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EAN : 9782849533314
112 pages
La Boîte à Bulles (01/03/2019)
4.37/5   66 notes
Résumé :
Voyage au cœur de la psyché du pianiste Paul Wittgenstein, amputé du bras droit durant la grande guerre.

Inspiré par la biographie du pianiste autrichien Paul Wittgenstein, Concerto pour main gauche nous transporte dans un univers onirique et poétique, au cœur de la psyché de ce personnage tourmenté, mélancolique et complexe, que seule la musique semble apaiser.

Blessé lors de la première guerre mondiale, Paul Wittgenstein fut amputé d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Après avoir été séduite par Majnoun et Leïli : Chants d'outre-tombe, j'ai souhaité poursuivre ma découverte de Yann Damezin.
Un univers complètement différent ici, car après les couleurs vives et presque criardes de Majnoun et Leïli, se trouve ici un tout autre monde, austère et froid, en noir et blanc.
Pas de quoi se réjouir, car si l'homme qui nous narre son aventure est né avec une cuiller en argent dans la bouche, elle n'a pas été remplie d'amour parental.
Le petit garçon autrichien peine à exister face à ses talentueux frères et soeurs, qui sont tous pourvus de dons en musique ainsi que ses parents, alors il s'escrime pendant des heures sur le piano, mais ses professeurs et sa famille ne lui concèdent aucun talent.
Le jeune Paul va s'acharner durant des heures sur son instrument qu'il semble frapper violement. Il va y mettre toute sa rage, son manque d'amour et de reconnaissance. Son rêve va être de devenir concertiste, contre l'avis de ses parents pour qui musicien n'est pas un métier véritable.
La première guerre mondiale va bouleverser sa vie, lors d'une mission e reconnaissance il est gravement blessé au coude. Lorsqu'il se réveille hébété à l'hôpital il découvre avec horreur qu'il a été amputé de la quasi-totalité de son bras droit. L'infirmière lui dit qu'il peut s'estimer heureux d'être encore en vie, tous n'ont pas cette chance, en plus il est désormais déclaré inapte au combat. Vivant, oui, mais mort à l'intérieur. Qu'est donc un pianiste avec sa seule main gauche à part un pianiste mort ?
Fait prisonnier, son grade et son infirmité lui permettent d'échapper aux tâches harassantes, il se met à jouer sur un piano imaginaire. À la fin de la guerre, de retour dans sa famille, il a soudain une illumination ; demander aux plus grands compositeurs de son époque de lui écrire des oeuvres. Ainsi Maurice Ravel lui compose Concerto pour main gauche mais également Benjamin Britten, Richard Strauss, Sergueï Prokofiev, …
J'ai oublié de vous dire que le jeune homme en question n'est pas n'importe qui, il s'agit de Paul Wittgenstein, qui a acquis une très forte notoriété par sa virtuosité.
D'ascendance juive, la famille Wittgenstein, bien que convertie au catholicisme depuis plusieurs générations va être pourchassée par le national-socialisme. Triste ironie du sort, car plus jeune, Paul Wittgenstein ne se cachait pas de ses idées fascistes.
Le traitement de ce pan d'histoire s'avère très intéressant, à nouveau admirablement servi par le dessin ciselé de Yann Damezin. Une belle découverte, même si j'ai été moins séduite que par la beauté onirique de Majnoun et Leïli.
« Il est normal que la jeunesse se moque.
Elle pense que les vieillards sont lents à cause de leur dos, de leurs articulations, de leur arthrose…
Elle ignore ce que nous avons de souvenirs et de regrets, qu'il nous faut tirer après nous à chacun de nos pas.
Puisse-t-elle l'ignorer longtemps.
Puisse-t-elle se moquer longtemps. »
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Au bout de trois pages, j'ai compris que je tenais là dans mes mains une énorme pépite.
J'ai souvent reproché au biographies d'artistes en bande dessinée de ne rester qu'à la superficie des évènements et de ne pas s'imprégner de l'art dont il est question. Et bien là, je suis totalement subjugué.
Cette bande dessinée est un délice pour les yeux. de ce graphisme en noir et blanc semble sortir du son, des harmonies, des arpèges, c'est un dessin fait de volutes, de subtilités, un dessin sonore et lumineux et ici, c'est de la musique que sortent les images et non les images qui représentent les sons. C'est une ambiance, un univers entier.

