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EAN : 9782381340265
330 pages
Marchialy (11/03/2021)
4.06/5   60 notes
Résumé :
L'incroyable épopée d'un Australien pour restituer un crâne aborigène à sa tribu : un chemin de connaissances, d'ouverture et de rédemption.

John Danalis a grandi avec un crâne aborigène dans son salon. C'est seulement à 40 ans qu'il comprend l'horreur de la situation. Emporté par l'élan de sa prise de conscience, John décide de tout mettre en oeuvre pour restituer Mary - puisque c'est ainsi que le crâne a été affectueusement renommé - à son peuple. P... >Voir plus
Que lire après L'appel du cacatoès noirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Ouvrage reçu lors d'une opération Masse critiques privilégiée, je tiens tout d'abord à remercier babelio ainsi que les éditions Marchialy pour l'envoi de ce magnifique ouvrage, qui l'est autant bien sur la forme avec sa couverture haute en couleurs que sur le fonds extrêmement profond et qui m'a beaucoup touchée.

Ici, le lecteur se plonge dans les us et coutumes et surtout les horribles massacres, déracinements et autre que le peuple aborigène a subi tout au long des siècles. John Danalis, enclin à devenir professeur et bien que père de deux fillettes a rejoint les bancs de l'université et c'est au contact de l'une de ses professeures, en littérature aborigène qu'il va découvrir l'histoire de ce peuple, auquel il va s'attacher, d'autant plus que son père possédait dans le salon de son enfance, un crâne aborigène qui les a accompagnés, lui et son frère, tout au long de son enfance. Alors, plus par justice pour ce peuple que par pure folie, John va décider de restituer ce dernier à ses ancêtres. Commence alors, après de longues démarches administratives, la restitution de ce crâne, dénommé Mary, bien qu'il s'agisse d'un crâne d'homme, mais cela, notre protagoniste ne l'apprendra que plus tard à la tribu des Wamba Wamba. D'abord décrié par ces dernier et face à l'offuscation de certains d'entre eux qu'un homme de couleur blanche ait pu grandir avec le crâne de l'un d'entre eux dans son salon sans que cela ne lui pose de problèmes de consciences jusqu'à présent, c'est tout un monde nouveau qui s'ouvre alors pour notre héros qui va apprendre, tout comme le lecteur, le passé mais aussi le présent et l'avenir plus qu'incertain pour toutes ces tribus de l'Australie d'aujourd'hui.

Un roman profond, extrêmement bien écrit, sans jugement mais avec simplement l'énonciation de faits historiques concernant l'épopée de ces tribus. Un texte envoûtant qui ne laisse pas le lecteur indifférent et en ce qui me concerne, j'ai bel et bien envie de pousser mes recherches et de découvrir L Histoire ou les histoires de ces tribus à qui l'on a tout pris, jusqu'à leur propre identité ! A découvrir et à faire découvrir !
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Une lecture aussi vive que la couverture très réussie des éditions Marchialy…jaquette frappant le regard , comme son contenu !

Une découverte salutaire…battant en brèche « nos racismes ordinaires »…dilués sournoisement dans nos quotidiens…

Un ouvrage dénué de pédanterie qui nous raconte l'histoire d'un australien moyen…qui va faire tout un chemin de remise en question de son éducation et d'idées toutes faites inculquées comme « ordinaires », « normales »….
Une sorte d'autofiction : l'auteur reprend tardivement ses études pour enfin devenir « enseignant ». Il choisit « La Littérature indigène », et plus exclusivement la littérature aborigène… Il ne connaît rien à leur vie, leur civilisation, bien qu'il se targue d'avoir grandi avec un crâne aborigène dans son salon, crâne rapporté par son père, vétérinaire dans le bush.

Pour épater les autres étudiants, il raconte cette histoire… Il s'en mordra les doigts, ayant « la honte de sa vie »,constatant que cela ne fait rire personne, réalisant qu'il véhicule à son tour, les idées et blagues stupidement racistes, entendues dans son milieu privilégié de « blanc »….

