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EAN : 9782268096650
228 pages
Les Editions du Rocher (24/01/2018)
4.12/5   8 notes
Résumé :
"Joyeux et attachants, ces Souvenirs culinaires d'une enfance heureuse évoquent avec tendresse et poésie la vie quotidienne d'un pays qui n'existe plus." En se remémorant son enfance soviétique, Alice Danchokh brosse avec grâce et douceur le portrait d'une époque, dont le lecteur français ne sait rien. L'action se déroule dans les années soixante, au sein une famille de l'intelligentsia moscovite.
L'évocation du quotidien de cette famille constitue le coeur d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
À l'occasion du Salon Livre Paris qui a la Russie en invité d'honneur, moi qui raffole de la littérature contemporaine de ce pays dont Stepnova, Prilepine, Kourkov, Remizov....je découvre qu'il y a encore une multitude d'autres auteurs super intéressants, dont certains même pas encore présents sur Babelio. Vous avez compris pour moi c'est le suicide littéraire assuré ! C'est bien d'avoir la passion mais de là à exagérer....Une amie babeliote fanfanouche 24 a récemment mis sur le site une citation de "L'imprimeur de Venise", " Parmi les différents types qui constituent l'espèce humaine, l'une des plus étranges est celui formé par les êtres qui renoncent à vivre le monde pour le lire...". Cette liste d'écrivains nouvellement découverte, est le coup de massue, il ne me reste plus qu'à intégrer cette étrange confrérie.....Pour en revenir à ce livre, c'est mon premier de cette longue liste.
Dans ce délicieux livre à l'écriture cocasse, l'écrivaine russe Alice Danchokh nous livre ses souvenirs d'enfance dans la Russie communiste des années 60; un récit à forte connotation culinaire, comme l'indique le titre. Une enfance heureuse, malgré des parents séparés chacun d'eux s'occupant d'agencer sa vie personnelle, et étrangement absents dans le livre. L'hiver, sa mère vivant avec son propre père, elle passe la plupart de son temps avec la belle-mère de sa mère, qu'elle appelle grand-mère Anna Vassilievna, à Moscou, et le reste du temps et les étés en Crimée, avec ses grand-parents paternels, dont grand-mère Stella. Les deux grand-mères sont des débrouillardes et cuisinières hors paire.
Bien que l'hiver étant confit à 16 m2 dans un appartement communautaire de Moscou, ("Chez nous, même sans marmite, chacun savait tout sur tout le monde, et l'on fermait soigneusement les portes des pièces, afin de protéger un peu sa vie privée. Mais il était impossible de cacher qui mangeait quoi."), les denrées alimentaires limitées, ( "Le suprême délice était, pour la famille, un saucisson de fressure bon marché, que j'aimais aussi, surtout avec des oeufs brouillés"), Anna concocte des merveilles, (" Des années durant, l'expression « bas morceaux » demeura pour moi un mystère, puis elle disparut des magasins, en même temps que la mamelle, le coeur, les rognons, les tripes et la cervelle. Ne resta que le foie. Anna Vassilievna cuisinait tout cela avec autant de talent, la mamelle et la cervelle ne faisant pas exception"), et la petite Alice est une grande gourmande.......
Une belle leçon de vie, comme quoi la clé du bonheur, de la joie de vivre est plus en nous et dans notre attitude envers la vie que dans les circonstances et les moyens avec lesquels nous vivons. Un livre plein d'humour, de poésie et de nostalgie, truffés d'anecdotes croustillantes et dangereux pour les gros appétits. Un livre qui donne aussi une envie folle de voir la Crimée, terre de nombreux poètes et écrivains russes, bien qu'à mon avis celle décrite par l'écrivaine est un monde qui n'existe plus......comme aurait dit feu Tiziano Terzani.


