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Artaud et l'asile tome 1 sur 2
EAN : 9782840496922
500 pages
Seguier Editions (23/01/2015)
4.5/5   10 notes
Résumé :
Le patient d'un coupes raidit. Sur son visage congestion, un rictus très tendu. Puis le corps est secoué de spasmes précipités, la respiration arrêtée, les yeux révulsés. Enfin le patient expire un grand coup. On le tourne sur le côté. Il est à présent dans un sommeil profond... Antonin Artaud vient d'avoir son premier électrochoc.

Fruit de la collaboration étroite entre André Roumieux et Laurent Danchin, Artaud et l’asile présente en deux temps :
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Il est très difficile de voir qui est Artaud. Il y a plusieurs Artaud. C'est une grande nuit, pleine d'éclairs. On voit une continuité dans sa pensée, dans son imagination. Il y a des pages très claires, et d'autres, pleines de fulguration, de tempête. Il est encore difficile de le voir avec exactitude. Il faut le démystifier encore et toujours. Dans la poésie de ce nouvel Hölderlin, les mots ont un autre poids, une autre gravitation ; ils ardent et brûlent, eau magnifique qui transforme en cendre ce qui n'est pas vérité nue et intense.
(...)
Artaud, qui est la négation de la littérature, n'est pas satanique, mais uniquement une plaie qui gémit, qui vocifère dans son agonie à communiquer."

Luis Cardoza, dans un entretien avec Jean-Claude Fosse et Gaston Ferdière.

Je remercie babelio et les éditions Séguier de m'avoir offert ce livre riche, très éclairant et passionnant, Artaud et l'asile. André Roumieux, ancien infirmier psychiatrique et Laurent Danchin, spécialiste international de l'art brut, nous proposent un ouvrage, qui est aussi un voyage, constitué de trois parties : d'abord, André Roumieux nous donne à lire une biographie quasiment médicale d'Artaud. le poète y est présenté avec ses souffrances, ses maladies. Sa folie ? Dans un second temps, un ensemble de lettres dont certaines inédites nous est proposé. La plupart destinées au docteur Ferdière. Enfin, les auteurs associés à Jean-Claude Fosse conduisent plusieurs entretiens dont certains sont consacrés à la question de la psychiatrie et de l'électrochoc aujourd'hui. Aussi, divers documents illustrent ce livre (photos d'hôpitaux, de la famille ou d'amis d'Artaud, cartes postales, suivis médicaux...) et ce qu'ils nous donnent à voir permet une respiration au coeur d'une lecture parfois déroutante et angoissante. En effet, lire Artaud et l'asile, c'est entrer dans un monde de l'enfermement et de la souffrance...