Il se remet en question, prend conscience des souffrances tragiques et du mépris absolu supportés par les aborigènes. Il décidera de rendre le crâne appelé affectueusement « Mary » , par sa famille, à son peuple et se plongera dans l'histoire de son pays, l'Australie… élargira ainsi sa vision de « L'Autre » différent, et là en l'occurrence, « L'Aborigène ». Une vraie révolution dans son existence...

Nous assistons à ses recherches, ses questionnements, les changements qui s'opèrent dans son appréhension du monde…
« J'ai appris qu'il était acceptable de s'émerveiller de l'Aborigène dans son milieu naturel-de préférence dans le coin le plus reculé d'un désert lointain- (...)

À l'image du kangourou - emblème à l'état sauvage, mais indésirable dans notre pâturage -, le contact avec le monde aborigène avait tendance à perturber notre idée de l'ordre des choses. Les indigènes ébranlaient les clôtures bien ordonnées de notre logique : ils bousculaient nos esprits empiriques. Car leur esprit collectif ressemblait à un mystérieux entrepôt regorgeant de ce que le monde moderne considérait comme un galimatias de superstitions et de connaissances superflues. C'est seulement maintenant que nous nous éveillons à la compréhension que cet entrepôt vieux de 60 000 ans contient des réponses aux questions que nous avons à peine commencé à nous poser. Et les gardiens de cet entrepôt possédaient une joyeuse aptitude à vivre dans l'instant qui nous déroutait et nous agaçait diablement. Mais évidemment, notre plus grosse "bête noire"...c'était la couleur de leur peau. (p. 21)”….

Tout un périple mouvementé pour “rapatrier” dans les rituels aborigènes, le crâne de « Mary » dans « sa » terre d'origine. Ce que réussira à faire John Danalis, objectif qu'il atteindra et dans lequel il entraînera son père, pourtant récalcitrant, au début de l'entreprise. ..

Une lecture vivifiante qui secoue toutes les certitudes et met à mal les conditionnements tenaces dans lesquels nous grandissons, et à partir desquels, nous agissons le plus souvent, sans réfléchir plus avant…

Un vrai réquisitoire d'autant plus efficace qu'il est dénué d'agressivité, que le narrateur- auteur, se met lui-même en accusation devant ses préjugés et les images fausses inculquées au fil de sa scolarité et des enseignements « prémâchés », ainsi que par son milieu de « blanc », de classe moyenne…
Réquisitoire indirect sur tous les abus injustifiables de tous les Colonisateurs, méprisant la culture , les traditions, les usages des « colonisés » allant jusqu'à éradiquer, rejeter, détruire…faisant disparaître des arts de vivre et des savoir-faire irremplaçables… Pour illustrer ce propos essentiel traité dans ce livre, je me permets de transcrire l'extrait suivant…

"T'es au courant des écorces qui ont été amenées d'Angleterre, Gary t'en a déjà parlé ? (...)
"Ouais, je me souviens d'avoir lu quelque chose là-dessus. Vous avez intenté une action en justice contre le British Museum et le musée de Melbourne pour tenter de les garder ici, en Australie.
-C'est ça."
Jason était ravi que je sois au courant.
"Bon, imagine, elles arrivent pour une exposition, prêtées par le British Museum, et pour nous, c'est le choc ! On ne savait même pas que ce type de gravure sur écorce faisait partie de notre patrimoine. Parce que, après nous avoir tous chassés de notre terre, nous les Koori, ils ont abattu tous les grands vieux arbres, y compris ceux qui étaient gravés. Ces écorces sont les dernières qui restent au monde.Tous, on ignorait qu'on savait faire ça, c'était un savoir perdu. Et bon, soudain, voilà que les jeunes se mettent à étudier ces écorces de très près, à essayer de lire les symboles, à essayer de retrouver quels outils ils utilisaient, et du jour au lendemain, nous voilà tous en train de graver des écorces comme des fous, on a fait une exposition, on retrouvait nos racines !"
J'ai regardé Jason et vu que la lumière était revenue dans ses yeux. Nous sommes restés quelques minutes en silence; on en dit parfois tellement plus en se taisant. « (p. 198)

