en même temps, sa mission constituait à s'emparer de l'hôpital Saturnino Lora, pour y recueillir les blessés). Après l'échec de cette intervention, Haydée a été emprisonnée, tandis que son frère Abel et le compagnon d'Haydée, Boris Luis Santacoloma, sont morts sous la torture des militaires. Pour tenter de la faire parler, les militaires lui ont dit que son frère et son fiancé avaient été torturés et assassinés après le combat et, comme preuve de leurs dires, ils lui ont montré un oeil supposé appartenir à Abel et les restes des parties génitales de son fiancé Santacoloma. En dépit de cette méthode effrayante, ils n'ont pas réussi à lui faire donner des informations. Au contraire, elle leur a répondu de manière ferme que « Mourir pour la patrie est vivre ». Dans son livre-plaidoyer, La historia me absolverá, Fidel Castro évoque ces circontances et souligne, à propos d'Haydée, que « jamais une femme cubaine n'a manifesté autant d'héroïsme et de dignité ».
Elle fonde ensuite puis dirige la Casa de las Americas, organisme culturel d'État. Elle se suicide le 28 juillet 1980 à La Havane.

(2)
Eduardo Chibas (15 août 1907 - 16 août 1951) est né à Santiago de Cuba. Son fort nationalisme est considéré comme une inspiration pour la Révolution cubaine.
Il a principalement dénoncé la corruption et le gangstérisme endémiques sous les gouvernements de Ramón Grau et Carlos Prío qui ont précédé l'ère Batista. Il pensait que la corruption était le problème le plus important auquel Cuba était confrontée.
En 1947, il a formé le Parti orthodoxe, un groupe fortement anti-impérialiste, qui avait pour objectif de dénoncer la corruption du gouvernement et de provoquer un changement révolutionnaire par des moyens constitutionnels. Chibás a perdu l'élection présidentielle de 1948, terminant à la troisième place. Il était un critique extrêmement virulent du vainqueur de cette élection, Carlos Prío Socarrás. Il a été considéré comme un favori lors de l'élection présidentielle de 1952, mais s'est suicidé un an avant que Fulgencio Batista ne prenne le contrôle du gouvernement cubain.
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