Souffrances infinies d'Antonin Artaud. Acteur, dessinateur, homme de théâtre, Artaud est essentiellement un poète, un écorché vif qui par le verbe, parvient douloureusement à un hors de soi libérateur. Comme Nietzsche et Jim Morisson, il y a chez Artaud une soif d'absolu déterminante. Elle le conduit au Mexique « pour retrouver une Vérité qui échappe au monde de l'Europe et que sa race avait conservée. » Aussi et surtout, ce livre aborde la maladie, la folie d'Artaud. Paranoïaque, délirant à l'extrême, il se sent constamment persécuté, se croit empoisonné et connaît d'énormes souffrances psychologiques et physiques. Les électrochocs lui font le plus grand mal ; il connaît la chronicisation qui est la mort de l'esprit. La conscience d'Artaud se meurt, et meurtrie, elle ne peut plus rien. Devant la mort de l'esprit, le génie qui renie le corps étouffe et pousse des derniers cris... Vociférations, pulsions d'une vie qui survit, mots profondément glaçants et affolants.
Ami de Robert Desnos, Artaud pourra rejoindre Rodez et être suivi par le docteur Ferdière. Aliéniste réputé, collectionneur, engagé politiquement et cherchant à montrer la capacité créatrice contenue dans la folie, il sera un exemple pour certains, un nazi pour d'autres. L'intérêt du livre est de restituer au plus près le travail et la personnalité de Ferdière sans entrer dans la polémique. du coup, beaucoup de questions se posent... Y a-t-il eu un intérêt de l'électrochoc pour Artaud ? Sans les électrochocs, l'écrivain aurait-il recommencé à traduire et à écrire ? Proche de son malade mais aussi de Desnos, de Dubuffet et d'autres amis d'Artaud, Ferdière donnera d'emblée une certaine liberté à son protégé. Une chambre à lui, plus de nourriture, du tabac à volonté, des sorties autorisées hors de l'hôpital pour des rencontres... le livre pointe également le problème de la sous-alimentation dans les asiles sous l'Occupation. En effet, grand nombre d'internés sont morts de faim. Connu et apprécié, Artaud sera sauvé. Sauvé aussi par ses amis qui feront plusieurs manifestations de solidarité afin de récolter pour lui de l'argent : Adamov, Dubuffet, Paulhan, Queneau, Bataille, Michaux, Prévert, Picabia, et beaucoup d'autres...
Pour finir, je dirai que ce texte m'a appris beaucoup concernant le monde psychiatrique et plus largement, sur une société qui enferme et fait taire ce qui lui fait peur. Dans les derniers entretiens, je me suis sentie mal à l'aise devant le fait qu'aujourd'hui encore, l'électrochoc est apprécié et pratiqué, alors que certains psychiatres privilégient l'activité et l'échange des malades. de plus, j'ai découvert Chomo et Ferdière que je ne connaissais que de nom.
Ferdière qui comme Artaud ,savait que la « folie » ou l'absence de ce qu'on appelle la normalité pouvait être intimement liée à la création et à l'art...
Folie créatrice... La folie ?


« Je suis un fanatique, je ne suis pas fou. Je ne veux plus de l'ordre moderne qui ne nous mène qu'au chaos. »

Antonin Artaud.


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Lorsque Masse critique de Babelio a présenté ce livre, je me suis empressée de participer : un livre contre une critique.

En mai 2014 j'ai eu le bonheur de voir l'exposition du Musée d' Orsay : Vincent van Gogh / Antonin Artaud, "le suicidé de la société". Un parcours créé à partir de la trame de l'ouvrage d'Antonin Artaud et cela a été une émotion si forte que je suis sortie trop bouleversée pour avoir le sentiment d'avoir pleinement vécue ce moment.
Cinq fois je suis revenue, cinq heures passées dans cet univers qui m'a happé, tellement ces deux âmes se confondent, se rehaussent, se parlent, et planent sur nous. Une trentaine d'oeuvres présentées, jusqu'au final "le champ de blé aux corbeaux", tableau vivant.

Ce fut magique, de vie, d'émotions multiples et colorées. Cela ne s'oublie pas...

Le livre se partage en deux parties :

Livre 1 : André Roumieux, infirmier psychiatrique, bouleversé par la souffrance et la révolte d'Antonin Artaud n'a de cesse d'essayer de comprendre.
Issu d'un milieu bourgeois : père armateur, mère au foyer, élevé dans une double hérédité culturelle marseillaise et levantine. C'est un petit garçon absolu et hypersensible.
Très tôt, trop tôt il connait un accident de la vie : la mort accidentelle de sa petite soeur, à la suite de quoi il fit une méningite. Couvé et surprotégé par sa mère il deviendrait excessif , capricieux et hypersensible.
Ses années sont rythmées par des changements d'humeur. Angoissé perpétuel, ce jeune homme élève studieux et brillant , adore la lecture : Pöe, Baudelaire, les civilisations anciennes. Il a de nombreuses dispositions artistiques : théâtre, peinture et écriture.
Mais l'angoisse est toujours là, tapie dans l'ombre, qui attend son heure. Antonin vit dans la peur chronique de perdre ceux qu'il aime.
n souffre.
1916-1917 : il consulte le Dc Grasset, il s'ensuit un séjour en clinique psychiatrique en Suisse où il est traité au laudanum (opium).
1920 il s'installe à Paris et est suivi par le Dc Toulouse, médecin-chef de l'asile d'aliénés de Villejuif. Ce dernier devient son protecteur, conseiller, guide et thérapeute.
Il loge en dehors mais à côté de l'asile, les murs sont hauts et les cris constants.