Ce texte est d'autant plus réussi qu'il éveille l'envie de se documenter en profondeur sur la population aborigène et son histoire…sur l'histoire Australienne. Après cette narration de qualité, communicative , je reprends un autre roman débuté, cette fois, d'une auteure issue de la communauté aborigène wiradjuri, Tara June Winch, « La Récolte »[éditions Gaïa 2020 ]
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L'auteur, John Danalis, vient d'avoir 40 ans. Cet Australien, marié et père de deux petites filles, ne sait pas trop quoi faire de sa vie, et il se décide alors pour des études de littérature aborigène. Un jour en classe, pour se montrer intéressant, il raconte innocemment qu'il a passé son enfance avec un crâne aborigène trônant sur une étagère du salon, un crâne affectueusement surnommé Mary. Pendant qu'il parle, les yeux de ses condisciples s'ouvrent comme des soucoupes, et les protestations scandalisées ne tardent pas à fuser. C'est à ce moment précis que John prend tout à coup conscience qu'il est Blanc et que sa race ne représente qu'une partie de la population australienne, "l'Autre" partie étant constituée des Aborigènes, peuple natif colonisé, dépossédé, opprimé, violenté et en grande partie anéanti sauvagement par les Blancs au cours des siècles. John réalise aussi à ce moment que le crâne de Mary n'est pas qu'un objet de décoration original, mais qu'il n'est rien moins qu'une partie des restes d'un être humain que les siens n'ont pu récupérer ni enterrer comme il se doit. Débordant de honte et de culpabilité, John veut faire amende honorable et restituer le crâne au clan de Mary. Il se lance dans des recherches pour retrouver le lieu de naissance de Mary, passe des heures sur internet et au téléphone et rencontre des Aborigènes investis dans ces "restitutions" d'ossements éparpillés par centaines à travers le monde, dans les collections des musées ou de particuliers. John découvre ainsi l'Autre Australie. Un choc des cultures qui le bouleverse et l'oblige à déconstruire préjugés et clichés, et à relire l'histoire de son pays avec d'autres lunettes.

Entendons-nous, John et sa famille ne sont pas racistes. Ils savent vaguement que les colons ont malmené les Aborigènes et qu'ils sont mis à l'écart de la société, mais n'ont pas la moindre idée des souffrances que ce peuple a subies, des discriminations qu'il subit encore. Jusque là, ils ont vécu à côté d'eux sans vraiment les voir, sans s'y intéresser, sans se poser de questions à leur sujet, sans se scandaliser de leur position d'infériorité et sans en avoir mauvaise conscience. John et ses semblables vivent dans un monde parallèle à celui des Aborigènes, dans un entre-soi satisfaisant qui n'éprouve pas le besoin de fréquenter "l'Autre".

Vu de l'extérieur, c'est surprenant, et intéressant d'observer cette soudaine prise de conscience. John est attendrissant dans sa bonne volonté à vouloir réparer le passé, dans ses gaffes et ses impairs, sa façon de prendre les choses à coeur avec une réelle sincérité et de se croire investi d'une mission de rédemption. La première partie du livre est cocasse et touchante, la scène de restitution du crâne est carrément émouvante, avec le juste équilibre entre lyrisme et sobriété. La suite, avec la déprime de John et le pèlerinage sur la tombe de Mary, est moins convaincante, et l'ensemble a une fâcheuse tendance à accumuler les clichés : tous les Aborigènes sont formidables, John, piqué de mysticisme, se convainc, a posteriori, qu'il "a toujours su" qu'il avait un lien particulier avec Mary et que c'était son destin de remplir cette mission, les journalistes sont des vautours et les psychiatres des agents à la solde des Big Pharma, la transformation du père de John de conservateur rigide en quasi-militant ouvert d'esprit est instantanée, et les cacatoès noirs qu'on croyait éteints dans la région réapparaissent soudain.