L'histoire est inspiré très librement de la vie de Paul Wittgenstein, pianiste autrichien qui perdit le bras droit pendant la première guerre mondiale, c'est pour lui que Maurice Ravel composa le fameux “Concerto pour la main gauche”, c'est aussi une page d'histoire, une époque où l'Europe se déchire, une époque où l'Europe est prisonnière de ses carcans, malade de sa société sclérosée et de ses traditions réactionnaires. Ce Paul Wittgenstein n'est pas un personnage très sympathique, mais pourtant c'est une histoire très touchante pour ne pas dire bouleversante, ce n'est pas tellement l'empathie pour ce pianiste qui nous remue, mais c'est quelque chose de plus universel : l'esprit de l'époque est retransmis par de petits élements, quelques simples coups de crayons qui nous raconte l'histoire, notre histoire, l'art, la musique, l'amour, la haine, la vie, la mort, la guerre, tout ça… Yann Damezin réussi par son graphisme chargé de symbolisme, d'éléments décoratifs, de détails métaphoriques à transcender son propos, c'est une fresque historique poétique, onirique mais sombre et grave, On sent l'influence de David B. On sent surtout qu'il a tout compris à l'oeuvre de David B. et à la création de bande dessinée au point que sa première oeuvre solo est un véritable coup de maître. Parfois un simple dessin dans une planche peut nous amener vers d'autres pensées, car il y a pleins de subtilités qui s'y cachent, on peut rester une heure devant une seule image et découvrir tout un monde, j'ai par exemple devant les yeux une image faisant un rapprochement entre Matisse et les camps de prisonniers. Aucune image n'est neutre, chacune d'entre elle porte une émotion intense, le moindre trait de crayon m'a ému.

Après ça, on ne peut plus écouter le Concerto pour la main gauche de Maurice Ravel de la même façon, ainsi que le quatrième concerto de Sergueï Prokofiev.
“Après tout, qu'importe… puisque le silence est aussi la musique”… puisque la page blanche est aussi du dessin…
J'ai refermé le livre et j'ai fermé les yeux… j'ai attendu un petit moment avant de les ouvrir.

Voilà une bande dessinée où il y a le temps avant de l'avoir lu et le temps après, où ce n'est plus tout à fait pareil et ça, c'est bon.
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Le noir se fait dans la salle.
Le silence est complet, total, sombre.
Des notes surgissent telle une vague venue ravager le rivage.
Elle enveloppe, submerge, sombre.
Le piano chavire, les oiseaux s'envolent, les pieuvres s'échouent, les sirènes coulent.
A son bord, Paul Wittgenstein.

Sombre écueil d'une vie de la bourgeoisie autrichienne,
Des guerres, des pertes, des malheurs,
Et une amputation.
Regarde ce moignon qui se déhanche autour du piano,
Phénomène de foire, les gens le regardent
Et n'entendent même plus cette musique.
Violence des sentiments
Brutalité du monde,
Etoile jaune qui scintille dans le ciel
Relents nauséabonds qui sortent des égouts du fascisme
Les instants sont toujours plus sombres
Dans cette putain de vie,
Vie d'un virtuose torturé.

Voyage au coeur de la psyche d'un pianiste
A qui il manquait un bras,
A qui un jour il commanda
une oeuvre à Ravel, le
Concerto pour la main gauche.

Roman graphique,
Biographie romancée,
Les dessins sont magnifiques,
Foisonnant de détails
D'une noirceur impénétrable
Mais d'une grandeur psychédélique.

Je m'enferme dans le silence
Dans le noir complet,
J'ouvre mon âme
Et sombre dans ce concerto pour la main gauche
Une nouvelle fois.

Ma version : Krystian Zimerman au piano, Pierre Boulez chef d'orchestre et le London Symphony Orchestra
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Découverte grâce à Babelio et Masse critique, cette bande dessinée est un ouvrage magnifique.

Librement inspirée de la vie du pianiste Paul Wittgenstein, virtuose célèbre amputé d'un bras pendant la première guerre, elle réussit à mettre en relation le dessin et le thème de la musique.
Les dessins en noir et blanc, oscillant entre le surréalisme et le psychédélique, expriment les relations passionnées que le héros entretient avec son instrument et la musique.

Le personnage lui-même n'est guère sympathique.
Né dans une famille bourgeoise et névrosé, lui-même sera toute sa vie égoïste et lâche.
Pourtant le courage qu'il met à reprendre le piano avec une seule main force l'admiration et en fera un pianiste hors du commun.
C'est pour lui que Ravel créera le « Concerto pour la main gauche ».