Il s'engage au théâtre. Lorsqu'un an plus tard le Dc Toulouse dirige le premier service psychiatrique libre de l'asile Sainte-Anne, il s'établit une véritable collaboration entre ces deux êtres.
En 1924, son père meurt et sa mère s'installe à Paris.Il connait ses premiers engagements en littérature et fait connaissance avec le surréalisme et il en assume le bureau de recherches.
Il écrit "le surréalisme vint à moi à une époque où la vie avait parfaitement réussi à me lasser, à me désespérer et où il n'y avait plus pour moi d'issue que dans la folie ou la mort".
Le surréalisme est l'envers du décor logique.
Expérience dont il ressort plus seul,plus souffrant et plus révolté.

Une fiche hospitalière le signale comme "malade protestataire", belle formule.

Et puis en 1937, tout bascule, ce ne sont plus des internements volontaires mais des placements d'office, pendant 18 mois il devient "UN COLIS QUI N'A PAS LA PAROLE".
Sa vie est enveloppée d'un mélange d'effluves : urines, éther, désinfectant et rythmée par le bruit des grosses clefs et des cris.

Sa vie est sous la contrainte la plus absolue et l'observation permanente de tous.
Il subit le malade Artaud, il n'est plus Antonin Artaud, poète flamboyant, écrivain talentueux.
Trois infirmiers vont reconnaître en lui un malade prestigieux.
Bien entouré par sa soeur et sa mère; "personne comme une mère de malade ne sait lire sur un visage, dans un regard, avec autant de discernement".
Il écrit beaucoup, mais pas de littérature, des lettres, beaucoup de lettres.

L'apocalypse de la seconde guerre mondiale, est une abomination pour les asilaires, la mortalité y devient galopante.
Alerté par sa mère, d'anciens compagnons artistes vont se mobiliser pour sortir Antonin Artaud, non pour une sortie de l'asile mais pour un transfert à Rodez, Robert Desnos s'y emploie avec énergie .

Gaston Ferdière, à partir de son transfert le 10 février 1943, va le prendre en charge. Il sera soumis à des électrochocs, au total 58 en 18 mois. Il considérera cela comme un viol de sa personnalité.
Cependant sa situation évolue, il peut reprendre certaines activités littéraires, il passe les fêtes de Noël dans la famille Ferdière. Il bénéficie de sorties tout d'abord accompagné puis libre. Ainsi il fera la connaissance de Denys-Paul Bouloc poète, romancier et critique littéraire autodidacte.

La France est toujours en guerre avec son lot d'abominations, Robert Desnos est arrêté, il va mourir ;

Dans une France rationnées, Antonin Artaud enjoins sa mère de ne plus lui envoyer de colis "Pense à toi" et il précise que ses amis ne l'oublient pas et ils mentionnent qu'ils ont envoyé de l'argent au directeur de l'asile pour ses frais.
Les lettres de Rodez vont être publiées. Il écrit un article sur Desnos.
Ses amis continuent leur mobilisation pour le faire sortir de l'asile.
Le 25 mai 1946, il va être officiellement "libre" mais après neuf années d'enfermement, le Docteur Ferdrière écrira "Et puis je vois mal, en face d'un être si exceptionnel, le sens exact du mot "guérison", des mots "santé mentale"!".

Il y a dans le monde des arts et lettres une solidarité jamais vue, afin d'assurer son existence matérielle.
Il va donner sur scène une incroyable représentation, témoignage de ce monde asilaire.
Il voit une exposition des oeuvres de van Gogh à l'Orangerie et en rentrant il écrit "Van Gogh, le suicidé de la société"
Cependant il s'enfonce dans les ténèbres, le couperet tombe en février 1948, il a un cancer généralisé.
Il décède en mars, ses derniers mots écrits seront pour sa mère.

