Bouquin qui se lit facilement et permet d'appréhender la question des sans domicile ( typologie des personnes vivant à la rue, la question migratoire...) ainsi que les politiques du logement et de l'hébergement ( bref historique, objectifs de ces politiques publiques...).
Je recommande ce livre pour une première approche dans ce domaine. Simple et efficace.
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Éthiquement, il faut se demander, par exemple, s’il est légitime de réveiller une personne endormie dans la rue pour lui soumettre un questionnaire. Politiquement, les résultats sont relativement sensibles : un chiffre trop faible conduit le secteur associatif à affirmer que les experts minimisent le problème ; un chiffre trop élevé peut effrayer le décideur, appelé à intervenir et à dépenser davantage. La démarche d’enquête est donc semée d’embûches, dans sa préparation, sa réalisation et sa valorisation. Rien ne dit que l’ensemble des individus rencontrés correspond bien à la totalité des personnes sans-domicile. Et l’on retrouve l’image de l’aiguille dans une meule de foin…
Trouver une aiguille dans une meule de foin est compliqué. Il y a plus compliqué : prouver, après l’avoir trouvée, qu’il n’y a plus d’aiguille dans la meule. Le problème s’avère similaire lorsqu’il s’agit de compter les SDF.
Après avoir dénombré, une nuit, les personnes à la rue, rien ne prouve qu’il ne s’en trouve plus dans des squats, dans des halls, des caves, des cours privées. Bref, compter les sans-abri est incontestablement ardu. Les autorités sont accusées de minorer, quand les opérateurs des politiques de prise en charge sont, en sourdine, critiqués pour exagération.
Les fugues et récurrences de fugues, en particulier chez les jeunes, nourrissent cette dynamique. Une première fugue conduit à une nuit à la rue ou chez des amis. Une suite de fugues voit alterner habitat chez soi (en famille ou en institution) et habitat dans des endroits qui ne sont pas propices à l’habitation (rues, squats). Progressivement ou accidentellement (renvoi définitif de la famille ou de l’institution), la situation s’installe de manière permanente, ce qui, soit dit en passant, ne veut pas nécessairement dire définitive. L’errance est valorisée.
Ils sont des milliers chaque soir à dormir dehors. Ce sont les sans-abri. La même nuit, ils sont des centaines de milliers à être hébergés. Ce sont tous les autres sans-domicile. Ils se trouvent qui dans des centres d’hébergement d’urgence, où ils ne pourront pas rester, qui dans des logements dont la location est assurée par des associations, qui dans des hôtels payés par l’État, qui encore dans des centres d’accueil spécialisés pour familles en détresse ou pour demandeurs d’asile.
Pour les braves gens, dirait-on, il y a une différence essentielle entre les mendiants et les « travailleurs » normaux. Ils forment une race à part, une classe de parias, comme les malfaiteurs et les prostituées. Les travailleurs « travaillent », les mendiants ne « travaillent » pas. Ce sont des parasites, des inutiles. […] Le mendiant n’est qu’une verrue sur le corps social, qu’on tolère parce que nous vivons dans une ère civilisée, mais c’est un être essentiellement méprisable.
Voilà le type de livre que l'on peut qualifier de réjouissant (et ce n'est pas sa seule qualité, loin de là !). Julien Damon, dans cet ouvrage que TOUT le monde peut lire, à travers ce besoin essentiel « d'aller au petit coin » et sa déclinaison dans la cité que l'on appelle les toilettes publiques, va nous raconter une face moins visible de l'histoire de nos villes. Rien ne va lui échapper, de l'Empire Romain jusqu'à l'ultime innovation technologique, sans oublier tous les marqueurs ségrégatifs qu'ils soient sociaux ou genrés, notre auteur nous propose un véritable petit cours d'urbanisme en creux qui vous pénétrera sans que vous vous en aperceviez tant la narration coule toute seule et vous montrera à quel point « cette commodité urbaine » peut-être une métaphore redoutablement efficace pour comprendre l'évolution, l'organisation ainsi que les enjeux actuels et futurs de nos agglomérations. Mais le véritable coup de génie de ce bouquin, c'est que Julien Damon, en choisissant les toilettes publiques comme objet d'étude, nous propose une autre approche d'un des piliers majeurs, et devenu au fil du temps, stratégiques de nos villes : la mobilité. Effectivement le déplacement en ville, ce n'est pas que le domicile-travail, les courses, ou la circulation des marchandises, c'est aussi la possibilité de faire ses besoins. Cela paraît tellement évident, que la première question que l'on se pose est : « pourquoi nous n'y avons pas pensé plutôt ! ». Vous l'avez compris, c'est un grand bouquin qui, d'ores et déjà, est une référence. A lire de toute urgence ! Même aux toilettes... On clique ici : https://www.librest.com/livres/toilettes-publiques--essai-sur-les-commodites-urbaines-julien-damon_0-9622604_9782724640700.html?ctx=b79d4ab0b2967df54d79c216cc50cca8
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