C'est bien écrit, agréable à lire et instructif sur les traditions aborigènes, une gentille histoire un peu trop sucrée, pleine de bons sentiments et de bonnes intentions, d'humilité et de générosité.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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John Danalis, dans son instabilité professionnelle, décide, à l'aube de la quarantaine, de reprendre des études pour devenir enseignant. Dans son cursus universitaire, il choisit l'option littérature indigène. Tout au fond de lui subsiste, latente, une honte vis-à-vis de l'ignorance et du rejet orchestrés par son monde blanc envers les Aborigènes de ce pays acquis par la force. Une connaissance limitée à quelques clichés, des rapports inexistants sous peine d'être rejeté par sa race et une volonté de les tenir à l'écart, le plus loin possible, résument l'attitude des siens envers les autochtones.
Lorsqu'il explique, en classe, qu'il a vécu 40 ans avec un crâne aborigène dans le salon parental, un crâne qui fut baptisé Mary mais qui se révéla finalement être celui d'un homme, il suscite incrédulité, horreur, dégoût. Il réalise alors que dans sa famille, l'Aborigène est au même stade que le kangourou ; un emblème indésirable.
Hanté par le regard des autres, il se décide à rechercher le crâne qu'il avait fait cacher afin de ne pas effrayer ses propres filles. L'ayant retrouvé, un sentiment brumeux se profile ; celui de ramener Mary chez lui, sur sa terre. Au nom de la dignité des morts, il réussit à convaincre son père de la nécessité de cette restitution.

Lors de la rédaction de ce récit, la honte refait surface alors qu'il se doit de poser sur le papier tous les stéréotypes affreusement et injustement négatifs que les siens attribuaient à ce peuple noir, dans leurs conversations, dans les films d'alors, lourds de préjugés de toutes sortes, dans d'ignobles blagues racistes.
C'est pour lui, subitement, à l'image d'une déflagration, la douloureuse mise en lumière du racisme. Les informations qu'il avait sur ce peuple indigène se cantonnaient à consolider la peur qu'il fallait en avoir, donc la haine, en ne montrant que leur côté coléreux face à l'injustice dont ils étaient bel et bien victimes dans leur propre pays.

La cérémonie de restitution de Mary est émouvante et ne peut qu'ébranler la pauvreté de notre monde moderne face à une si belle et totale humanité. Comment ne pas ressentir de la honte et du dégoût face à l'occultation, sans aucun scrupule, de l'importance que revêt pour ce peuple le fait que leurs ancêtres doivent demeurer au pays ? le colonisateur désire la terre pour satisfaire sa soif de conquêtes mais n'y éprouve aucun attachement profond comme ce peuple bien plus proche de la nature.
Au-delà de la cérémonie pour réparer cette profanation des restes de personnes qui avaient autant le droit, si ce n'est plus, de reposer dignement dans leurs terres, c'est un fil lancé entre deux peuples dont les premières interactions furent immédiatement haineuses, racistes.
L'auteur a désiré aller plus loin, a voulu creuser dans l'histoire de cette colonisation. Ce fut le constat de l'abomination du vol de bébés aborigènes pendant des décennies, des sites funéraires mis à nus pour effectuer des travaux d'irrigation ou de voirie, des dépouilles stockées dans des cartons poussiéreux remisés dans d'innombrables musées sous prétexte de recherches inexistantes, de la destruction des arbres qui constituaient l'habitat du cacatoès noir d'où la raréfaction de cet oiseau…
Il déplore la facilité de mettre des étiquettes sur des hommes, des coutumes, sans creuser plus avant dans leurs motivations bien plus belles, plus humaines et plus respectueuses que bon nombre de nos comportements dits civilisés. C'est finalement la pauvreté de notre vie qui éclatera aux yeux de John Danalis. L'homme blanc est fort pour juger que sa culture est celle qui doit être appliquée, tout en écrasant et profanant celle des autres.

On respire dans ce récit les senteurs de myrte citronné et d'eucalyptus, tout en cherchant des yeux les plumes rouges du cacatoès noir qui nous pousse son cri de défi « Karak, Karak ! » Cet oiseau agira comme messager, guidera notre narrateur pour lui ouvrir les portes de ce monde aborigène qui le bouleversera jusqu'à l'extrême.
Ce récit suscite aussi une profonde réflexion sur l'absence de rites et de totems étroitement liés à la nature de notre civilisation qui pourraient pourtant apporter une plus belle harmonie de vie et surtout un respect plus profitable à la terre qui nous héberge.
Il y a des passages particulièrement chargés d'émotions, dans l'évolution de l'opinion du père, dans le soulagement manifesté par la mère, mais aussi dans la simplicité et la générosité des Aborigènes contemporains. Ils font monter la larme à l'oeil.