Livre 2 : Entretiens et correspondance d'Antonin Artaud, annotés et préfacés par Laurent Danchin essayiste et conférencier spécialisé dans l'art brut et la création autodidacte.

Ces textes disent beaucoup.

Cet essai ne s'appréhende pas en une seule lecture, le travail des auteurs est magnifique, ils nous font un véritable cadeau.

En conclusion, le lecteur en ressort éblouit et bouleversé.

Un coup de coeur, coup de poing.

Antonin Artaud le flamboyant sombre.
Il en résulte une terrible envie de lire et relire ce poète.
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Ma lecture d'Antonin Artaud remonte à longtemps, mais je garde un souvenir très vif de sa correspondance avec Jacques Rivière et de quelques uns de ses poèmes de l'ombilic des Limbes. A l'époque, je n'avais cependant guère été plus loin, rebuté par une tentative sans suite de lire " le moine". C'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai reçu ce livre de l'éditeur dans le cadre de l'opération Masse critique, même si les 869 pages m'ont au début un peu impressionné. Au début seulement, car ce livre aurait pu aussi se décliner en trois livres différents. La première partie ( 250 pages) est en effet une biographie croisée d'Antonin Artaud et de son dernier psychiatre, le docteur Ferdière. Celle ci est particulièrement intéressante, tant par le regard qu'elle pose sur l'environnement psychique de l'écrivain, que sur l'état balbutiant, impuissant et inhumain de la psychiatrie des années 40. On y retrouve l'imbrication inéluctable du délire de l'écrivain et de sa poésie surréaliste, et l'ambiguité du médecin, à la fois passionné de littérature surréaliste et psychiatre. Apparement le monde des psychiatres de cette époque était pétri de surréalisme. Il faut préciser qu'il ne s'agit pas d'une analyse littéraire mais d'une biographie, en l'espèce principalement médicale. A vrai dire, pour un ignare comme moi des controverses auxquelles ont donné lieu les soins prodigués à l'écrivain et l'exploitation de son oeuvre, cette très bonne biographie aurait pu suffire. Mais les auteurs, conscients de cette polémique et de l'impossibilité d'être totalement objectifs ont souhaité y joindre les principaux courriers des protagonistes sur lesquels est fondé leur travail. J'ai parcouru plus ou moins rapidement ces nombreuses lettres, d'intérêt inégal, mais accompagnées chacune d'un commentaire appliqué souvent très détaillé permettant de les situer (malheureusement écrit en caractères très petits, sans doute pour un pas alourdir plus un très gros livre). Je dois reconnaître qu'elles complètent très judicieusement la biographie et étaient sans doute indispensables pour calmer la polémique. La troisième partie est une série d'entretiens avec le docteur Ferdière et divers proches ou spécialistes qui permet de faire valoir les opinions des uns et des autres et présente un intérêt documentaire indéniable. Un livre passionnant qui ravira donc sans aucun doute tous les amateurs d'Antonin Artaud, et donnera aux autres l'envie d'en connaître plus.
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Ce livre composé du témoignage d'un infirmier psychiatrique, André Roumieux et du travail d'un essayiste connaisseur d'art brut, Laurent Danchin, est une mine d'informations tant sur le monde asilaire des années 1930 à 1950, que sur celui des intellectuels français à la même époque, artistes et écrivains surréalistes notamment.

On y fait la connaissance du docteur Ferdière, figure controversée qui administra 58 électrochocs à Antonin Artaud mais le sauva peut-être d'un sort plus cruel, la chronicisation, mal terrible engendré par la vie asilaire, qui altère durablement et souvent irrémédiablement la vie psychique. C'est en effet lui qui encouragea Artaud à reprendre l'écriture, qui lui prescrivit, d'abord accompagné, puis seul, des promenades en ville, et autorisa enfin sa sortie de l'hôpital psychiatrique de Rodez.