Édouard Kolmanovski : « Je t'aime, la vie, dans toutes tes manifestations alimentaires. »
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C'est un livre de souvenirs, autobiographique donc, mais l'angle choisi par Alice Danchokh est assez inhabituel. Elle a choisi d'évoquer quatorze moments de son enfance, et chacun de ses moments est lié à des personnes, à des lieux, à des périodes de l'année et surtout, à des souvenirs culinaires et aux recettes qui vont avec. En dehors du premier qui permet de faire connaissance avec sa famille proche ces récits peuvent être lus dans le désordre, rien de linéaire. Quant au quinzième texte, ce n'est pas un récit mais quatorze recettes supplémentaires écrites dans le même style que les autre récits ! L'enfance de la petite Alice se déroule dans les années soixante en Union Soviétique. La première chose qui m'a frappé c'est que cette enfance qui regorge de souvenirs heureux se déroule pratiquement sans ses parents, séparés, et chacun menant sa vie. du coup la petite Alice est pratiquement élevée par ses divers grands-parents ( à Moscou et en Ukraine) ainsi que par la deuxième femme d'un des grands-pères (d'origine sibérienne), car les familles recomposées sont déjà fréquentes à la génération précédente, faute à la guerre ou au goulag. Sa situation familiale lui est apparue comme toute naturelle. Il faut dire aussi qu'elle a un grand-père très au courant des tendances pédagogiques les plus modernes ! Avec Alice nous voilà dans une ruelle de l'Arbat (quartier complètement métamorphosé depuis les années 70), dans un appartement communautaire du Zamoskvoriétchié puis rue Gorki, dans une datcha à Mitchourinets, à Niikolaïev en Ukraine (la mère de l'auteur est ukrainienne), à Koktebel en Crimée, à une époque où ce n'était pas encore trop fréquenté et où il n'y avait de l'eau que deux heures par jour,… Les fêtes (Pâques, veille de Noël ou autres fêtes) sont autant de merveilleux souvenirs tout autant liés à des personnes qu'à des menus précis et autant d'expériences culinaires. On devine aussi le rôle majeur qu'a joué la cuisine (la pièce) dans la vie sociale soviétique, car c'est la pièce commune, tenant lieu au quotidien de salle à manger et de salon. L'affection qui entoure cette enfant est palpable et sa nostalgie est celle de l'enfance, avec ses jeux et plaisirs innocents d'une époque sans internet ni portables. Il ne s'agit pas de grande littérature mais l'auteur a une écriture agréable, à la fois facile à lire et élégante, raffinée. Un vrai régal à lire, elle nous met l'eau à la bouche, mon seul regret est qu'elle n'ait pas mentionné les glaces à la crème fraîche, disparues aussi depuis longtemps.
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Alors que l'on vivait la guerre froide, nous n'avions pas un regard objectif sur ce qui se passait à l'Est, amenés à tronquer la vérité par le biais de la propagande et obligés de comparer les Russes à des monstres sanguinaires. Alice Danchokn nous parle de cette période avec nostalgie. Non pas en regrettant le risque permanent de voir les deux clans s'affronter sur le plan militaire, mais en évoquant son enfance heureuse en URSS, entre des parents aimants et au sein d'une famille unie. Autant que les petits riens qui rythmaient le quotidien, elle se souvient des instants agréables passés autour d'une table, prouvant que le bloc soviétique ne se résumait pas aux goulags, à la répression et aux privations. Avec grâce et douceur, elle ouvre le cahier de ses souvenirs et replonge dans un passé loin d'un demi-siècle pour nous parler d'elle, des siens et d'un monde vu à hauteur d'épaules d'enfant. Si l'émotion est palpable, on se laisse surtout emporter par son écriture qui éblouit de bout en bout, à la fois simple et raffinée. A cela, les chapitres fleurent les mets qui sortent de la cuisine. Au demeurant, un récit formidable, sans heurts et qui évite tout malentendu. le propos n'est jamais de juger, mais de narrer une portion de jeunesse, sans se préoccuper de politique.