C'est un récit d'une très grande franchise, empli d'humilité. Je remercie vivement Babelio pour cette proposition de Masse Critique privilégiée ainsi que les Editions Marchialy pour leur magnifique ouvrage édité avec un si grand soin.
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J'ai beaucoup aimé le début de ce livre: le narrateur, pour faire son malin et son petit effet, ce qui va souvent de pair, annonce qu'il a passé son enfance en compagnie d'un crâne aborigène, négligemment posé sur une étagère de bibliothèque par un père collectionneur. Et là, il comprend son erreur: 1) ça ne fait rire personne et il ne va pas devenir la personnalité la plus cool de la semaine 2) ce crâne n'est pas un bibelot mais les restes d'un homme dont la mort a créé l'affliction et qui ne s'est retrouvé au-dessus de la télé que parce qu'appartenant à un peuple nié et dépouillé. Et les premières pages sont magnifiques pour ce qu'elles parviennent à traduire: un homme découvre qu'il n'est pas un exemplaire aussi moyen que débonnaire de l'Australien universel mais qu'il est en réalité un Blanc, un colonisateur, descendant d'une histoire particulière et oublieux de privilèges que toute son éducation s'est obstinée à nier, bref que son innocente médiocrité n'est qu'apparence.
Rétropédalage. John, fermement incité à rendre le crâne à qui de droit, se prend au jeu et découvre l'autre moitié sinon de l'humanité, du moins des Australiens. Et le voilà qui, de toute sa naïveté, tente de réparer à lui tout seul plusieurs siècles d'injustices, bardé de certitudes et de gaffeuses étourderies, sous l'oeil parfois consterné de ses nouveaux amis.
J'ai dû lire quelque part qu'en Australie ce livre appartient à la littérature de jeunesse. Clairement, en France, il ne peut intéresser qu'un lectorat plus âgé. Mais après que les écailles sont tombées des yeux de John, on ne comprend que trop bien qu'il ne s'agit pas d'une histoire très élaborée. le crâne va revenir chez lui, tout le monde (sauf les journalistes) est adorable, le père du narrateur se convertit la larme à l'oeil à l'anti-racisme, et, en prime, les cacatoès noirs renaissent de leurs cendres. John fait quand même une grosse déprime, mais cette réaction, si intéressante qu'elle soit, se transforme en hymne aux médecines (et à l'enseignement) alternatifs. Trois petits tours extatiques sur la tombe de Mary (nom affectueusement donné au crâne lorsqu'il servait de presse-papier) et hop, envolés les doutes et tari le sanglot de l'homme blanc.
Bref, l'histoire tourne court. Et même la magnifique édition dans laquelle j'ai lu cette histoire de John et de Mary ne m'a pas consolée de ma frustration. En fait de tempête sous un crâne, on se contentera de vaguelettes.
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critiques presse (1)
LaCroix
16 avril 2021
John Danalis nous livre un incroyable récit : celui d’un Australien décidé à restituer un crâne aborigène à sa tribu. Un voyage vers une culture qui lui est méconnue, vers d’autres manières de penser, croire, vivre.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
J'ai appris qu'il était acceptable de s'émerveiller de l'Aborigène dans son milieu naturel-de préférence dans le coin le plus reculé d'un désert lointain- (...)