Mais la force vient vraiment du dessin, de la violence et de la force qu'il donne à cette histoire.
D'autres lecteurs de Babelio ont fait le rapprochement avec David B. En effet, pour avoir lu et été bouleversée par « L'Ascension du haut-mal », je confirme que ces dessins plein de volutes, parfois comme des notes, parfois comme des monstres, expriment le chaos et la violence du tempérament de Wittgenstein.
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Du noir et blanc, c'est dire un monochrome tellement le noir et le blanc s'appellent, s'interpellent, se tranchent, s'entretissent pour ne former qu'un. La ligne, une vraie anguille, nette, précise, audacieuse, se faufile, ondoie, encercle, sillonne, pointe, efface, casse, se brise, et charge. Une atmosphère est créée, et elle n'est pas légère, loin de là. La première page, une image de la maternité, un cri, un son est attendu, mais, "... ma mère, je ne crois pas qu'elle ait été heureuse", et le blanc devient noir, et le blanc devient larmes.
Chaque trait, aussi petit soit-il, exprime une émotion, raconte infiniment plus qu'une case, il vient avec le vécu d'une vie et toutes ses tourmentes, ses joies aussi, fausses ou vraies.
Le héros est un pianiste génial, passionné, torturé, sombre, froid, rigide, sec ; des épithètes qui se contredisent mais qui vivent ensemble dans ce personnage complexe. Ayant perdu son bras gauche à la guerre, il continue à jouer d'une seule main, et reste génial. Ce n'est pas tellement l'histoire, librement inspirée de la vie du pianiste Paul Wittgenstein qui est très intéressante dans cet album, mais l'histoire des émotions et des traits, des lignes ensorcelantes d'une formidable richesse donnant à chaque planche et à l'ensemble l'image d'un tapis magique, conteur majestueux, où les valeurs de gris sont des plus surprenantes, toutes froides, démunies de douceur, relatant des émotions intellectuelles, vécues qui reviennent avec le recul en analyses des traumas, des blessures, de la lâcheté terrifiante mais qui n'y peuvent plus rien maintenant.
La vie et ses mystères, le sens que nous cherchons et que nous croyons donner aux choses, les questions qui nous prennent d'assaut dans notre mortalité qui va de la générosité à la mesquinerie, de la lâcheté au courage, de l'amour à la haine, jusqu'aux regrets inutiles, l'angoisse qui prend souvent possession de notre cerveau, le tumulte de notre existence intérieure, où le vertige ne rend pas facilement la place à la quiétude. Ce n'est pas de tout repos.
Yann Damezin est un véritable talent, et son graphisme décrit magistralement ce monde, les lignes se font une joie de s'entremêler dans un tissage où la menace plane, le surréalisme trouve joyeusement son compte, le grotesque ne quitte pas la scène, l'imagination est reine et le silence trouve sa place dans le peu de mots, dans une musique lointaine vers laquelle on se laisse emporter "puisque le silence aussi est musique".
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critiques presse (2)
ActuaBD
01 juillet 2019
Au-delà des mélomanes, cette biographie semi-imaginaire a tout pour séduire les amateurs de romans graphiques intimistes.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
01 avril 2019
Yann Damezin livre ici un superbe ouvrage s'inspirant de la biographie du musicien autrichien Paul Wittgenstein. L'onirisme des planches presque surréalistes confère à la sobriété et l'acuité de la prose un souffle qui touche et ensorcelle [...] Rarement l'alliance du texte et des dessins n'aura été aussi réussie. Première œuvre, Concerto pour main gauche : unique, original, poignant et puissant, juste indispensable.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
La mort venant, quel sera le dernier son à mon oreille ?
Le grincement d’un chariot poussé par une infirmière ?
Le dernier battement de mon propre cœur ?
Le sifflement de ma respiration qui déjà s’enfuit et s’essouffle ?
Ou bien la voix de celle que j’aime ?
Après tout, qu’importe…
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Elle avait confié à son piano la plupart de ses tourments et de ses pensées.
Le monstre les avait gobés et les gardait jalousement dans son ventre noir et lustré.
Mais lorsqu'elle s'asseyait devant lui et effleurait ses touches d'ivoire, il laissait s'échapper de fragiles et mélancoliques échos des secrets qui macéraient en lui.

Mes sœurs, mes frères et moi écoutions alors la musique parler de ce qu'on ne dit pas.
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Nous, aristocrates et grands bourgeois, utilisons notre argent pour nous lancer à corps perdu dans un dernier bal, juchés sur les cadavres et sur les ruines d'un monde en perdition.
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J'ai souvent pensé à la mélancolie comme à une sève noire et toxique qui rongeait et empoisonnait chacun des rameaux de notre arbre généalogique.
Bien sur certains bourgeons s'évanouissaient malgré cette bile vénéneuse.
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J'étais en effet, nationaliste, conservateur, antisémite, antisocialiste, à l'extrême droite de l'échiquier politique. Mon petit frère, le seul qu'il me restait, professait quant à lui des idées diamétralement opposées aux miennes. Nous n'en parlions jamais, et ce silence était le prix de notre entente. Peut-être avait-il compris que notre fortune familiale était amassée sur les corps perclus de douceur et de vies brisées de milliers de pauvres hères, broyés dans les usines de notre père.
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Vidéo de Yann Damezin
Le Prix Orange de la Bande Dessinée récompense chaque année des nouveaux talents du neuvième art. En 2023, le jury est présidé par Coco et composé d'auteurs, de libraires et de lecteurs et lectrices membres du site Lecteurs.com Pour sa quatrième édition, cette rencontre en ligne a été organisée avec les 6 finalistes sur "Un endroit où aller". Les invités : - Yann Damezin pour Majnoun et Leïli (La Boîte à Bulles) - Sara del Giudice pour Derrière le rideau (Dargaud) - Vincent Djinda pour de sel et de sang (Les Arènes) - Cécile Dupuis pour L'ombre des pins (Rivages ) - Joris Mertens pour Nettoyage à sec (Rue de Sèvres) - Neyef pour Hoka Hey (Rue de Sèvres - Label 619)
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