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1960 URSS, alors que nous pensons privations, ce livre nous parle de partage, d'affection avec un texte poétique au sein d' une famille moscovite.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Tandis qu’Anna Vassilievna et moi mettions le couvert, le dessert refroidissait à la cuisine. Grand-père et grand-mère arrivèrent de la gare. Les premiers convives s’extasièrent sur leur bronzage criméen. Tout était prêt pour le festin, ne restait qu’à découper le gâteau et à le faire passer du moule dans un plat. Entrant dans la cuisine, Anna Vassilievna et moi ne pûmes retenir un cri : notre matou prodigue était mollement allongé sur la tourte. Notre joie de le revoir au bout de trois jours d’absence le sauva in extremis d’un châtiment sévère. Mais comment faire pour le gâteau ? Allions-nous le jeter ? Nous n’osions imaginer le nombre de microbes –venant d’où ? –squattant son appétissante surface dorée. Priver nos invités de dessert ? Il n’en était pas question ! Le moustachu à longue queue fut, séance tenante, chassé de la cuisine, et la couche supérieure du gâteau soigneusement grattée au couteau. Les traces furent masquées par ce qui restait de gelée et parsemées de sucre glace. Sans rien soupçonner, nos hôtes mangèrent le dessert, en firent l’éloge, demandèrent la recette. Anna Vassilievna la leur donna bien volontiers, évitant seulement de mentionner la part active du chat. Et Pussy tint sa langue.
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Mon grand-père maternel avait été longtemps sans se remarier. En 45, toutefois, envoyé en mission à Novossibirsk, il avait rencontré Anna, splendide cosaque de Sibérie, qui en avait fait son captif. Il n’avait pas tardé à changer sa défaite en victoire et avait ramené la belle à Moscou. Une véritable histoire de Cendrillon ! Le prince, en l’occurrence, avocat connu et cossu, offrait une vie nouvelle –forcément heureuse –à une modeste et laborieuse jeune femme, terriblement attirante. Outre un époux, une voiture « Pobieda », un manteau de loutre, un appartement de seize mètres carrés, avec tapis, meubles en noyer et vases de Chine, Anna trouvait dans la corbeille de mariage une belle-fille de dix-sept ans au caractère compliqué. Par bonheur, celle-ci ne tardait pas à se marier à son tour et à mettre au monde une fille, ajoutant à sa belle-mère le souci d’un nourrisson. On prétend que mon grand-père était en adoration devant moi. Planté devant mon couffin, il déclarait, sans le moindre tact, à son épouse et à sa fille : « Voilà la femme de mes rêves et de ma vie ! » En contemplant par la suite la photo de ce bébé maigre et chauve, aux grandes oreilles et au nez imposant, je me suis franchement demandée si grand-père avait toute sa tête.
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......il est vraisemblable que la tante Sacha ait été naturellement intelligente et fine, dotée d’un humour des plus aristocratiques, d’un tact et d’une bonté hors du commun. Grand-père ne lui faisait qu’un reproche : elle se lavait les pieds dans une cuvette qu’elle utilisait ensuite pour préparer les repas –ce qui n’avait, d’ailleurs, aucune incidence sur la qualité des plats.
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Contre l’insomnie, j’ai un remède simple : quarante-six gouttes de valériane, quelques pages du Dictionnaire de l’Opéra et la lecture attentive de recettes de soupes, de salades et de collations diverses. Il m’arrive, inspirée par ce que j’ai lu, de filer en pleine nuit à la cuisine pour réaliser une recette.
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Anna Arkadievna a récemment fêté son quatre-vingtdixième anniversaire. Quand je lui ai demandé quel cadeau lui ferait plaisir, elle a d’abord répondu qu’elle n’avait besoin de rien, puis s’est ravisée et a dit qu’elle n’aurait rien contre les œuvres complètes de Shakespeare, parce qu’un type célèbre et intelligent avait déclaré : « Si vous voulez tout savoir, lisez tout Shakespeare. »
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