On y rencontre, grâce à des dizaines de lettres s'échelonnant de 1943 à 1948, dont certaines inédites, la mère d'Antonin Artaud, Euphrasie, et les nombreux amis et éditeurs, grâce auxquels il put quitter l'institution psychiatrique : Jean Paulhan, Jean Dubuffet, André Breton, André Gide, Robert Desnos, Arthur Adamov, Jacques Prével, Colette Thomas, Paule Thévenin.

Y sont évoquées avec beaucoup de sensibilité les deux conférences majeures qui furent l'apothéose de sa vie artistique, celle du théâtre Sarah Bernhardt à laquelle il ne put participer et celle du Vieux Colombier le 13 janvier 1947.

L'évolution de la psychiatrie au cours de 20 ème siècle est amplement évoquée grâce à des entretiens avec des médecins hospitaliers, et l'on apprend avec étonnement que les électrochocs sont une thérapie toujours en vigueur aujourd'hui.

Malgré son volume, ce livre se lit facilement et n'est à aucun moment ennuyeux. Il fourmille de précisions passionnantes quelquefois très drôles, sur les années de guerre. On y voit l'atroce euthanasie dont furent victimes les internés sous forme de privations alimentaires (beaucoup, comme Séraphine de Senlis ou Camille Claudel, moururent de faim).

Par l'intermédiaire du Docteur Ferdière, érudit, collectionneur et figure majeure de l'essai (avec Artaud), on pénètre dans l'univers de l'art brut, et de ses représentants : le facteur Lonné, le facteur Cheval, Anton Prinner, surnommé "le Pic vert' par Picasso, Roger Chomeaux, dit "Chomo"...

"Artaud et l'asile" est un livre indispensable pour comprendre avec le coeur et avec l'esprit le monde dans lequel vécut Antonin Artaud et pour se faire une idée des relations entre la maladie mentale et la création.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
"Les états mystiques du poète ne sont pas du délire Dr Ferdière. Ils sont la base de sa pensée. Me traiter en délirant c'est nier la valeur poétique de la souffrance qui depuis l'âge de quinze ans bout en moi devant les merveilles du monde. de l'esprit que l'être de la vie réelle ne peut jamais réaliser ; et c'est de cette souffrance admirable de l'être que j'ai tiré mes poèmes et mes chants."
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Artaud va vivre le traitement comme un viol particulièrement douloureux et intolérable de sa personnalité. Subir une décharge électrique, aussi faible soit-elle, et surtout perdre le contrôle de sa pensée lui était absolument insupportable. C'est ce qu'il va faire savoir tant à Gaston Ferdière qu'aux docteurs Latrémolière et Dequeker, ou à sa mère.
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Ainsi, à force d'enfermement, de renoncement imposé, les malades se font une sorte de vie, plus exactement de sous-vie rétrécie à l'extrême, vide de toute chaleur humaine, de toute liberté physique, où le soleil n'est plus qu'un soleil enfermé, la pluie, une pluie enfermée, la neige, une neige enfermée, le jour, à l'infini, un jour enfermé.
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Antonin Artaud à Madame Euphrasie Artaud :

Ma bien chère maman,

Je viens te demander ton témoignage dans une affaire grave et d'où mon sort et mon salut dépend. Car il ne s'agit en ce moment de rien de moins que de me sauver.
(...)

Or il y a ici un traitement affreux qui s'appelle l’électrochoc qui dure chaque fois un mois et qui fait perdre pendant deux mois l'intelligence et la mémoire à ceux qui y sont soumis et c'est un traitement par lequel le docteur Ferdière ne cesse de me faire passer. (...)
Et je ne veux absolument plus que cela recommence et il ne faut plus que cela recommence parce que ma conscience s'en va à chaque traitement et cela ne me revient qu'au bout de deux ou trois mois. Et j'ai besoin de ma conscience pour vivre, être et travailler.
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Antonin Artaud à Colette Thomas :

(...) C'est parce que les hommes sont mauvais et qu'ils nous font tous, à vous, à moi, à quelques rares qui n'acceptent pas la vie, du mal pour conserver leur idiote et criminelle vie, et ils le font tous par la culture consciente des forces lubriques de leur inconscient.
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