À l'image du kangourou - emblème à l'état sauvage, mais indésirable dans notre pâturage -, le contact avec le monde aborigène avait tendance à perturber notre idée de l'ordre des choses. Les indigènes ébranlaient les clôtures bien ordonnées de notre logique : ils bousculaient nos esprits empiriques. Car leur esprit collectif ressemblait à un mystérieux entrepôt regorgeant de ce que le monde moderne considérait comme un galimatias de superstitions et de connaissances superflues. C'est seulement maintenant que nous nous éveillons à la compréhension que cet entrepôt vieux de 60 000 ans contient des réponses aux questions que nous avons à peine commencé à nous poser. Et les gardiens de cet entrepôt possédaient une joyeuse aptitude à vivre dans l'instant qui nous déroutait et nous agaçait diablement. Mais évidemment, notre plus grosse "bête noire"...c'était la couleur de leur peau. (p. 21)
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"t'es au courant des écorces qui ont été amenées d'Angleterre, Gary t'en a déjà parlé ? (...)
"Ouais, je me souviens d'avoir lu quelque chose là-dessus. Vous avez intenté une action en justice contre le British Museum et le musée de Melbourne pour tenter de les garder ici, en Australie.
-C'est ça."
Jason était ravi que je sois au courant.
"Bon, imagine, elles arrivent pour une exposition, prêtées par le British Museum, et pour nous, c'est le choc ! On ne savait même pas que ce type de gravure sur écorce faisait partie de notre patrimoine. Parce que, après nous avoir tous chassés de notre terre, nous les Koori, ils ont abattu tous les grands vieux arbres, y compris ceux qui étaient gravés. Ces écorces sont les dernières qui restent au monde.Tous, on ignorait qu'on savait faire ça, c'était un savoir perdu. Et bon, soudain, voilà que les jeunes se mettent à étudier ces écorces de très près, à essayer de lire les symboles, à essayer de retrouver quels outils ils utilisaient, et du jour au lendemain, nous voilà tous en train de graver des écorces comme des fous, on a fait une exposition, on retrouvait nos racines !"
J'ai regardé Jason et vu que la lumière était revenue dans ses yeux. Nous sommes restés quelques minutes en silence; on en dit parfois tellement plus en se taisant. (p. 198)
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D'abord, j'ai eu du mal à m'y retrouver dans l'univers aborigène: sa conception sophistiquée du temps, ses diversités étonnamment marquées et cependant imbriquées. Par bien des aspects, sa complexité me rappelait celle de l'Europe. Imaginez suivre un cours accéléré sur les peuples européens, leurs cultures, leurs langues, leur cuisine, leur art, leur architecture, leurs contes et légendes, leurs mythes et systèmes de croyance, et essayez ensuite de résumer clairement en quelques paragraphes ce que cela signifie d'être européen: ce serait une tâche impossible. Et pourtant, c'est globalement ce genre de représentation superficielle de l'Australie aborigène qui m'a été inculquée quand j'étais jeune: juste une caricature, l'homme sur la pièce de deux dollars. (p. 215)
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À l'image du kangourou - emblème à l'état sauvage, mais indésirable dans notre pâturage -, le contact avec le monde aborigène avait tendance à perturber notre idée de l'ordre des choses. Les indigènes ébranlaient les clôtures bien ordonnées de notre logique : ils bousculaient nos esprits empiriques. Car leur esprit collectif ressemblait à un mystérieux entrepôt regorgeant de ce que le monde moderne considérait comme un galimatias de superstitions et de connaissances superflues. C'est seulement maintenant que nous nous éveillons à la compréhension que cet entrepôt vieux de 60 000 ans contient des réponses aux questions que nous avons à peine commencé à nous poser. Et les gardiens de cet entrepôt possédaient une joyeuse aptitude à vivre dans l'instant qui nous déroutait et nous agaçait diablement.
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Les anthropologues du musée voulaient percer tous les secrets que le petit prince aurait à révéler, alors que les descendants de l'enfant souhaitaient lui redonner une sépulture sans délai. C'était une lutte acharnée entre la science et le spirituel, laquelle, aujourd'hui encore, sous-tend toute la question du rapatriement. (...)
L'enfant et ses biens ont été restitués à son peuple le 10 septembre 2003: quatre-vingt dix-neuf ans jour pour jour après sa découverte. A mesure que je lisais cette histoire, je commençais à me faire une idée du profond respect qu'ont les aborigènes pour leurs morts et, par-dessus-tout, de l'importance de revenir chez soi, au pays. (...) L'intemporel et le temporel: cela ressemblait à une étrange métaphore de l'histoire que je venais de lire. (p. 65)
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"L'appel du cacatoes noir" de John Danalis chroniqué par Marianne
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